Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
26 juin 2010

Va et vient

Début de l'été. Commencement d'une période de transition entre deux cycles. L'année scolaire s'achève en ouvrant la saison des vacances. Autre temps, autre rythme. Que l'on soit ou pas en vacances, l'ambiance est différente. Depuis que je ne suis plus tenu à la pause estivale je préfère prendre mes vacances en décalage, profitant de surcroit du rythme alangui des mois d'été. Travailler pendant les vacances des autres, alors que les villes sont désertées, est un plaisir que j'apprécie beaucoup.

Mais l'été, pour le père que je suis, c'est aussi le retour des enfants. Jeunes adultes changeant de logement en fonction de leurs études, leur maison reste celle où ils ont passé leur enfance. Celle que j'habite.

Il y a une semaine le benjamin est revenu d'Irlande, ayant terminé son année Erasmus. Pas encore tout à fait en vacances puisque la suite de son cursus demande à ce qu'il passe des entretiens en vue d'intégrer les universités qu'il convoite. Il ne sait pas encore où il ira en septembre et, pour le moment, a installé un  de ses camps de base dans "sa" maison. Il est là par intermittence, quand il ne va pas voir copains, cousins et autres membres de la famille. Cela induit un petit bouleversement de mes habitudes de célibataire, qui redevient père pour l'occasion.

À peu près en même temps que son frère ma fille a terminé ses études. Définitivement. Son mémoire a été apprécié et elle obtient son diplôme avec mention. Belle satisfaction pour elle. Pour ses parents aussi. Je reconnais en être assez fier... Dans quelques jours elle part dans le Périgord où elle va travailler pour la saison estivale. Elle a déjà préparé l'automne puisqu'elle prévoit un voyage de plusieurs mois au Népal et en Inde.

Elle n'aura que quelques jours pour croiser son autre frère, l'aîné, qui achèvera alors son périple autour du monde. Il vient de quitter la froidure néo-zélandaise pour les chaleurs néo-calédoniennes. Voila huit mois qu'il est parti avec son amie et leurs familles, leurs amis, commencent à leur manquer. Et réciproquement.

Quant à leur mère, Charlotte, elle termine aussi un cycle de formation qui la propulse vers de nouvelles responsabilités. Libérée du travail que ça lui a demandé elle s'est subitement montrée à mon égard plus cordiale et chaleureuse qu'à l'accoutumée.

SYLV8596

Nouvelle Zélande - juin 2010 (photo de mon fils)


Pour moi rien de bien nouveau. Le beau temps est revenu et tout irait bien si... si je ne sais quoi ne me maintenait dans un état de préoccupation aux origines mal identifiées. Je me sens un peu absent, ailleurs. Encombré.

Ce qui me tracasse pourrait venir de l'incertitude quant à l'avenir de l'association qui m'emploie, de la moindre qualité du travail, du départ de certains collègues... mais je n'investis pas suffisamment le registre professionnel  pour être vraiment m'atteint.

Alors peut-être y a t-il une part qui vient d'un différend apparu avec mon fils ainé, pour une dérisoire histoire de déclaration d'impôts. De façon inattendue et disproportionnée, manifestement insatisfait de la façon dont je m'occupais de ses papiers, il m'a écrit un mail sur un ton de colère et de reproches qui m'a atteint assez profondément. Je n'ai pas apprécié, tout en me demandant ce qui a pu toucher à ce point ma sensibilité. Il est devenu très rare que je me vois happé dans un conflit aussi minime soit-il. Malheureusement ce qui aurait pu se régler assez aisément de vive voix s'est trouvé compliqué par la distance. Je redoute au plus haut point les explications par mail, tellement propices aux égarements de l'imaginaire le plus mortifère. À ce jour je ne suis pas encore sorti de mon silence...

Mais peut-être y a t-il aussi quelque chose qui boite dans mes pensées depuis une fête familiale autour des cinquante ans de mariage de mes parents. Occasion pour moi de voir se réactiver quelques questionnements fondamentaux autour du couple, de l'engagement durable, de l'aliénation. Il y a une part que j'admire dans l'idée de couple de longue durée, et une part qui me fait penser renoncement, abdication, négation de soi. J'y vois à la fois quelque chose d'admirable et d'un peu triste. Du vivant et du mort. Vivre si longtemps ensemble a t-il épanoui chacun de mes parents ou les a t-il maintenus captifs ? Je ne sais pas trop qu'en penser...

