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Alter et ego (Carnet)
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13 juillet 2012

Infiniment vivant

Il y a quelques semaines, alors que je venais d'entendre je ne sais quelle histoire où apparaissaient les banales et pathétiques dérives du sentiment amoureux, je me suis entendu, étonné, grogner à haute voix « j'aime pas l'amour ! ». J'étais seul chez moi, fort heureusement, ce qui m'a dispensé de devoir donner des explications...

Il y a deux jours, alors que je venais d'apprendre qu'un des fils d'une cousine était atteint d'un cancer, l'idée de la mort s'est évidemment invitée dans mon esprit. Un peu surpris de mon acceptation immédiate de cet état de fait, j'ai songé à ce que m'évoque la fatale perspective de nos destins sans issue. Et alors que je pensais « je n'ai pas peur de mourir », m'est venue cette phrase qui m'a intrigué : « de toutes façons,  je suis déjà mort ».

J'accorde une certaine importance à ces péremptoires sentences qui, je le sens, sont liées. Jaillies inopinément dans mon esprit, elles m'indiquent quelque chose de moi dont je n'avais pas pleinement conscience.

En ce qui concerne l'amour... finalement je ne suis pas vraiment surpris : j'en suis revenu. Comme on revient transformé d'un voyage en pays rêvé, éclairé par sa réalité crue. Je pourrais dire que je ne crois plus à mes rêves... après y avoir laissé une naïve espérance. En fait ce n'est pas l'amour que je n'aime pas, mais les illusions amoureuses et les angoisses qu'elles trahissent. Je crois que c'est plutôt sain et je me réjouis chaque jour de cette lucidité.

D'un autre côté le renoncement à une certaine forme d'espérance a tué quelque chose en moi. Et c'est en cela que la seconde sentence découle de la première : je suis déjà mort. C'est comme si quelque chose de profond était mort en moi... tout en ayant permis à une nouvelle conscience de naître. Et ce passage symbolique à travers la mort, véritable renaissance, m'aurait, en quelque sorte, prémuni contre l'angoisse mortifère de la fin de toute chose. Je sais désormais que la fin n'est pas la mort, mais un renouveau. Il me semble que cette lucidité me permet de vivre dans la conscience accrue du présent, sans trop me projeter vers les incertitudes de l'avenir. Je ne m'en sens que plus léger, plus apaisé... et finalement plus vivant.

Infiniment vivant.

 


IMGP3945

Nécropole de Tyr (Liban)

 

