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Alter et ego (Carnet)
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1 juillet 2012

Gentille hypocrisie

Il y a eu ces derniers jours, dans une bulle de la proche blogosphère, une agitation soudaine autour d'un sujet qui fait régulièrement polémique et soulève la question suivante : peut-on critiquer la gentillesse ? La gentillesse, la nunucherie, la mièvrerie, la naïveté, ont été depuis toujours sujet de railleries de la part de celles et ceux qui se targuent d'avoir une conscience supérieure de la réalité des choses. C'est un phénomène qui nous concerne tous, dans un sens ou dans l'autre : on est souvent le naïf d'un autre. Par ailleurs les motivations de la gentillesse, et son authenticité, peuvent toujours être suspectes.

Au delà de ces deux aspects c'est la question de la confiance en l'autre (et en soi) qui apparaît : la gentillesse, c'est à dire la douceur qui se montre, est-elle toujours sincère ? Je crois qu'il y a autour de ce sujet un rapport à quelque chose de très sensible en chacun de nous, auquel nous répondons de façon contradictoire, soit en cherchant, soit en rejetant cette douceur. Et bizarrement ce rapport à la douceur peut engendrer des réactions assez virulentes, si ce n'est violentes.

A partir de la critique de la gentillesse, qui est aussi une apologie de l'authenticité, me vient donc une question : quelle est l'utilité d'exprimer, ou de taire, nos impressions sur le comportement d'autrui ?

Juger l'autre en son for intérieur est difficilement évitable : ça nous échappe, ça s'impose. C'est là. La différence de l'autre, de ses idées, de ses valeurs, perturbe notre mode de pensée. Dès lors, qu'en faire ? Idéalement il serait fécond de se demander, en soi, en quoi ça nous dérange. Et d'où on se place pour s'autoriser à juger autrui sans connaître ses motivations. Mais c'est un travail d'introspection peu commode et pas forcément agréable car renvoyant à l'image que l'on a de soi, voire à notre légitimité en tant qu'être pensant.

On peut aussi, et c'est certainement une des options les plus enrichissantes, tenter de dialoguer avec l'autre autour de ce qui nous dérange. Aller à la découverte de ses représentations, tenter de comprendre quel est son monde intérieur. Mais ça peut demander du temps, bousculer nos propres représentations, obliger à une remise en question de ce qu'on croyait savoir.

Il est bien plus facile de rejeter la difficulté hors de soi, en pointant seulement sur ce qui nous gêne en l'autre. Ainsi il reste le seul  responsable de notre agacement. C'est lui qui est rejeté... et nous qui sommes confortés. Il a forcément tort, il faut qu'il ait tort, puisque je veux rester sûr d'avoir raison ! Et pour donner plus de solidité à ce confortement il y a parfois la tentation de joindre à soi d'autres juges, qu'on prendra soin de manoeuvrer pour les orienter dans le sens voulu.

C'est là que ça dérape. Quand on se met a s'exprimer en pré-jugeant, c'est à dire en présentant les faits de façon subjective, biaisée, partiale. Quand on extériorise notre problématique interne pour éviter de se confronter à soi.

Tant qu'on ne s'autorise à dire ce qu'on pense [ressent] à l'autre qu'en face à face, le rapport de force pourrait être considéré comme égal (quoique l'ascendant de l'un sur l'autre rende en réalité cette égalité bien théorique), mais pour s'assurer d'emporter la victoire -notre image de soi en dépend- il est souvent choisi des chemins détournés, plus sûrs. Ainsi on ne va pas dire à l'autre en direct ce qu'on pense de lui, mais on va l'exprimer à des tiers, en prenant bien soin de ne donner que notre version des faits. Et même si on dit essayer de "comprendre" l'autre, on en arrivera à se servir de cette mansuétude pour l'accabler encore plus : « je veux bien comprendre que... mais quand même... ». Ces autres que l'on prend à témoin pour qu'ils confirment notre jugement, éclairés par notre seule lanterne, n'auront que leur capacité de discernement pour tenter de relativiser les choses. Il y a donc de fortes chances qu'il se rallient à la version qu'on leur présente. Ainsi on se sent plus fort : les autres pensent comme moi !

