Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
22 octobre 2011

Plein la vue !

Les quelques personnes à qui j'ai dit partir au Québec m'ont demandé si j'y allais seul. Que je fasse une nouvelle fois le choix du voyage en solitaire à parfois semblé dérouter, bien que je mette en avant le plaisir que j'avais à me sentir libre. Plusieurs m'ont dit « moi je ne pourrais pas ! », et là c'est moi qui ai été un peu surpris. Cette façon de voyager me permet une immersion plus complète, avec une totale déconnection des repères habituels. Personne sur qui m'appuyer ou me rassurer plus ou moins faussement : je suis seul et ne peux compter que sur moi !

Bon... le Québec n'est pas une destination des plus dangereuses et les risques encourus ne sont pas supérieurs à ceux du quotidien, hormis le fait que personne ne sait où je suis puisque je n'ai aucun itinéraire préétabli. Nul ne s'inquièterait donc avant longtemps que je ne donne pas signe de vie. Et alors ?

J'aime cette sensation de liberté, même si je la paie d'une certaine inquiétude lorsque j'ignore où je dormirai chaque soir. Dès le milieu de l'après-midi, lorsque je voyais s'agrandir les ombres, je devais ajuster ma destination en fonction de la distance qui me séparait de la prochaine halte envisageable. Et je n'étais jamais sûr de trouver, hors-saison, un hébergement compatible avec mon budget. La tente que j'avais emportée me garantissait toutefois que j'aurais un abri en toutes circonstances...

Durant mes trajets j'ai souvent pensé à la liberté et sa contrepartie : la solitude. Ce n'est pas tant la solitude que j'apprécie, que le fait de me sentir libre. Bien sûr, en théorie, je peux très bien me sentir libre tout en étant accompagné, mais dans la pratique il suffit de peu pour que cette sensation s'effrite. Peut-être parce que j'ai encore tendance à vouloir faire plaisir... et en oublier de satisfaire mes propres désirs. Je me fais souvent passer après l'autre...

Est-ce que mon besoin de liberté me ferait préférer la solitude ? Non, certainement pas à long terme ! Bien des fois je pensais à ce qu'il en aurait été si j'avais pu partager la magie d'un instant devant un spectacle grandeur nature... Mais les circonstances ont fait que, cette fois encore, j'étais seul. J'ai donc apprécié les avantages que me procuraient la situation.

En fait je crois que j'ai besoin, depuis que je me suis découplé, de découvrir ma capacité à prendre ma liberté. Cela passe par l'apprivoisement de la solitude, de l'individuation, de l'autonomie. J'ai eu besoin de me sentir capable de me débrouiller seul... pour ne plus ressentir le besoin d'être accompagné.

Je ne suis pas un vrai solitaire : seulement quelqu'un qui apprend sa liberté.

 

 IMGP2154

Sur la route de... Coaticook
Un pont couvert, un photographe solitaire... sait-on jamais ce qui peut arriver dans une telle configuration ? Tiens, j'aurais dû aller demander mon chemin à une maison voisine !

IMGP6558

 

Ou dans une autre, plus originale.

Girouette

 

Mais non, j'ai continué mon parcours dans la campagne polychrome...

Lac_M_gantic_grange

 

en quête de couleurs inattendues...

Grange_orange

 

de bâtiments insolites...

IMGP6709

 

ou de "clichés" convenus...

Cabane_a_sucre

 

donnant toute légitimité à mon voyage...

Ma_cabane_au_canada

 

Et puis surtout des couleurs...

IMGP6746 

 

des couleurs...

Grange_sombre

 

et encore des couleurs !

Maison_rouge_et_camion

 

Plein la vue !

