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Alter et ego (Carnet)
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20 août 2011

Le temps des gazouillis

Dans son billet d'hier Samantdi annonce sa désinscription de Twitter, et les raisons qui l'ont poussée à en arriver là. En quelques phrases elle confirme l'impression que j'avais sans avoir testé l'outil. Je n'ai jamais utilisé ce réseau de "microblogging", n'étant absolument pas tenté par l'idée d'être en lien permament avec les autres ou avec l'actualité. De la même façon je n'ai pas de compte Facebook.

Le peu que je connais des réseaux sociaux ne m'incite absolument pas à aller mettre mon nez là-dedans. Il se peut qu'en cela je fasse une redoutable erreur mais le besoin n'étant pas là... la simple curiosité n'a pas été suffisante pour aller voir.

Je n'ai pas besoin de savoir en permanence ce qui se passe dans le monde ou dans la vie des personnes que j'apprécie. Je n'aime pas l'idée de pouvoir être "dérangé" n'importe quand, alors que je suis occupé à vivre autre chose. J'apprécie de pouvoir choisir en fonction de ma disponibilité d'esprit. C'est pour cette raison que, sur ce plan, le blog me convient bien : je lis quand j'en ai envie. Il en va de même pour les mails, qui ne sont qu'une version instantanée des échanges épistolaires d'antan. Quoique, déjà, l'instantanéité porte en elle les germes de la dérive généralisée que l'on constate et dont Twitter et Facebook exploitent le filon : se dire et se lire "en temps réel", tout savoir "immédiatement". Cette course du temps m'effare et me semble présenter de notables inconvénients. Je ne vois pas quels sont les avantages de l'immédiateté, si ce n'est nous rendre plus impatients, plus accro, plus dépendants, plus anxieux, plus stressés.

Au contraire la lenteur va de pair avec un certain art de vivre. Prendre le temps de vivre et de sentir la durée d'écouler. Vivre avec patience, au rythme du jour et des saisons. Ce temps sur lequel tant de gens vont se précipiter avidement lorsqu'ils partent en vacances par exemple, où le farniente, les longues soirées estivales, les déambulations nonchalantes, redeviennent valorisés.

Je ne saurais dire exactement en quoi la course au temps et la dépendance au lien me paraissent néfastes, mais je sens que cela ne nous mène pas dans une bonne direction. Nombreux sont les sociologues, psychologues, psychanalystes, philosophes... qui constatent cette mutation profonde de la société humaine et urbaine, et s'en inquiètent. L'accélération constante des rythmes de vie, ainsi que la réduction des "distances" ne mènent à rien de bon. C'est une distorsion artificielle du réel. J'ai l'impression que nous nous tendons à nous confondre de plus en plus dans un magma indifférencié, avec la tentation illusoire d'abolir temps et distances. Tous "collés" les uns aux autres, avec les mêmes préoccupations, les mêmes goûts, les mêmes informations, le même conditionnement. Tous pareils !

Berk !

Alors chacun fait bien comme il lui plaît, twitte si ça lui chante, mais moi je n'ai pas envie de suivre le mouvement. Le blog, malgré les satisfactions que j'y trouve, présente déjà bien assez d'inconvénients. La preuve... ce billet que je viens d'écrire plutôt que d'aller profiter de la fraîcheur matinale dans le jardin. Là où le temps s'écoule sans hâte, au rythme du soleil, et où ce sont les oiseaux qui gazouillent ["twitt", veut dire gazouillis, en anglais].

 

PS : ce billet est incomplet et superficiel mais il me serait difficile d'aller plus loin sans me trouver en contradiction flagrante avec mon propos...