Ces petits tribunaux autoproclamés sont notre quotidien, dans des conciliabules de bureau, des conversations entre amis ou... sur nos blogs. Avec plus ou moins de finesse, ils critiquent autant les collègues qui nous déplaisent, nos supérieurs hiérarchiques, des membres de notre famille, que ceux qui nous gouvernent, voire les étrangers. Autrement dit : le différent de soi. Ou le trop proche de soi dont on voudrait se différencier...

Reconnaissons-le : beaucoup d'entre-nous sont assez critiquables sur ce plan, malgré de grandes envolées contre toute forme d'exclusion. Rares sont ceux qui s'abstiennent d'exprimer leurs jugements et s'en servent comme d'un miroir pour en comprendre l'origine. Parce que ce regard sur soi est difficile, peut-être même douloureux : je ne suis pas tel que j'aimerais être. Et ce que je rejette chez l'autre est peut-être ce que, secrètement, sans même le savoir, j'aimerais avoir en moi... ou rejette en moi.

Alors je peux me demander, pour en revenir à la question qui a suscité ce billet : quel est mon rapport à la gentillesse ? Qu'est-ce qui fait que, en particulier dans l'instructive réalité exacerbée du monde des blogs, certaines formes de "gentillesse" et de douceur sirupeuse m'agacent... alors que ma propre "gentillesse" a pu en agacer d'autres pour des raisons semblables ?

Je n'apporterai pas la réponse aujourd'hui, mais j'ai bien l'impression que la crainte de l'hypocrisie en est une des clés...

Elle renvoie à une question peut-être encore plus dérangeante pour soi : qu'en est-il de mon authenticité ?

 

 

IMGP3782

Un pont entre deux rives
(environs de Faraya, Liban)


