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Alter et ego (Carnet)
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8 mai 2011

Amour et violence

C'est quoi la violence ? demande Titane à la suite de mon précédent billet.

D'emblée je dirais que la violence est avant tout un ressenti psychique : ça fait violence. Le terme violence, en lui-même, n'a guère de sens s'il ne fait appel à la subjectivité. On devrait dire « ça me fait violence ». En fait, comme l'amour, le mot a tellement de sens possibles qu'il en perd presque le sien. Une gifle est violente, la perte d'un être cher l'est aussi, quelques mots peuvent être ressentis comme tels, ou même un regard. À une toute autre échelle les guerres sont des violences, un attentat est une violence, un tremblement de terre aussi... Subjectives ou universellement reconnues, les violences n'ont de sens qu'en se plaçant du point de vue de ceux qui les endurent.

Quant à celui qui inflige une violence à autrui... il n'en a pas forcément pleine conscience. On peut blesser la sensibilité de l'autre sans le vouloir. Dans les cas où cette violence est volontaire, c'est comme si une neutralisation de l'empathie se mettait en place chez son auteur, permettant d'infliger à l'autre ce que lui-même ressentirait comme une violence. Ou autrement dit en termes psychologiques : le sujet est vu comme un objet. Nié en tant que personne, ses ressentis le sont aussi.

La violence n'ayant de sens que par rapport à celui qui la perçoit comme telle, elle n'est mesurable que selon une échelle subjective, variable selon les individus, leur état psychique et émotionnel, leur maturité, leur conscience, leur culture, leur attachement...

Bien que ce soit la première idée qui vienne à l'esprit la violence physique n'est que la part visible d'une atteinte sur le plan psychologique. D'ailleurs la plupart des ressentis violents n'ont aucun lien avec des manifestations physiques : peu de personnes se font agresser physiquement mais beaucoup ressentent de la violence au quotidien. Violence dans le monde du travail, violence médiatique, violence individualiste, violence dans les rapports de couple. C'est, par exemple, ce qui fait qu'entrent dans le champ des violences conjugales des attitudes qui jamais n'engendrent le moindre coup. De même le harcèlement moral n'atteint jamais l'intégrité physique d'un individu. Ce sont les violences invisibles. Celles qui peuvent aisément passer inaperçues, être contestées, relativisées jusqu'à la négation. Négation qui peut se transformer elle-même en violence supplémentaire.

 

Mais je ne vais pas faire ici un traité sur la violence. Je cherche plutôt à évoquer le rapport personnel que j'entretiens avec la violence. C'est quoi, pour moi, la violence ?

Je suis tenté de dire qu'entre la violence et moi c'est une longue histoire d'amour...

La violence fait partie de mon paysage affectif depuis... toujours. C'est à dire que je sais avoir ressenti des sensations de violence depuis les plus lointains de mes souvenirs. Je ne parle pas là de la "violence" que peut ressentir tout nourisson en manque de nourriture, ni de tous les ressentis liés à la frustration : ceux-là sont inhérents à l'existence et constitutifs de la psychologie humaine. Ils sont indispensables pour acquérir une maturité. L'existence, parce qu'elle ne répond pas à nos désirs, applique continuellement une suite de violences plus ou moins aisément acceptées. Mais parce que ce statut est commun à tous il n'exerce pas la violence supplémentaire de l'injustice. Cette part d'arbitraire est à la base de la subjectivité de la violence : tous ne la subissent pas.

