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Alter et ego (Carnet)
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18 septembre 2010

Petit théatre de l'ambivalence

Acte 1 - Elle et lui se retrouvent côte à côte après des mois d'absence et de quasi silence.

Elle : Si une personne était très amoureuse de moi et souffrait que ce ne soit pas réciproque, alors je déciderais d'arrêter nos rencontres.

Lui : Je ne vois pas les choses ainsi. Je considère que personne n'a à décider à la place de l'autre.

Elle : Mais si l'autre n'y arrive vraiment pas ? Si sa raison n'est pas assez forte ? Il faut bien l'aider...

Lui : Non, ce serait l'infantiliser. Respecter l'autre c'est lui laisser la responsabilité de prendre ses décisions. Je n'ai pas à empêcher le nécessaire cheminement de quelqu'un vers sa maturité, quoi que cela puisse lui en coûter à un moment donné.

.ooOoo.

Acte 2 - Les mêmes, quelques minutes plus tard

Elle : Il faut que ce soit toi qui arrêtes, parce que moi je ne parviens pas à tenir mes décisions. C'est trop difficile. Trois ans que ça dure et rien ne change. Je ne sais plus comment faire. J'ai trop envie d'avoir plus mais c'est impossible. Je veux tout... et comme tu ne veux pas tout me donner, alors je préfère rien. Mais c'est pas assez.. C'est pour ça que je fuis ta présence depuis des mois, que je fais l'indifférente... mais en même temps je ne pense qu'à ça ! Tu es toujours dans mes pensées, c'est horrible. Je ne parviens pas à me raisonner... alors je veux que tu tranches pour moi.

Lui : Tu me demandes de renoncer à des échanges qui, quand tu cesses d'être distante, me font du bien. Tu me demandes de me faire passer après toi. De m'oublier...

Elle : Ben oui, tu peux faire ça pour moi !

Lui :
Qu'est-ce que je gagnerais à me priver de ce qui me plaît ? Le seul avantage pour moi serait de me prouver que je peux faire un choix déterminé et m'y tenir. Or je me sens tout à fait capable de rester inflexible si je l'ai décidé. Par contre si tu changes d'avis, ce qui est très probable, tu vas me solliciter pour me faire plier, me demander de revenir sur ma décision, annuler ta demande. Et là je me retrouverai devant un cas de conscience qui n'arrangera personne.

.ooOoo.

Acte 3 - Deux semaines plus tard

Elle : Comment fais-tu pour me laisser revenir aussi simplement vers toi alors que je me suis tenue à l'écart et que je t'ai délaissé pendant si longtemps ?

Lui : Tant que tu ne m'agresses pas, que tu ne me rejettes pas trop violemment, que tu n'es pas abusivement froide, je suis là. En état de veille. Sans attendre. J'accueille simplement ce qui se présente quand il est possible de le vivre.

Elle : Tu m'énerves à être comme ça, tellement détaché ! En même temps... c'est ce qui m'attire !

