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Alter et ego (Carnet)
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12 juin 2011

Amour libre

« L'amour n'est libre que dans une société d'individus libres. (...) La liberté peut signifier l'indépendance (n'être asservi à aucune autorité), la disponibilité (rester ouvert à toutes occasions), la souveraineté (imposer aux autres son bon plaisir), la responsabilité (assumer les conséquences de ses actes). Or trois de ces modalités contrarient le type de relation qu'implique la vie à deux. Nous voici soumis, hommes et femmes, à une exigence contradictoire : aimer passionnément, si possible être aimé de même tout en restant autonome. Être entouré sans être entravé avec l'espérance que le couple manifestera assez de souplesse pour permettre cette coexistence harmonieuse.

Je demande à l'autre de renoncer librement à sa liberté et je m'engage à faire de même. Mais je suis un captif retors qui veut pouvoir se reprendre à tout moment. Si la volupté de l'amour est de ne plus s'appartenir, la volupté du moi est de ne jamais s'abandonner. Formule tragi-comique que le roman contemporain exploite à satiété : celle d'homme ou de femmes qui veulent éprouver le grand frisson sans se perdre et redoutent d'être floués. D'où cet effroi relationnel des couples modernes qui se cherchent, se fuient, ce ballet d'engagements passionnels et de retraites précipitées. »

Le paradoxe amoureux, Pascal Bruckner

 

Commentaires
P
Léon, je ne sais pas si j'ai été particulièrement attiré par des femmes "affectivement binaires", ces dernières années, mais il est vrai que celles qui l'ont été m'ont mis face à des situations intéressantes de choix. Contraint de (les) choisir alors que je refusais de me plier à la moindre de leurs exigences j'ai laissé chacune d'elles se déterminer. Pour moi cela a probablement été une façon d'affirmer ma liberté, mon "libre attachement".<br /> <br /> Je suppose que cela m'a été nécessaire pour réparer un mode de fonctionnement inverse, autodestructeur à long terme : celui qui consiste à choisir de répondre aux exigences de l'autre. C'est un engrenage vers le système de soumission/domination.<br /> <br /> <br /> Non, (rires) je ne crois absolument pas à une règle universelle en matière de relations humaines. Si j'ai laissé passer l'idée que je simplifiais, ça indique peut-être que je n'ai pas encore tout bien intégré ;)<br /> <br /> > Titane, la "pensée binaire" comme tentative d'intimidation ? Oui, c'est fort possible. Il n'empêche que c'est parfois mis en pratique. Auquel cas il n'y a rien à regretter : quelqu'un qui fonctionne ainsi, comme tu le dis, n'est pas dans l'amour mais dans le besoin d'amour (ou même le besoin d'illusion amoureuse).<br /> <br /> Je me sens tout à fait en accord avec l'idée que le OU exclusif exerce une forme de violence et que l'amour conditionnel n'en est pas.<br /> <br /> En matière relationnelle, chaque fois que je me rends compte que je cherche à comprendre quelque chose avec des OU, je sais que je me trompe : les réponses sont dans le ET.
