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Alter et ego (Carnet)
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24 décembre 2011

Superflu

Crise de blog, en ce soir de Noël...

La question d'écrire, qui parfois me vient, se heurte souvent à un sentiment d'inutilité : à quoi ça sert ? Pour qui ? Qu'est-ce qui me motive ? Est-ce que ça vaut la peine d'y passer tant de temps ?

Impression pénible de rabâchage...

Ecrire sur quoi ? Encore sur moi, mes états d'âme, mes questionnements ? Ecrire sur ce que je perçois du monde ? Car le monde dans lequel nous vivons m'intéresse mais souvent me tracasse. Ce qui en est fait, ce que nous en faisons, m'inquiète, m'émeut, me réjouit ou me révolte. Mais qu'en dire, alors que tant d'autres en parlent déjà ?

Ce brouhaha ne nous assourdit-il pas ? Tant de mots, tant de stimulations émotionnelles, tant d'informations... est-ce que je ne m'y perds pas ? Saturé, désensibilisé, vaincu par la passivité de l'observateur impuissant. Ca sert à quoi d'écrire quand on n'agit pas ?

L'envie de faire silence est là. Me recentrer vers l'essentiel. Ecouter le murmure permanent d'une intériorité bruissante. Ressentir la vie plutôt que d'en faire état. Être heureux quand tant de choses pourraient pousser à la désespérance.

Me couper de la rumeur spectaculaire du monde. Me laisser vivre et goûter les saveurs de l'instant, bien plus douces qu'amères. Seul. Sans partage parce que personne n'est à mes côtés à ce moment-là

Ecrire pour quoi faire ? Désir de partage, besoin d'échange et de contact. Mais à distance c'est un leurre. Il empêche le manque, nourrit et apporte bien des satisfactions... mais ne remplace pas la présence. Frustrant !

Quel est le sens que j'ai envie de donner à tout ça et... est-ce que je vais dans ce sens ? Est-ce que je ne m'égare pas ? Est-ce que je ne m'éloigne pas de moi, en m'exposant ?

J'aimerais ne dire que l'essentiel, dégraissé de tout superflu.

Être dans la même évidence qu'un sapin en forêt le soir de noël : simplement là.
A sa place immuable, entre terre et ciel.

Sans artifice.

Sans guirlandes scintillantes, sans boules clinquantes, sans lumières clignotantes. 

 

Ecrit en ce jour où la frénésie de Noël impose son hégémonie joyeuse et festive, massivement mercantile. Impossible d'échapper à cet asservissement consenti sans se couper du monde. Un monde qui, dans sa réalité, continue d'exister avec sa violence et ses actes de barbarie, connus ou non...

 

 

