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Alter et ego (Carnet)
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16 février 2013

Sublimer le manque

« Attendre que le flot [du manque] arrive, l'envahisse, la submerge, et puis décroisse jusqu'à s'en aller pour un temps ». La métaphore, écrite par Célestine, m'a touché par sa justesse. Car c'est exactement ainsi que je me suis vu submergé par la déferlante d'un manque et ses vagues successives. Longtemps je n'ai pas su faire autre chose que me laisser malmener, entre vaine résistance et engloutissement. L'alternance des creux et des périodes de répit avait la fatalité de l'inéluctable. Jusqu'à ce que je parvienne à me laisser porter par les fluctuations de cette marée, suivre ses ondulations en flottant comme un bouchon. Jusqu'à ce que ça passe. Avec le temps les retours de vagues se sont espacées, leur intensité à décru, et le calme est revenu.


Non, on ne lutte pas contre le manque : on l'apprivoise. On finit par l'accepter comme un compagnon de route qui, de temps en temps, vient encore nous mordiller après qu'on ait cru être tout entier dévoré par lui. Le manque a la particularité de ne mordre que ceux qui ont cru que l'éternité d'un lien leur était acquise.

Non, rien n'est jamais acquis...

Je crois que le jour on a enfin compris et admis cela, on ne se lie plus de la même façon. On intègre le manque comme indissociable du lien. En acceptant la finitude du lien on fait du manque un allié : il exprimera l'importance de ce qui a été vécu avec l'absent. En ayant admis que seul le présent compte, le lien se vit désormais sans crainte de la perte. C'est ainsi qu'avec le temps le manque lui-même devient compagnon. Le manque ressenti comme une douceur, non comme une douleur. Une douce douleur...

La sublimation du manque, en quelque sorte.

Puisque le manque est là... autant en tirer quelque chose de bon :)

 

IMGP5374

Ma traditionnelle photo d'Hamamellis, indiquant l'approche du printemps...

 

 