Commentaires
C
En fait ce qui est stressant c'est d'être sans cesse submergés d'information. C'est cela qui nous fait préférer nous réfugier au fond du jardin dans un livre. Et je suis de ceux qui aiment ce recul. Mais outre le fait qu'il permet un certain "art de vivre", comme tu le dis, je l'aime encore plus parce qu'il est le moyen justement de prendre du recul (c'est marrant, une fois encore, j'avais écrit un billet à ce sujet... Les grands esprits..? http://www.nethicalblog.com/2011/03/prendre-le-temps-de-reflechir/ ) sur les choses qui nous arrivent, de les analyser, de leur donner une signification, d'adapter notre comportement... En gros, si la vie est faite d'expérience, ce temps permet d'en analyser les résultats, d'en tirer des conclusions et de retester la nouvelle hypothèse!<br /> A contrario si on ne prend pas ce temps, on ne réagit que par l'impulsion, l'émotion pure, le réflexe... Qui sont certes vitaux pour la survie, mais mauvais conseillers dans la continuité...
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P
Oui Lukéria, je comprends tes craintes. En même temps je me dis que les générations précédentes (jeunes adultes d'aujourd'hui) ne sont pas devenus décérébrés par les jeux vidéos, comme certains le craignaient. On peut espérer que les véritables rapports sociaux donnent aux enfants des repères suffisamment solides pour faire la distinction entre les deux mondes. Il n'empêche que tout cela n'est pas anodin et que sur certains franges de population, les moins favorisées, il y aura certainement des conséquences. Et à long terme une sorte de contamination des esprits, continuation de celle qu'on peut observer actuellement, effectivement "dangereuse" pour l'humanité que beaucoup d'entre nous aimeraient voir exister.
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L
Tu vois, Pierre, ce qui me fait peur, c'est que les très jeunes, entre les sms et les réseaux sociaux, ne connaissent plus que ce genre de communication très rapide et superficielle. Je ressens là un vrai danger. Et je ne suis donc pas sûre que l'engouement va baisser. Pour nous, adultes, c'est plus évident !
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P
> Charlotte, on ne s'en tirera pas comme ça : la recherche de singularité est certainement une pensée des plus largement partagées ;-)<br /> <br /> > Samantdi, tu as raison pour le secret. Après avoir été tenté par le "tout dire" (dévoilement intime, pas factuel), je suis revenu vers la discrétion, nettement plus confortable.<br /> <br /> > Laurent, comme Lukéria j'aime beaucoup la dernière phrase. Encore faut-il avoir suffisamment confiance en soi pour ne pas avoir "besoin" de cette confirmation...<br /> <br /> > Lukéria, je suppose que l'engouement pour ces réseaux sociaux se transformera avec le temps, comme cela s'est passé pour les blogs. Au bout d'un moment une utilisation plus réfléchie prendra place.<br /> <br /> > Nat, rien n'est urgent... sauf de prendre son temps ;)<br /> <br /> > Carole, c'est vrai, le monde des blogs présente pas mal d'analogies avec ce dont il est question. On peut s'y perdre, s'y épuiser, s'y dédoubler...<br /> L'important c'est de bien rester connecté au... réel. Garder à l'esprit que le monde d'internet, quoi qu'on puisse en dire, n'est pas et ne sera jamais la "vraie réalité". Certes on y vit des émotions réelles, des sensations réelles, des échanges réels... mais seulement par le mental, déconnecté des sens. C'est troublant pour l'esprit.<br /> <br /> Tu as eu raison de prendre du recul si tu ne t'y sentais plus en lien avec toi-même. L'important c'est de se sentir bien, pas de communiquer :)
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C
C'est certain ! hélas, il me semble que sur la planète blog le danger est plus ou moins semblable.... si on n'y prend pas garde ! je crois que je me suis un peu perdue dans ces liens de discours. en m'éloignant, je reprends goût à la lecture, aux promenades, au bricolage, et même au silence... la bloggosphère avait fini par créer en moi une véritable cacophonie.. c'est un fait.<br /> bon dimanche
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N
absolument en accord avec ce billet.<br /> pas de twitt ici, ni facebook<br /> rien n'est urgent<br /> <br /> j'emporte cette réflexion que je trouve juste : "ces liens instantanés sont fictifs : ce que l'on y cherche n'est pas le contact, mais le reflet"<br /> <br /> bon dimanche
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L
Entièrement d'accord avec toi ! Quel bonheur de vivre dans la lenteur pour mieux ressentir et savourer chaque instant. S'accorder des plages où l'on est seul et où l'on ne fait rien, pour être seulement. <br /> <br /> J'aime beaucoup cette phrase de Laurent Gidon "Les vrais liens sont ceux qui se passent de confirmation". <br /> <br /> Je pense que les vrais liens ne se créent pas sur twitter ou facebook. Ce n'est pas le but des réseaux sociaux, qui incitent les personnes, en particulier les très jeunes, à se prévaloir de centaines, voire de milliers de ce qu'ils appellent de manière abusive des "amis". Et à y consacrer beaucoup de temps au lieu de le passer dans la vraie vie avec de véritables amis.
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L
"Je ne vois pas quels sont les avantages de l'immédiateté, si ce n'est nous rendre plus impatients, plus accro, plus dépendants, plus anxieux, plus stressés."<br /> Oh oui, oui et oui ! Vous fustigez plus loin une "dépendance au lien", mais ces liens instantanés sont fictifs : ce que l'on y cherche n'est pas le contact, mais le reflet. Un peu comme quand on se regarde dans le miroir en cherchant ce qui a changé. En coursant le twitt, le mail, le forum ou le blog, on s'excite dans le secret espoir que quelque chose a changé, que le silence a été troublé, que quelqu'un a répondu ou remarqué notre présence ou nos paroles. En vain, puisque le manque perdure.<br /> Les vrais liens sont ceux qui se passent de confirmation.
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S
Je partage cette analyse. Voir penser ses "amis" en direct est stressant et inutile. <br /> Gardons une part de secret les uns pour les autres ...
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C
Tout à fait d'accord avec toi.<br /> Courage fuyons loin de la pensée unique, du tous pareils, du tout tout de suite, du encore plus,du copié collé les uns aux autres,de la folie de la vitesse pour arriver le premier où? finalement essoufflé, confondu dans la masse ne sachant plus qui on est... vraiment<br /> Je m'en vais de ce pas m'isoler dans un coin de mon jardin à l'ombre avec un bon livre.
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