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Alter et ego (Carnet)
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5 novembre 2011

Un subtil parfum de solitude

Avec un certain étonnement je me suis parfois senti, ces derniers temps, effleuré par le sentiment ténu de la solitude. Effluves à peine perceptibles traversant épisodiquement mes moments solitaires, elles captent mon attention du fait de leur quasi inexistence auparavant.

D'où cela provient-il ? Pourquoi maintenant ? Avec rationnalité je cherche : est-ce par anticipation sur la saison froide à venir, promesse de temps d'isolement accrus ? Ou bien est-ce consécutif à de récentes sollicitations pour partager davantage de temps avec une partenaire de circonstances qui, elle, ne supporte pas la solitude ? À moins que mon récent voyage en solo n'ait mis en mouvement quelques cogitations à ce sujet...

Il y a certainement un peu de tout ça mais je penche pour une autre hypothèse, d'apparence mineure : l'inéluctable dissolution du cercle d'échange et de partage qui, longtemps, a nourri mes besoins relationnels. La nébuleuse mouvante des écrivants de l'intime dans laquelle je me sentais aggloméré s'est presque totalement renouvelée au fil de sa perpétuelle recomposition. Si bien que je n'y connais plus grand monde...

Or une part significative de mon existence se vivait dans ces sphères virtuelles. Une part ? Je devrais plutôt considérer qu'il s'agissait d'un supplément d'existence...

Cette époque est révolue et, comme ces vieillards qui ont vu disparaître leurs contemporains, je me sens désormais un peu seul. Un peu hors-jeu. Dépassé. C'est moi qui m'exclus ainsi, en ne trouvant plus à quel bout de mon histoire ou de mon présent raccrocher mes écrits. Qu'ai-je envie de partager aujourd'hui ? Qu'ai-je à offrir ? Qu'ai-je à explorer ? L'interrogation latente correspond sans doute à une mutation en cours. Lente mutation, comme toujours. Ce que je sais c'est que mon adhésion à l'écriture intimiste s'inscrivait dans le lien et la continuité. Sans cela elle perd sens. En restant fidèle à ceux qui ont depuis longtemps disparu de la scène je ne suis pas vraiment parvenu à me lier de nouveau. Pas comme avant. Mais cela dépasse le cadre de ce blog...

Et puis je crains de radoter, ne sachant pas comment faire abstraction du passé qui m'a forgé. Je ne suis pas sûr de pouvoir écrire dans un éternel présent. Le présent sans évocation du passé a t-il un sens ?

Je sais bien que je n'ai pas à me préoccuper de tout cela : je peux écrire comme ça me vient... ou faire silence. Je ne suis astreint à aucun résultat, ni ne dois aucune explication. M'étant octroyé cet espace je peux l'occuper à ma guise. Il ne revient qu'à moi de choisir ce dont je veux témoigner et tracer ainsi ma singularité... fortement marquée de conformisme ! 

Car c'est l'idée qui me vient : conformisme. Sa marque s'impose quand je parcours les traces que chacun dessine : on se voudrait singulier et on en devient tous un peu pareils. Alors me revient ce leitmotiv : à quoi ça sert, tout ça ?

Mais la question est idiote : écrire ça ne sert à rien d'autre qu'à se faire du bien. Individuellement et dans le plaisir du partage. C'est donc essentiel !

Mes mots ici ne servent à rien d'autre qu'à remplir une mission essentielle : partager. Échanger des idées, des impressions, des émotions. Se construire, s'affermir, se trouver. S'approcher de soi, ensemble.

C'est dans ce va et vient constant entre expression et "écoute" (lecture) que se sont élaborées quelques unes de mes convictions actuelles, ainsi qu'une conscience nouvelle. Parce qu'ici j'ai trouvé un espace de libre expression, sous des regards majoritairement bienveillants. Un lieu de confiance pour dire ce qu'ailleurs il me fallait taire si je voulais préserver des sensibilités. Mais c'est un lieu ou moi aussi je me suis préservé, puisque à l'écart du réel.

Pendant une décennie j'ai passé énormément de mon temps à écrire et lire, répondre et correspondre. J'en avais besoin. C'est de moins en moins le cas. J'aspire maintenant à des rapports plus directs, ce qui me pousse à m'exposer un peu plus. Les échanges distants, jadis primordiaux, ont perdu de leur intensité après avoir joué un rôle majeur. L'atténuation met en évidence la part relative que tout cela avait pris dans mon existence : le reflux laisse un vide. Le temps libéré est celui dans lequel naissent aujourd'hui les effluves de solitude.