Quand je pense à mes premiers souvenirs de violence il s'agissait de violence facultative, celle qui n'existe que parce que quelqu'un décide de l'appliquer. Je l'ai ressentie très tôt parce que, dans les temps reculés ou j'ai fait mes premiers pas dans l'existence, il était largement considéré que les enfants devaient être "éduqués" de façon musclée. C'est à dire par des "punitions" corporelles infligées aux enfants « pour leur bien ». Par amour, donc : « je t'aime donc je te fais mal pour que tu deviennes ce que je crois bon pour toi ! ». Il n'était bien sûr pas question d'utiliser le terme de violence, alors que les mêmes gestes à l'égard d'un adulte auraient été perçus comme tels ! Cette idée d'une maltraitance nécessaire et aimante n'a pas disparu des conscience, comme j'ai pu l'entendre, abasourdi, la semaine dernière, lors d'un talk-show télévisuel qui tournait en dérision une campagne de sensibilisation contre les violences familiales.

En ces temps reculés de ma prime jeunesse, et encore aujourd'hui donc, le parent violent s'autorisait à maltraiter l'enfant récalcitrant. C'est à dire celui qui ne se comporte pas comme le tout-puissant détenteur de l'autorité le conçoit. Libre à lui d'édicter les règles de conduite, quelles que soient les névroses dont il peut être chargé. Difficile de faire autrement, en effet, le métier de parent ne requérant aucune compétence spécifique !

J'ai été "dressé" comme l'autorité familiale l'exigeait. En l'occurence celle que s'était arrogée l'homme, chef de famille, tout naturellement. Ma structure psychique a fait que j'ai choisi la soumission pour éviter la violence. Je garde, profondément enfouis dans ma mémoire, des ressentis de terreur devant ce que très tôt j'ai perçu comme une insupportable injustice. Moins contre moi que contre mon petit frère. Être témoin de violence peut être aussi traumatisant qu'en être victime. Peut-être même davantage. Surtout si cette violence a une part inexplicable, imprévisible et aléatoire : je ne savais jamais quand elle tomberait. Parfois notre père était tendre, parfois il entrait dans des fureurs agressives. Amour et violence confondus...

En tout cas j'ai compris mon intérêt et suis donc devenu un petit garçon très obéissant... avant que l'adolescence ne révèle l'illusion de cette fausse adaptation. Quand ma personnalité a commencé à émerger, ce qui ne plaisait pas à l'autorité paternelle s'est de nouveau fait recadrer par des attitudes se voulant persuasives. « Pour mon bien ». Par "amour". Non par des punitions physique, cette fois, mais par quelque chose de beaucoup plus insidieux : la maltraitance psychologique. Sous forme de dénigrement et de dévalorisation, d'humiliations... en vue de provoquer un sursaut d'orgueil ! Formaté par une soumission précoce j'ai enduré cette violence sans broncher, si ce n'est en introvertissant ma personnalité naissante. Je suis devenu adaptable à toute situation, me fondant dans le paysage, discret en toutes circonstances, impassible, solitaire, au prix de ce que j'assimilerai aujourd'hui à une dépression. Mais en fait, tout en faisant peuvre d'une grande obéissance de façade, je me suis révélè être, sans le savoir, obstinément persévérant à suivre mes aspirations, quels que soient les détours et le temps nécessaire pour y parvenir. C'est probablement une force. Quand je n'ai pas envie de faire quelque chose...

Soumission apparente, donc, qui consiste à "obéir" ouvertement... et agir selon ma conscience en sous-marin. Je garde ce mode de fonctionnement à l'âge adulte. Autant dire que personne n'a obtenu durablement quelque chose de moi par la contrainte ou l'autoritarisme. Je suis seul maître de moi-même. Avec la souplesse du roseau je résiste. Toute forme de pression, toute contrainte arbitraire, exercent sur moi un ressenti violent en tendant à nier ma liberté d'être. Ce que je n'accepte pas. En silence je résiste. Face à une autorité dont je ne reconnais pas la légitimité, je suis un doux rebelle...

J'attribue ce comportement, qui assurément manque de franchise directe, aux conséquences de la violence ressentie lorsque j'étais enfant. Face à un père autoritaire et dominant, puisque l'affrontement me paraissait voué à l'échec, j'ai opté pour une autre stratégie existentielle : le contournement. Aujourd'hui, face à toute personne s'attribuant un comportement dominant, j'entre en résistance passive. Et si ça va trop loin, ou si je n'ai pas les moyens de résister, alors il m'arrive d'exploser, libérant toute cette violence ressentie.