IMGP2271

Commentaires
P
Chantorelle, pour ma part je suis très prudent avec le terme « manipulation », fortement connoté négativement. Le dictionnaire dit : « amener quelqu'un à agir dans le sens que l'on souhaite, s'en servir comme moyen pour arriver à ses fins ». <br /> Si c'est une démarche entièrement consciente qui consiste à utiliser l'autre en le niant c'est efffectivement de la manipulation. Mais si c'est une orientation qui s'assimile plutôt à une tentative d'influence, tout en tenant compte de l'autre en tant que sujet, je n'emploierai pas le terme "manipulation". Sinon toute forme de séduction, par exemple, serait de la manipulation ! Et la démarche de Elle, demandant à Lui de choisir, serait aussi de la manipulation : amener Lui à agir dans le sens que Elle souhaite.<br /> <br /> Je trouve que dès qu'il y a souffrance l'autre est vite perçu comme "mauvais", "en tort", donc responsable de la souffrance. Ça me dérange...<br /> <br /> Il me semble très important de bien dissocier les attitudes de l'un et la souffrance de l'autre par rapport à cette attitude : chacun a sa part.
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C
Lui: "J'aimerais que tu restes dans ma vie mais je comprendrais si tu ne le souhaites pas."<br /> <br /> Lui: "Il faut que tu te protèges de moi car je viens de se rendre compte<br /> du fait que je peux te faire souffrir."<br /> <br /> Un grand merci à diane...<br /> En lisant ses mots, je comprends bien que je n'étais pas seule au monde<br /> (dans cette souffrance)...<br /> Ma souffrance étant le résultat direct d'une certaine forme de manipulation subtile (peut-être inconsciente?) affective/émotionnelle, <br /> soutenue et prolongée.<br /> <br /> Le dommage est encore grand et palpable.
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P
Bonjour et bienvenue Diane. Merci pour cette réflexion issue d'un vécu "de l'intérieur". De ce fait elle m'intéresse beaucoup.<br /> <br /> Le terme "perversité" me fait une fois de plus tressaillir, parce que je le trouve très excessif : la perversité serait agir avec l'objectif de faire mal. Or ni Lui, ni votre amant, ne semblent avoir été dans cette posture. À la limite je comprendrais mieux le terme de "profiteur" qui, quoique peu favorable, n'a pas du tout la même connotation.<br /> <br /> Il semble que l'amant dont vous parlez, bien que longtemps "silencieux", ait fini par préciser ses attentes, ses désirs et refus. Il aurait donc été clair, vous laissant libre de vous déterminer.<br /> <br /> Vous dites que vous auriez eu besoin qu'il cesse la relation, au moins le temps nécessaire à ce que vous éclaircissiez votre propre ambivalence (ce qui, soit-dit en passant, peut demander beaucoup de temps...). Je comprends ce point de vue, mais ne peux m'empêcher d'y voir la conscience d'une incapacité à décider seule. C'est à dire une maturité intellectuelle qui n'est pas suivie par celle du coeur, encore "infantile". Cela dit sans aucun sens péjoratif ni volonté de culpabiliser. Ne pouvant assumer la responsabilité pleine et entière d'un choix... il est délégué à l'autre. C'est ce que vous décrivez très clairement dans « ce dont vous rêviez » : qu'IL décide de se retirer pour VOUS éviter une souffrance... Un ressenti dont vous portez la "responsabilité". Je sais que ce point de vue peut être difficile à accepter...<br /> <br /> Quoi qu'il en soit, si on demande à l'autre de nous protéger de nous-même (de notre souffrance) il importe que ce choix soit clairement assumé et que chacun soit bien au clair quant à ses responsabilités. Je crois qu'on peut déléguer la responsabilité d'un choix... à condition de prendre la responsabilité de cette délégation. Sinon on entre dans des jeux de manipulation (inconsciente).<br /> <br /> L'idée de l'ambivalence entre désir physique et amitié me paraît très importante, et souvent au coeur de problématiques complexes. Surtout si intérieurement les deux aspirations tendent à s'exclure...