Superflu
Crise de blog, en ce soir de Noël...
La question d'écrire, qui parfois me vient, se heurte souvent à un sentiment d'inutilité : à quoi ça sert ? Pour qui ? Qu'est-ce qui me motive ? Est-ce que ça vaut la peine d'y passer tant de temps ?
Impression pénible de rabâchage...
Ecrire sur quoi ? Encore sur moi, mes états d'âme, mes questionnements ? Ecrire sur ce que je perçois du monde ? Car le monde dans lequel nous vivons m'intéresse mais souvent me tracasse. Ce qui en est fait, ce que nous en faisons, m'inquiète, m'émeut, me réjouit ou me révolte. Mais qu'en dire, alors que tant d'autres en parlent déjà ?
Ce brouhaha ne nous assourdit-il pas ? Tant de mots, tant de stimulations émotionnelles, tant d'informations... est-ce que je ne m'y perds pas ? Saturé, désensibilisé, vaincu par la passivité de l'observateur impuissant. Ca sert à quoi d'écrire quand on n'agit pas ?
L'envie de faire silence est là. Me recentrer vers l'essentiel. Ecouter le murmure permanent d'une intériorité bruissante. Ressentir la vie plutôt que d'en faire état. Être heureux quand tant de choses pourraient pousser à la désespérance.
Me couper de la rumeur spectaculaire du monde. Me laisser vivre et goûter les saveurs de l'instant, bien plus douces qu'amères. Seul. Sans partage parce que personne n'est à mes côtés à ce moment-là
Ecrire pour quoi faire ? Désir de partage, besoin d'échange et de contact. Mais à distance c'est un leurre. Il empêche le manque, nourrit et apporte bien des satisfactions... mais ne remplace pas la présence. Frustrant !
Quel est le sens que j'ai envie de donner à tout ça et... est-ce que je vais dans ce sens ? Est-ce que je ne m'égare pas ? Est-ce que je ne m'éloigne pas de moi, en m'exposant ?
J'aimerais ne dire que l'essentiel, dégraissé de tout superflu.
Être dans la même évidence qu'un sapin en forêt le soir de noël : simplement là.
A sa place immuable, entre terre et ciel.
Sans artifice.
Sans guirlandes scintillantes, sans boules clinquantes, sans lumières clignotantes.
Ecrit en ce jour où la frénésie de Noël impose son hégémonie joyeuse et festive, massivement mercantile. Impossible d'échapper à cet asservissement consenti sans se couper du monde. Un monde qui, dans sa réalité, continue d'exister avec sa violence et ses actes de barbarie, connus ou non...