Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
24 février 2012

Partager sans exclusivité

Une coupure de ma ligne téléphonique m'a privé d'internet, hier soir. Impossible, donc, de me connecter à mon environnement social habituel : le monde des blogs égographiques. Je ne m'en suis pas senti frustré, parce que j'avais d'autres possibilités d'occupation, mais j'ai pris conscience de l'importance de cette ouverture dans mes soirées.

Si je n'avais pas cette possibilité de partage à distance, que ce soit comme écrivant ou comme lecteur, mes temps en solitaire seraient peut-être pesants. Ce qui me fait penser cela ce sont les remarques fréquente de ma partenaire qui, dans la même situation que moi, supporte mal sa solitude. Elle ne comprend pas comment je peux occuper mon temps sans ressentir l'absence d'autrui [la sienne, en l'occurrence]. Contrairement à elle je trouve toujours mes temps de solitude trop courts, manquant de ce précieux temps pour faire tout ce dont j'aurais envie. Lire et écrire sous diverses formes, bien sûr, échanger, m'informer, découvrir, mais aussi profiter des moments de liberté que la solitude permet. Seulement voila : ma partenaire n'a pas investi le monde des blogs... et ses possibilités d'échange dépendent beaucoup du temps que je lui accorde. Je suis le seul avec qui elle partage ses pensées et ressentis. Elle endure donc avec résignation et un brin d'amertume mes silences, qui résultent simplement de ma non-dépendance à ce seul lien. J'entends sa demande et tente d'y répondre à ma mesure, je compatis à sa difficulté et essaye de l'apaiser, mais mon point de vue reste stable : je ne ressens pas le besoin de partager autant qu'elle le voudrait. Ma vie est suffisamment diversifiée pour que le manque d'échanges sensoriels que je pourrais ressentir n'ait jamais le temps de se manifester avant le sien. Cela me donne un sentiment de liberté qui m'est précieux, et qu'elle m'envie peut-être.

En fait ma seule dépendance, s'il devait y en avoir une, serait envers l'échange, au sens le plus large. Peu importe avec qui et en quelles circonstances, du moment qu'il se montre éclairant. C'est à dire qu'il m'emmène plus loin que ce que je connais. Plus loin que ce que je peux explorer en solitaire.

C'est probablement pour ça que je redoute toute forme d'exclusivité.

 