Commentaires
P
Ariane, si j'en crois le proverbe arabe, je me demande à quoi je ressemble au regard de mes écrits ;o)<br /> <br /> <br /> <br /> Les réponses que tu apportes à mes questionnements me semblent tout à fait justes. Je crois que mes réponses seraient assez proches. Alors qu'est-ce qui fait que je m'interroge ? Sans doute un besoin de vérifier le bien-fondé de ma démarche...<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne m'interroge pas à ce sujet sur mes rapports directs aux autres, mais seulement sur mes interventions sur internet. Comme si j'étais gêné de recourir à ce mode ce expressif... Probablement parce que je me livre sans cesse à une comparaison, finalement assez inutile : les deux modes de "rencontre" de l'autre ont leurs particularités et leurs limites.<br /> <br /> <br /> <br /> « Quel sens si ce que l'on écrit n'est pas en accord exact avec ce que l'on est ? ». Là est une question essentielle, et c'est peut-être celle qui résume le mieux mon trouble : si je suis bien en accord entre ce que j'écris et ce que je suis, celui-ci n'est pas *exact*. Mes pensées sont en avance sur mes actes et ce décalage me renvoie sans cesse vers un désir de concordance. C'est un excellent stimulant... en même temps qu'une leçon d'humilité perpétuelle : je ne suis pas encore ce que je voudrais être.<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a peut-être une question de génération qui fait que mon écriture n'est pas une évidence, mais il y a plus probablement un très fort souci de cohérence, comme je viens de le décrire. Avec une exigence élevée pour y parvenir. Or, comme je suis sans cesse renvoyé à un décalage, la question du "pourquoi écrire ?" reste d'actualité.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour cela je ne cacherai pas que la démarche de Sylvain Tesson, «entièrement engagé dans ce qu'il est», me séduit. Je dirais même qu'elle me tente...<br /> <br /> <br /> <br /> N'aie pas d'inquiétude quant à la clarté de ton propos, ça m'a semblé tout à fait limpide.<br /> <br /> <br /> <br /> Très bonne année à toi aussi et... bonne continuation dans tes écrits.
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A
Ecrire pour s'affirmer, pour présenter au monde l'engagement que l'on affirme chaque jour dans la vie...<br /> <br /> Rendre public ce que l'on écrit, n'est-ce pas une façon de rompre avec une solitude qui peut devenir parfois pesante ?<br /> <br /> <br /> <br /> "Ca sert à quoi d'écrire quand on n'agit pas ?"<br /> <br /> A agir malgré tout, peut-être, en se disant que prendre la parole (écrite ou orale) est aussi un acte, une façon d'agir... Mais je pense que les deux doivent aller ensemble, sinon il y a un manque quelque part... Qui s'engage dans l'écriture doit aussi pouvoir s'engager dans la vie (et peut importe à quelle échelle).<br /> <br /> <br /> <br /> "Mais qu'en dire, alors que tant d'autres en parlent déjà ?"<br /> <br /> Je me suis posée le même genre de question il y a quelques années, en me disant que je n'étais qu'un maillon de plus à la chaîne dans le grand monde de l'écriture... Mais je crois que la véritable force, c'est de se dire que personne ne crée la même chose. Parce que nous sommes tous unique, parce que notre sensibilité au monde est unique, parce qu'il y a autant d'être humain sur terre que de vision du monde différente, ce que l'on apporte n'a jamais été fait, jamais été dit. Bien sûr que certaines visions du monde se ressemblent, mais ce qui va faire la différence c'est la personnalité qui est derrière et qui écrit, le vécu de la personne, la sensibilité, la façon dont elle s'exprime, dont elle ressent... Enfin c'est ce que je pense. :)<br /> <br /> <br /> <br /> "Ecrire pour quoi faire ? Désir de partage, besoin d'échange et de contact. Mais à distance c'est un leurre."<br /> <br /> <br /> <br /> C'est pour ça qu'il faut plonger dans la vie, rencontrer des personnes, débattre avec elles ; et c'est là à mon avis que se crée le vrai mouvement du monde, beau, constructif, puissant. Internet est si peu de chose à côté...<br /> <br /> Je pense que ce que l'on partage sur un blog, il faut être aussi capable de le partager dans la vie réelle. Ecrire permet de faire le point, de mieux comprendre, de mieux analyser ce que l'on vit ; la citation de Sylvain Tesson que tu as postée exprime parfaitement ça, je crois. Mais quel sens cela a t-il s'il n'y a pas de prolongement dans la vie ? Quel sens si ce que l'on écrit n'est pas en accord exact avec ce que l'on est ?