Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
25 août 2011

Âme soeur, brise coeur ?

De temps en temps je pose ici des extraits de textes qui, pour diverses raisons, m'ont touché. Souvent ils me permettent de porter un nouveau regard sur certains aspects de ma vie, passée ou présente, et de réfléchir autrement. Je ne suis pas toujours entièrement d'accord avec ce qu'exprime l'auteur, mais toujours interpellé. Parfois ces textes génèrent des échanges avec vous, ou entre vous. Et j'aime ça : j'ai l'impression que ça nous fait "avancer" ensemble, chacun sur notre propre chemin...

Aujourd'hui un texte de Liz Gilbert, qui m'a particulièrement plu.

 


« Elle :

- ...S'il te plaît, ne te fiche pas de moi - mais tu vois, je crois que si j'ai tant de mal à oublier ce type, c'est parce que je croyais sérieusement que David était mon âme soeur.

Lui :

- Il l'était probablement. Ton problème, c'est que tu ne comprends pas la signification de ces mots. Les gens pensent qu'une âme soeur est leur association parfaite, et tout le monde lui court après. En fait, l'âme-soeur, la vraie, est un miroir, c'est la personne qui te montre tout ce qui t'entrave, qui t'amène à te contempler toi-même afin que tu puisses changer des choses dans ta vie. Une vraie âme soeur est probablement la personne la plus importante que tu rencontreras jamais, parce qu'elle abat tes murs et te réveille d'une claque. Mais passer sa vie avec une âme soeur ? Quelle idée ! Trop douloureux. L'âme soeur elle ne débarque dans ta vie que pour te révéler une autre strate de toi même, et ensuite, elle se casse. Dieu merci. Ton problème, c'est que tu n'arrives pas à laisser celle-là s'en aller. C'est fini, Supérette [c'est le surnom qu'il lui donne]. La raison d'être de ta rencontre avec David c'était de te secouer, de te faire quitter ce qu'il te fallait quitter, de t'écorcher un peu l'égo, de te montrer sur quoi tu buttes et ce dont tu es dépendante, de te briser grand le coeur afin qu'une nouvelle lumière puisse y pénétrer, de t'acculer à un désespoir et une perte de contrôle tels que tu étais obligée de transformer ta vie, puis de t'introduire auprès de ton maître spirituel et de mettre les voiles. C'était ça son boulot, et il l'a super bien fait, mais là c'est terminé. Le problème c'est que tu n'arrives pas à accepter que cette relation était éphémère. Tu es comme un chien dans une décharge, bébé - tu t'obstines à lécher une boîte de conserve vide, à essayer d'en extraire coûte que coûte de quoi te nourrir. Et si tu n'y prends pas garde, cette boîte va rester coincée à jamais sur ton museau et rendre ta vie misérable. Alors, lâche-là.

- Mais je l'aime.

- Eh bien, aime-le.

- Mais il me manque.

- Eh bien qu'il te manque ! Envoie lui de l'amour et de la lumière chaque fois que tu penses à lui, et ensuite, passe à autre chose. Tu as juste peur de laisser filer les dernières miettes de David parce que, alors, tu seras seule pour de bon, et que Liz Gilbert est morte de trouille à l'idée de ce qui se passera si elle est vraiment seule. Mais c'est ça qu'il te faut comprendre, Supérette. Si tu libères, dans ta tête, toute cette place que tu monopolises en ce moment pour ta fixette sur ce type, tu auras un vide, là, une ouverture - une porte. Et devine un peu ce que l'univers va faire de cette porte ? Il va s'y précipiter - Dieu va s'y précipiter - et te remplir de plus d'amour que tu n'en as jamais rêvé. Alors, arrête de te servir de David pour bloquer cette porte. Lâche prise. »

Extrait de « Mange, prie, aime », de Liz Gilbert

Merci à H. de m'avoir communiqué ce texte.