Lac_Memphr_magog

Commentaires
P
Lukéria, c'est un engagement à l'abandon, alors ? ;)<br /> <br /> Je note que tu parles de l'engagement comme « le désir UN JOUR de s'abandonner avec un autre ». C'est très intéressant cette contradiction entre la notion d'engagement et celle de l'instantanéité. Pendant très longtemps, pour moi, l'idée d'engagement était indissociable de celle de durée. Donc "à vie". <br /> Ce n'est que très tardivement dans mon existence que j'ai compris qu'on pouvait s'engager au présent. S'engager par intention, sans s'aliéner.<br /> <br /> Ce fût pour moi une révolution culturelle !
Répondre
P
> Lukéria, tu dis te sentir libre avec l'autre alors que j'associe étroitement sentiment de liberté et solitude. Je me souviens qu'il n'en a pas toujours été ainsi : autrefois je n'aspirais pas aussi fort à me sentir libre. Il aura fallu que je constate que je ne l'étais que dans une certaine mesure pour ne pas admettre des limites que je n'avais jamais vraiment perçues : celles de l'autre. Je pensais que tout était négociable, que le désir réciproque de conciliation permettait de dépasser tous les blocages. Et je me trompais...<br /> <br /> Ces limites de l'autre, pour ne plus me les voir "imposées", m'a amené à la conscience qu'il n'y aurait que seul que je me sentirai vraiment libre. Non pas seul en étant replié sur moi et refusant l'altérité, bien sûr, mais "seul" dans le sens de non-associé à une personne particulière que l'on pourrait nommer "conjoint".<br /> <br /> Je reste donc curieux vis à vis des personnes qui se sentent libre avec un autre privilégié : comment font-elles ?<br /> <br /> > Tina, comme d'habitude j'ai viré les commentaires déjantés de "i/!"; alias "e."...<br /> <br /> Je n'ai effectivement pas choisi ce pays par hasard : je le connais, l'apprécie, et y ai des attaches particulières. L'idée de *partager*, notamment par la photographie, était indissociable du voyage. Effectivement je m'imagine mal voyager "pour moi tout seul", en n'ayant pas l'idée de partager des impressions, des sensations, et même une "richesse" acquise par l'expérience, la découverte, la différence, "l'étrangérité"... Un voyage nourrit l'esprit et l'âme et, indirectement, il mène au partage, ne serait-ce que par diffusion lente de ce qui nous a imprégné.<br /> <br /> Le Dalaï Lama dit très bien cela :)
Répondre
L
C'est intéressant ce titre de ton commentaire, Pierre "engagement et abandon", il m'a beaucoup frappée, parce que l'engagement, je trouve que ce n'est pas de faire de longs discours et serments, encore moins de signer un contrat, mais simplement d'avoir le désir un jour de s'abandonner avec un autre...
Répondre
P
> Alainx, effectivement la crainte de perdre l'autre est une aliénation. Certes ce risque existe, mais il ne vaut pas la peine de tenter de s'en préserver... illusoirement. Je crois que j'ai bien compris cela.<br /> <br /> Je ne sais pas si je suis proche du terme de mon "recentrage". Oui, peut-être. Je crois que lorsque ce sera le cas et que les circonstances seront favorables, je constaterai que j'ai passé un cap.<br /> <br /> Quant au fait de se réengager dans une relation, ça c'est une autre histoire ! Pour le moment l'envie n'y est pas. C'est quand même indispensable, hein ! Je crois que c'est l'idée d'engagement qui m'est rédhibitoire. Mais les ides changent... Il suffit parfois de rencontrer une personne adéquate au moment opportun.<br /> <br /> > Julie, tu as raison de souligner que le sentiment de solitude est une notion propre à chacun, comme le sentiment de liberté.<br /> <br /> L'idée « d'abandonner le sentiment d'abandon » est intéressante :)<br /> <br /> Je crois que l'idée d'autonomie ("qui avance par ses propres moyens") peut permettre de s'émanciper peu à peu de l'idée d'abandon liée à autrui. Car il y a aussi l'abandon sans rapport à l'altérité : abandon de soi à soi, ou abandon aux circonstances. L'abandon, sous cette forme, peut ouvrir à de nouveaux horizons et mener loin...<br /> <br /> > Mariz, merci d'avoir fait une exception. Ton appréciation me fait plaisir :)
Répondre
T
Bon, je serai plus brève que i/!<br /> Il est vrai que tu entreprends ton voyage seul Pierre, en ne te fiant qu'à toi, en n'écoutant que ton propre désir. <br /> Mais tu ne choisis pas ta destination par hasard, ce pays, d'autres te l'ont montré, tu ne le découvres pas "complètement" en solitaire.<br /> Aussi lorsque tu découvres un paysage, une scène particulièrement belle, touchante, tu la photographies, pour partager ce moment, n'est ce pas? pour offrir aux autres un peu de ton voyage. <br /> Je crois que lorsque l'on va seul vers des découvertes, à l'aventure, que l'on vit des moments forts, on aspire à les partager, à revenir vers les autres pour transmettre cette richesse là.<br /> On est seul physiquement, mais avec l'autre ou avec les autres par la pensée, seul pour mieux revenir.<br /> "il est important de percevoir combien notre propre bonheur est lié à celui des autres. Il n'existe pas de bonheur individuel totalement indépendant d'autrui"(Dalaï Lama)