Je tiens trop à ma liberté conquise pour remettre en question mon choix de vie en solo, mais le besoin d'échange et de partage demeure. Il me reste à trouver comment le satisfaire...

 

 
IMGP7156
Profusion de couleurs en début de semaine,
avant les deux jours de tempête qui allaient les anéantir.
 

 Don't be sad because it's over. Be happy because it happened.
(Theodor Seuss Geisel)


Commentaires
P
> Lukéria, tu fais bien de proposer ces textes à tous, ils sont importants :o)<br /> <br /> Je reconnais bien dans celui d'aujourd'hui une façon d'avancer qui me plaît. J'y vois volontiers une métaphore dans mon récent voyage au Québec : je savais ce que je cherchais, même si je me laissais une grande latitude de possibilités pour y parvenir. "Libre" mais avec une boussole intérieure.<br /> <br /> Dans ma vie j'ai fait des choix cruciaux, parfois très engageants, mais je les ai toujours fait avec le coeur, en étant "centré" à la fois sur mes objectifs et mes possibilités. C'est pour cela que je n'ai aucun regret...<br /> <br /> > Chris, une maison en bois en pleine nature ? Super ! La mienne est construite ainsi et je me réjouis de ce choix :)<br /> Je veux bien que tu m'envoies des photos dès que ce sera possible.<br /> <br /> Moi aussi je "t'membrasse", hé hé...<br /> <br /> > Anne... toi alors :)<br /> Parfois les apparences ne changent pas, mais faut-il se fier aux apparences, hein ?
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A
Moi aussi : présente ! Très présente ! ;-))<br /> Je confirme à ceux qui pourraient se poser la question : rien ne change ici ! ;-)
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C
Moi aussi je suis là. Tu es toujours dans mes favoris. Je ne prends plus le temps de déposer un comm pou rune seule et unique raison : Nous sommes en train de construire notre maison et entre déménagement et travaux, l'ordi se trouve en ce moment juste à côté de la TV. Donc le soir je ne peux plus taper sur le clavier, c'est trop bruyant. Mais je te lis toujours. Et tes magnifiques photos de ton merveilleux "jardin" me manquent un peu tout de même. <br /> Tes écrits me touchent très souvent. <br /> Patience, patience, je reviendrai au printemps prochain quand j'aurai mon beau bureau avec une magnifique baie vitrée face à un immense jardin dans ma belle maison en bois. ...Un nid dans la nature...Un rêve se réalise. <br /> Je t'menbrasse.
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L
Parfois, je crains que l'on me reproche de faire ici un blog dans le blog... mais j'ai beaucoup aimé ce texte de Jean-Yves Leloup. Et puisque, Pierre, tu m'as autorisée à partager chez toi certains textes qui peuvent profiter à tous, je me permets de transmettre celui-ci. Et je crois que tu marches vers ton orient, même si ta route est longue...<br /> <br /> "Une autre parole à « tenir debout» m'a été donnée par quelqu'un qui aimait beaucoup les œuvres de Carlos Castaneda : « Quel que soit ton chemin, quel que soit le chemin que tu prends, demande-toi si ce chemin à un cœur. Tu peux marcher sans carte et sans guide, mais ne marche pas sans boussole! » <br /> <br /> II ne s'agit pas seulement de marcher doucement, il s'agit de marcher en étant orienté, en ayant soi-même un point de repère, une boussole.<br /> Par temps de brouillard, par temps difficile, elle nous indique le nord, elle nous oriente, elle nous garde de la désorientation au sens physique du terme. Avoir une boussole, c'est avoir un centre, c'est être centré. Et, pour un être humain, c'est avoir un cœur, non seulement au sens d'organe des sentiments, de l'émotion, ou de l'affection, mais un cœur en tant que lieu d'intégration de tous les éléments de notre personnalité, en tant que centre où notre intelligence et nos pulsions se rejoignent, se réintègrent. <br /> <br /> Avoir un cœur, c'est être centré. On peut marcher « avec cœur» ou marcher « sans cœur ». Lorsque le chemin nous est imposé, on n'en profite pas vraiment. Par contre, que l'on se perde ou que l'on s'égare, si le cœur y est, et que l'on marche en sa présence, une lumière est dans la marche.