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Alter et ego (Carnet)
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14 juillet 2010

C'est une maison bleue...

C'est une maison de pierre aux volets bleus, accrochée à sa colline dans les montagnes sèches du sud de la France. Les portes sont ouvertes à ceux qui ont envie de travailler un peu, discuter beaucoup, et de partager des moments de vie dans la bonne humeur. On se retrouve ensemble, famille, amis, inconnus venus du bout du monde venus passer quelques jours ou quelques mois. Ça ressemble un peu à une auberge de jeunesse au confort rustique. Ici on cultive la terre en ayant le souci de la préserver, parmi poules et canards, moutons et abeilles. Il y a aussi un cheval et trois chiens.

C'est là que j'ai passé quatre jours, et je reviens l'esprit et le cœur remplis de bons moments partagés.

En ce lieu sont accueillis des wooffers* qui, en échange du gîte et du couvert, participent aux travaux de la ferme. Pendant les vacances il y a aussi les enfants des paysans et leurs cousins. Quand je suis arrivé, samedi soir, il y avait une demi douzaine de jeunes. Et quatre adultes. Plus quelques invités de passage. Les hôtes accueillent tous ceux qui sont là à l'heure du repas.

Là-bas règne une incroyable vitalité, qui laisse rêveur le solitaire taciturne que je suis. En quatre jours, avec la douzaine de personnes présentes,  j'ai participé au ramassage du foin "à l'ancienne" et son rangement sous un hangar, à la construction bigarrée d'un mur de pierres, à des repas autant nourris de rires que de victuailles, à des discussions restreintes ou élargies. J'ai effectué ma première descente de torrent, nageant dans un canyon tellement étroit que j'en touchais les parois. J'ai écouté un jeune américain épanoui et sensible nous parler de son pays et improviser au violon avec talent. J'ai vu arriver un jeune couple de québécois, souriants et heureux, s'intégrer instantanément au groupe, comme s'ils retrouvaient une bande de copains. Je les ai vu ravir l'auditoire en nous apprenant comment « sacrer » (jurer) avec subtilité et vanter la haute gastronomie de la poutine. J'ai écouté les mêmes jouer des airs de guitare et de violon avec l'américain, jusqu'à la nuit noire.

Et moi, étonné de cette simplicité des contacts, de cette spontanéité évidente, je regardais ça avec envie et un brin de nostalgie. Que ma jeunesse a été différente ! Qu'elle a été protégée, calibrée, conformiste, immobile ! Qu'elle a manqué d'ambition !

Il n'est jamais trop tard et ces voyageurs du monde, dont font partie mes enfants, stimulent mes envies d'une existence plus audacieuse. De ces quatre jours chez ma sœur je reviens plus convaincu d'une envie croissante : aller à la rencontre du monde. Mais pas qu'en touriste. Rencontrer ceux qui vivent ailleurs, autrement. Participer et non pas seulement observer. Oserais-je le faire ?

