Avec un certain étonnement je me suis parfois senti, ces derniers temps, effleuré par le sentiment ténu de la solitude. Effluves à peine perceptibles traversant épisodiquement mes moments solitaires, elles captent mon attention du fait de leur quasi inexistence auparavant.
D'où cela provient-il ? Pourquoi maintenant ? Avec rationnalité je cherche : est-ce par anticipation sur la saison froide à venir, promesse de temps d'isolement accrus ? Ou bien est-ce consécutif à de récentes sollicitations pour partager davantage de temps avec une partenaire de circonstances qui, elle, ne supporte pas la solitude ? À moins que mon récent voyage en solo n'ait mis en mouvement quelques cogitations à ce sujet...
Il y a certainement un peu de tout ça mais je penche pour une autre hypothèse, d'apparence mineure : l'inéluctable dissolution du cercle d'échange et de partage qui, longtemps, a nourri mes besoins relationnels. La nébuleuse mouvante des écrivants de l'intime dans laquelle je me sentais aggloméré s'est presque totalement renouvelée au fil de sa perpétuelle recomposition. Si bien que je n'y connais plus grand monde...
Or une part significative de mon existence se vivait dans ces sphères virtuelles. Une part ? Je devrais plutôt considérer qu'il s'agissait d'un supplément d'existence...
Cette époque est révolue et, comme ces vieillards qui ont vu disparaître leurs contemporains, je me sens désormais un peu seul. Un peu hors-jeu. Dépassé. C'est moi qui m'exclus ainsi, en ne trouvant plus à quel bout de mon histoire ou de mon présent raccrocher mes écrits. Qu'ai-je envie de partager aujourd'hui ? Qu'ai-je à offrir ? Qu'ai-je à explorer ? L'interrogation latente correspond sans doute à une mutation en cours. Lente mutation, comme toujours. Ce que je sais c'est que mon adhésion à l'écriture intimiste s'inscrivait dans le lien et la continuité. Sans cela elle perd sens. En restant fidèle à ceux qui ont depuis longtemps disparu de la scène je ne suis pas vraiment parvenu à me lier de nouveau. Pas comme avant. Mais cela dépasse le cadre de ce blog...
Et puis je crains de radoter, ne sachant pas comment faire abstraction du passé qui m'a forgé. Je ne suis pas sûr de pouvoir écrire dans un éternel présent. Le présent sans évocation du passé a t-il un sens ?
Je sais bien que je n'ai pas à me préoccuper de tout cela : je peux écrire comme ça me vient... ou faire silence. Je ne suis astreint à aucun résultat, ni ne dois aucune explication. M'étant octroyé cet espace je peux l'occuper à ma guise. Il ne revient qu'à moi de choisir ce dont je veux témoigner et tracer ainsi ma singularité... fortement marquée de conformisme !
Car c'est l'idée qui me vient : conformisme. Sa marque s'impose quand je parcours les traces que chacun dessine : on se voudrait singulier et on en devient tous un peu pareils. Alors me revient ce leitmotiv : à quoi ça sert, tout ça ?
Mais la question est idiote : écrire ça ne sert à rien d'autre qu'à se faire du bien. Individuellement et dans le plaisir du partage. C'est donc essentiel !
Mes mots ici ne servent à rien d'autre qu'à remplir une mission essentielle : partager. Échanger des idées, des impressions, des émotions. Se construire, s'affermir, se trouver. S'approcher de soi, ensemble.
C'est dans ce va et vient constant entre expression et "écoute" (lecture) que se sont élaborées quelques unes de mes convictions actuelles, ainsi qu'une conscience nouvelle. Parce qu'ici j'ai trouvé un espace de libre expression, sous des regards majoritairement bienveillants. Un lieu de confiance pour dire ce qu'ailleurs il me fallait taire si je voulais préserver des sensibilités. Mais c'est un lieu ou moi aussi je me suis préservé, puisque à l'écart du réel.
Pendant une décennie j'ai passé énormément de mon temps à écrire et lire, répondre et correspondre. J'en avais besoin. C'est de moins en moins le cas. J'aspire maintenant à des rapports plus directs, ce qui me pousse à m'exposer un peu plus. Les échanges distants, jadis primordiaux, ont perdu de leur intensité après avoir joué un rôle majeur. L'atténuation met en évidence la part relative que tout cela avait pris dans mon existence : le reflux laisse un vide. Le temps libéré est celui dans lequel naissent aujourd'hui les effluves de solitude.
Je tiens trop à ma liberté conquise pour remettre en question mon choix de vie en solo, mais le besoin d'échange et de partage demeure. Il me reste à trouver comment le satisfaire...
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Don't be sad because it's over. Be happy because it happened.
(Theodor Seuss Geisel)
Mes mots ici ne servent à rien d'autre qu'à remplir une mission essentielle : partager. Échanger des idées, des impressions, des émotions. Se construire, s'affermir, se trouver. S'approcher de soi, ensemble.
C'est dans ce va et vient constant entre expression et "écoute" (lecture) que se sont élaborées quelques unes de mes convictions actuelles, ainsi qu'une conscience nouvelle. Parce qu'ici j'ai trouvé un espace de libre expression, sous des regards majoritairement bienveillants. Un lieu de confiance pour dire ce qu'ailleurs il me fallait taire si je voulais préserver des sensibilités. Mais c'est un lieu ou moi aussi je me suis préservé, puisque à l'écart du réel.
Pendant une décennie j'ai passé énormément de mon temps à écrire et lire, répondre et correspondre. J'en avais besoin. C'est de moins en moins le cas. J'aspire maintenant à des rapports plus directs, ce qui me pousse à m'exposer un peu plus. Les échanges distants, jadis primordiaux, ont perdu de leur intensité après avoir joué un rôle majeur. L'atténuation met en évidence la part relative que tout cela avait pris dans mon existence : le reflux laisse un vide. Le temps libéré est celui dans lequel naissent aujourd'hui les effluves de solitude.»
Ce serait triste si un jour
tu décides de quitter cette relation partagée...
avec «nous»......
tes lecteurs/lectrices..
qui aiment ce que tu fais...
et qui tu es.
Je pense que tu irais «nous» manquer fortement.
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