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T
Mes "OU" comme mécanisme de violence:<br /> <br /> Mes « OU » et mes « mais » me donnent l’illusion que le lien est dans le « moi ou toi »:<br /> ▪ « Pour prendre soin de moi je dois me couper de l’autre »<br /> ▪ « Pour prendre soin de l’autre je dois me couper de moi »<br /> <br /> Ce qui me « coupe » me « culpabilise » : je me sens « coupable » ! (intéressante la construction de ce mot "oup-able" non?)<br /> <br /> Le « OU » m’entraîne immanquablement vers des spirales « culpabilisantes » :<br /> ▪ La séduction : je dois « lui » plaire pour être aimé<br /> ▪ La comparaison : je dois ressembler à ceci ou cela pour être aimé<br /> ▪ L’argumentation : je dois me faire « respecter » !<br /> ▪ Le calcul : c’est lui ou moi alors tout faire pour que ce soit moi…<br /> <br /> Et immanquablement… vers une perte de liberté, de sincérité, de « vérité »… car la peur me fait « réagir » à l’autre.<br /> <br /> Le « OU » cache ma peur de manquer, de perdre, d’être perdu, de rater…<br /> <br /> Avec le « OU » je m’oblige ou j’oblige l’autre à choisir en niant ou en reniant… sacrée violence !<br /> <br /> Le « OU » coupe, divise, compare, sépare, freine, enferme, résiste, coince, embarrasse…<br /> <br /> Attention ! Il existe de fausses envies (et de vraies peurs) sous forme de « j’ai envie QUE TU… »<br /> <br /> L’alternative ? Le « ET » !... « toi et moi »… " j'ai envie de...." Afin de passer de la peur au désir.<br /> <br /> Le « ET » engendre l’envie de donner, de contribuer, de partager, de participer… l’envie nous fait agir vers l’autre. Le « ET » relie et ouvre, conjugue, permet, invite, stimule, facilite…<br /> <br /> « J’ai envie de… » afin de choisir sans nier ou sans renier…<br /> <br /> Le "ET" propose ("pro-pose" je pose devant toi) et lorsque je propose j’entretiens un espace de confiance, un espace de présence à moi et à toi, permettant l’affirmation de ce « moi » et l’accueil de ce « toi »…<br /> <br /> Dans le "OU" exclusif on se positionne, soit en victime, soit en bourreau, soit en méfiant...<br /> ▪ Lorsque je me positionne en « bourreau » je m’affirme et je n’accueille personne… <br /> ▪ Lorsque je suis « méfiant » ni je ne m’affirme ni je n’accueille<br /> ▪ Lorsque je me positionne en « victime » j’accueille sans m’affirmer…<br /> <br /> Bien sûr la confiance n’est pas toujours « satisfaisante »… mais je sais que la méfiance ne l’est jamais !<br /> <br /> Le piège ! La méfiance est toujours plus rassurante car elle ne nous trahit jamais ! Alors ? <br /> ▪ Réagir aux autres dans la peur de ne pas être aimé ou de mal vivre ?<br /> ▪ Agir vers les autres dans la joie possible (je dis bien "possible", car rien n'est assuré) d’aimer et de vivre ?<br /> <br /> Un peu des deux surement, car nous avons tous peur, ET nous avons les moyens de surmonter cette peur...<br /> <br /> La pensée binaire est "pratique" car elle évite l'angoisse du "ET"... Et elle emprisonne... un choix, une attitude encore un fois...
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T
Pierre, je crois que nous avons tous vécu le cul-de-sac de ce "tout ou rien"... au moins sous forme de chantage ou marchandage psychologique ou affectif... que cela corresponde à une réalité j'en doute.<br /> <br /> Je ne crois pas qu'un ou qu'une d'entre nous soit "binaire". Qu'on utilise cette supercherie pour mentir ou se mentir à soi, pour ne pas avouer ses peurs et ses doutes, soit! Mais cela ne veut pas dire que cela soit ainsi véritablement.<br /> <br /> Nous avons également été plongé dans une pensée binaire: "oui ou non", "toi ou moi", "noir ou blanc", "tout ou rien".... et on nous a bassiner qu'être responsable c'est justement de faire le choix dans ce "OU" exclusif!<br /> <br /> Cela est regarder le monde en noir ou blanc! Or il y a tant de couleurs en réalité!<br /> <br /> Ce "OU" exclusif est source de violence: violence à soi et violence à l'autre, encore une fois... il est la source des "conditions"... il nouys pousse à aimer "sous conditions"... et c'est déjà le désamour!<br /> <br /> L'amour, justement, et c'est là cette tension permanente que nous vivons dans nos relations amoureuses et affective, a justement la puissance de faire sauter cette pensée et attitude binaire: en amour, lorsqu'on aime, il y a beaucoup plus de choix que ce "OU" exclusif! Et c'est pour cela qu'en amour, on pardonne, on accepte, on accueille...<br /> <br /> En amour il n'y a pas de "mais" ou de "OU", mais seulement un "ET"... sinon il n'y a pas de rencontre, mais une confrontation...<br /> <br /> J'ai vécu dans ce "OU" exclusif et soit disant responsable... des années... et puis l'amour m'a replongé dans cette réalité du "ET": douce découverte... je ne l'ai pas fait seule, car ce "ET" ne peut être que dans le cadre d'invitation mutuelles et consenties: libres et gratuites... on n'impose pas le "ET" comme on peut imposer le "OU"...<br /> <br /> J'ai donc découvert des hommes et des femmes qui acceptaient le "ET" et j'en découvre bien plus que j'aurais pu l'imaginer! Nous vivons tous dans le "ET" sans oser le révéler... pas besoin de le révéler non plus, car il y a des "ET" qui ne sont que des histoires intimes, drapées dans la pudeur...
