Sans précipitation
Au début ça me fait toujours du bien de m'ôter la pression de l'écriture en public. J'apprécie de me mettre en retrait de la scène et disposer ainsi de temps pour être actif ailleurs. Mais inévitablement je finis par percevoir l'émergence d'un léger manque, et le subtil retour de l'envie d'écrire. Ce n'est pas l'écriture qui me manque, mais le partage qu'elle suscite. La conscience qui naît de nos échanges m'importe beaucoup. Et non seulement j'aime quand mes réflexions solitaires suscitent les votres en écho, mais j'aime aussi l'idée de nous voir avancer ensemble sur nos chemins respectifs.
Oui mais voilà... parfois je n'ai pas le temps ! Pas le temps de "clavarder" avec vous, pas le temps de prendre le temps d'écrire. Et même pas vraiment le temps de penser à ma guise ! Or c'est la pensée, l'analyse, l'introspection qui nourissent mes écrits. Tout cela demande davantage qu'un peu de temps : il faut de la disponibilité ! De l'espace intérieur !
En ce moment je suis en pleine activité dans de multiples domaines. J'ai donc l'esprit "occupé", comme pourrait l'être un territoire. Un peu trop à mon goût. Habituellement je prends soin de me ménager des temps de respiration, d'observation, de méditation, d'oisiveté. Des temps en solitaire et des moments de rencontre. Des temps ou je ne fais rien... mais où je ressens, apprécie, conscientise beaucoup. Ces temps me sont importants et contribuent de façon essentielle à mon « être bien ». Ils sont nécessaires à mon équilibre et je refuse de m'en dispenser trop longtemps.
D'un autre côté j'apprécie d'avoir plusieurs pans de vie, diversifiant mes activités selon les envies, les opportunités, les hasards, les attirances. Mais il arrive que les moments forts se cumulent et se téléscopent. Alors là... ma vie devient un peu trop densément remplie. Je sens les premiers signes de stress se manifester et cela me rend vigilant : pas question de me laisser happer par ce mal civilisionnel de notre époque ! J'ai l'impression de maltraiter mon corps en fonctionnant sous un régime de stress, même s'il est très modéré par rapport à ce que semblent vivre certains accros de la suractivité. Alors je fais de la résistance : je m'efforce de garder des moments de vie calme, sans céder à la dictature de l'urgence. Je m'efforce de rester zen, de prendre mon temps, de varier les plaisirs.
À quoi bon vivre dans la précipitation ?
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