 

J'écrivais en ouvrant mon propos que la violence était avant tout un ressenti. Or je dispose, dans une certaine mesure, d'un pouvoir sur ces ressentis. Je peux agir sur ma perception des choses ou la façon dont j'y suis exposé. Je peux me tenir à distance des personnes qui me mettent face à un ressenti violent, ou travailler sur le domaine sensible dans lequel il s'exerce. Je peux aussi, et c'est un objectif qui m'importe, rester moi-même face à cette expression d'impuissance de l'autre. Car la violence, je le sais maintenant, correspond à la crainte de ne pas obtenir ce que l'on veut ou de perdre ce à quoi l'on tient. La violence est, paradoxalement, une manifestation de peur face à un sentiment d'impuissance.

Mon refus de la violence ordinaire est viscéral, épidermique, probablement à l'excès. Ma personnalité a été forgée en fonction de ce rejet de la violence. Jusqu'à refuser, pendant très longtemps, une large part de mon identité virile : je l'associais à des comportements violents. J'ai beaucoup de difficultés avec l'idée de conflit dès lors que l'agressivité apparaît, parce que là encore je l'assimile à de la violence. Cela m'a conduit à une forme d'impassibilité protectrice. J'observe beaucoup, je cherche à capter l'atmosphère, et probablement à sentir qui est l'autre : imprévisible dans sa violence ou pas ? Je ne suis pas sûr de parvenir un jour à ne plus redouter la violence soudaine et il me faudra encore du temps pour rester stable en toute circonstance face aux tentatives autoritaires...

Par ailleurs je ne supporte pas d'être témoin d'injustice, pas davantage que je n'accepte d'en être "victime". Sauf que maintenant je suis adulte, donc "victime" seulement si j'accepte de l'être. Cette conscience de ma liberté de subir ou non de m'est venue que tardivement, après que je prenne conscience de ma part de responsabilité dans mes ressentis.

Le faux hasard des rencontres a fait que je me suis à plusieurs reprises trouvé confronté à des ressentis violents dans des relations à forte teneur affective. Je sais maintenant que l'amour conditionnel est intrinsèquement violent. Amour et violence... le passé a laissé des traces.  Dans certaines de ces relations, outre les satisfactions que j'en retirais, j'ai parfois cru pouvoir réparer ce que je percevais comme des "injustices" dans les parcours de mes partenaires. Erreur : un parcours ne dépend que très partiellement du hasard ! Il ne m'appartenait pas de tenter d'en infléchir le cours. Mes tentatives étaient donc destinées à échouer tôt ou tard : vouloir "aider" l'autre « pour son bien » c'est appliquer une pression qui peut être ressentie comme une forme de violence. De fait, c'est une violence : c'est manquer de confiance en cet autre, c'est négliger sa capacité à conduire sa vie. C'est vouloir le faire correspondre à ce qu'on attend de lui. C'est avoir peur de sa différence d'action. Je le sais puisque je l'ai perçu ainsi quand j'ai senti qu'on voulait me faire changer plus rapidement que je n'en avais la capacité !

Ces rencontres aléatoires et au devenir incertain auront été autant de chances de mieux comprendre ce qui se joue dans une relation et dans quelle mesure j'étais responsable de mes ressentis violents. De comparer aussi ce qui, dans les comportements de l'autre, son caractère, son histoire, son mode de vie, déclenchait ces ressentis. Et de constater les effets de nos erreurs respectives...

Aujourd'hui je me préserve de la violence... en me préservant de l'amour. L'un et l'autre, indissolublement liés dans mes représentations. Peur d'être blessé par la violence, peur d'être blessé par l'amour. Peur de l'amour sous conditions. Peur que de l'amour émerge la violence.