<br /> <br /> « Va, va où ton cœur te mène ». Aller où notre cœur nous mène est un risque, qui nous conduit parfois dans des impasses, ces « chemins qui ne conduisent nulle part » dont parle le philosophe Heidegger. Ne confondons pas le cœur boussole et le cœur girouette. Sachons quelle est notre boussole et quelle est notre girouette. <br /> <br /> Quelle est notre girouette toujours prête à tourner à tous vents?<br /> Pour certains, ce sera la tête, le mental, les pensées qui suivent tous les vents, toutes les modes. Elle indique où va le vent, ce qui se passe peut-être dans le présent, mais elle ne donne pas la direction juste à prendre. Pour d'autres, ce seront les émotions.<br /> <br /> Derrière la girouette que nous sommes souvent, il s'agit de retrouver la boussole ; son cœur, son orient, son orientation vers la lumière.<br /> <br /> Dans nos vies, le plus difficile, c'est de savoir ce que l'on désire vraiment. Une multitude de désirs nous assaillent et nous désorientent. Quel est notre désir profond? Celui qui nous conduit justement à l'Orient, à la Lumière? Se tenir proche de ce désir, c'est se tenir proche de son propre chemin. « Mieux vaut mourir dans sa propre loi que sous la loi d'autrui », enseigne la Bhagavad-Gîtâ. Mieux vaut mourir selon sa propre loi, sa propre voie et voix - qui nous parle de l'intérieur - que d'écouter même parfaitement la voix d'un autre. Suivre sa propre voie, même imparfaitement, plutôt que de suivre parfaitement la voie d'un autre, la loi d'un autre. <br /> <br /> Avoir une boussole, ce n'est pas découvrir un chemin tout tracé. Plus qu'un chemin, cette marche est une itinérance. Le bonheur est dans la façon de marcher. Il ne s'agit ni de suivre un itinéraire ni d'être dans un état d'errance. L'itinéraire tout tracé risque de nous enfermer et de nous faire passer à côté d'un paysage, d'un trésor, d'une lumière, d'un état de conscience, d'un niveau d'être qui nous était destiné... <br /> <br /> Mais il ne s'agit pas non plus d'être dans l'errance, de se faire le jouet de tous les vents, de tous les appels qui viennent d'ici ou de là.<br /> <br /> Celui qui marche en suivant sa boussole peut garder le cap, il a reconnu en lui son orient."
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P
Léon, je suis heureux de savoir que tu es toujours dans les parages. Finalement vous êtes nombreux à lire en silence ;o)<br /> <br /> Julia,je comprends bien l'idée de "prendre de nouvelles" puisque je procède ainsi avec d'autres blogueurs que je lis en silence. Et tu as raison : il y a une question de temps disponible.<br /> <br /> Quant à l'ouverture qui se produit en découvrant d'autres modes de pensée, d'autres façon de vivre les événements, elle est indéniable. C'est une des grandes richesses de ce monde virtuel : il y a mise en contact de personnalités parfois très différentes, avec des références (culturelles, familiales, sociétales...) qui ne se rencontrent pas forcément dans les conditions de vie habituelles. J'aime beaucoup ces découvertes transversales. Cela ouvre en effet à l'acceptation des différences.<br /> <br /> Pour ce qui est du changement intérieur, c'est moi qui me bloque tout seul dans un certain personnage... construit sur ce que je pense qu'on pense et attend de moi ! Encore un conformisme auquel je me soumets...<br /> <br /> Mais je pense que malgré tout un cheminement se fait et je suppose ne pas être conforme à ce que j'étais il y a quelques années. Du moins en partie.<br /> <br /> Le mieux que je puisse faire est sans doute de témoigner de ce changement, mais aussi de mes difficultés à changer, de la lenteur à laquelle tout ceci opère. Bref... continuer à écrire comme ça me vient ;o)
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J
