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Alter et ego (Carnet)
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12 septembre 2010

Dites-moi qui je suis

Allez, un peu de cogitations, pour changer...

Je me questionnais sur ce que j'avais envie d'écrire ici [déjà, c'est un peu bizarre comme question...] et hésitais entre plusieurs sujets qui, chacun dans leur genre, me permettraient d'aborder ce qui me plaît. J'aurais pu parler des prémices de l'automne, sur un mode esthético-poétique. Décrire le retour des rosées abondantes, la lumière éclatante de l'été finissant, les colorations des feuillages les plus précoces. Et puis mettre quelques photos qui, apparemment, plaisent à une partie de mon lectorat.

J'aurais pu m'épancher sur mes ressentis de père qui, seul tout l'été, doit réapprendre à partager le temps lorsque ses enfants pleins de dynamisme séjournent quelques jours. Peut-être aurais-je alors éveillé un écho et quelques commentaires.

J'aurais pu évoquer les souvenirs que la présence de mon fils au Québec me rappelle, étant sur les lieux même où je me trouvais il y a un an.

J'aurais pu narrer mes récents déboires professionnels, confronté aux difficultés à mener une équipe quand certains jeunes impulsifs cherchent à dépasser les limites.

J'aurais pu faire part de quelques impressions liées à la réflexion sur le couple que j'effectue dans le cadre de mon mémoire.

J'aurais pu glisser quelques allusions sur les approches féminines qui, loin d'être découragés par ma solitude affichée et affirmée, semblent attirées par cela même...

Oui, j'aurais pu aborder chacun de ces sujets, et bien d'autres encore. Et à chaque fois m'aurait été renvoyé quelque chose par ceux et celles qui passent ici, régulièrement ou par hasard.

Mais fondamentalement, qu'est-ce que j'aurais voulu dire par là ? Qu'est-ce que j'aurais cherché à transmettre de moi, plus ou moins à mon insu, selon le choix que j'aurais développé ? Qu'est-ce que j'aurais voulu "partager" avec vous, lecteurs, et dans quel objectif conscient ou inconscient ?

Alors finalement je me suis laissé aller à la simplicité et j'écris ceci. C'est avec ces mots que, là, maintenant, je me sens le plus en accord avec mon état. Et je laisse ainsi la place au texte qui m'a inspiré, décrivant avec justesse ce que je constate bien souvent dans ma démarche d'écriture publique et qui, selon la formule consacrée, "m'interpelle"...

« La démarche introspective qui consistait à vouloir connaître son identité par le regard intérieur qu'on porte sur soi a laissé la place à une autre exactement opposée : il s'agit de se cerner grâce au regard des autres. Nous pianotons sur nos claviers à la recherche d'interlocuteurs qui nous disent qui nous sommes, et Internet est devenu un vaste marché d'identités en quête de validation.
(...)
Dans un monde où chacun est sommé de se construire une identité personnelle, la question de savoir qui l'on est se trouve évidemment au centre des préoccupations de chacun. Il ne faut donc pas s'étonner qu'elle revienne sans cesse sur internet. Renonce-t-on pour autant à être aimé ? Pas vraiment, parce qu'en réalité les deux questions n'en font qu'une. « Dites-moi comment vous vous intéressez à moi et je saurai qui j'ai envie d'être. »
Mais pour savoir qui on est il faut commencer par « se découvrir ». En français le double sens de ce verbe est épatant : c'est à la fois « se mettre à nu devant les autres » et « accéder à la connaissance de soi ». Ces deux attitudes correspondent à ce que j'ai appelé « désir d'extimité », qui n'est autre que celui de rendre publiques des parties secrètes de soi pour les faire connaître et valider par l'entourage. »

Serge Tisseron dans « Virtuel mon amour »


IMGP2344

Au Québec comme dans mon jardin, le Bouleau jaune est toujours le premier à se colorer...