C'est quoi la violence ? Peut-être une peur de l'amour...

 

 

 
 IMGP4723

Cornus florida

 
Commentaires
P
mais j'entendais entre autre des choses équivalentes ; la violence du 'dressage autoritaire ' peut prendre différentes formes autant que le nombre d'être s'arrogeant des pouvoirs au-delà du raisonnable ; dans ce sens j'ai été témoin indirect des conséquences de ce genre de violences issues d'un milieu familial : un camarade de classe effondré en classe de cinquième lorsqu'il n'avait décroché qu'un 15 lors d'un devoir ordinaire(je ne vous dévoile là que la partie émergée de l'iceberg familial ) ; quand j'évoquais l'empreinte cela pouvait également dénoncer ces excès, ces abus de pouvoir; quand à supposer que cela ait pu disparaître , allez consulter ce qui a concerné MARCIAL MACIEL .........
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P
Pour ce qui est de la violence, je pensais surtout à la violence inutile, méthode archaïque d'apprentissage et "d'éducation". Cette violence-là rend craintif, ou révolté. Elle peut briser l'enfance et l'adulte en devenir. <br /> <br /> <br /> <br /> Tout enseignant n'a pas l'humanité, l'ouverture, l'humour d'un Daniel PENNAC, d'un Michel LEEB, d'un Nino FERRER, d'un André DUSSOLIER.....<br /> <br /> Nous avons tous connus des bons et des moins bons .<br /> <br /> J'ai des souvenirs précis d'enseignants que j'ai grandement appréciés et qui m'ont permis de grandir.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais j'ai aussi vécu des situations de violence éducative qui m'ont également rendu craintif, et ont certainement freiné mon apprentissage de certaines connaissances ; je suis donc proche encore de vous sur ce point.<br /> <br /> <br /> <br /> Quant à nos rêves il incombe à chacun d'entre nous de le faire partager par d'autres, pour leur donner une amorce de réalisation (pouvoir du collectif qui maitriserait sa ou ses violences) .....;
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P
« Mais que dire des formes de violence éducatives, culturelles, idéologiques, institutionnelles, etc. ? Quand la violence est considérée comme une méthode "normale" de régulation et de canalisation ? »<br /> <br /> <br /> <br /> Là je veux approfondir plus nettement ce que j'ai eu comme intuition en parlant de la violence qui aveugle ; d'abord je veux faire une distinction pour moi essentielle : distinguons nettement LE PHENOMENE DE VIOLENCE de LA VIOLENCE COMME SENTIMENT NEGATIF<br /> <br /> <br /> <br /> Si l'on parle du phénomène de la violence , on évoque là quelque chose d'universel au sens de répandu partout sur notre planète : violence des éléments , violence des situations, violence peut-être de la vie tout court.<br /> <br /> C'est là que je situerai dans un premier temps votre remarque (méthode normale de régulation et de canalisation) ; l'évolution sociétale de notre espèce humaine ne s'est jamais faite sans formatage du jeune futur adulte.<br /> <br /> En voulant exprimer cela me revint en mémoire, de jeune annécien que j'étais à l'époque, un court métrage que j'ai vu dans le cadre du festival du cinéma d'animation ; si j'avais le souvenir du contenu et d'un titre approximatif (empreinte), j'ai du parcourir bien des rubriques du moteur de recherche avant de tomber dessus :<br /> <br /> Auteurs/Scénaristes :  CARDON Jacques 1974<br /> <br /> Catégorie :  Court métrage <br /> <br /> Résumé :Une sangle pour le front, une autre pour la poitrine permettent de maintenir la planche dans le dos du jeune garçon, curieuse prothèse. Un jour enfin on le débarrasse de cet appareil, et il franchit la porte ouvrant sur sa vie d'adulte... <br /> <br /> <br /> <br /> Je pense que c'est tout à fait ce que vous vouliez exprimer.......