Commentaires
P
> Lukéria, à la gentillesse je dirais que je préfère l'ouverture (ce qui englobe bien sûr la tolérance). Disons que l'ouverture, la curiosité envers le différent de soi, rend la gentillesse sans objet : le simple fait de s'intéresser *vraiment* à l'autre le fait exister en tant qu'individu singulier. Ainsi il se sent reconnu. Point n'est besoin de lui dispenser des douceurs superficielles « pour lui faire plaisir ». Ça sonnerait creux...<br /> <br /> <br /> <br /> Je crois, à force de tourner autour de ce sujet, que c'est cette gentillesse de façade qui dérange. Comme s'il y avait tromperie. Comme s'il ne fallait pas tricher avec ces choses-là.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne sais pas si tu es "gentille", Lukéria, mais je ressens que tu es ouverte, curieuse, réceptive, sincère, et que tu donnes de toi (de ton expérience, tes ressentis, tes impressions) quand tu interviens ici. En fait tu me parles davantage de toi que de moi, tout en restant dans la tonalité de ce que j'aborde, et j'apprécie beaucoup cela :)
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P
> "L'une", je ne sais pas sous quel pseudo tu écrivais auparavant et je ne t'identifie donc pas avec certitude. Peu importe, ça ne change pas grand chose à ton propos :)<br /> <br /> <br /> <br /> Tu dis « mon tort est sans doute de ne pas me soucier assez de comment l'autre va recevoir cela. ». Le mien serait de trop m'en soucier, ce qui peut causer d'autres problèmes. Car comment être "franc et sans détours", autrement dit "authentique", quand on a en même temps le souci de l'autre ? C'est pourquoi j'ai une certaine fascination pour les personnes qui savent dire ce qu'elles pensent tout en réussissant le tour de force de ne pas disqualifier l'autre en même temps. J'ai rarement rencontré de telles personnes, mais j'en garde précieusement le souvenir. Elles m'ont beaucoup appris sur le rapport entre les êtres et indiqué ainsi une voie qui m'intéresse et que j'essaie de suivre.<br /> <br /> <br /> <br /> Tu dis aussi que tu avais « décidé d'assumer une partie de [ton] humanité pas très gentille ». Je ne sais pas ce que tu entends par « assumer » cette part de soi, qu'effectivement nous avons tous en nous, mais je crois comprendre que cela t'a permis de ne pas entrer dans un phénomène de culpabilité excessive (acceptée ou refusée) a posteriori.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci de me dire ton plaisir à me lire :)<br /> <br /> <br /> <br /> > Cloé, je ne me hasarderai pas à tenter de cerner les motivations refoulées de personnes "trop gentilles", mais je reconnais être dérangé par l'excès quand il a une odeur d'insincérité. Je ne sais pas pourquoi, mais je crois qu'on "sent" la fausse gentillesse, ou celle qui n'est qu'un vernis social. Je me fie à mon intuition et reste alors prudent avec ces personnes. Plus d'une fois j'ai constaté ultérieurement que l'intuition était fiable.<br /> <br /> <br /> <br /> Tu dis que « dans le monde des blogs la franchise est à manier avec prudence ». Effectivement, puisque la franchise consiste à dire ce qu'on pense d'une personne les yeux dans les yeux... c'est matériellement impossible à distance. Je partage entièrement ton observation sur l'importance de la présence réelle et la perception sensorielle. Alors opter pour la bienveillance par principe je suis d'accord... mais sans nécessairement verser dans la "gentillesse" de façade (n'oublions jamais que tout ce qui s'échange sur les blogs l'est devant témoins-spectateurs), dont on se demande à qui elle fait le plus de bien et jusqu'à quel point elle est désintéressée...<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne soirée à toi aussi :)
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L
Par rapport à ce billet, je me suis posé la question : suis-je une femme gentille ? Eh bien, je répondrais plutôt que je suis une femme tolérante, c'est-à-dire qui respecte l'autre, sa façon d'être et de vivre, c'est assez différent. <br /> <br /> <br /> <br /> Quand je commente ici, je ne fais pas preuve de gentillesse. J'essaie déjà de parler plutôt de moi par rapport au sujet qui a été abordé. Mais je m'intéresse aussi à ce que l'autre exprime qui me permet d'avoir une vision parfois très éloignée de la mienne, ce qui est particulièrement intéressant et enrichissant. Nous avons tous à apprendre les uns des autres et de ce qui nous anime.
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C