<br /> <br /> Pour le cas de conscience, il peut être rude si la personne qui demande l'inflexibilité initialement attend ensuite de la souplesse ! Celui qui se voit ainsi chargé de garder le cap sera, dans un cas comme dans l'autre, mis en échec (soit trop rigide, soit ne tenant pas ses engagements). C'est une demande piégée. Il me semble important de bien réfléchir avant de prendre une décision irrévocable.<br /> <br /> Quelque chose me surprend dans votre commentaire : l'association des mots "faute" et "responsabilité". Pour ma part je les dissocie complètement (cf le fameux "responsable mais pas coupable").<br /> <br /> Dernière remarque : à cette phrase « mon ex amant m'a fait beaucoup souffrir par son comportement », je préferai celle-ci : « j'ai beaucoup souffert du comportement de mon ex-amant » :o)<br /> <br /> Quant au silence... il laisse toute latitude d'interprétation à celui qui s'y trouve confronté.
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D
bonjour j'ai lu avec attention même si il me faudrait du temps pour imprégner tout ça, je rejoins lola et yogi, qui parlent d'une certaine perversité de "lui". Quand j'ai lu ce texte ça m'a fait tout drôle, je me suis reconnue comme beaucoup et ça fait du bien de le lire et de voir que nous ne sommes pas seule dans cette forme de "schizophrénie". Mon ex amant, après avoir essayé à plusieurs reprises de le faire parler doucement sur la nature et le sens qu'il mettait à notre relation a fini par dire des mots (je relirais la rubrique sur le silence il est de ce côté là très doué) Il m'a dit qu'ils rencontraient des femmes pour passer un bon moment, qu'il pouvait développer des sentiments (lesquels ? j'ai jamais su) pour faire l'amour mais n'envisageait pas de vie commune avec moi. Qu'il fallait aussi qu'il "travaille" ce côté pulsionnel car très attiré physiquement (et c'était réciproque) quand il me voyait pour ne pas compromettre notre amitié. Je lui avais fait part auparavant et plusieurs fois de mes sentiments et notre relation a duré assez longtemps. <br /> Personnellement ce dont j'aurais eu besoin c'est qu'il m'aide et non pas qu'il me laisse gamberger des mois voir des années pour "me guider vers le nécessaire cheminement de la maturité".<br /> Ce que je t'attendais de mon ex amant (et ami d'enfance en plus) c'est qu'il me dise en gros "tout ça m'embarrasse, je vois bien que tu souffres mais je ne peux rien t'offrir de plus que le sexe sans engagement, et je ne veux pas te faire souffrir aussi je préfère qu'on ne se voit plus même si tu es une amie et que j'aime nos partages, j'ai du désir physique pour toi et je dois aussi faire un travail sur moi mais j'aime notre amitié et ce qu'elle m'apporte seulement ta souffrance m'empêche d'avoir des liens harmonieux parce-que je souhaite que nous soyons biens dans cette relation, sache que si demain tes sentiments changent on pourra alors redevenir des amis sincères sans ambiguïté" <br /> ça c'est ce dont je rêvais, au lieu de cela, j'ai beaucoup trop donné, essayer de comprendre, pris mes distances et je lui ai envoyé une lettre pour expliquer mon ressenti sans lui faire de reproches, j'ai fait une autoanalyse et compris ce qui n'allait pas chez moi, une ambivalence. (envie de lui mais en même temps maintenir une amitié)<br /> je voulais juste reprendre ça <br /> "par contre si tu changes d'avis, ce qui est très probable, tu vas me solliciter pour me faire plier, me demander de revenir sur ma décision, annuler ta demande. Et là je me retrouverai devant un cas de conscience qui n'arrangera personne." et la réponse de yogi qui est très juste<br /> (si "je me sens tout à fait capable de rester inflexible si je l'ai décidé" alors pourquoi "je me retrouverai devant un cas de conscience" ?) mais qui surtout fait encore peser la faute et la responsabilité sur sa partenaire ("si tu changes d'avis, ce qui est très probable, tu vas me solliciter pour me faire plier"). <br /> tout est dit. faire peser la faute et la responsabilité sur l'autre et pourquoi ne changerait il pas d'avis par la suite ? il est plein de sagesse mais manque de souplesse. <br /> <br /> <br /> mon ex amant m'a fait beaucoup souffrir par son comportement <br /> <br /> Après lui avoir envoyer cette lettre je n'ai plus eu de réponses. le silence toujours, est ce qu'il ne voulait pas assumer la responsabiltié de couper les liens parce-qu'il ne savait plus gérer en me laissant le dernier mot ? je ne le saurais jamais et il m'arrive encore parfois de chercher des réponses. <br /> <br /> j'espère avoir été claire<br /> merci pour ce blog, c'est très enrichissant
