Le temps des gazouillis
Dans son billet d'hier Samantdi annonce sa désinscription de Twitter, et les raisons qui l'ont poussée à en arriver là. En quelques phrases elle confirme l'impression que j'avais sans avoir testé l'outil. Je n'ai jamais utilisé ce réseau de "microblogging", n'étant absolument pas tenté par l'idée d'être en lien permament avec les autres ou avec l'actualité. De la même façon je n'ai pas de compte Facebook.
Le peu que je connais des réseaux sociaux ne m'incite absolument pas à aller mettre mon nez là-dedans. Il se peut qu'en cela je fasse une redoutable erreur mais le besoin n'étant pas là... la simple curiosité n'a pas été suffisante pour aller voir.
Je n'ai pas besoin de savoir en permanence ce qui se passe dans le monde ou dans la vie des personnes que j'apprécie. Je n'aime pas l'idée de pouvoir être "dérangé" n'importe quand, alors que je suis occupé à vivre autre chose. J'apprécie de pouvoir choisir en fonction de ma disponibilité d'esprit. C'est pour cette raison que, sur ce plan, le blog me convient bien : je lis quand j'en ai envie. Il en va de même pour les mails, qui ne sont qu'une version instantanée des échanges épistolaires d'antan. Quoique, déjà, l'instantanéité porte en elle les germes de la dérive généralisée que l'on constate et dont Twitter et Facebook exploitent le filon : se dire et se lire "en temps réel", tout savoir "immédiatement". Cette course du temps m'effare et me semble présenter de notables inconvénients. Je ne vois pas quels sont les avantages de l'immédiateté, si ce n'est nous rendre plus impatients, plus accro, plus dépendants, plus anxieux, plus stressés.
Au contraire la lenteur va de pair avec un certain art de vivre. Prendre le temps de vivre et de sentir la durée d'écouler. Vivre avec patience, au rythme du jour et des saisons. Ce temps sur lequel tant de gens vont se précipiter avidement lorsqu'ils partent en vacances par exemple, où le farniente, les longues soirées estivales, les déambulations nonchalantes, redeviennent valorisés.
Je ne saurais dire exactement en quoi la course au temps et la dépendance au lien me paraissent néfastes, mais je sens que cela ne nous mène pas dans une bonne direction. Nombreux sont les sociologues, psychologues, psychanalystes, philosophes... qui constatent cette mutation profonde de la société humaine et urbaine, et s'en inquiètent. L'accélération constante des rythmes de vie, ainsi que la réduction des "distances" ne mènent à rien de bon. C'est une distorsion artificielle du réel. J'ai l'impression que nous nous tendons à nous confondre de plus en plus dans un magma indifférencié, avec la tentation illusoire d'abolir temps et distances. Tous "collés" les uns aux autres, avec les mêmes préoccupations, les mêmes goûts, les mêmes informations, le même conditionnement. Tous pareils !
Berk !
Alors chacun fait bien comme il lui plaît, twitte si ça lui chante, mais moi je n'ai pas envie de suivre le mouvement. Le blog, malgré les satisfactions que j'y trouve, présente déjà bien assez d'inconvénients. La preuve... ce billet que je viens d'écrire plutôt que d'aller profiter de la fraîcheur matinale dans le jardin. Là où le temps s'écoule sans hâte, au rythme du soleil, et où ce sont les oiseaux qui gazouillent ["twitt", veut dire gazouillis, en anglais].
PS : ce billet est incomplet et superficiel mais il me serait difficile d'aller plus loin sans me trouver en contradiction flagrante avec mon propos...