 

Commentaires
P
Lukéria, c'est un plaisir pour moi d'apprendre que ce texte t'a apporté quelque chose :o)<br /> <br /> Ainsi se propagent et se partagent des expériences, des découvertes, des savoirs. J'aime bien ça...
Répondre
L
Ton extrait m'a donné envie de lire ce livre et je voulais t'en remercier. Le chemin initiatique de cette femme passe par l'Italie, l'Inde et l'Indonésie. Et ce livre mérite d'être lu et qu'on s'y arrête vraiment pour la partie sur l'Inde essentiellement, du moins de mon point de vue, qui est très intéressante et enrichissante (ton extrait est d'ailleurs dans la partie Inde), mais aussi très drôle. En plus, c'est très bien écrit !<br /> <br /> J'avais lu un autre récit initiatique "Danse avec l'ombre" de Doha Kahn, un thérapeute québécois, qui m'avait beaucoup déçue, sur le fond et la forme (épouvantablement écrit !). <br /> <br /> Mais je ne me suis pas trompée en pensant, sur la base de cet extrait, que ce livre devait apporter quelque chose de plus.
Répondre
P
Oups... je n'ai pas "répondu" à vos commentaires.<br /> <br /> Pas forcément quelque chose à ajouter, même si j'en apprécie la teneur.<br /> <br /> > Lukéria, ça ne me dérange pas du tout que tu proposes des textes qui te semblent intéressants pour tous. Au contraire, je t'en remercie :)<br /> <br /> Ce texte met bien en évidence la notion de responsabilité de chacun dans ce qu'il fait de sa vie. Je sais que ce thème t'es cher, il l'est aussi pour moi, et il n'est jamais vain de le rappeler.<br /> <br /> > Laurent, je ne peux pas t'en dire davantage sur le livre de Liz Gilbert, je n'en connais que cet extrait.<br /> <br /> Bon week-end à tous !
Répondre
L
Très beau texte ... Merci<br /> Laure http://suivre-mon-etoile.blogspot.com/
Répondre
P
Ce texte me rappelle ce que j'ai vécu il y a quelques temps. C'est tellement vrai ce qu'il dit. Merci Pierre pour cet extrait.
Répondre
J
Ce texte est super. Tu sais bien qu'il y a assez peu de temps que cette porte c'est ouverte sur ma vie, et je confirme, si on regarde ce que la vie peut nous offrir, si on se libére des chaines, alors tout peut arriver. Je n'avais jamais penser á l'ame soeur sous cet angle, mais c'est finalement uen bonne chose á faire.<br /> Merci Pierre de partager de texte avec nous.
Répondre
L
En lisant le passage (très bien choisi de ce point de vue) j'ai l'impression de retrouver la qualité de dialogue de "Conversations avec Dieu" de Neale D. Walsh. <br /> Le reste du livre de Liz Gilbert est-il de cette eau ?
Répondre
L
J'espère que tu me pardonneras, Pierre, d'envahir ainsi ton espace, mais cette interview très longue de Richard Moss m'a semblé très intéressante pour nous aider à comprendre ce qui se joue au sein de nos relations :<br /> <br /> "Une relation n’est pas une chose statique. Elle se construit et devient saine ou malsaine, instant après instant. Lorsqu’une relation semble être figée dans une énergie qui est toujours la même, par exemple lorsqu’il y a souvent des conflits, c’est parce que les deux personnes sont coincées dans des schémas qu’elles ne cessent de reproduire. Le point de départ psychologique reste toujours le même et nous arrivons toujours au même endroit – c’est à dire dans le même malheur relationnel, tout à fait prévisible. Notre conscience est portée sur la douleur et sur des attentes si souvent insatisfaites ; on considère que c’est la relation, et non pas nous-mêmes, qui est le « problème ».