Les personnes "trop" gentilles, sont souvent des personnes qui refoulent une méchanceté qu'elles ne peuvent assumer, elles n'ont pas intégré leur part d'ombre. Leur gentillesse est une protection, un barrage qui quelques fois, craquent et alors lorsque la bonde de la médisance est lâchée, plus rien ne l'arrête. <br /> <br /> <br /> <br /> Le blog gentil est le blog qui ne permet aucune faille vers d'autres façons de penser... sous couvert de gentillesse et de mamours de toutes sortes, il n'y a en fait, aucune place pour l'autre. Le blog gentil est un blog citadelle, un blog refuge. Il est reconnaissable entre mille. <br /> <br /> Il est impossible de dire : je n'aime pas ce que tu aimes, ou bien, je ne suis pas d'accord avec ce que tu écris, sans blesser gravement son auteur = manque de distance, de discernement et de confiance en soi.<br /> <br /> <br /> <br /> En tout cas, dans le monde des blogs, La franchise est à manier avec prudence, .. on ne se connait jamais vraiment dans la vie, mais ici c'est encore pire. Un visage humain dit tellement de chose, et l'intuition est un outil précieux, qui est très peu efficace sans la présence réelle de l'autre. dans la vie courante, on "sait" souvent d'instinct ce qu'on peut dire, à qui, et à quel moment.<br /> <br /> Ici,ce n'est pas le cas, donc : Prudence. Il vaut toujours mieux privilégier la bienveillance quand on ne sait pas. La cordialité, quand on ne connait pas, la politesse, qui établi la distance indispensable à toute relation...<br /> <br /> <br /> <br /> bonne soirée.
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L
Clap Clap Clap (sincère ;) Excellent billet,qui comme souvent pour moi a mis de façon claire et didactique des connaissances et des convictions, des pensées et des introspections présentes en fouillis dans mon petit moi :)<br /> <br /> Bref, ce que je veux dire prétentieusement avec sans doute une justification implicite, c'est que "je sais tout ça"<br /> <br /> ...<br /> <br /> <br /> <br /> Ce passage m'a le plus parlé :"Juger l'autre en son for intérieur est difficilement évitable : ça nous échappe, ça s'impose. C'est là. La différence de l'autre, de ses idées, de ses valeurs, perturbe notre mode de pensée. Dès lors, qu'en faire ? Idéalement il serait fécond de se demander, en soi, en quoi ça nous dérange. Et d'où on se place pour s'autoriser à juger autrui sans connaître ses motivations. Mais c'est un travail d'introspection peu commode et pas forcément agréable car renvoyant à l'image que l'on a de soi, voire à notre légitimité en tant qu'être pensant.<br /> <br /> <br /> <br /> On peut aussi, et c'est certainement une des options les plus enrichissantes, tenter de dialoguer avec l'autre autour de ce qui nous dérange. Aller à la découverte de ses représentations, tenter de comprendre quel est son monde intérieur. Mais ça peut demander du temps, bousculer nos propres représentations, obliger à une remise en question de ce qu'on croyait savoir.<br /> <br /> <br /> <br /> Il est bien plus facile de rejeter la difficulté hors de soi, en pointant seulement sur ce qui nous gêne en l'autre. Ainsi il reste le seul responsable de notre agacement. C'est lui qui est rejeté... et nous qui sommes confortés. Il a forcément tort, il faut qu'il ait tort, puisque je veux rester sûr d'avoir raison ! Et pour donner plus de solidité à ce confortement il y a parfois la tentation de joindre à soi d'autres juges, qu'on prendra soin de manoeuvrer pour les orienter dans le sens voulu.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est là que ça dérape. Quand on se met a s'exprimer en pré-jugeant, c'est à dire en présentant les faits de façon subjective, biaisée, partiale. Quand on extériorise notre problématique interne pour éviter de se confronter à soi."<br /> <br /> <br /> <br /> Je fis régulièrement ce "travail introspection peu commode" et je tente systématiquement et de façon insistante parfois, ce dialogue avec l'autre pour parler de ce qui me dérange. :)<br /> <br /> <br /> <br /> J'aime avoir raison ou croire que j'ai raison. (mais je sais aussi accepter d'avoir tort, quoi qu'il en soit je me remets en questions dans l'intimité de mon moi et je sais quand c'est une évidence, accorder à l'autre "sa raison" même si elle me dérange dans mon ego) sans doute cela me rassure t-il ou flatte mon mauvais narcissisme, console mon ego en manque de reconnaissance (d'avoir raison)<br /> <br /> <br /> <br /> Et quand on me dit "tu as raison" passée la minute où je suis toute émoustillée au niveau du nombril, je ressens un sentiment de plénitude qui n'a rien à voir avec mon ego- et dont le fait "avoir raison" est bien pâlichon- mais qui serait plutôt de l'ordre d'une satisfaction douce d'avoir pu aider quelqu'un à y voir clair, cela malgré mon emphase parfois pitt bullienne.<br /> <br /> Bref.<br /> <br /> <br /> <br /> Quand à juger sans connaitre la personne, les motivations, le contexte... s'il m'est arrivé de le faire cela remonte à mes années collèges :D J'essaie de ne pas me laisser aller à ce vilain penchant qui ternirait l'estime que j'ai de moi-même.