Commentaires
P
> Errance, comme toi je ne souhaite pas savoir dans le détail ce qui est partagé intimement avec d'autres que moi. Ce serait solliciter inutilement des sensibilités et être contraint à une sorte de voyeurisme non désiré.<br /> <br /> Il me semble très important, pour chacun des protagonistes, de garder une part privée.<br /> <br /> <br /> <br /> > Charlotte, ce besoin de se sentir "unique" pour l'autre, nous l'avons effectivement presque tous (certain(e)s disent ne pas le ressentir !?). Les exemples que tu donnes se situent dans l'enfance, et ce n'est pas un hasard : ce besoin a bien ses racines là-bas, loin, au temps où nous avions effectivement besoin d'être rassurés et protégés. Reste à savoir, pour chacun de nous, si on demeure dans ce besoin ou si on cherche à s'en affranchir. Pour ma part j'ai compris que je risquais fort d'en souffrir tant que je ne m'en serais pas émancipé. C'est ce que je tente de faire...<br /> <br /> <br /> <br /> Tant qu'on est dans le *désir* d'être préféré, ça ne pose pas de problème. C'est quand on l'exige que ça se complique :)<br /> <br /> <br /> <br /> > Tinuviel, ton message m'éclaire :)<br /> <br /> <br /> <br /> Ce que tu dis de ton compagnon laisse apparaître une grande inquiétude de sa part : il voudrait "tout" partager avec toi, et ainsi fusionner avec toi.<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis indulgent avec ce genre d'attitude parce que, quoique dans une moindre mesure, j'attendais autrefois de partager beaucoup [honte sur moi !!]. Aujourd'hui c'est l'inverse et il faut que je "prenne sur moi" quand je sens une pression pour partager. Je perçois alors une inquiétude insatiable qui pourrait vite être étouffante si je cédais à la demande.<br /> <br /> <br /> <br /> Cet "égocentrisme", qui est parfois reproché avec agressivité, n'est que le signe d'une conscience de soi équilibrée. Dans un rapport à soi suffisamment satisfaisant pour y trouver une capacité d'auto-ressourcement on dispose d'une certaine autonomie. Mais ce qui me semble fondamental, et qui en même temps est au coeur d'un paradoxe, c'est qu'il faudrait pouvoir expliquer cela à l'autre qui s'inquiète. Sauf que sa demande oppressante donne surtout envie de s'en protéger ;o)<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour ce témoignage, qui aborde les fondements de la demande d'exclusivité.
Répondre
T
Comme Nat le dit magnifiquement : "Il est des circonstances où l'intimité ne se partage pas, y compris dans un univers hyperconnecté, intrinsèquement intrusif, des instants où le secret se déroule en soi et où il n'y a rien à communiquer. Rien. Des instants où l'on se construit seul, à l'écart, en silence. "<br /> <br /> <br /> <br /> J'aime beaucoup ces quelques mots qui traduisent tellement bien ce besoin vital d'être en tête à tête avec soi-même, sans comptes à rendre à personne, pour consolider nos fondations et parcourir nos paysages intérieurs, les apprivoiser pierre après pierre, ruisseau après ruisseau...<br /> <br /> Personnellement je ressens très fort ce type de besoin, qui n'est malheureusement pas compris par mon compagnon et ne l'a jamais été. Il juge qu'il s'agit là de ma part d'un "refus de partage", et par conséquent d'un rejet de sa personne, d'un désengagement de notre relation. A force de me le reprocher et de me dire ce que je suis ou ne suis pas en jugeant chacun de mes silences comme une trahison, cette relation a effectivement fini par se détricoter par nécessité de protection de l'un et de l'autre. En effet, nous souffrons tous les deux, lui de ce qu'il considère comme un refus de partage et moi de me sentir continuellement observée et jugée comme une fourmi sous un microscope. <br /> <br /> <br /> <br /> C'est pourquoi tout ce que je lis ici me senibilise énormément, parce qu'il m'arrive de douter de ce que je ressens et de ce que je pense, tellement je m'entends reprocher mon "égocentrisme" quand j'exprime ma vision de la relation idéale, ou mes besoins. C'est tellement fatigant et décevant tout ça... je me demande parfois si autre chose de moins étriqué existe bel et bien, je finis par désespérer.
Répondre
C
Ce qu'on est prêt à admettre et accepter rationnellement ,n'est pas aussi simple à reconnaître sur le plan émotif émotionnel.Car l'être humain est ainsi fait qu'il veut en amour l'exclusivité et cela commence dès l'enfance quand un petit frère ou une petite soeur s'annonce et vient lui ravir sa place de préféré de papa et maman.<br /> <br /> Perso je voudrais être la préférée, l'unique de celui que j'aime... Qui oserait affirmer qu'il ne désire pas cela aussi? <br /> <br /> Mais le désir est une chose, la réalité une autre.
Répondre
E