Commentaires
P
> Edmée, la poutine n'est probablement pas ce que j'ai mangé de meilleur au Québec, mais c'est tellement... québecois ;o)<br /> <br /> Que l'on soit américain, québecois, suédois ou australien, je crois que c'est le goût du voyage et de la découverte qui fait les gens un peu différents. Oser partir, avec la part de risque et de chances que cela comporte, n'est pas à la portée de tous, ni désiré par tous.<br /> <br /> Tu as raison, je ne me suis jamais senti suffisamment mal pour avoir besoin de quitter mon environnement et arpenter le vaste monde. Mais je n'ai pas non plus eu l'audace d'essayer d'aller voir ailleurs. Dans quelques mois ma fille part au Népal et en Inde pour plusieurs mois. Comme ça, juste pour le plaisir de la découverte. J'admire son audace...<br /> <br /> > Incertaine, j'aime beaucoup ce que tu dis :o) J'ai envie d'ajouter qu'essayer d'autres vies, d'autres façons d'être, ne peut qu'être profitable : au mieux on peut se découvrir autre que ce que l'on croyait, au pire on en revient plus sûr de ce qu'on n'est pas.<br /> Il y a quelques années j'ai été tenté par "une autre vie". Je me suis rendu compte que ce ne m'était pas si facile de changer, qu'il me fallait du temps et que, quoi qu'il en soit, je ne pourrais m'éloigner de ce que je me sens être. Je crois que je suis devenu plus prudent, sans pour autant perdre mon enthousiasme, mais en restant attentif à rester dans les dimensions de ce qui m'est atteignable à un moment donné.<br /> <br /> Tu me souhaites bonne route, et cela me fait penser que la racine du mot "route" est la même que celle de "rupture". Prendre la route, n'est-ce pas avant tout rompre avec ses habitudes ?<br /> <br /> Merci pour tes encouragements :o)
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I
Je te lis, et je me surprends à penser que parfois dans nos têtes un modèle de vie en chasse un autre. Mais ce n'est toujours qu'un modèle. Avec ses bons et mauvais côtés. Longtemps j'ai dénigré beaucoup de choses qui dans ma vie me semblaient étriquées, je me suis même approchée de très près d'un mode de vie plus "spontané". J'ai mis un certain temps à comprendre qu'il arrive qu'on soit attiré, et même aimanté par ce qui ne nous ressemble pas, du moins pas vraiment, et que nous imaginions que nous pourrions être autres. Pour ce qui me concerne, du haut de mon grand âge :), je tente de rester fidèle à celle que je suis tout au fond de moi. Même si ce n'est pas toujours dans l'air du temps. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu'il faut renoncer à s'ouvrir à des rencontre et à des partage. Au contraire.<br /> Je te sens plein d'aspirations nouvelles, stimulé comme tu l'écris par des envies d'existence plus audacieuse. Et ces désirs puissants semblent faire émerger à ta consciences des capacités que tu n'as peut-être pas l'occasion de développer dans ta vie actuelle. Il n'est jamais trop tard, tu as tout a fait raison. Et notre chemin nous mène parfois en des lieux surprenants qui nous apprennent beaucoup sur nous même. Bonne route, Pierre.
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E
La poutine... j'aime poh, calice! :)<br /> <br /> Mais c'est vrai que souvent les Américains ou Canadiens sont "cool" ceux qui voyagent du moins. mais que veux-tu, eux, ils ont changé de continent pour arriver à la maison bleue, ce qui veut dire couper pas mal de racines, en tout cas provisoirement. Ils planent un peu plus haut que nous qui ne faisons que changer de pays ou région, n'étant pas aussi dépaysés...<br /> <br /> J'ai fait ma jeunesse en "ruant dans les brancards" (et j'ai donné des coups de sabots), je pense avoir eu autant de liberté qu'eux, mais je suis allée la chercher! J'étouffais et il me fallait une autre bouffée d'air. Si tu n'étais pas "assez mal", tu es resté... c'est tout!
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P
> SolAnge, tes mots me font du bien :o)<br /> <br /> Oui, je sens cette envie de participer. Ne reste qu'a trouver en moi une confiance suffisante dans ce que je suis. J'y travaille...<br /> <br /> Bien sûr que je suis jeune, puisque je me sens jeune ;o) Je retrouve une forme d'insouciance et d'enthousiasme que je n'ai pas eue dans ma jeunesse. J'ai parfois l'impression de vivre mon existence à l'envers ! ;o)<br /> <br /> > Josiane, solitaire sans l'isolement, c'est exactement ça. Solitaire mais avec les autres. J'aime ces moments de partage et de rencontre, qui me font vivre des sensations inatteignables dans la solitude. Je crois que j'ai toujours senti que "me retrouver" était une façon de mieux aller vers les autres (tout comme être avec les autres me permet de me trouver...).<br /> <br /> Bonne journée à toi aussi :o)
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J
Bjr Pierre, c'est naturellement en fredonnant que je lis ce billet...il y a un temps pour tout...après l'intériorisation (et pendant), même un solitaire (et je parle aussi pour moi) a ce besoin de rencontres avec les autres...on a à la fois ce besoin d'être seul pour se retrouver mais sans jamais perdre de vue que nous vivons à travers les autres et cette escapade dans cette maison si accueillante t'a montré la richesse et la profondeur de ces rapports humains...tu l'as très bien exprimé...ça t'a permis d'être davantage dans la vie qui ne s'écrit pas mais qui se vit...et ce genre de rencontres, quand on ne souhaite pas que la solitude devienne de l'isolement, sont indispensables à notre équilibre, sont indispensables pour poursuivre notre chemin dans la paix...ce sont de merveilleux moments qui n'ont pas forcément leur place au début de nos retrouvailles avec nous-mêmes, mais qui petit à petit (même si au début il n'y en a qu'une par an)deviennent une grande source joie telle que je la ressens quand je te lis...merci Pierre de nous avoir fait partager le bonheur dans cette maison bleue...tu me donnes ainsi une part de ce bonheur que je ressens quand je me sens assez forte pour "repartir" vers les autres...et sans te connaître vraiment mais te lisant depuis quelque temps déjà, je pense que tu oseras sans aucun problème "Participer et non pas seulement observer." Plein de bisous et bonne journée!
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S
Rencontrer ceux qui vivent ailleurs, autrement...Participer et pas seulement observer... A mon sens, c'est la *richesse la plus précieuse* que l'on peut espérer "amasser" en ce bas monde!... <br /> <br /> La seule manière de se remettre *vraiment* en question, de changer de regard... bref, si tu sens cette envie, sachant qu'elle ne vient pas à tout le monde parce qu'il faut une 'sacrée ouverture d'esprit', fonce, n'hésite pas!... <br /> <br /> Et ne regarde pas ta jeunesse avec nostalgie, ta jeunesse d'années, je veux dire... car la jeunesse, tu es en plein dedans, toi le chercheur de Vie et d'Envie!... potentiellement, tu n'es qu'à la moitié de ta vie!... donc encore très jeune, non?? ;-)<br /> <br /> Tendrement, SolAnge
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