Mon silence n'est pas une absence. Je suis "là", comme d'habitude. Je suis simplement devenu mutique. Sans besoin de me dire.

Pourtant chaque jour je viens lire ce qui se dit ici. En retrait, j'observe comment vit ce site quand je n'y interviens pas. J'aime savoir que je n'y suis pas indispensable. Comme pour m'assurer que je pourrais disparaître si j'en avais envie.

Mais je me demande, sans inquiétude aucune, ce qui se passe en moi : qu'est-ce qui change actuellement mon rapport à cette fameuse « extimité » qui a eu tant d'importance dans mon existence, depuis une dizaine d'années ? C'est un peu comme si un moteur, qui a durablement bien fonctionné, perdait tout à coup une grande part de sa puissance.

Il se passe quelque chose. Mais quoi ?

...

Hum... le simple fait d'écrire m'apporte des réponses : je crois que je ne ressens plus vraiment le besoin d'échanger par écrit. Or le besoin est une puissante source d'énergie ! Celui-là était un des carburants qui m'ont poussé à m'exposer sur un blog interactif. Je sens confusément que cela touche aussi à d'autres besoins, dont celui de reconnaissance...

Mais les besoins n'existent pas sans dépendance à leur égard, avec une sérieuse amputation de la liberté de choix. Et ça, beurk, j'aime pas !

Je vais vous faire une confidence : j'ai bien l'impression que quelques uns de mes encombrants besoins se sont volatilisés ! Pfffuiiit ! Et là, maintenant, un peu désemparé devant cette réjouissante disparition, je ne sais que faire d'une liberté nouvelle : celle de suivre mes envies. Je me vois disposer du pouvoir de choisir... et j'en teste les effets. Écrire... ou pas. Répondre... ou pas. Raconter ou pas. Dévoiler ou pas. J'apprends à écouter mes envies en ce domaine et les agir. Je m'octroie donc sans vergogne des épisodes de silence ! Hmmm, c'est bon !

Euh... coïncidence notable... il se trouve que ces changements se produisent au moment même où j'évolue professionnellement vers un poste qui va m'apporter liberté et pouvoir décisionnel accrus. Cela résulte bien d'un choix de ma part, en même temps que d'une confiance en moi suffisante pour avoir agi dans ce sens. Je me plais à croire que ma persévérance dans une longue démarche introspective et interactive n'y est pas étrangère. Autrement dit : vous y êtes pour quelque chose.