Merci, Pierre, d'avoir répondu à ma question, je n'étais pas sûre d'avoir clairement compris. Et je comprends que ce n'est pas simple à vivre pour elle surtout qui préférerait l'exclusivité relationnelle. <br /> <br /> Pour ma part c'est acceptable. Par contre, ce que je n'accepterai pas, c'est qu'on m'en parle trop de ce qui se vit dans l'intimité avec une autre. Je n'accepterai pas non plus qu'on exige que je raconte. J'ai déjà subi cette pression avec d'autres. C'était insupportable et je n'ai pas trouvé d'autres solutions que de me retirer pour me protéger.
Répondre
L
Juste un merci à Josiane pour sa pensée qui vient du coeur. Cela me touche beaucoup de la part d'une personne que j'apprécie et que j'ai toujours plaisir à retrouver ici.
Répondre
P
> Josiane, accepter que l'autre ait une perception différente de la notre, là est la plus grande difficulté de l'humain. Nous voyons le monde selon notre propre histoire, notre culture familiale, nos interprétations... et il est difficile de penser que l'autre se situe selon d'autre repères. C'est ainsi qu'on en vient à le juger et à le rejeter...<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a parfois une violence dans les propos qui me révolte. J'essaie d'entendre ce qu'elle cache, pour ne pas répondre de la même façon ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Comme tu dis, une très large majorité des commentaires va heureusement dans le sens du partage d'idées.<br /> <br /> <br /> <br /> > Errance, le "hors d'ici" était à prendre au sens large. Pour le cas particulier des personnes concernées, j'en parle au minimum de ce qui est nécessaire (ne pas abuser la confiance de l'autre). Ma partenaire n'ignore donc pas ce que je pourrais être amené à partager si les circonstances s'y prêtaient. C'est bien ce qui l'inquiète car, ne se sentant pas capable de l'accepter, elle se retirerait certainement.
Répondre
E
"Mais généralement, hors d'ici, je ne parle pas de l'aspect sexuel"<br /> <br /> Je me trompe peut-être mais si je comprends bien, ta partenaire dont il est question dans ton billet ignore totalement l'aspect sexuel que tu peux vivre avec d'autres amitiés?
Répondre
J
Bonjour Pierre. Simplement un petit coucou pour te dire que je suis toujours là, même si en ce moment je ne prends pas le temps de commenter...j'envoie aussi une pensée particulière à Lukéria qui traverse une zone de turbulences au milieu de ces jugements qui sont loin du respect dont elle parle et auquel moi aussi j'aspire tant! Je pense aussi que cette solitude qui, comme à toi, m'a été nécessaire pour me reconstruire en dérange plus d'un parce au contraire à ceux là elle les fait souffrir...mais s'accepter les uns les autres tel que l'on est, avec nos différences de ressentis et de comportements est quand même selon moi une ouverture vers des commentaires plus enrichissants (et heureusement il y en a beaucoup!) qui me donnent toujours envie de continuer à venir ici pour lire ce que tu veux bien nous faire partager sur ce blog et puis je n'oublie pas combien ça m'a apporté de venir m'y confier devant ton regard bienveillant. Et il me semble que le respect et la bienveillance ne font de mal à personne, bien au contraire, à mon avis ils facilitent les échanges. Boone journée!
Répondre
P
> Errance, j'utilise aussi parfois le terme "amitiés intimes", qui a l'avantage de laisser planer une certaine ambiguïté. Mais généralement, hors d'ici, je ne parle pas de l'aspect sexuel. C'est vrai que ça dérange tout ça... et que les jugements fusent vite !<br /> <br /> <br /> <br /> La sexualité reste quelque chose de très codifié pour beaucoup de gens : hormis quand elle est liée au sentiment amoureux, voire au couple, elle est mal acceptée.<br /> <br /> <br /> <br /> > Lukéria, c'est effectivement de la part de femmes que j'ai ressenti le plus d'agressivité face à des écrits de ce type (je ne parle pratiquement jamais de ça oralement). Y compris de la part de femmes qui paraissaient plutôt douces et sensibles, mais dont la virulence et la vulgarité à ces moments-là m'a vraiment surpris.
Répondre
L
C'est curieux toutes ces femmes qui sont dans une grande agressivité (j'ai un très vieil ami qui dit que, parfois, les femmes lui font peur, parce qu'elles peuvent être de vraies furies, c'est vrai...). Je me demande pourquoi elles viennent chercher ici de quoi alimenter leur souffrance, alors qu'elles doivent déjà bien être dans cet état sans ça. Sans doute un besoin de se conforter en pensant que c'est le mâle qui est la source de tous leurs maux. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais je leur souhaite de chercher et de trouver un vrai réconfort ailleurs, avant de pouvoir le trouver en elles. Parce qu'il n'y a qu'ainsi qu'elles seront plus fortes !
Répondre