Ce qui est sûr c'est que ces pensées m'ont ramené à ma propre histoire de couple. Aventure interrompue à la moitié du parcours qu'on fait ensemble mes parents. Renoncement que je n'ai pas totalement admis et qui laisse une marque dans ma conscience.

Oui, tout cela se cumule certainement et participe à la relative morosité de mon esprit.

Je crois cependant avoir identifié autre chose, qui me brasse en profondeur, tout à fait  de nature à me préoccuper. Récemment j'ai été conduit à revenir sur le processus d'un deuil que je traverse dans toute son épaisseur, étape par étape, depuis maintenant pas mal d'années. Quelque chose s'y travaille et me malaxe, me pétrit et me triture. Mes convictions et valeurs ont été bousculées et se sont détachées de leurs amarres. Depuis je suis flottant. Ma façon de voir le monde est remise en question, hésitante, et mon rapport aux autres est devenu un chantier difficilement praticable hors des chemins que j'ai ouverts.

Dans l'absolu je sais que ce travail intérieur est bénéfique et me réjouis de constater combien il me fait "avancer". Dans le relatif, au jour le jour, je trouve un peu pénible, quand des vagues de pensées m'assaillent, que cela m'empêche d'être pleinement présent au monde. Je n'ai pas l'esprit aussi disponible que j'aimerais. Pour mes enfants, par exemple, ou tout simplement pour profiter des magnifiques paysages que je parcours pour mon travail. J'aime vivre l'instant avec toute ma conscience. Or là je regarde le monde "à distance". Je suis bien dans l'ici et maintenant... mais ce sont des pensées vagues et incertaines qui l'envahissent, vont et viennent. Ma tête est prise...

Autrefois j'aurais été tenté d'écrire à ce sujet, pour m'en délester. Aujourd'hui l'autocensure est devenue telle qu'elle étouffe mes velléités. Parce qu'immanquablement je serais amené à évoquer des sujets sensibles. Je préfère ne rien en dire et cela ne fait qu'ajouter à ce qui me turlupine. Alors une nouvelle fois se pose la question de la continuation de mes écrits. Qu'est-ce que ça m'apporte, qu'est-ce que ça me coûte ? Qu'est-ce que j'ai envie de dire et envie de taire ? Qu'est-ce que j'essaie de protéger ? Ne suis-je pas dans l'évitement ? Est-ce qu'une écriture aseptisée me tente ?

Penser, bien souvent, ça commence par égréner des chapelets de questions sans réponse apparente.


SYLV8726

Nouvelle Zélande - juin 2010 (photo de mon fils)

.