<br /> <br /> <br /> <br /> Dans ma recherche de l'empreinte, je suis tombé sur un film de 2H14 disponible sous YOUTUBE :<br /> <br /> L'empreinte des géants (CHAUVEAU, CHESNAIS, REGGIANI, LEOTARD...L'Empreinte des géants est un film franco-allemand réalisé par Robert Enrico en 1979 et sorti le 5 mars 1980...) : j'en ai profité pour le regarder de bout en bout ; plus j'avançais dans la projection, plus je me disais qu'il s'agit là de la pleine illustration du caractère universel de la violence ; en effet , sur les 134 minutes du film il faut peut-être attendre les cinq dernières pour enfin sortir de l'a violence au quotidien sur un chantier d'autoroute ; mais même cette fin se réalise dans la violence de la séparation des protagonistes liés par l'amitié, alors que le générique se défile sur fond d'autoroute à trois voies désormais en fonction...... La vie continue........<br /> <br /> <br /> <br /> Ce dernier film fourmille de situations violentes, mais surtout de la violence comme sentiment négatif, c'est-à-dire de cet état qui peut malheureusement envahir chacune ou chacun d'entre nous ,qu'il s'agisse d'un instant ou des années durant ; et c'est de cela dont nous sommes tous entièrement responsables au niveau individuel, comme au niveau collectif s'agissant d'un groupe d'humains par rapport à un autre groupe : garder toute vigilance pour éteindre ce feu de la plus pacifique manière dès qu'il commence à poindre de ses premières braises .<br /> <br /> C'est en ce sens que je salue d'abord la survenance des rassemblements dignes, silencieux et pacifiques qui ont suivi les attentats.<br /> <br /> Même, s'agissant de ce qui semble dénaturé aux yeux de certains , la marche du dimanche m'a émue en ce qu'elle s'est déroulée dans le calme .<br /> <br /> <br /> <br /> D'avis général le plus dur reste à faire : et maintenant qu'allons nous faire ????? quelle sera notre vie en commun ? Cela dépend du maintien du souffle , maintien de l'éveil qui permettrait d'éteindre le feu à sa naissance . C'est une attitude de chaque instant : À NOS ÉLANS FRATERNELS<br /> <br /> <br /> <br /> Mais cela devient pour nous, espèce humaine, un enjeu vital face aux gros nuages que j'évoquais l'autre jour à propos de mes échanges avec Jean notre fils ; c'est la raison pour laquelle nous devons tous faire effort pour comprendre , ou plutôt pour essayer de comprendre comment individuellement nous fonctionnons , comment nous pourrions nous laisser saisir par le sentiment négatif de la violence.<br /> <br /> <br /> <br /> S'il est trop facile de se décharger de ce travail individuel sur LA SOCIETE entendue au sens de ses institutions (les parents ne doivent pas à la fois s'en remettre aux enseignants pour l'éducation de leurs enfants et les critiquer à la moindre tentative d'enseigner à l'enfant ses limites) , ilest également irresponsable de s'en remettre aux messages simplistes diffusés par les médias .<br /> <br /> <br /> <br /> Surinformés, disiez-vous ? Moi je dirai déformés par des apparences d'informations , qui parcellaires, sorties de contexte ne veulent plus signifier grand chose pour lutter contre le sentiment négatif de la violence.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai ici encore en mémoire tout ce que j'ai récemment déploré sur la manière de sous estimer des athlètes paralympiques par rapport aux premiers sur podium officiel ; la manière dont , au nom du sport on incitait les foules à se venger de footballers allemands......
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C
Pour les smileys, je les fais "à l'ancienne" (mais sans "nez") et ils vous apparaissent donc tels quels. ;) = ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ce qui est de la "violence aveugle", dans le sens que vous proposez, je suis tout à fait d'accord. Double sens que je n'avais pas repéré.<br /> <br /> <br /> <br /> La violence paternelle que vous citez, impulsive et donc "aveuglante", parfois totalement imprévisible, indétectable à l'avance par celui qui va la commettre et son entourage, n'a pas le même caractère de gravité que la violence préméditée et "lucide" (si l'on peut dire…). La justice condamne d'ailleurs plus lourdement cette dernière que le "pêtage de plombs" soudain.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais que dire des formes de violence éducatives, culturelles, idéologiques, institutionnelles, etc. ? Quand la violence est considérée comme une méthode "normale" de régulation et de canalisation ?
