L'appel du dehors

Assez subitement j'ai perdu l'inspiration qui, habituellement, me pousse à écrire. Actuellement je ne ressens plus la nécessité de déposer mes pensées. Aucune ne me préoccupe vraiment, à un moment de ma vie ou je cueille les fruits d'années de réflexion. Je n'ai plus envie d'élaborer longuement des textes, ni de consacrer un temps précieux à chercher les mots les plus ajustés. Du coup je n'écris plus...

Phase temporaire ou évolution significative ? Il est encore trop tôt pour le dire. Je sais bien que chaque année c'est la même chose : le retour des beaux jours m'attire au dehors, où l'activité ne manque pas. Cette fois j'ai cependant le pressentiment que le décrochage est plus net. On verra bien...

Jeux de lumières et de textures, ce matin, dans les marais

Comments

[Pierre]

Juste un petit mot pour vous dire que je lis bien tout ce que vous déposez ici :o)

Je vous en remercie.

[tina]

La première photo est très belle, la succession de plans, le fond sombre, les vibrations dans les graminées...
Donc, il y aura moins de texte..., mais s'il y a plus d'images, c'est pas mal aussi!!

[k role]

Comme c'est beau !!! j'comprends que ça vous appelle ! bonne balade à bientôt.

[Françoise]

Il arrive, en effet, que l'appel du dehors devienne tellement fort que... eh bien, qu'il faut l'écouter, quitte à délaisser un peu le net... Ecouter ses envies, d'abord... Rien n'est jamais définitif, un blog peut rester au repos quelques semaines, quelques mois, et reprendre vie ensuite.
Belle journée à toi, Pierre, et profites de cette période sereine, et de cette envie du dehors... :-)

[Lukeria]

Je comprends très bien cette désaffection d'une certaine forme d'écriture, pour l'avoir connue aussi à une époque. Et je trouve que c'est très positif. Cela signifie, pour moi, que l'on est moins dans le mental, avec toutes ses interrogations, dans lequel on a parfois tendance à tourner un peu en rond et plus dans le ressenti. Cela peut ouvrir à une autre forme d'écriture moins introspective, plus basée sur les émotions. Mais en même temps, il n'y a plus la même nécessité d'écrire...

[Pierre]

> Véronique, j'ai fait le même constat que vous : ma désaffection, bizarrement, concorde avec la diffusion de cette émission de radio. Ce n'est assurément pas un hasard...

Je ne saurai dire exactement à quoi cela est dû, mais je crois qu'il y a quelque chose qui a à voir avec l'idée de "reconnaissance", voire celle de "consécration". Ce serait un peu long et impudique à expliquer ici, mais ce déclencheur m'a permis de prendre conscience que mon écriture en public avait une fonction que je minimisais sans doute : gagner en assurance, renforcer ma confiance en moi. Et l'évènement, somme toute assez mineur dans mon existence, constitué par la diffusion de mon intervention, d'extraits de mes textes, ainsi que les retours très favorables des lecteurs qui se sont exprimés, aura servi de catalyseur. D'autres aspects de ma vie récente, que je n'ai pas encore racontés, se sont combinés pour mettre en évidence le résultat d'années d'introspection : j'ai changé. Je ne suis plus celui en lequel je me percevais depuis toujours ! Ma confiance personnelle s'est considérablement accrue et me rend différent.

Je crois que c'est ce résultat qui fait que je ne ressens plus le besoin d'une introspection publique. Du moins pas sur le même mode qu'auparavant.

Ce n'est donc pas qu'une question d'anonymat, mais bien celle d'un "cocon" rassurant dont je n'aurais plus besoin.

Et pour cette raison je suis nettement plus nuancé que vous au sujet de "l'égocentrisme exacerbé" : il peut correspondre à une étape nécessaire. C'est parce que je me suis (très) longuement interrogé sur moi-même que j'ai pu prendre conscience de mes manques, mes défaillances, mes attentes, mais aussi de mes forces et potentialités. Le but n'étant évidemment pas de rester dans cette auto-analyse permanente, mais bien d'évoluer vers un état de relatif bien-être intérieur, indispensable pour aller vers une réelle ouverture aux autres.