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L
et si tu étais attiré Pierre ces dernières années essentiellement par les femmes qui sont "dans un tout ou rien" pour travailler cette dimension qui en toi demande à être explorer pour une raison qu'il te convient de découvrir et dépasser ? (pour pouvoir passer à un autre questionnement évidemment...là je te fais confiance)<br /> parce que franchement tu y crois toi à une quelconque règle universelle dans les relations humaines ?<br /> allons...!
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P
Fany, si on commence à chercher « qui a commencé » je crains qu'on soit déjà sur la voie de la fin ;)<br /> <br /> Une relation épanouie c'est un chemin vers l'autre, donc vers l'acceptation de sa différence. Vouloir "tout" c'est attendre de l'autre qu'il atteigne mes idéaux personnels. Avoir des craintes face à cette demande excessive est peut-être un réflexe assez sain ;)<br /> <br /> Quoi qu'il en soit, si les besoins (de "tout" ou de "peu") ne correspondent pas... il n'y a guère de solution. Ce n'est pas le "trop" ou le "pas assez" qui font fuir l'autre, mais l'inadéquation des besoins.
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F
Faudrait savoir qui a commencé ??? ;)))<br /> La femme qui veut "tout" et laisse tomber parce qu'elle a compris qu'avec cet homme il n'y aurait pas de lendemain, ou l'homme qui a peur d'une trop grande demande d'amour et qui se montre tellement parcimonieux et distant qu'il fait s'en retourner la femme ??<br /> Compliqué en effet !<br /> ;)
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P
Titane, je crois qu'il y a dans ce que tu proposes une dimension "idéale", dans le sens que cela demande une acceptation réciproque de cette évolution. Or il me semble, d'après mon expérience, que nombre de personnes (femmes ?) sont dans un « tout ou rien » qui ne laisse aucune chance aux demi-mesures. Soit on vit une relation "à fond", soit on ne la vit pas !<br /> <br /> J'ai été souvent confronté à cette situation, voyant s'éloigner de moi des femmes avec qui une amitié croissante menait vers des dimensions plus désirantes, mais cessait subitement quand elles apprenaient que leurs attentes affectives et/ou sexuelles ne seraient pas comblées à la hauteur de leurs désirs.<br /> <br /> La "rupture" se caractérisant alors par un changement radical dans la dynamique relationnelle et, généralement, un éloignement.<br /> <br /> J'en viens à me demander si se sentir capable de vivre, ou au moins l'essayer, des relations aux contours souples ne recquiert pas des dispositions d'esprit particulières. Pour ma part cette découverte aura été, jusque-là, une des plus grandes surprises de ma vie d'adulte. A tel point que j'ai intégré l'idée de "fin" comme consubtantielle à tout début. Ce qui me permet d'élaborer des liens vécus dans le présent, et sans attentes :)
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T
Je vois que nous abordons là des expériences qui me sont chères...<br /> <br /> Le mot "rupture" porte en lui un biais psychologique en effet... si déjà on utilisait le mot "évolution" ou" changement" cela serait plus "facile" non?<br /> <br /> Une rupture fait mal et a un petit arrière-goût d'échec, un changement n'est qu'un changement parmi d'autres...<br /> <br /> Une relation amoureuse peut évoluer vers une relation amicale... et vice versa... et cela peut se faire très naturellement et sans heurt ni regret si cela suit et respecte tout simplement les vraies émotions et sentiments de l'un et de l'autre.. ou plutot du plus grand dénominateur commun.