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P
Par ailleurs:<br /> <br /> - mon ordinateur ne doit pas aimer les smileys , puisqu'il me les fait apparaître sous la forme non explicite de ;)<br /> <br /> - j'ai considéré immédiatement à la lecture toute la pertinence de vos remarques sur la violence aveugle et la responsabilité de chacun qui reste pleine et entière<br /> <br /> <br /> <br /> Mais après réflexion je suis allé plus loin ; oui ce que vous dites est exact : les cibles humaines étaient prévues et déterminées de sang froid par les meurtriers, et en ce sens on ne peut parler de violence aveugle.<br /> <br /> Par contre, sans volonté de me justifier , mais simplement parce que ma réflexion m'a fourni un nouvel éclairage je dirai 'la violence aveugle' ; dans cette expression 'aveugle' n'est plus un adjectif, mais un verbe.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai pensé à cela parce que cela m'est apparu comme une évidence à la lumière de mes expériences en matière de violence subie ou dont j'ai été témoin .<br /> <br /> Particulièrement en ce qui concerne la violence entre mon père et mon frère : cette violence qui est née en un instant à la suite d'une situation complexe que je n'exposerai pas ici a rendu mon père (lui doux, pacifique, respectueux des autres ) capable de flanquer un coup de poing dans l'oeil de son fils; quand le lendemain j'ai vu mon père blanc comme un linge effondré à l'idée de s'être laissé aller à cet unique acte de violence, j'ai compris comment on peut malheureusement SE LAISSER AVEUGLER par la violence qui nous envahit ;cela n'excuse rien ,mais cela rend sa maitrise encore plus complexe ; et c'est sans doute ce qui me rend si vigilant à en détecter la moindre apparition afin d'essayer d'en enrayer le mécanisme.......
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P
« Indépendance et solitude », disiez-vous ? ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Oui, dans le sens où tout ce que vous décrivez de vous (relations familiales passées ou récentes, votre rapport à vos lecteurs (trices)) me semble dire votre difficulté à trouver la bonne distance : plaisir initial, mais peur de ne plus avoir envie (d'écrire par exemple), de rester dans une ambiance trop aseptisée en famille , ce qui vous conduit à faire usage de votre besoin d'indépendance en retournant à votre solitude, ce que vous semblez regretter ensuite ......
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P
Pierre bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai choisi aujourd'hui d'ajouter mon témoignage ici tant je me retrouve en vous dans ce billet sur la violence. En premier lieu, votre réaction vive sur mon commentaire dans LOGIQUE DU SYMPTOME m'incite à croire que bien involontairement je vous aurais fait violence en cela ; si c'était le cas je vous demande d'accepter mes excuses.<br /> <br /> <br /> <br /> Oui, je me retrouve en vous parce que confronté tôt à diverses situations de violence (dont une entre mon frère aîné et mon père) , j'ai choisi comme vous certaines attitudes d'évitement , de contournement.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais, c'est la ferme volonté d'éviter aux autres des violences qui m'a orienté vers des études juridiques; c'est ce refus de la violence qui m'a fait monter au créneau dans maintes situations familiales, associatives ou professionnelles.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est toujours cette même volonté qui m'a fait penser à l'unisson de ma famille "nous ne pouvons pas nous abstenir de dire NON à la violence aveugle de ces derniers jours" ; bien sûr il faudra dire NON également à ces futures contre-violences que le monde médiatique tentera de nous imposer. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais, là où je me retrouve en vous par ailleurs me faisait ressentir le hiatus entre indépendance et solitude comme une violence que la vie vous impose.......