Commentaires
P
Alain, non pas "adepte", mais marqué, influencé, soumis à une part de prédétermination, ça oui, assurément !<br /> <br /> Je tente de trouver mon chemin personnel hors de cette prédétermination quand je sens qu'elle me contraint.
Répondre
A
Pierre, (ton dernier commentaire), tu es un adepte de la prédétermination ?
Répondre
P
Hop, me revoila...<br /> <br /> * Josiane, j'ai envie de te dire que j'apprécie tes commentaires matinaux, que j'ai parfois le temps de lire avant de partir au travail.<br /> <br /> Tu dis que tu n'as « pas vraiment choisie une vie de solitude ». Effectivement je ne pense pas qu'on la "choisisse", pas plus qu'on ne "choisit" de vivre en couple. Ce sont les circonstances qui proposent des scénarios de vie et je crois que les "choix" sont assez instinctifs, pas formellement réfléchis en toute conscience. Comment cela serait-il possible d'ailleurs puisqu'on ignore ce que l'on sera...<br /> <br /> Par contre, comme je l'écrivais plus haut, ces "choix" ne doivent rien au hasard et son prédéterminés par de multiples facteurs. A postériori on finit par comprendre pourquoi on a fait tel ou tel choix à chaque instant crucial.<br /> <br /> « ne pas rester enfermé dans des certitudes et vivre ce que l'on a à vivre ». Tout à fait d'accord avec toi ! Accepter le mouvement, la surprise, la déstabilisation, l'inconnu... parce que c'est là qu'est la vie. Beaucoup de certitudes empêchent de vivre...<br /> <br /> J'aime bien ta philosophie de vie... dans laquelle je reconnais la mienne ;o)<br /> <br /> * Palétuvier, puisque je ne suis pas dans les certitudes, le doute n'est jamais loin. Aussi il est important que je sache que mes écrits apportent quelque chose à ceux qui me lisent. Écrire publiquement n'a de sens que si cela profite à d'autres que soi.<br /> <br /> C'est pourquoi je vous remercie pour cette exhortation à poursuivre, qui, avec chacune de celles qui ont agi de la sorte, ont permis que je sois encore là :o)<br /> <br /> Alain, c'est parce que j'ai une certaine pratique de la vie en couple durable que j'ai besoin d'explorer ce qui se passe dans la vie en solo. Tu sais que je n'étais pas "programmé" pour vivre seul et ce changement de monde ne se fait pas sans tout un travail de remise en question. Je pourrais continuer à vanter le couple durable, comme je le faisais il y a quelques années, mais il se trouve que la vie m'a mis face à d'autres perspectives que je trouve, finalement, tout aussi intéressantes. Vivre seul n'a pas du tout la coloration terne que j'imaginais autrefois et c'est ce que j'ai envie de dire :o)
Répondre
A
Pierre, tu m'amuses en disant : "Alainx, ce qui attire mon attention, au fil du temps, c'est cette insistance que tu mets à magnifier le couple durable ;o)"<br /> <br /> Je dois sans doute mettre la même insistance que toi à magnifier la vie en solo !
Répondre
P
Juste un petit mot pour dire que j'ai lu avec beaucoup de plaisir les deux derniers commentaires (Josiane et Palétuvier). Je m'absente jusqu'à jeudi soir et je tâcherai d'y revenir...<br /> <br /> Soyez sages en mon absence, hein ;o)
Répondre
P
J'ajoute mon grain de sel à la suite de ces commentaires, pour dire que non, il ne faut pas que vous cessiez de vous exprimer sur ce blog. Tout est magnifiquement dit, percute le coeur, fait réfléchir, nous renvoie à nous-même et il serait dommage d'y renoncer. Alors, non, non, non, surtout continuez à écrire !
Répondre
J
Bjr Pierre, ton billet a suscité des commentaires et des échanges très intéressants, je ne vais pas y rajouter grand chose car le dernier échange avec Alain est très riche...seulement tout comme toi ayant connu la vie de couple, les enfants, les bonheurs et les problèmes de cette vie là...je vis donc aujourd'hui solitaire mais absolument pas isolée...cette vie de solitude, je ne l'ai pas vraiment choisie, mais j'ai choisi de vivre à travers l'amour...chacun sa route, chacun son chemin, on peut aussi décider de rester en couple pour les enfants, pour la sécurité, pour les biens que l'on a en commun...etc..cependant pour aimer on peut être seul mais pour s'aimer il faut être deux et c'est cela que je trouve le plus difficile...la vie de couple quand on s'aime c'est merveilleux, mais la solitude bien vécue tout en continuant à aimer est loin d'être désespérante! et puis comme dit Alain :"Après s'être épuisé dans l'écriture... Tout reste encore à vivre !" Oui, après l'écriture, ou après une vie de couple ou après la solitude peu importe...ne pas rester enfermé dans des certitudes et vivre ce que l'on a à vivre seul ou accompagné...voilà en quelque sorte comment je vois les choses aujourd'hui, j'essaye de vivre le mieux possible la situation dans laquelle je me trouve tout en ne perdant pas de vue que tout peut changer et que demain sera un autre jour, on verra bien, mais en attendant ou plutôt sans rien attendre je vis tout simplement ce que j'ai à vivre, mais je ne me sens pas du tout résignée à vivre d'une certaine manière, me dire que j'ai raison et que les autres ont tort ne me servirait à rien...chacun trouve ou essaye de trouver au fond de lui ce qui est le meilleur pour lui et pour les autres....l'amour étant pour moi ce qui m'enrichit et enrichit l'autre (les autres) en même temps...bonne journée Pierre et à vous tous...