<br /> <br /> Une relation est plus que les individus qui la constituent. Elle a sa propre qualité unique qui peut nous permettre de nous sentir plus vivants ou plus désespérés que si nous étions seuls. Mais ce n’est pas par chance ou par malchance que les choses se passent ainsi. L’énergie de la relation dépend du point de départ en nous-mêmes et chez l’autre. En règle générale, nous ne nous connaissons pas aussi bien que nous l’imaginons. Nous avons rarement conscience de notre propre psychologie au début. Nous amenons donc beaucoup d’inconscience dans nos relations – croyances, protections, réactivité, projections – venant de notre passé, et en particulier, de notre enfance.<br /> <br /> C’est ici où la relation peut nous aider à devenir plus conscients. L’atmosphère de la relation nous renvoie en miroir notre inconscience particulière, à savoir à quel point nous sommes déconnectés de notre soi véritable au niveau de notre pensée ou de notre comportement à un moment donné. C’est cette distance intérieure entre notre psychologie et notre essence qui fait que nous voyons l’autre comme étant quelqu’un en qui nous ne pouvons pas avoir confiance, qui nous met en colère, ou qui nous blesse. <br /> <br /> Mais en réalité, si nous sommes malheureux ou insatisfaits, l’autre n’en est jamais la véritable cause. C’est nous qui avons peur de revendiquer et de vivre à partir de notre soi véritable, et d’accepter les conséquences que cela crée dans la relation. Si nous communiquons avec honnêteté et nous exprimons nos vrais sentiments, cette authenticité et cette confiance vont guérir la relation et nous amener vers une plus grande plénitude, ou bien nous allons prendre clairement conscience que nous ne souhaitons plus être dans cette relation et nous devrons alors la lâcher et en faire le deuil.<br /> <br /> Mais avant de nous précipiter à mettre fin à une relation, nous devons être honnêtes avec nous-mêmes : ce n’est jamais l’autre qui peut nous rendre misérables ni nous sauver. Si nous nous sentons dépendants, en colère ou jaloux, ou si nous imaginons que l’autre est notre âme-sœur, c’est à cause de la distance entre nous-mêmes et notre propre soi authentique. Nous avons envie de croire que l’autre est « la bonne personne » pour nous, ou encore que c’est à cause de l’autre qu’il y a tant de douleur – mais ce n’est jamais le cas.<br /> <br /> Une relation qui nous élève et nous met dans un état de clarté, un sentiment de gratitude et de créativité renouvelée signifie que nous prenons le risque de dépasser notre psychologie d’enfance, et que notre point de départ est devenu quelque chose de plus authentique et de plus essentiel. <br /> <br /> Parallèlement, une relation qui nous appauvrit, dans laquelle nous nous sentons jaloux, en colère, inconsidéré et plein de jugements, et dans laquelle il y a beaucoup de conflits qui ne débouchent pas sur une compréhension approfondie et une meilleure connexion, est une relation dans laquelle le point de départ des deux personnes est faux, et elles ne le savent pas.<br /> <br /> Une fois que nous aurons compris que ce n’est pas par hasard que la relation est malheureuse, et nous sommes prêts à accepter que ce n’est jamais complètement la faute de l’autre, nous pouvons commencer à faire évoluer la relation. Pour ce faire, il faut, bien entendu, travailler sur nous-mêmes et sur la relation, et spécifiquement sur notre manière d’écouter et de communiquer. <br /> <br /> Il faut prendre conscience du faux soi – la manière dont, enfant, nous avons refoulé certains sentiments menaçants, créant ainsi une persona plus ou moins positive pour déguiser notre insécurité et la cacher non seulement aux yeux des autres, mais surtout, aux nôtres. Le faux soi n’est pas réellement capable de vivre une vraie intimité. Il se manifeste inéluctablement à un certain stade de notre vie ; c’est lui qui crée les schémas destructeurs dans les relations. C’est notre faux soi qui nous fait croire que nous pouvons sauver l’autre ou que nous sommes indispensables, et