Commentaires
F
Je pense comme Pierre.<br /> J'ai longtemps écrit pour moi seule, mais cela ne me suffisait pas. Même si je n'ai que très peu de retour en coms, je sais dans mes stats que je suis lue par quelques fidèles... et ça me suffit même si je souhaiterais plus de participation en retour.
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P
Coumarine, quand on écrit pour soi on n'a pas besoin de le faire lire. On n'a même pas besoin d'en parler. Toute expression est une tentative de communication, donc d'échange. Ce qu'on lance sur la toile ce sont des hameçons...<br /> <br /> Ceux qui veulent se persuader d'autre chose me semblent être dans l'illusion :o)
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C
tu sais Pierre, quand au début de mon aventure du blog, je disais un peu naïvement que j'aimais être lue, jeme souviens qu'on medisait: <br /> meuuu nonnnnn Coumarine, on écrit pour soi!!!<br /> or tu dis bien ce qu'il en est...
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P
Ah mais justement, Coumarine, c'est bien parce que je pense à ce qui interagit que j'ai écrit ce billet :o)<br /> <br /> Je n'écris pas au hasard, sans me préoccuper de ceux qui me liront : le choix de mes sujets a un sens. Puisque je ne peux mettre en évidence que quelques fragments de ce que je suis, fais ou pense, je m'interroge sur les choix que je fais : en fonction de quoi, de qui, pour servir quel objectif ? Nos écrits nous représentent, ils sont notre "vitrine" (sinon ils resteraient cachés...). Même le décor que nous choisissons pour les exposer, ses teintes, les illustrations, la mise en page, expriment quelque chose de nos personnalités et ont donc un sens ! On choisit d'exprimer ce qu'on a envie d'exposer de soi. Dès qu'on entre en interaction avec autrui on ne peut plus faire abstraction de cette présence. Alors j'aime autant en avoir conscience :o)<br /> <br /> Je ne sais pas ce que "mon lectorat" - terme globalisant une diversité - attend mais en revanche je sens bien qu'à travers les sujets que j'ai envie de développer s'exprime une part de moi dont je peux prendre conscience. <br /> <br /> Ne soyons pas hypocrites : si le fait de pouvoir déposer des commentaires à fait le succès des blogs c'est bien parce qu'on attend un retour de ce que l'on propose... Et qu'attend-on, si ce n'est une validation de ce que nous avons envie de montrer de nous ?
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C
tu sais ce qui me frappe Pierre dans ton billet?<br /> C'est que en pensant aux différents sujets dont TOI tu pourrais parler (en guise de démarche de journal intime) tu fais référence quasi systématique à "ton lectorat", à ce que tu crois qu'il attend, aux sujets (ou photos qui leur plairaient<br /> Je dis ça, je dis rien... mais ça m'a frappée en te lisant ce soir
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P
> Françoise, tu es tout à fait dans le sujet :o) Cette notion d'intime qui nous échappe, un peu dans le sens de ce que disait Charlotte, me titille depuis hier soir. Je comprends bien l'idée, mais le terme "intime", dans ce cas-là, ne me convient pas vraiment. <br /> <br /> Pourtant il est arrivé bien souvent que, comme tu le décris, de mes mots restitués à travers le regard des lecteurs m'apparaisse quelque chose de moi que j'ignorais. Le regard des autres devenant comme révélateur, grâce à ce que je diffuse de moi. Mais est-ce pour autant une part "intime" ?<br /> <br /> Hmmm... je cherche mais non, je ne trouve pas de mot qui me convienne, si ce n'est "prise de conscience".<br /> <br /> > Calamity, en te lisant j'ai envie de dire que se découvrir n'est facile que lorsque la confiance est là. Confiance qui peut être surévaluée, d'ailleurs, avec le risque de s'être trop dévoilé.<br /> <br /> > Alainx, je crains que sur le point de ma vie affective tu ne restes sur ta faim ;o)<br /> <br /> Pour Serge Tisseron, je considère son "nous" comme inclusif. Sinon il aurait dit « les blogueurs » ou « les internautes ». Quant à son blog, il me semble plutôt être une tribune occasionnelle qu'un blog participatif.<br /> J'apprécie ses travaux parce qu'il fait partie des rares, il me semble, à s'intéressent sérieusement aux effets sur nos psychismes de ce qu'on nomme improprement "virtuel" (à la fois réel et imaginaire). Lui le fait d'une façon aisément compréhensible.
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A
alors...<br /> C'est quand que tu nous glisses «quelques allusions sur les approches féminines qui, .... »<br /> <br /> Que nous puissions enfin faire le point sur ta vie affective !<br /> <br /> ;-))<br /> ------------<br /> Sinon je n'aime pas trop la première citation de Tisseron.<br /> après tout lui aussi il pianote sur blog à la recherche de son identité ...<br /> quoi que, sur un an de blog... Il n'y a que trois commentaires !<br /> Ça fait pas terrible...<br /> :o)
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C
Se découvrir...c'est facile et difficile à la fois, tout un programme ! sinon tout va bien ! ;)
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F
En effet, nous pouvons apprendre à nous connaître à travers les mots, les regards des autres. En fonction de ce que nous leur offrons, bien sûr. Mais il y a parfois des choses qui nous échappent, des choses intimes que malgré nous, nous dévoilons (ressentis ou émotions). C'est aussi par ces choses-là que nous apprenons à mieux nous connaître, des choses dont nous n'étions pas forcément conscients mais qui au hasard d'une discussion, d'une relation, se révèlent soudain. C'est donc bien par la présence, l'écoute des autres, que nous découvrons cet aspect-là de notre personnalité.<br /> Je suis peut-être hors sujet par rapport à ton billet (?)... mais peut-être pas...<br /> <br /> Je ne connaissais pas ce terme "extimiser", et pourtant il veut bien dire ce qu'il veut dire...<br /> <br /> Belle fin de semaine à toi, Pierre.
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P
Charlotte, pour ma part je dirais que l'intime est du domaine du conscient. Ainsi je ne montre que ce que je veux bien montrer et c'est moi qui définis les contours de ce que "j'extimise". <br /> <br /> Quand à ce qui échappe à la conscience, peut-on le qualifier d'intime ?
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