<br /> <br /> Si elle ne m'aime "que" d'amitié, que puis-je y faire? sinon apprendre à en être heureux aussi... à la suite d'un petit deuil de la relation amoureuse telle que je l'attendais ou voudrais...<br /> <br /> Comme tu le dit Pierre, je crois que les regrets, comme toute douleur, est un signal... un signal d'une chose à régler en nous: une crispation sur ce que je voudrais que la réalité soit (je refuse la réalité, je la nie)ou une opportunité de me libérer de "mon cinéma" en replongeant dans ma vérité et la réalité?<br /> <br /> J'ai également "appris" a jouir d'amitiés persillés de désir... un désir qui n'a pas "besoin" d'être assouvi, mais qui donne cette spécificité, cet épice unique de la relation... un désir assumé et reconnu n'est pas forcément une douleur... un désir déclaré et reconnu par l'autre sans qu'elle se sente obligée d'y répondre devient un vrai plaisir en soi! Car on a su être soi et le communiquer librement, gratuitement et spontanément et on laisse l'autre faire de même... au moins on a été SOI!<br /> <br /> Je ne vois plus de "rupture" justement entre amitié et amour... un spectre continue d'émotions et une liberté de traverser des ponts selon les invitations de l'instant... cette liberté à deux est une richesse délicieuse! et quand on y a goûté on a du mal à ne pas y revenir!<br /> <br /> Donc pas de véritable "rupture" mais un mouvement dans le spectre continue des émotions dans une même relation. Il est temps d'ailleurs de redécouvrir l'amitié au sein de nos relations amoureuses! Pourquoi celle que j'aime ne pourrait-elle pas être AUSSI mon amie?<br /> <br /> Avec un deuil réussi, je crois, on éprouve la même opportunité: la relation demeure et prend une autre texture sans la présence physique de l'autre... et on découvre une autre présence insoupçonnée, sans forcément de "rupture"... une présence d'une autre intensité! Comment l'expliquer avec des mots?<br /> <br /> Il n'y a plus "d'absence", il y a une autre forme de présence... il n'y a plus de "manque", mais une autre forme d'abondance... à nous de le découvrir et de s'y laisser surprendre... et cela se fait malheureusement dans la douleur du deuil pour beaucoup d'entre nous... par forcément, mais trop souvent.
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E
"Mais peut-être est-ce difficile s'il reste encore cette ambiguité du désir dont tu parles..."<br /> <br /> Je ne pense pas que c'est cette ambiguïté qui rendait difficile la reprise de la relation quelqu'elle soit mais bien parce que j'étais en couple avec un mari extrêmement jaloux.
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P
Errance, en lisant ton témoignage, je me rends compte d'une précision nécessaire : une « reprise de la relation » est un terme qui permet bien des interprétations. Reprendre, ce peut être dans un registre similaire à ce qui avait existé auparavant... ou bien de façon fort différente. <br /> <br /> Reprendre une relation c'est de plus être dans la « rupture » (de relation), mais sans pour autant rétablir tout le système relationnel antérieur. Autrement dit : une relation de type amical après qu'elle fut amoureuse, comme ce que tu décris.<br /> <br /> Mais peut-être est-ce difficile s'il reste encore cette ambiguité du désir dont tu parles...
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