c’est lui qui nous fait attendre la perfection, chez nous-mêmes ou chez l’autre. Il peut nous amener à créer une image héroïque de nous-mêmes qui nous pousse à être rebelles ou non conformistes, ou bien stoïques sans avoir accès à nos vrais sentiments. Parfois il nous pousse à vivre dans un monde personnel fantasmé, ce qui nous amène à nous retirer ou à être distants et détachés. Lorsque nous vivons à partir de quelque chose en nous-mêmes qui n’est pas réel, nos relations ne peuvent pas vraiment réussir, et elles deviennent des relations malheureuses, tendues ou anesthésiées.<br /> <br /> Lorsque nous devenons suffisamment matures pour nous rendre compte que « l’homme ou la femme parfait » qui va nous sauver n’existe pas, nous pouvons commencer alors à travailler sur nous-mêmes et faire évoluer des relations qui peuvent vraiment devenir merveilleuses. Faire consciemment évoluer nos relations est une des choses les plus créatives que nous puissions faire dans notre vie."
Répondre
J
Oui, Oui Pierre ce "plus" est assurément le changement, la transformation de qui j'étais, ou de comment je me comportais...c'est aussi l'arrêt de mes ruminations, c'est un tout autre regard sur ma vie, sur le monde en général...c'est tu le dis bien l'inattendu et l'inconnu...et c'est aussi indicible et puis comme c'est relativement récent c'est peut-être aussi un peu fragile pour que je puisse en parler clairement d'une manière compréhensible pour ceux qui ne l'ont pas vécu...car il s'agit d'une "sacrée expérience!" et je ne m'applique qu'à une chose, c'est à celle de continuer d'évoluer dans ce sens là car malgré ceux j'aimais qui m'ont quittée (décès, divorce et ruptures)ce que j'ai pu perdre (maison et autres),c'est comme si ce "plus" remplissait le vide en moi et autour de moi...enfin, c'est tout simplement ce que je ressens aujourd'hui et c'est aussi grâce à ce "plus" que je peux vivre plus sereinement, moins tourmentée par les soucis quotidiens car je reste réaliste...ils ne se sont pas tous envolés miraculeusement...je vous rejoins aussi à toi et Lukéria pour le "On ne détruit pas ce qui nous a fait" car de toute manière pour être ce que je suis aujourd'hui je suis bien passée par tout ce que j'ai été hier, par ce que j'ai vécu et je vivrai certainement demain en fonction de ce que je vis aujourd'hui...mais le plus important à mes yeux c'est ce qui est aujourd'hui, ce que je vis au moment présent...demain on verra! Bonne journée!
Répondre
P
> Josiane, ce "plus" dont tu parles, ne serait-ce pas une autre façon de nommer l'inattendu, l'incinnu, le "jamais vécu" ? En quelque sorte : le chagement.<br /> <br /> > Lukéria, je ne crois pas non plus à l'âme soeur en tant que personne unique, seule à même de nous convenir. C'est l'idée que j'aime dans ce texte, d'ailleurs, qui contribue à casser le mythe.<br /> <br /> Je partage ton avis sur l'aspect temporel des relations, aussi importantes et révélatrices qu'elles puissent être à un moment donné de notre parcours de vie. Comme tu le dis, l'important c'est d'avancer, pas de le faire à deux.<br /> <br /> J'aime beaucoup ta métaphore sur les deux page. Et j'avais tiqué sur le même terme que toi : on ne détruit pas ce qui nous à fait ;)<br /> <br /> > Lou, je suis content que ce texte te plaise :)<br /> <br /> > Julia, merci pour ce signe. N'hésite pas à en faire si un jour tu reprends le clavier ;)<br /> <br /> > Cantabile, j'aime bien cette idée : rien n'est tracé d'avance, rien n'est immuable ! Les couples solides peuvent se défaire sans l'avoir envisagé, les célibataires les plus endurcis se marier. Pour ça que, lorsqu'on me pose des questions sur ma vie, j'essaie de toujours préciser « actuellement », car demain peut être différent...
Répondre