Une coupure de ma ligne téléphonique m'a privé d'internet, hier soir. Impossible, donc, de me connecter à mon environnement social habituel : le monde des blogs égographiques. Je ne m'en suis pas senti frustré, parce que j'avais d'autres possibilités d'occupation, mais j'ai pris conscience de l'importance de cette ouverture dans mes soirées.
Si je n'avais pas cette possibilité de partage à distance, que ce soit comme écrivant ou comme lecteur, mes temps en solitaire seraient peut-être pesants. Ce qui me fait penser cela ce sont les remarques fréquente de ma partenaire qui, dans la même situation que moi, supporte mal sa solitude. Elle ne comprend pas comment je peux occuper mon temps sans ressentir l'absence d'autrui [la sienne, en l'occurrence]. Contrairement à elle je trouve toujours mes temps de solitude trop courts, manquant de ce précieux temps pour faire tout ce dont j'aurais envie. Lire et écrire sous diverses formes, bien sûr, échanger, m'informer, découvrir, mais aussi profiter des moments de liberté que la solitude permet. Seulement voila : ma partenaire n'a pas investi le monde des blogs... et ses possibilités d'échange dépendent beaucoup du temps que je lui accorde. Je suis le seul avec qui elle partage ses pensées et ressentis. Elle endure donc avec résignation et un brin d'amertume mes silences, qui résultent simplement de ma non-dépendance à ce seul lien. J'entends sa demande et tente d'y répondre à ma mesure, je compatis à sa difficulté et essaye de l'apaiser, mais mon point de vue reste stable : je ne ressens pas le besoin de partager autant qu'elle le voudrait. Ma vie est suffisamment diversifiée pour que le manque d'échanges sensoriels que je pourrais ressentir n'ait jamais le temps de se manifester avant le sien. Cela me donne un sentiment de liberté qui m'est précieux, et qu'elle m'envie peut-être.
En fait ma seule dépendance, s'il devait y en avoir une, serait envers l'échange, au sens le plus large. Peu importe avec qui et en quelles circonstances, du moment qu'il se montre éclairant. C'est à dire qu'il m'emmène plus loin que ce que je connais. Plus loin que ce que je peux explorer en solitaire.
C'est probablement pour ça que je redoute toute forme d'exclusivité.
Alors tout est donc égal ? l'amour, l'amitié, les blogs, la sexualité : sous le vocable soft : d'échanges non exclusifs.... d'après moi c'est une protection contre l'intensité des sentiments, contre la tension qu'implique la sexualité avec tous les éléments inconscients qu'elle véhicule ! Mais si on ne risque plus rien alors on n'a plus rien non plus... une vie tiède dans un monde aseptisé !...
Désolée d'être un peu brutale, mais je pense que certains choix que l'on croit personnel sont en fait une manière de s'adapter au nouveau modèle d'humain que la civilisation occidentale dans son déclin nous impose !
Je me sens aspirée moi aussi dans ce destin sans avenir et cela me terrorise !
Pour contrer cela, à notre niveau, je pense qu'il faut résolument s'engager et prendre le risque de l'amour... et affirmer qu'un homme et une femme ont le droit de se faire des demandes mutuelles, en prendre acte, y répondre... faire face : ensemble !
si je savais prier je le ferais pour demander de rencontrer un partenaire avec qui cela sera possible.
bien amicalement
Carole