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P
Siestacorta, tu es fin observateur et ton ancienneté en tant que lecteur fait que tu en sais beaucoup plus sur ma vie que la plupart de ceux qui me lisent (commentent) aujourd'hui. Je suis sensible à ta présence de témoin qui me rattache à un passé que finalement peu de gens de mon entourage connaissent. Je note aussi que tu as bonne mémoire !<br /> <br /> Oui, je suis *peut-être* dans la résistance amoureuse. J'en ai conscience. Cela dit cette résistance, s'il s'agit bien de cela, est suffisamment profonde pour que je n'aie pas de pouvoir sur elle. D'ailleurs je ne cherche même pas à en avoir (ceci expliquant cela...). Tout ce que je peux observer c'est que l'élan vers l'autre qui accompagne (ou suscite ?) le sentiment amoureux ne m'a plus atteint, même si j'ai vécu de fort agréables et enrichissants moments d'intimité relationnelle. Et si quelque attirance à pu apparaître ici ou là, les conditions nécessaires à un développement n'étaient visiblement pas réunies. Je sais aussi que l'état amoureux ne m'attire pas pour le moment et que ma vie est organisée de telle façon que je ne saurais pas où trouver de la place pour qu'il existe !<br /> <br /> Tout peut changer, bien sûr, et il n'est pas exclu que mon travail de réflexion m'y prépare...<br /> <br /> Il suffirait aussi, et ce n'est pas la moindre condition, que je rencontre une femme qui me plaise suffisamment dans les registres auxquels je suis sensible pour que je renoue avec l'élan amoureux.<br /> <br /> Mais pour l'heure ma vie amoureuse, concrètement parlant, n'existe pas. J'aime d'affection, cependant, mais sans cette sorte de douce folie qui caractérise "l'amouuuur". <br /> <br /> Ce dont je parle de façon "cryptée" [hé hé...] concerne des relations assez similaires à ce qui peut se vivre en amour... mais sans ce qui caractérise celui-ci. Du moins en ce qui me concerne. Mais je suis quand même occasionnellement confronté au sentiment amoureux en tant qu'Objet de désir et de sentiments. C'est ce qui me fait réfléchir... Réflexion qui porte autant sur la façon de vivre au mieux ces situations au présent que sur ce que j'ai vécu autrefois. Il y a un va et vient fréquent de mes pensées entre des comportements que j'observe en face de moi et ceux que j'ai eu autrefois en position inversée. J'apprends beaucoup de ce changement de rôle.<br /> <br /> Non, je ne suis *pas encore* un casanova. Par contre il semble que la vie me porte vers la diversité des rencontres et des relations. Peut-être par suite de désillusions cruelles, mais peut-être pas. N'étais-je pas "programmé" en quelque sorte, sans le savoir, pour aller vers ces partages pluriels ? Je dois dire que ces questions m'interpellent : je me perçois à la fois comme très fidèle dans les liens, mais les aimant diversifiés dans l'intimité. En fait je ne sais pas encore vraiment à quoi j'aspire en matière relationnelle, et c'est probablement cette part d'inconnu qui entretien mon intérêt sur le sujet. <br /> <br /> Passionné ? non je ne crois pas. Plus maintenant, si toutefois je l'ai été un jour. Quoi qu'il en soit il me semble que je ne puis plus l'être après avoir compris quel en est le mécanisme et la fragilité qu'il sous-entend. Mais je peux me tromper...<br /> <br /> Certes je sais que je pourrais souffrir de nouveau si je "m'abandonnais" dans une confiance excessive. Mais cette conscience m'en protège très certainement. J'ai suffisamment travaillé sur mes attentes pour ne plus les confier à d'autres que moi pour y répondre. Peut-être suis-je dans l'illusion la plus totale... et ce temps de distance et de "solitude" que je m'accorde serait alors celui d'affermir ma solidité intérieure : pas question de me retrouver en position d'être destructuré.