<br /> <br /> Non, je "juge" quand je suis allée au bout de cette introspection peu commode, quand j'ai tenté le dialogue. Sans doute que mon introspection et mon dialogue sont imparfaits. Mais oui j'en viens à juger, à me positionner, à critiquer plutôt que de tourner le dos et lâcher l'affaire ce qui serait moins énergivore... en apparence, car il m'est nécessaire de dire ce que je pense, de faire sortir certaines choses, d'évacuer des émotions et des sentiments, des colères. je le fais aussi avec les "belles" choses, mon tort est sans doute de ne pas me soucier assez de comment l'autre va recevoir cela. :)<br /> <br /> <br /> <br /> Ton propos, Pierre, ton billet bien que faisant admirablement le tour de la question, reste "généraliste" -comme tu aimes et comme c'est souvent utile- même s'il affiche ouvertement des allusions aux récents tsunami qui a noyé une blogosphère que nous connaissons pour la fréquenter depuis fort longtemps ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Dans ces allusions, je viens prendre ma part :) et répondre que je n'ai ni préjugé,ni cherché à m'attirer des supporter (parce que du coup c'est vraiment raté)tout u plus ais-je vaguement essayé de me "défendre" ou tout du moins de m'expliquer sur mes motivations justement... et encore que sincèrement, ça m'a fait rire. Non j'ai parfaitement bien vécu tout ça et me suis humainement (oui le terme peut choquer) délectée du dérapage, du lynchage des "méchantes" par les alliés "de la victime" (qui pour le coup ont bien et humainement préjugé!) oui ce fut (comme tu l'as souligné) passionnant et extrêmement instructif, une véritable expérience sociologique in situ!<br /> <br /> <br /> <br /> Et j'étais bien sans doute parce que j'avais au préalable fait mon introspection, mon dialogue (sur plusieurs années) et décidé d'assumer une partie de mon humanité pas très gentille ;)<br /> <br /> <br /> <br /> C'est toujours un plaisir de te lire Pierre, ici ou ailleurs :) <br /> <br /> Bien sincèrement.<br /> <br /> <br /> <br /> L'une (mon nouveau pseudo mais la fille reste la même ;)
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P
Tu peux être comme tu le sens, Chantorelle :)<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne crois pas que ce soit la "gentillesse" en soi qui puisse déranger, mais le fait de l'exposer. Autrement dit ce ne serait pas celui ou celle qui la reçoit que ça dérangerait, mais ceux qui en sont témoins...<br /> <br /> <br /> <br /> Comme si c'était une affaire intime, qui ne se montre pas.
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C
Hélas!...<br /> <br /> <br /> <br /> Ça veut dire que je ne peux plus être "douce/gentille" ici;-?<br /> <br /> Car vraiment..<br /> <br /> Je ne saurais pas comment me comporter autrement avec toi, cher diariste! <br /> <br /> <br /> <br /> ;-o
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P
Koryganne, malheur de malheur, si tu écris des commentaires aussi longs il va me falloir le double pour y répondre ! ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Non, j'aime beaucoup ce que tu soulèves ici. Et j'aime encore plus que tu t'exprimes avec franchise. Oui, ça a vraiment du bon la franchise !<br /> <br /> <br /> <br /> Ah le consensus ! Le fameux "consensus mou" qui agace tant de gens. Comme si chercher l'entente et le compromis par le dialogue avait quelque chose de stupide. Comme s'il fallait en rester aux antagonismes bien tranchés... Moi je crois qu'il faut des deux : du conflit et du consensus. Le premier parce que ça bouscule, le second parce que ça reconstruit autrement. La combinaison des deux permettant d'avancer. Il faut croire que, par nature, je suis plutôt porté vers la recherche de solutions, de préférence trouvées "ensemble".<br /> <br /> <br /> <br /> Comme tu le dis il y a des personnes qui n'aiment pas "se prendre la tête" et qui n'aiment pas que d'autres le fassent. Régulièrement j'ai droit à cette remarque ici, plus ou moins aimablement formulée par des gens qui n'interviennent d'ailleurs que pour ça. Je laisse dire... <br /> <br /> Ce qui est sûr c'est que ça pose d'emblée des limites sévères au dialogue et fait avorter immédiatement les possibilités de rencontre de points de vue : pour moi une relation est dialogue, écoute, échange, agitation neuronale quoi. Mouvement intérieur. Et ça ne se fait pas avec une réflexion atone.<br /> <br /> <br /> <br /> Bon, venons-en au fait : la gentillesse.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est vrai, il semble qu'on me dise moins que je me prends la tête pour rien. Peut-être parce que j'ai régulièrement râlé contre ces censeurs de la réflexion introspective ? Peut être parce que je parais trop chiant et que ne me lisent plus que celles et ceux qui apprécient, pour diverses raisons, mes cogitations ? Peut-être aussi parce que j'ai progressivement appris à ne pas attacher trop d'importance à ça...