Commentaires
P
> Laurence, aimer et se sentir aimé donne bien davantage, il me semble, que la simple envie de "rester" en vie. Moi ça m'a donné une étonnante envie de vivre, de "manger la vie", de vivre doublement !<br /> <br /> <br /> <br /> En découle une sorte de "mort" quand cette énergie vitale est brusquement coupée.<br /> <br /> <br /> <br /> J'aime bien ce que tu écris : « Je veux être vivante pour ceux que j'ai aimé et que j'aime ».
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P
> C'est tout à fait ça Lukéria : l'anxiété. Celle qui s'insinue par crainte de perdre... ce qui nous donne des ailes. Par crainte de voir s'éloigner cet "état amoureux" qui, on le sait pourtant, n'est que temporaire. D'où toutes ces relations abandonnées dès qu'elles sont considérées comme en perte d'intensité. Pour la quête éternelle d'un "tout" qui jamais ne dure.<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a effectivement le chemin de la transformation vers un amour différent, dont tu témoignes. Il est donc accessible, et c'est réjouissant pour moi d'en avoir confirmation :) <br /> <br /> Mais quand il ne peut se tracer "ensemble", il reste la possibilité de le faire "seul". Il n'y a alors pas cette « joie infinie » dont tu parles, qui tient du fait même de cette transformation conjointe, signe concret d'amour réciproque, mais la satisfaction personnelle d'y parvenir malgré tout. Et c'est quand même réjouissant :)<br /> <br /> <br /> <br /> Merci<br /> <br /> <br /> <br /> > Cloudy, je te sens réjouie :)
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L
c'est au moment ou l'on perd un être cher...très cher que je me rend(s) compte qu'être aimer donne l'envie de rester en vie.<br /> <br /> <br /> <br /> Mourir c'est perdre ses illusions, ses rêves, son demain et son présent.<br /> <br /> <br /> <br /> Je veux être vivante pour ceux que j'ai aimé et que j'aime.<br /> <br /> <br /> <br /> Je veux être vivante parce que demain est un autre jour, un ciel bleu, un rayon de soleil, un <br /> <br /> sourire tout simplement.<br /> <br /> <br /> <br /> jolie nuit pleines de rêves
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C
Yeah !<br /> <br /> ;)
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L
Je crois que ça se complique, parce qu'on n'est pas prêts pour passer de l'état amoureux, qui nous donne des ailes, mais comporte toujours une part d'anxiété pour finir souvent par la désillusion et la souffrance, à l'amour. Mais bien sûr, il faut être deux à être capables de vivre cette transition. <br /> <br /> <br /> <br /> Quand l'état amoureux se termine, car il a toujours une fin, ne serait-ce que du fait que l'on ne se connaît pas bien (soi-même et l'autre) et qu'il comporte beaucoup d'attentes et d'illusions, on peut devenir amis, se haïr, passer sa vie à le regretter, chercher à le retrouver ailleurs avec d'autres personnes durant toute sa vie. Et finir toujours par revivre souffrances et désillusions...<br /> <br /> <br /> <br /> Mais si l'on parvient à opérer cette transformation vers l'amour conscient qui nécessite d'être tous les deux sur cette voie, on peut alors vivre des moments beaucoup plus intenses que dans l'état amoureux. Et surtout libérés de tout ce qui pouvait nous faire souffrir.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai vécu l'état amoureux, je vis aujourd'hui dans l'amour et je dirais que je me retrouve souvent comme dans cet état amoureux, mais libérée, transportée dans une joie infinie lors de ces partages d'amour avec l'autre.<br /> <br /> <br /> <br /> Chacun suit son chemin vers plus d'épanouissement et de sérénité, je pense que la sérénité est vraiment essentielle, alors je comprends le tien.
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P
D'accord avec toi, Calamity : le potentiel émotionnel reste intact, fort heureusement. Et avoir perdu quelques illusions, aussi importantes qu'elles aient pu être, n'empêche en rien d'autres émotions de surgir. C'est en cela que la vie demeure...<br /> <br /> <br /> <br /> Ce qui peut changer c'est le désir de retrouver certaines émotions, ou du moins dans l'intensité qu'on leur a connu. Personnellement je n'ai aucune envie (pour le moment ?) de retrouver l'exaltation des débuts amoureux. Peut-être parce que je n'ai pas fait totalement le deuil de mes illusions ruinées et que je ne souhaite pas m'approcher des vestiges de ce qui m'avait paru porteur d'avenir. Ne surtout plus m'y projeter. Et si je suis d'accord avec toi sur la notion de *plénitude* à deux, en revanche je ne le suis pas pour celle de *sérénité* : c'est en me sentant libre, c'est à dire "seul", que je l'atteins.
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C
Les émotions ne sont jamais vraiment mortes, elles ne demandent qu'à renaître d'une manière ou d'une autre. Différentes peut être en fonction de la nouvelle personne rencontrée, mais proche tout de même de l'état initial, en tout cas, dans les sentiments amoureux. Les facettes sont nombreuses et s'enrichissent à chaque rencontre.<br /> <br /> On fait le deuil de certaines espérances, car la réalité nous ramène sur terre parfois brutalement, mais au fond on ne demande qu'à retrouver une certaine plénitude ou sérénité, à deux si possible non? et puis c est si doux et si exaltant d'être amoureux au départ, c'est après que ça se complique quelques fois ;)<br /> <br /> Au fait, le Liban fait très envie, c'est très beau malgré les années de guerre, tu vois, rares sont les extinctions complètes ;) et encore heureux j'ai envie de dire!
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P
> Charlotte, c'est exactement ça :)<br /> <br /> <br /> <br /> > Chantorelle, j'aime beaucoup les paradoxes. Ils mettent en évidence l'incertitude de bien des situations...<br /> <br /> <br /> <br /> > Cédric :)<br /> <br /> <br /> <br /> > Esterina... c'est une des voies de la sagesse.<br /> <br /> <br /> <br /> > Calamity, il se peut que je me trompe, en effet, mais je le ressens ainsi actuellement :)<br /> <br /> J'ai un peu réfléchi depuis ce billet et je me suis rendu compte que, comme dans toute perte, un processus de deuil se met en place. C'est le temps nécessaire pour accepter que ce qui était ne reviendra pas. Dans le cas d'une perte d'illusions, qui est aussi une découverte d'autre chose, je ne crois pas que le retour en arrière soit possible. Cela dit je n'ai pas de certitudes et il n'est pas exclu que je naisse de nouveau dans une dimension du rapport à l'autre qui m'est encore inconnue :)<br /> <br /> <br /> <br /> > Lukéria, l'amour est un des piliers sur lequel mon existence s'appuie et je ne le renie donc pas. Mais je le distingue de l'état amoureux dépendant, qui est celui dont je suis "revenu"...<br /> <br /> Je crois en effet que nous nous rejoignons dans cette "mort" d'une certaine vision de l'amour. Pour ma part je sens bien que je suis encore dans une phase de très grande prudence, pour ne pas dire de méfiance. Et si je me sens vivant c'est évidemment hors de ce registre-là...
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T
C'est un beau parcours que le tien, et un beau texte qui nous le conte...
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L
J'aime l'amour parce que je le sens en moi et ne pas aimer l'amour, ce serait me renier, renier une part essentielle de ce que je suis. Mais où je te rejoins, c'est que j'ai dû mourir à une certaine vision de l'amour qui était trop dans l'attente de ce que l'autre "devait" m'apporter. La grande révélation a été de comprendre que c'était en moi que devait se faire une importante(r)évolution.<br /> <br /> <br /> <br /> Et c'est alors, que quelque chose, que je n'attendais plus, s'est ouvert aussi chez l'autre qui dépassait toutes les espérances que j'avais pu avoir d'une relation amoureuse en harmonie et en amour, dans la pleine conscience de tout ce qui différencie l'autre de moi, de ce qui lui est nécessaire pour pleinement s'épanouir avec et en dehors de moi et aussi de ce qu'est réellement l'amour.<br /> <br /> <br /> <br /> Je crois qu'avant de mourir, je ne me sentais pas vivante. Alors, ça me touche beaucoup lorsque tu dis que tu te sens infiniment vivant.
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