Répondre
P
Alain, je reviens sur les questions que tu me proposes autour de l'amour, de l'amitié, du respect et de la confiance. En essayant mentalement d'y répondre je me rends vite compte que mes amours sont (ou ont été...) de nature différente selon la nature des liens (familiaux ou "amoureux"), que distinguer l'amour de l'amitié ne m'est pas forcément évident sans me référer à des concepts. Je constate aussi que pour qu'il y ait amour il faut qu'il y ait une forme d'amitié, que pour l'amitié il faut la confiance et que pour la confiance il faut du respect ! Sachant que le respect qui compte le plus, selon moi, c'est celui qui est ressenti, pas celui qui est "donné".
Répondre
P
Alainx, ce qui attire mon attention, au fil du temps, c'est cette insistance que tu mets à magnifier le couple durable ;o)<br /> <br /> Si tu relis mon texte tu verras que je ne suis pas dans une « assimilation » mais dans une ambivalence entre deux aspect du couple : l'épanouissement ET le renoncement. Je n'ai pas écrit que le couple n'était que renoncement...<br /> <br /> J'espère bien que de nombreux couples s'épanouissent ensemble ! En même temps je crois aussi que de nombreux autres se restreignent. Je n'en croise pas beaucoup dont je perçois le bonheur enthousiaste dans un partage épanouissant. <br /> <br /> Je n'ai pas non plus écrit, ni pensé, que la vie en solo était la seule façon de s'épanouir ! Ça peut être une façon, comme le couple peut en être une.<br /> <br /> Bien sûr que mes parents ont trouvé leur compte en vivant 50 ans ensemble. Mais je vais te faire part d'une conviction : on trouve TOUJOURS son compte dans la situation que l'on vit. TOUJOURS ! A moins d'être maintenu captif, évidemment. On est TOUJOURS libre de changer ce qui nous convient pas, et si on ne change pas... c'est qu'on y trouve des avantages secondaires. Ne serait-ce que celui de se sentir victime. Tout cela étant largement inconscient, évidemment...<br /> <br /> Et pour cette image "pour rire" de la solitude, je la vois volontiers comme un mécanisme défensif. Parce que la solitude fait peur. Le mot lui-même est connoté négativement. Pour ma part je vis une solitude heureuse. Je vais même te faire une confidences : je n'ai jamais vécu aussi longtemps sans conflits, sans reproches, sans mal-être insidieux parce qu'une autre personne me "demandait" par une subtile et diffuse infinité de mots, d'attitudes, de signes... d'être autre que ce que je suis et ainsi exerçait sur moi une pression. Aimer l'autre c'est bien souvent attendre de lui qu'il devienne plus aimable, correspondant mieux à ce qu'on aimerait trouver en lui. Les discours prônent la liberté de l'autre, mais les actes cherchent, malgré soi, à le conformer à ce qu'on attend de lui.<br /> <br /> Merci de m'avoir, par la première partie de ton commentaire, permis de le dire :o)<br /> <br /> Pour la suite de ton commentaire, que je trouve infiniment plus "ouverte", elle me plaît beaucoup. Tu proposes de faire le constat de « ce qui est » plutôt que de faire de la prospective sur « ce qui pourrait être ». Ça me fait prendre conscience que si j'ai tant besoin de préciser des concepts c'est parce que j'ai peur de me tromper. J'ai peur de me prendre les pieds dans des illusions, j'ai peur de ma naïveté, et donc, au final, de me casser la figure une nouvelle fois. C'est un tort parce que s'en prendre plein la tronche ne fait que rendre plus prudent, plus aguerri, plus lucide, plus solide. Que du mieux !<br /> <br /> Tes questions sur la façon dont je VIS des concepts sont intéressantes. Je pourrais très facilement répondre à chacune de ces questions, mais POUR MOI-MÊME (ce qui est le plus important !). Par contre, dès que je veux échanger à propos de ce que je vis j'ai besoin d'utiliser des mots, des concepts, sans savoir que que l'autre, en lui-même, attribue comme sens à ces mots. Avec le risque d'un dialogue de sourds...<br /> <br /> Je ne sais plus comment utiliser ces mots, parce qu'ils n'ont pas un sens commun à tous. On ne peut les définir simplement, mais seulement tenter d'en dessiner une carte parcellaire, approximative et définitivement incomplète.<br /> <br /> Je partage ce que tu dis sur l'intelligence, qui consiste à déchiffrer nos ressentis. Mais je crois que l'Autre, avec sa part de mystère, nous réinterroge en permanence. L'Autre, largement inaccessible... qui amène à rationnaliser, faute de pouvoir ressentir en lui. On ne peut chercher à comprendre l'autre sans une part de rationnalité (et une part de ressenti).<br /> <br /> Tout à fait d'accord sur les limites, très vite atteinte, de la théorisation...<br /> <br /> Fille bavarde... merci pour cet ajout important :o)
Répondre
F
Je viens de lire les commentaires...et je voudrais juste dire que vivre seul ou seule ne veut pas dire<br /> mourir de solitude...<br /> Pourquoi faut il toujours associer au mot "solitude"<br /> un côté quelque peu négatif ?<br /> On peut être seul et vivre des tas de choses dans sa vie...<br /> Bonne soirée à vous tous...
Répondre