<br /> <br /> <br /> <br /> Oui, la plupart des gens qui viennent ici sont "bienveillants". Mais ça n'empêche pas qu'il puisse y avoir des désaccords (je dirais même que, d'une certaine façon, je les apprécie... et même que je les cherche). Cette possibilité de contradiction (du moment qu'elle n'est pas jugeante) permet, il me semble, que la bienveillance ne se cantonne pas à du cirage de pompes et aux dégoulinades sirupeuses d'une admiration douteuse (oups, j'y vais un peu fort là...). J'avoue que j'ai quelques difficultés à supporter l'excès de "gentillesse" et tous les mamours et bisouilles dont certains sites se sont fait la spécialité. L'équilibre est donc délicat à trouver : de la gentillesse mais aussi de la franchise. <br /> <br /> Qu'est-ce qui fait que toi tu ne trouves pas sur ton blog une forme de bienveillance qui te conviendrait ? Je ne saurai répondre...<br /> <br /> Peut-être un peu trop de connivences, qui donnent une impression de blog "pour initiés" ? C'est en tout cas ce qui peut me retenir de commenter, chez toi ou ailleurs. C'est aussi pour ça qu'ici j'évite les échanges un peu privés, qui ne seraient pas euh... *d'intérêt général* (formulation quelque peu excessive, je l'admets...).<br /> <br /> <br /> <br /> Tu parles aussi du phénomène de projection. Il est particulièrement visible par écrit et c'est en l'observant dans les échanges par mails ou par blogs interposés que j'ai pris conscience de l'ampleur de ce mode de perception complètement déformé. Il est redoutable et a conduit à bien des malentendus, des disputes, des brouilles. Je suis devenu de plus en plus méfiant avec les échanges "virtuels", même avec les personnes rencontrées en vrai. On peut complètement bousiller des relations en se fiant à des échanges privées de présence sensorielle. Dès que quelque chose se complique, qu'une situation se tend, mieux vaut s'abstenir de rester dans le virtuel. C'est potentiellement catastrophique. Mais bon, tant que tu fais des projections dans ton coin ça ne me pose pas de problème ;)<br /> <br /> <br /> <br /> En fait c'est ça l'intérêt des blogs, à mes yeux : en lisant d'autres que moi et en observant comment cela me fait réagir, c'est en moi que le "lis". Mes réactions m'apprennent beaucoup sur moi. Tandis que si je réagis en projetant sur l'autre mes névroses... ben je ne bénéficie pas de cet enseignement.<br /> <br /> <br /> <br /> Tu dis me renvoyer la balle que tu te prends dans la tronche, alors qu'on ferait « exactement la même chose ». Exactement ? Tu en es sûre ? ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Oui Anne/Koryganne, on se connaît "en vrai". Certes... mais jusqu'à quel point se connaît-on (soi-même et l'autre) ? Et puis on change, on évolue...<br /> <br /> Mais sur le fond tu as raison, bien sûr : dans la "vraie vie" nous sommes sensiblement différents de ce que nous disons être. Tout simplement parce que la présence de l'autre nous fait être différent, mais aussi parce qu'entre les idées et les actes nous différons. Là encore lire quelqu'un se dire est fort intéressant sur ce point. Et il m'arrive de sourire, parfois un peu jaune, en voyant comment se présente telle ou telle personne que j'ai côtoyé. Il en va forcément de même pour moi, évidemment. Difficile, et illusoire, de chercher à être vraiment "authentique". Nos écrits restent des représentations... donc à prendre avec un certain recul. La sincérité est multiforme, nous sommes d'accord. Tout comme la "vérité" et la "réalité". C'est fascinant, d'ailleurs, de se dire que l'unicité nous échappera toujours :)<br /> <br /> <br /> <br /> Bah... à quoi bon se prendre la tête avec tout ça, hein ? Hé hé...<br /> <br /> <br /> <br /> Et pour ce qui est de ton appréciation de mes photos, de la part de ton oeil exercé, je ne peux que l'accepter pleinement. Je t'en remercie.<br /> <br /> <br /> <br /> Je le prends comme un compliment sincère :)<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> > Léon :) Ta présence ici me fait plaisir. Vraiment. Sincèrement :)<br /> <br /> Et un grand merci pour ce que tu dis de "nous" (je me joins à toi pour féliciter Anne) et de notre démarche introspective, qui n'a pas toujours été facile, qui est devenue plus prudente et mesurée au fil du temps.<br /> <br /> J'aime lire que tu perçois un cheminement depuis ces années (5 ans ?). Pour ma part il est incontestable, même si les écrits et les sujets abordés peuvent paraître redondants et stagnants.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour tes pensées et ta sympathie :)
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L
j'apprécie ces beaux développements sur la critique de l'autre ! je profite d'ailleurs pour vous dire, à toi Pierre et à toi Anne puisque tu fais le contrepoint illustratif avec ta belle sincérité nue, combien je trouve remarquable le chemin que vous avez parcouru depuis ces années (combien depuis que nous nous croisons ? 5? 6? 7? !!) l'un et l'autre et qui transparait dans votre écriture. Je vous lis toujours l'un et l'autre sur vos blogs ou sur vos interventions dans d'autres blogs et pense à vous.
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K
Et avec tout ça, j’ai oublié de te dire que tes photos sont belles (comme d’hab) et que j’aime beaucoup celle-ci ! :-)<br /> <br /> (Alors gentillesse hypocrite ou sincérité dégoulinante ? ;-) )
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