Université Mac Gill, Montréal. Une des plus côtées au monde. Des étudiants français expliquent dans un reportage* que là-bas ils ne sont pas les seuls à être notés sur leurs résultats : eux aussi notent... leurs profs ! Appréciations en fonction de ce que chacun perçoit de la pédagogie, de la qualité du cours par rapport à ce qu'il en attend. Note de satisfaction qui influera ensuite directement sur l'évolution de carrière du professeur ou sa titularisation. L'une d'entre eux, interrogée, ne s'offusque nullement de la méthode et y voit même une façon de s'améliorer constamment. Les étudiants, quant à eux, apprécient ce principe égalitaire plutôt que celui d'être sempiternellement évalués à sens unique dans le système intrinsèquement infantilisant qui tient lieu de modèle. Finalement tout le monde y gagne.
Cette logique m'a beaucoup plu. Je me suis senti un peu bête de n'avoir jamais pensé que ça puisse exister... et en même temps cela démontre à quel point j'ai accepté ce conditionnement : la validation vient forcément "d'en haut". Je reste marqué de façon indélébile par des sentences culpabilisantes de profs obtus, imbus de leur place dominante, sûrs de leur savoir mais incapables de remettre en question leurs compétences en termes de pédagogie, enfermés qu'ils étaient dans le cadre de référence qui les a formatés. Je reste marqué à tel point - et c'est là toute la perversité du système - qu'il m'est très difficile, encore aujourd'hui, de remettre en question ouvertement la légitimité de toute forme d'ascendance. Ce n'est qu'en mon for intérieur que le sentiment d'un déséquilibre injuste se manifeste parfois, sans vraiment se dire...
Faire évaluer ceux qui sont en charge de transmettre un savoir par ceux qui le reçoivent, offrir aux enseignés la faculté de noter ceux dont la fonction est de les éveiller, je vois là une vision révolutionnaire du système éducatif. En la transposant dans le monde professionnel, je me plais à imaginer l'évaluation, par ses subordonnés, de chaque *supérieur* hiérarchique. Ce serait une juste contrepartie de l'inverse...
Être responsable, c'est être en mesure de répondre de ses actes. Vis à vis d'une autorité, assurément, mais aussi par rapport à ceux sur lesquels celle-ci s'exerce éventuellement.
* [Complément d'enquête, sur France 2, hier soir]
Je suis assez d'accord.
Cela a permis l'introduction en France de nouvelles pratiques pédagogiques, plus adaptées, plus efficientes pour l'acquisition des connaissances (l'évaluation par les étudiants notamment, les commissions paritaires également). En cela c'est très positif. L'université s'est enfin mise à réfléchir à l'enseignement...!!!
Mais il y a aussi un revers de la médaille : l'introduction d'une culture de la contestation permanente, de la taille du rouleau de papier toilette aux conditions d'examens eux-mêmes, de l'esprit "fastfood" à l'Université, sur le modèle du "satisfait ou remboursé" ou du "I want my money back" anglosaxon. Les boîtes mail (particulièrement des enseignants de première année) sont saturées de demandes absurdes. C'est assez énervant.
On peut faire mieux, de ce point de vue également.