<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> "Est-ce que je ne m'éloigne pas de moi, en m'exposant ?"<br /> <br /> Et le but est justement le contraire : se rapprocher de nous-même !<br /> <br /> Depuis que je regarde ton blog, je suis toujours frappée de voir que la question du "pourquoi écrire en ligne ?" est aussi récurrente. Je pense que le fait qu'on ne soit pas de la même génération fait que nous n'avons pas du tout le même rapport ni à Internet, ni à l'exposition de soi au monde.<br /> <br /> Pour moi écrire en ligne est quelque chose de complètement naturel, et pire encore, c'est même un besoin je crois. Un besoin d'affirmer qui je suis, de crier au monde qui je suis, d'affirmer mon existence, mes engagements, mes choix, ma personnalité. Et ça n'a rien d'égocentrique ou je ne sais quoi... Je crois que c'est simplement avoir une conscience aigu de notre condition de mortel, et de vouloir lutter contre ça, garder en mémoire, capturer le temps qui passe. Et en ce sens là, c'est en accord total avec une façon d'être, une façon de se présenter au monde, une façon de vivre, de se comporter.<br /> <br /> Je crois que Sylvain Tesson montre bien ça quand il part vivre 6 mois en Sibérie : sa vie est à l'image de ce qu'il écrit, et réciproquement. Il n'y a pas de demi-mesure, il s'engage entièrement dans ce qu'il est.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Voilà, les idées sont un peu brouillonne mais je ne sais pas pourquoi j'ai du mal à mettre en ordre mes idées lorsqu'il s'agit d'écrire un commentaire ^^.<br /> <br /> <br /> <br /> Très bonne année à toi,<br /> <br /> Amitiés,<br /> <br /> Ariane.
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P
> Lubin, noël ou autres jours, on ne peut que souhaiter qu'il soient bons pour tous :-)<br /> <br /> > Julia, oui, l'écriture est une partie de nous, et j'aime bien me demander si cette partie me convient, si je m'y sens à l'aise, si elle m'apporte bien ce que j'attends d'elle ;o)<br /> <br /> K.role, tu touches juste : les sens, c'est ce qui manque dans l'écriture. Alors où est le sens quand il n'y a pas de sens ?<br /> <br /> Témoin, j'aime bien cette idée : l'affectif on ne le trouve pas au journal de 20 h ! Il y a dans nos écrits personnels quelque chose de "vrai" (authentique). En même temps la banalisation de cette expression personnelle ne tend-elle pas à en réduire l'intérêt ? D'où ma tentation de revenir à une écriture "nue"...<br /> <br /> Céléstine, en fait ce n'est pas tant le "pourquoi écrire ?" qui me pose question que le "qu'est-ce qui me pousse à rendre public ce que j'écris ?". Toute action ayant un objectif, quel est celui que je poursuis en exposant mes réflexions ?
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C
Mais rien n'est superflu dans ce que tu écris.A commencer par le très beau commentaire que tu as laissé chez moi.Je t'ai répondu. Merci de ta visite. Je reviendrai quant à moi.<br /> PS C'est drôle de se demander pourquoi écrire, pour moi, c'est comme si je me demandais pourquoi respirer ou manger... ;)
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T
Ecrire c'est exprimer ce qu'il y a en soi. Nos craintes et nos désirs, mais surtout l'affectif (un poète dirait le coeur) que l'on partage avec d'autres. On ne le trouve pas au journal de 20 heures. On peut le re-trouver en se ressourçant dans le silence.<br /> A quoi sert-il de changer les choses dans le monde quand cet essentiel n'est pas là ?<br /> L'image de l'arbre est très belle.<br /> Amitiés
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K
le sens c'est les sens ! et la parole les accompagne ! nous ne sommes pas des arbres... Joyeux Noël .
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J
c'est beau, fort et très instinctif ce que tu as écrit ce soir Pierre... :) Je me sens en parfaite résonance avec toi... Reste cependant que l'écriture semble une partie de nous et de ce qui nous fait... alors oui, "V" c'est ce que tu as fait ce soir, ce que tu semble faire de plus en plus, même si demeure nt quelques redondances ;) Après cela il y aura sans doute plus d'espace pour vire sans l'écran de l'écriture... <br /> Je t'embrasse. :)
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L
"Être heureux quand tant de choses pourraient pousser à la désespérance."<br /> <br /> Une vraie question, effectivement. <br /> <br /> Bon Noël quand même.
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