Il m'arrive souvent de m'installer devant la "page blanche" (vierge) de ce blog et de rester longuement sans écrire. Il y a une envie d'expression, sans savoir vers quoi elle va s'orienter. C'est un temps de réflexion qui me met face à moi-même : qu'ai-je envie d'écrire aujourd'hui ? Ou plutôt : sous quel angle vais-je chercher à "partager" (échanger, interagir) avec le lectorat ? Qu'ai-je envie de montrer de moi aujourd'hui, et pour induire quelle orientation dans les éventuelles réactions ?
Il ne s'agit plus du tout d'un besoin d'écrire, mais d'une envie d'interaction. J'écris pour obtenir quelque chose de vous. Autant dire que j'y ai beaucoup perdu en termes de spontanéité et d'intimisme...
En apparence je suis donc loin de l'écriture libératrice de mes débuts. En apparence seulement. Parce que l'observation de mes envies et des freins qui les contrarient peut, dans le silence de la retenue, m'en apprendre beaucoup sur moi-même. Mon écriture est devenue moins directement libératrice... mais elle contribue à m'éclairer sur ce qui m'empêche de me sentir libre.
Deux éléments me limitent : la peur du changement et celle... du regard des autres.
Vous, lecteurs, représentez "les autres". Du moins en partie.
En me mettant en situation d'écrire devant mon clavier je médite introspectivement sur ce que je vais dévoiler de moi devant "les autres". Quelles confidences vais-je exhiber ? Quelle sensibilité vais-je stimuler ? Quelle fragilité vais-je exposer ? A quelle limite interieure vais-je m'attaquer ? Ce matin, par exemple, je tergiversais entre plusieurs sujets qui m'étaient venus en tête ces derniers jours ou depuis mon réveil. J'aurais pu vous parler :
- des états d'âme du recruteur que mes fonctions me conduisent à être, hésitant entre des critères de choix souvent opposés à court terme : sociaux ou économiques ?
- des sensations d'un contemplatif devant le spectacle de l'apothéose automnale qui se prépare [en ajoutant quelques jolies photos]
- du lieu d'où j'aurais pu vous écrire ce matin si, comme l'an dernier, j'avais renouvelé mon escapade vers les grands espaces et les flamboyantes forêts québecoises...
- de mon ancien métier, à l'occasion d'un rassemblement d'ex-confrères dans la région, lorsque la volonté d'indépendance me privait au final de liberté, faute d'argent.
- de mon approche des rencontres féminines, et en quoi la possibilité d'une sexualité partagée me permet d'accéder à la part intime qui m'intéresse.
- du choix du mutisme plutôt que la sincérité lorsque mes mots pourraient blesser des sensibilités qui me dépassent, avec en arrière plan la question de la franchise et de l'authenticité
- de mes cogitations autour de la liberté d'être soi dans un milieu [ce blog et ses à-côtés] qui, par le mécanisme du conformisme, pourrait tendre à réduire mon expression à la synthèse des attentes ce ceux qui le composent [voir à ce sujet le fil des échanges du billet précédent]
J'en cite sept, mais l'éclectisme des sujets possibles me laisse déjà face à un choix conséquent. Dans pareil cas, celui que je choisirais finalement de développer dépendra largement de ce que j'ai envie de montrer de moi à un instant donné. De ce sur quoi je pourrais "travailler" grâce à vos éventuels avis et témoignages.
Pour ce soir j'en resterai à cette énonciation, sans approfondir plus loin :)
Premiers éclats
Je ne cause pas beaucoup, je n'ai jamais été très bavarde. Mais je te lis toujours assidûment. Je fais peut-être partie des « curieux » dont tu parles sur ton billet précédent, finalement... :-)
Je te souhaite un bon dimanche, Pierre.