Les quelques personnes à qui j'ai dit partir au Québec m'ont demandé si j'y allais seul. Que je fasse une nouvelle fois le choix du voyage en solitaire à parfois semblé dérouter, bien que je mette en avant le plaisir que j'avais à me sentir libre. Plusieurs m'ont dit « moi je ne pourrais pas ! », et là c'est moi qui ai été un peu surpris. Cette façon de voyager me permet une immersion plus complète, avec une totale déconnection des repères habituels. Personne sur qui m'appuyer ou me rassurer plus ou moins faussement : je suis seul et ne peux compter que sur moi !
Bon... le Québec n'est pas une destination des plus dangereuses et les risques encourus ne sont pas supérieurs à ceux du quotidien, hormis le fait que personne ne sait où je suis puisque je n'ai aucun itinéraire préétabli. Nul ne s'inquièterait donc avant longtemps que je ne donne pas signe de vie. Et alors ?
J'aime cette sensation de liberté, même si je la paie d'une certaine inquiétude lorsque j'ignore où je dormirai chaque soir. Dès le milieu de l'après-midi, lorsque je voyais s'agrandir les ombres, je devais ajuster ma destination en fonction de la distance qui me séparait de la prochaine halte envisageable. Et je n'étais jamais sûr de trouver, hors-saison, un hébergement compatible avec mon budget. La tente que j'avais emportée me garantissait toutefois que j'aurais un abri en toutes circonstances...
Durant mes trajets j'ai souvent pensé à la liberté et sa contrepartie : la solitude. Ce n'est pas tant la solitude que j'apprécie, que le fait de me sentir libre. Bien sûr, en théorie, je peux très bien me sentir libre tout en étant accompagné, mais dans la pratique il suffit de peu pour que cette sensation s'effrite. Peut-être parce que j'ai encore tendance à vouloir faire plaisir... et en oublier de satisfaire mes propres désirs. Je me fais souvent passer après l'autre...
Est-ce que mon besoin de liberté me ferait préférer la solitude ? Non, certainement pas à long terme ! Bien des fois je pensais à ce qu'il en aurait été si j'avais pu partager la magie d'un instant devant un spectacle grandeur nature... Mais les circonstances ont fait que, cette fois encore, j'étais seul. J'ai donc apprécié les avantages que me procuraient la situation.
En fait je crois que j'ai besoin, depuis que je me suis découplé, de découvrir ma capacité à prendre ma liberté. Cela passe par l'apprivoisement de la solitude, de l'individuation, de l'autonomie. J'ai eu besoin de me sentir capable de me débrouiller seul... pour ne plus ressentir le besoin d'être accompagné.
Je ne suis pas un vrai solitaire : seulement quelqu'un qui apprend sa liberté.
Sur la route de... Coaticook
Un pont couvert, un photographe solitaire... sait-on jamais ce qui peut arriver dans une telle configuration ? Tiens, j'aurais dû aller demander mon chemin à une maison voisine !
Ou dans une autre, plus originale.
Mais non, j'ai continué mon parcours dans la campagne polychrome...
en quête de couleurs inattendues...
de bâtiments insolites...
ou de "clichés" convenus...
donnant toute légitimité à mon voyage...
Et puis surtout des couleurs...
des couleurs...
et encore des couleurs !
Plein la vue !
je lis ton blog depuis le mois de mai et j'ai aimé tes réflexions sur la solitude qui m'ont beaucoup fait réfléchir et ont participé à ma décision de vivre seule (et de quitter un mari avec lequel je me sentais mal,ayant fait trop souvent passer les autres avant moi)
et voilà depuis 6 semaines je vis seule et apprends peu à peu la liberté, le plaisir de décider seule, de vivre à mon rythme, petit à petit j'y prends plus de plaisir...
je retrouve régulièrement des amis mais quel soulagement de ne plus dépendre de personne
je te souhaite de continuer agréablement ce beau voyage (j'ai passé trois semaines en été au Québec et j'avais beaucoup apprécié ce pays)