<br /> <br /> Merci de croire que ma nature spontanée affective peut aller loin...<br /> <br /> C'est vrai, je me tiens à une certaine distance quand je sens qu'il pourrait y avoir danger. Je crois avoir appris à discerner les situations à risque. Ma prudence n'est pas inutile, même si la "froideur" (?) apparente qu'elle entraine peut interférer dans les situations. Mais c'est aussi une façon de déceler les réactions de l'autre, son calme intérieur, sa force, sa détermination, son authenticité. J'ai sans doute besoin de savoir si je peux accorder ma confiance. Et puis... je ne crois pas être froid quand je me sens en confiance. Suffisamment de personnes apprécient ma façon d'être pour que j'aie confiance en ma "chaleur"... lorsque je me sens en confiance.<br /> <br /> En écrivant ces derniers mots je me rends compte que j'ai peut-être été un peu trop souvent "trahi"... ou que j'ai un grand besoin d'être respecté dans ma singularité.<br /> <br /> J'aime beaucoup ta dernière phrase. Je la sens juste.<br /> <br /> Merci de m'avoir fait part du regard que tu portes sur moi.
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S
C'est comme moi le travail, ça me fascine, je pourrais le regarder faire pendant des heures.<br /> <br /> Plus sérieusement, oui, ta réaction est "peut-être" défensive... Ou dans la résistance, comme disent les freudiens. <br /> <br /> Ton blog, et ton écriture, pendant longtemps, ont été structurés autour de ta vie sentimentale. Ta passion / fantasme sur une femme avec qui vous n'avez pas eu de relation, puis ton épouse, ta séparation, la rencontre québécoise, le silence du Québec, et, plus discrète et plus cryptée, ta vie amoureuse récente... Tout cela a été au coeur de tes réflexions et questionnement, et pas comme objet théorique intéressant, mais dans ce balancement virtuel/réel pensée/vécu qui était et demeure le tien.<br /> <br /> Donc, tu n'es pas (encore ?) un casanova, mais certainement un passionné, dans le domaine sentimental. Je crois que tu as eu de grandes espérances, des désillusions et des convalescences. ET que peut être aujourd'hui, tu gardes cette distance analytique avec les sentiments il t'intéressent beaucoup mais le vécu ne t'attire pas... parce que tu te sais capable de souffrir profondément et que ta nature affective spontanée va loin. Alors tu lui met une certaine bride analytique, tu essaies de garder un certain calme intérieur quand la vie apporte son lot de sentiment. Ca se comprend bien, évidemment. Mais ne laisse pas le jeu de mot "Coeur de Pierre" être une doublement littéralement juste : tu aimes trop toutes les saisons pour ne pas être heureux qu'avec le froid.
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P
Siestacorta, c'est vrai, je pense souvent à l'amour, par besoin de comprendre ce qui se joue dans ce système relationnel bien particulier. D'ici à dire que je suis attiré... c'est peut-être extrapoler un peu loin (mais ma réponse est peut-être défensive, va savoir...). Autant que je puisse en avoir conscience je ne me sens pas attiré actuellement et je parle de cette non-attirance qui, il est vrai, m'étonne un peu.<br /> <br /> Par contre je pense bien aux *relations* dans ce qu'elles ont de compliqué. Notamment lorsque l'écoute pousse aux confidences intimes, lesquelles font naître le désir, puis suscitent des sentiments, qui eux-mêmes, parce qu'ils ne trouvent pas une réciprocité équivalente, génèrent frustration, souffrance, et parfois violence. Cet enchainement me pose effectivement question, voire me tarabuste quelque peu...<br /> <br /> Donc oui, l'observation et la compréhension du mécanisme amoureux m'attirent toujours :)
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