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P
C'est bien ainsi que je l'avais entendu, Lukéria :o)
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L
Pierre, je n'envisageais pas ce changement de dialogues comme une fin à ta petite pièce, étant donné que Lui n'est pas en amour avec Elle, ça semble, en effet, bien impossible... Par contre, je pense que chacun pourrait être acteur d'une autre pièce plus lumineuse, un jour, dans laquelle ils trouveraient un plein épanouissement, mais ce ne serait pas ensemble.
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S
Fany : comme je l'ai dit dans un commentaire du début, je ne cherche pas à identifier Lui et Elle précisément. Moi-même j'ai vécu la situation d'une Elle, et les pointillés que me proposait Lui consistait à ce que l'on se voit de temps en temps, quand il le souhaitait. <br /> Il était difficile de faire des projets et mes souhaits étaient rarement exaucés ("on se voit ce week-end ? non, j'ai un article à écrire... le week-end prochain ? Je ne sais pas, je te dirai à ce moment-là, j'aurais peut-être besoin de solitude...")<br /> <br /> Nous étions tous deux célibataires et disponibles et je vivais vraiment comme un rejet. Mais j'acceptais ces conditions car je pensais que peu à peu la relation évoluerait. Or, on ne change pas les gens. Ce Lui-là n'était pas "en amour" avec moi et ma patience ne me servit à rien.<br /> <br /> Paradoxalement, j'ai connu des relations en pointillés très heureuses, parce qu'elles reposaient sur une bonne communication et des choses claires. ("on se voit ce week-end ? non, ma femme organise une fête de famille... mais le week-end prochain, je compte bien te faire goûter ma dernière recette de soupe au potiron! Tu es disponible, toi ?")<br /> <br /> Ce ne sont pas les pointillés en eux-mêmes qui posent problème.
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F
Chantorelle : je ne jetais pas de blâme !!... si tu savais !!.....<br /> je citais cet exemple pour dire que des "phénomènes" de ce type là peuvent se manifester à notre insu.<br /> Mais je n'oublie pas qu'une relation se joue à deux (+ 2 inconscients ;)))<br /> Samantdi, tu pourrais demander à LUI ce qu'il entend par "pointillés" ??<br /> ;))))??
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P
> Fany, j'ai écrit « s'échappe CE à quoi l'on tient », pas « QUI à qui l'on tient » ;o)<br /> <br /> > Chantorelle, un grand merci pour le lien vers ce site fort intéressant. Les témoignages qui suivent l'exposé (un peu ardu...) sont particulièrement éloquents quant aux manifestations de l'abandonnisme.<br /> <br /> > Samantdi, je crois que tu vois juste : la fin envisagée par Lukéria n'a vraisemblablement aucune chance de se produire entre Elle et Lui.<br /> <br /> L'analyse que tu fais en quelques mots me paraît très pertinente.<br /> <br /> « Mais aucun des deux ne veut ce que l'autre espère. ». Je crois que c'est exactement ça ! C'est pour cette raison que ce genre de relation est "utile"/constructive pour chacun, mais certainement pas à voir sous l'angle de l'amour, et encore moins de la longue durée.
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S
Hé bien que d'échanges passionnants et passionnés !<br /> <br /> Le petit dialogue de Lukeria (très optimiste sur une fin "heureuse") me paraît improbable comme conclusion des rapports entre Lui et Elle.<br /> <br /> Il me semble en effet que la communication entre Elle et Lui ne construit rien mais se nourrit de malentendus et de faux-semblants: Elle ne veut pas rompre car elle a l'espoir qu'Il abandonnera sa carapace et l'aimera pleinement. Lui pense qu'elle abandonnera l'idée d'une relation romantique et acceptera la discontinuité, les pointillés...<br /> <br /> Mais aucun des deux ne veut ce que l'autre espère.
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