Moi aussi je suis toujours là.... :)<br /> <br /> Et j'ai trouvé beaucoup de "réponses" ou en tout cas d'orientations et d'apaisement à mes impulsivités ;) en te lisant :)<br /> <br /> Aujourd'hui j'ai moins le temps de commenter et de lire car je manque déjà de temps pour des lectures essentielles dans mon parcours de "vieille étudiante" ;) mais je viens régulièrement lire ou survoler tes écrits, une façon sans doute de prendre de tes nouvelles, de m'assurer de ta présence... curieux non? Preuve pour moi, que cette présence virtuelle a pris un sens avec le temps qui dépasse l'idée de la virtualité comme on a coutume de la définir... En tout cas je sais que tes points de vue et ta façon d'écrire m'ont permis de dépasser certaines obstinations, m'ont ouvert à une autre façon de voir les choses, m'ont rendue plus tolérante et j'en ai fait un mixte avec mes propres convictions qui s'en sont trouver au final plus souples et plus ouvertes!<br /> <br /> Quand à l'évolution de ton écriture -et j'aime beaucoup ce que tu dis du rappel du passé pour parler du présent- il me semble que des prémices de changements volontaires ou inconscients se sont fait sentir ces derniers temps... :) Quoi qu'il en soit, ta façon de poser les choses est toujours très agréable... et je me dis qu'il ne faudrait pas que tu te "retienne" sous prétexte que peut-être une image de toi s'est figée dans ce blog malgré tout... Je ne sais pas si je suis assez claire...? En gros si tes nouveaux désirs besoins ne sont plus les mêmes (ce qui en soit est plutôt sain je pense) il ne faudrait pas que tu te retrouves "bloqué" pour les exprimer... Suivre une nouvelle orientation, évolution, c'est suivre ton cheminement, c'est ce partage là qui reste fort et instructif pour les lecteurs!<br /> <br /> Je t'embrasse :)
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C
«Il a été nécessaire que chacun parcourt seul un chemin vers l'autonomie, se relie à son être profond pour parvenir à respecter le besoin d'autonomie de l'autre et ressentir l'amour et la joie en lui pour pouvoir l'offrir à l'autre. <br /> <br /> Alors s'ouvre une relation d'être à être dans laquelle ne se pose pas la question de consolidation du couple, mais d'épanouissement de chacun, qui seule permet, pour moi, une belle relation à deux.»<br /> <br /> J'aime beaucoup ce que Lukeria a écrit.<br /> C'est magnifiquement dit!<br /> ;-)
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L
Envie de répondre un peu tardivement à Laurent. Qu'est-ce que le désenchantement dans le couple, sinon des attentes vis-à-vis de l'autre qui ne sont pas satisfaites ? Des manques en nous-même que l'on attend que l'autre vienne combler. J'ai connu des années de désenchantement avant de connaître l'enchantement, avec le même homme. Et il ne s'agit pas de l'enchantement des débuts quand on est dans l'idéalisation.<br /> <br /> Il a été nécessaire que chacun parcourt seul un chemin vers l'autonomie, se relie à son être profond pour parvenir à respecter le besoin d'autonomie de l'autre et ressentir l'amour et la joie en lui pour pouvoir l'offrir à l'autre. <br /> <br /> Alors s'ouvre une relation d'être à être dans laquelle ne se pose pas la question de consolidation du couple, mais d'épanouissement de chacun, qui seule permet, pour moi, une belle relation à deux.
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L
ne t'inquiète pas Pierre : je te lis aussi, pas tout le temps, selon mes moments disponibles mais régulièrement et avec un intérêt qui ne se dément pas car les réflexions qui te guident me touchent pour beaucoup aussi bien dans ma vie personnelle que dans mon métier. Et puis je suis très intéressé aussi par les réflexions de certains de tes lecteurs(trices). D'ailleurs je vois avec grand plaisir qu'Alauda avec laquelle j'ai eu énormément d'affinités il y a quelques années dans les pensées et le parcours est aussi une lectrice silencieuse et qui semble sereine et j'en suis bien heureux car cela me conforte dans l'idée que les êtres ont toujours la possibilité de trouver le chemin de leur évolution !
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P
Je ne m'attendais pas à recevoir autant de signes de présence silencieuse, ni à voir sortir de l'ombre des lecteurs inconnus, mais j'en suis ravi. Finalement mon texte aura eu cette utilité...<br /> <br /> > Milique, c'est un plaisir de lire vos mots et l'attention que vous accordez aux miens. J'apprécie que vous évoquiez les lecteurs-commentateurs, sans qui ce blog ne serait pas ce qu'il est.<br /> <br /> > Cassy, je me souviens que tu as commenté ici quelques fois et, voyant parfois ta signature chez quelques blogs amis, j'ignorais que tu suivais encore mes écrits. Remarque bien que je ne crois pas avoir laissé de commentaires chez toi ;o)<br /> <br /> Merci pour ce signe.
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