Comme vous, je considère qu'il s'agit là de préoccupations d'occidental, débarassé des soucis existentiels de base. Soucis de nati, donc ! Mais je/nous vivons dans ce monde occidental et nombre de nos névroses (toutes ?) découlent directement de ce bain culturel. Pour les éviter il faudrait s'extraire de ce monde là...

C'est en partie pour ça que je me ressource dans la nature... et que je m'efforce de me déconnecter de certains aspects aliénants du monde d'internet :o)

Cath.e... « pleurer dans la grâce », j'aime bien cette formule :o)

> Nicole, tant mieux si vous ne vous exprimez pas quand vous n'en ressentez pas le désir :o)

Oui, « goûter cet état » de satisfaction après avoir fait un bout de chemin un peu compliqué. Savourer cette période de calme quand les questions ont trouvé suffisamment de réponse pour continuer à explorer sereinement...

[nicole 86]

Bonjour Pierre,
cela fait plusieurs billets où je n'éprouve plas l'envie (le besoin ?)de m'exprimer , et puis la première photo qui me donne envie de parler. Je n'y verrais pas tout à fait une frontière plutôt l'invitation à aller toujours plus loin et toujours plus haut pour de nouvelles découvertes. Alors cette photo est un peu l'image de l'histoire de ce que vous avez écrit de manière choisie, et puis, nombrilisme oblige, c'est aussi l'image de mon évolution personnnelle. Si vous avez exploré tous les plans de cette photographie, il reste à goûter cet état, et puis peut-être, l'état deviendra étape et vous nous donnerez à voir une autre photo.
Bon dimanche Pierre.

[veronique]

J'avais remarqué une désaffection depuis votre émission de radio... :-) Comme si une page était tournée, comme si le cocon anonyme (entre "") du blog avait éclaté.

Autres petites pensées qui n'ont rien à voir avec vous en particulier et qui ne se veulent aucunement polémiques :

Se regarder, s'analyser, se chercher, se tâter, tourner et retourner les pensées qui à la longue ne se renouvellent pas ça ressemble furieusement à de l'égocentrisme exacerbé.
Je ne dis pas qu'il ne faut pas s'interroger sur soi, faire le point, se remettre en question etc mais il faut, aussi, savoir en sortir.

Selon Alain " la guerre naît de l'ennui " et je suis la même logique en pensant que le nombrilisme est la richesse des occidentaux, de ceux qui ont le temps pour cela. Je suis persuadée qu'il en va de même pour la majorité de nos/vos/leurs troubles comportementaux.
Lorsqu'on doit lutter pour vivre au jour le jour le temps n'est pas au repli. La douleur est ailleurs.

[Pierre]

Coumarine, pour ma part ce n'est pas vraiment un dégout de l'écriture, mais plutôt de certains de ses aspects : le temps que j'y consacre, les complications que j'y trouve, et surtout les interactions que cela engendre et dans lequel je me laisse prendre ! J'aspire a davantage de simplicité.

Dans ton cas, je comprends que ça puisse t'inquiéter !

Quant à cette énième "crise", pour ma part, elle débouchera peut être sur une nouvelle façon de vivre-écrire ? À suivre...

[Pierre]

> Léon, j'aime bien ton commentaire et le sens métaphorique, presque poétique, que tu vois dans cette photo :o)

Oui, la nature est toujours présente dans ma vie. Indispensable. Elle est comme une ressource et fait partie de mon équilibre.

> Josiane, il y a longtemps que me demande ce qu'il adviendra lorsque je serai parvenu au terme de ce que j'avais *besoin* d'écrire... Il semble que j'approche de ce basculement, et j'ignore encore comment mon rapport à l'écriture évoluera. Mais "l'appel à vivre" est effectivement fort, après tout ce qui s'est mis en place dans ma vie... grâce à l'écriture introspective :o)

> Praline, pas mal, ton commentaire ! ;oD
La photo est une autre façon d'exprimer quelque chose de soi, d'être créatif, observateur. C'est une façon d'être en contact avec la vie, en effet.

J'ai effectué mon tour pour le bureau de vote, mais j'y retourne ce soir pour le dépouillement...

En attendant, je vais dehors !