Je reviendrai à Montréal...
Il y a un an je réalisais ce que j'avais prévu, sur l'air d'une chanson de Charlebois : « Je reviendrai à Montréal... ». Conviction acquise quelques années plus tôt, alors que j'étais en résidence temporaire juste à-côté de cette ville. Intimement lié à une pétillante autochtone j'avais imaginé être amené à y revenir souvent. J'ai même envisagé de m'y installer...
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L'an dernier, au matin du 24 septembre, c'est en solitaire que j'ai déambulé dans des rues autrefois parcourues, ravi, au bras de l'amie tant aimée. Cette fois je ne suis resté que quelques heures, à la fois heureux et le sourire teinté d'un peu de tristesse. Sans fondre en vaine nostalgie, j'ai pensé à l'absente, si proche. Elle était de l'autre côté du pont, à quelques minutes de distance. Et il y avait tant à se dire après les malentendus. Dommage...
Une autre fois, peut-être...
Je ne suis resté à Montréal que le temps d'être là, concrètement présent. Le temps d'avoir rendu possible l'impossible, de le sentir accessible, presque de le toucher. Le temps de ne pas rencontrer, d'un commun accord, celle qui ne le désirait pas.
Non, ça n'a pas eu lieu. C'était ainsi. S'éteignait là le premier objectif de mon voyage, passant le relais à celui que j'avais prévu de lui substituer. J'ai quitté Montréal et mis le cap vers des paysages nouveaux. Un autre Québec, celui qui ne serait plus seulement celui des souvenis à deux. Le mien...
M'extasiant devant des scènes qui continuent à diffuser dans mon esprit, c'est en solo que j'ai parcouru les espaces colorés d'automne. J'étais physiquement seul... mais en même temps j'avais pour compagne une présence incorporée. Avoir effleuré la possibilité d'un partage m'était suffisant. Et puis j'avais la satisfaction d'avoir fait ce qu'il fallait. Montréal était loin, habillé désormais d'un nouveau regard.
Depuis je peux entendre parler du Québec sans ressentir systématiquement un pincement de nostalgie. Je peux me réjouir d'entendre les expressions et l'accent québecois sans en percevoir trop fort le manque. Je peux être heureux de rencontrer des habitants de ce pays, et laisser les souvenirs s'inviter et prendre place dans mon esprit.
Je n'aime pas l'idée que les beaux souvenirs puissent être recouverts de tristesse. J'aime les réminiscences lumineuses, les éclats de passé qui me donnent le sourire, et je m'y emploie. C'est ma façon de redessiner la vie.