Signes de convivialité
Une petite note, en passant...
Une "amie de blog", qui l'est devenue dans le réel, lectrice et confidente de longue date, m'a fait le plaisir de parler de moi, parmi d'autres personnes importantes de sa vie, sur un de ses billets. Touché, j'ai écrit quelques mots dans sa boite à commentaires. Avec une petite gêne...
L'exposition publique des liens privés est une chose qui m'a toujours un peu posé problème. D'un côté ces signes de réelle connivence me semblent évidents vis à vis des personnes concernées, de l'autre ils pourraient être assimilés à je ne sais quelles superficialités dont certains blogs regorgent. Facebook n'a rien inventé : les *amis* inombrables ont toujours existé dans le monde des relations dites "virtuelles". Mais moi je n'ai jamais été à l'aise dans cette vraie-fausse confusion entre le réel et le semblant du virtuel. Je n'aime donc pas trop y participer.
C'est peut-être ce qui donne un aspect un peu sérieux à mes écrits : ici je pense souvent aux inconnus de passage, ou aux personnes qui me lisent depuis longtemps mais avec qui aucun lien direct, ou même simplement par mail, n'a jamais existé. Ici est un espace public... en même temps qu'un espace privé. Un peu comme au restaurant : chaque table concentre un espace de discrétion dans un lieu ouvert au public. Si à la table d'à côté les gens parlent trop fort, éclatent de rire bruyamment, bref, envahissent l'espace en m'imposant leur convivialité, ça me dérange. Je suis plutôt adepte de la discrétion, qui n'est qu'une forme de respect vis à vis d'autrui.
Hola ! penseront peut-être mes lecteurs les plus anciens, tu as pourtant largement franchi la limite qui sépare le public et le privé dans le passé ! C'est exact. Et ce n'est pas ce dont je suis le plus fier. Surtout quand ce que je montrais aurait gagné à rester discret. Malheureusement, une fois que des liens privés ont été rendus publics il est trop tard pour effacer...
Ce qui est particulier dans ma démarche de publication c'est que je suis quelqu'un qui veut assumer ses choix, ses errances, ses erreurs. Notamment en ne supprimant pas la trace du passé raconté, même s'il est dérangeant. Toutes mes archives sont intégralement conservées en ligne. Celles de ce blog, bien sûr, mais aussi celles de mon premier espace d'expression en ligne avec ses inévitables dérives. Peut-être cela a t-il renforcé ma conscience du respect dû à autrui ?
L'historique de mes écrits antérieurs conditionne ceux d'aujourd'hui. Pour moi c'est une façon de me montrer sincère, honnête, sans "effacer" des épisodes gênants et m'inventer une nouvelle histoire. Je n'ai jamais cherché à regagner une virginité, même si, pour beaucoup des personnes qui me lisent actuellement, mon passé sur internet [qui n'a rien de sulfureux, je vous rassure !] est inconnu. Je préfère cette forme de lucidité.
Chacun a bien sûr un rapport particulier avec l'écriture, dans ces espaces à la fois privés et publics qu'offre le support internet. On peut y naître et disparaître en toute liberté, multilplier les identités ou les tuer, s'inventer des vies. C'est au choix de chacun. Pour ma part j'ai toujours recherché l'authenticité. Je crois que sur le long terme elle se dessine, en particulier pour celui ou celle qui s'écrit.
Bon... je me suis éloigné de mon propos introductif en me laissant aller en roue libre.
J'ai juste envie d'ajouter que le rapport que j'entretiens en ce moment avec la publication de soi fait que je suis beaucoup moins présent qu'auparavant. Je retrouve un rapport plus sain avec l'immédiateté, en n'entrant dans le monde des échanges virtuels que lorsque les circonstances de la vie réelle me le permettent. Autrement dit, les rapports via internet sont devenus nettement moins haut placés dans l'échelle de mes priorités [et de mes manques] qu'ils l'ont été dans le passé. Je n'écris plus très souvent, ne lis plus mes blogs favoris tous les jours, ne réponds plus systématiquement aux commentaires [oups... pas très à l'aise avec cette absence de signes... mais pas toujours quelque chose à ajouter].
Je ne me suis pas "éloigné" puisque je reste présent, mais sans doute moins fortement impliqué.