Répondre
L
J'ai aussi beaucoup aimé toutes ces photos si colorées et j'ai souri en voyant l'incontournalble "ma cabane au Canada" que tu n'as pas oubliée ! Je ressens un besoin fondamental de moments de solitude dans ma vie, mais cela n'est pas du tout rattaché à la liberté, car la liberté, je l'éprouve aussi bien avec mon compagnon. Cela m'est plutôt nécessaire pour me centrer sur moi-même, être plus dans l'intériorité. <br /> <br /> Je n'aimerais pas entreprendre un grand voyage seule, déjà parce que j'ai envie de partager la découverte avec l'autre, mais aussi parce que je ne me sentirais pas rassurée de le faire seule en tant que femme. Mais je n'éprouverais absolument pas de sentiment d'abandon et ce n'est pas non plus la solitude qui me ferait peur. Je parle là, bien sûr, de voyages à l'aventure, comme tu l'as fait, et non de voyages organisés qui ne m'attireraient pas du tout !
Répondre
M
je suis une de tes lectrices régulières qui ne te laissent pas de commentaires (ceci est une exception) mais qui apprécie ton blog,pour le style, les réflexions qu'il propose, les échos qu'il provoque. C'est déjà un voyage.
Répondre
J
Tes photos sont magnifiques et j'ai pris un grand plaisir à les regarder plusieurs fois . "Plein la vue" comme tu dis ! <br /> Intéressant aussi de lire ton billet et les commentaires sur le sentiment de solitude . Parce que c'est bien d'un sentiment qu'il s'agit . Et je suis convaincue que le "senti" ment et qu''il n'est donc pas le même pour chacun de nous . <br /> L'un se sent seul(e) et abandonné(e) , l'autre "abandonne" pour être seul(e) et je me suis reconnue dans les deux cas ! Pas simple puisque dans les deux cas il y a souffrance ou du moins un manque ou un trop-plein . Il doit bien y avoir un juste milieu mais je ne l'ai pas encore trouvé , j'avoue . Le mot " abandon" trouve une forte résonance en moi. Ma liberté passerait-elle par oser "abandonner" le sentiment d'abandon ? Je le crois de plus en plus .
Répondre
A
Pierre, puisque ma réflexion t'interpelle… Je me permets de continuer…<br /> Tu dis : « m'affirmer sans craindre de déplaire, donc de "perdre" l'autre. »<br /> Je me permets d'attirer ton attention sur ce qu'il me semble être là une "fausse croyance". Nous en avons tous ! Celle-là ou d'autres. Mais cette crainte de perdre en déplaisant est assez répandue. J'en sais quelque chose dans ma propre histoire…<br /> J'ai connu cette aliénation-là. Alors, soit on en passe par toutes les attentes de l'autre à se perdre soi-même… Soit on se met à une grande distance de l'autre, pour aller reconquérir sa liberté.<br /> <br /> Mais comment se fait cette reconquête ?<br /> Tu évoques : « un long travail de recentrage ».<br /> Tes lecteurs de longue date en sont témoins…<br /> <br /> Pour ma part, je me demandais si tu n'arrivais pas au terme de cet épisode de recentrage. Je veux dire par là qu'un moment arrive où il faut se réengager dans une relation, dont on pressent bien sûr qu'elle est importante pour nous, qu'elle a « du prix à nos yeux », et donc affronter concrètement la crainte de déplaire, et voir si alors vraiment on perd l'autre…<br /> Parce que ontologiquement il est impossible de ne pas déplaire, lorsqu'on est dans une relation adulte/adulte…<br /> Alors, il faut aller plus loin dans le vécu relationnel. Découvrir que le binôme plaire/déplaire n'est pas le critère fondamental d'une relation riche et accomplie. D'une relation fondamentalement libre.<br /> <br /> Je m'arrête là… Parce que je pourrais en écrire des pages ! Et puis, j'ai souvent développé cette thématique-là sur mon propre blog…
Répondre
P
> Alainx, ta réflexion m'interpelle...<br /> <br /> Je le vivrai peut-être un jour, ce sentiment de « liberté au coeur de la relation ». J'y serai alors prêt, après un long travail de recentrage. C'est à dire que je saurai me positionner, me différencier, m'affirmer sans craindre de déplaire, donc de "perdre" l'autre. D'ici-là je continuerai bien sûr à être en relation de diverses façons, mais toujours avec cette idée forte : me sentir libre d'être *moi* est plus précieux que la relation.<br /> <br /> Pour ce qui est de la sagesse millénaire, n'est-elle pas le reflet d'une phobie très humaine de la solitude, et notamment de la solitude affective ? Et puis vivre seul n'est pas "être" seul...<br /> On dit aussi « mieux vaut être seul que mal accompagné » ;)<br /> <br /> En tout cas, sans en faire un absolu, je crois qu'il est parfois bon que l'homme (l'humain) se retrouve seul ;)<br /> <br /> > Errance (ton pseudo est éloquent...), c'est intéressant ce rapport entre le voyage et l'idée d'abandon vue sous différents aspects. À bien y réfléchir je crois que j'ai fait certains voyages avec une idée d'abandon, dans le sens de renoncement. Le voyage, symboliquement, était une façon de "prendre de la distance" (au sens figuré). <br /> <br /> > Françoise, heureux que les photos te plaisent :)
Répondre