Commentaires
K
Bonjour Pierre.<br /> <br /> Difficile de clôturer un sujet sensible. On peut toujours épiloguer sans fin et mettre à jour le pourquoi du comment. Il est vrai que cette expérience de vie doit(?) servir de tremplin à une redéfinition de soi même et des autres ou plutôt notre rapport à autrui. Alors il est peut être temps pour moi de passer à autre chose, même si c'est brutal, même si la nostalgie de doux moments possède des relents envahissants et saisissants. Après tout, qui oblige qui à adhérer à l'autre???? La liberté a un prix. <br /> <br /> Belle journée.<br /> <br /> Karine
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C
Bonsoir Karine.<br /> <br /> En effet, chacun est unique est irremplaçable, contrairement à cette idée stupide promptement assénée : un(e) de perdu(e), dix de retrouvé(e)s. Cela dit, quand cet "irremplaçable" n'est plus là, il faut bien faire avec ce manque... Dès lors *les autres*, de préférence dans leur diversité et leur multiplicité, peuvent combler une partie du manque et le rendre ainsi moins creux. Quant à la vivacité du sentiment, elle n'a plus qu'à être sublimée, transformée, transmutée, puisqu'elle ne trouve pas son réceptacle. C'est comme une énergie vivante qu'il faut transférer vers l'extérieur plutôt que de la laisser tourner en soi sans rien produire.<br /> <br /> <br /> <br /> Sommes-nous maîtres de nos vies ? Non, dans le sens qu'on ne choisit pas tout ce qui nous arrive. Mais oui, dans le sens que c'est bien nous qui choisissons ce qu'on fait de ce qui nous arrive (ce principe est de Sartre, mais je l'ai adopté). Là est notre pouvoir : donner un sens aux évènements auxquels notre existence nous confronte. Et si chaque rencontre est une chance d'évoluer, certaines le sont bien davantage. Bienfaits ou pas, c'est à nous d'en décider :)<br /> <br /> <br /> <br /> N'oublions pas non plus que le chaos (externe ou interne) est le signe d'une instabilité et qu'il permet une reconstruction plus adaptée.
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K
Bonsoir Pierre.<br /> <br /> Chacun est unique et irremplaçable. Combler ce manque par les "autres" peut être un bienfait pour oublier ou dépasser mais quand le sentiment, justifié ou non, partagé ou non, rappelle à l'ordre, qu'il est vivace comment se contenter? Comment s'astreindre à peu ou rien pour espérer, imaginer, se délecter? Est-on réellement maître de notre vie? N'est-ce-pas elle qui nous conduit là où l'on doit être, pour se parfaire, se remplir, se confronter à l’échec à l'impossible? Je m'interroge sur les réels bienfaits de cette rencontre qui a mis tout en branle en moi, tout en restant dans sa particularité, neutre (?) et sans tache ou attache...<br /> <br /> Karine.
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C
Karine, les 3 sujets qui ont résonné en vous sont probablement ceux sur lesquels j'ai eu le plus de "travail" intérieur à faire. Mon regard masculin les a probablement teintés, mais je crois que c'est avant tout ma personnalité, mon histoire, mes failles et mes forces qui apportent la plus forte coloration.<br /> <br /> <br /> <br /> Effectivement, j'en suis venu à la conclusion qu'il n'y a pas d'autre choix que de "faire avec" (accepter, s'adapter, agir en conséquence...) ce que la vie met sur notre chemin. Résister à ce qui dépasse nos capacités d'action et s'impose à nous est totalement vain...<br /> <br /> <br /> <br /> Merci de m'avoir fait part de vos impressions. J'aime savoir que mes réflexions peuvent être utiles à d'autres :)
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K
Bonjour Pierre. <br /> <br /> En fait, c'est en cherchant la définition d'une "amitié particulière" que je suis tombée sur votre site et là 3 articles liés ont eu une résonance en moi: l'amitié particulière, le manque et le silence. Tous 3 m'ont permis après réflexion d'essayer de comprendre les choses sous un regard masculin. Cela m'aide un peu car pour moi il est difficile de décoder l'impalpable, l'indéfinissable, ...l'inconnu. Pour moi c'est une épreuve de vie, pas d'autre choix que de s'adapter. Belle journée. Karine
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K
Dépassement de soi, dépassement de l'évènement, dépassement de l'autre pour arriver à cette douceur sans l'autre mais avec le souvenir de l'autre, quelle chimère! La vie ne vaut que si elle est vécue avec l'autre , peu importe la manière de la vivre...
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K
Bonsoir. Je n'ai pas l'habitude de communiquer ainsi mais ce sujet est tellement parlant. Sentir le manque m'envahir comme l'assault d'une vague sur la rive est source d'une profonde douleur et loin d'etre une douceur. Le manque de l'autre est une impasse. Pourtant s'en echapper c'est oublier, l'oublier? Est ce que le jeux en vaut la chandelle?
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C
Merci pour ce dont tu témoignes, Danielle :)<br /> <br /> <br /> <br /> En te lisant parler du manque de ton fils, j'ai instantanément fait un rapprochement avec ma fille, avec qui existe un lien bien particulier. Une sorte de "complicité" qui me manque un peu maintenant qu'elle partage sa vie avec un homme...<br /> <br /> <br /> <br /> En écrivant cela... je me rends compte que le terme de "complicité" (= lien d'évidence) serait celui qui me mets le plus en contact avec le manque. Je vivais cela avec celle que j'avais épousée, je l'ai vécu aussi avec une amie hors-normes, et ce sont ces complicités qui, se fermant, m'ont vraiment fait toucher la douleur de la perte. Et ce manque là est d'une autre nature que le premier...<br /> <br /> <br /> <br /> C'est à partir de là que j'ai décidé de ne plus avoir d'attentes. Je me suis alors ouvert plus largement et, en même temps, de façon plus mesurée. Peut-être un peu comme ce que tu décris.
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D
J'aime toujours te lire Pierre...<br /> <br /> J'aime ces questionnements qui m'obligent à réfléchir aux points de vue partagés par ton lectorat....<br /> <br /> Je ressens un manque parfois...de mon fils...C'est viscéral je crois..mon fils qui est pourtant adulte et avec qui j'ai de nombreux échanges extraordinaires ..Sinon, le manque..non...<br /> <br /> Parce qu'il me semble que j'ai la faculté d'entrer en relation assez facilement, ce qui m'oblige à faire des choix, à me protéger....<br /> <br /> Le manque, je ne connais pas cet état..Je n'ai pas d'attentes particulières non plus envers les gens que j'aime....Je partage, le cas échéant....je n'attends rien....<br /> <br /> Je réitère que seul mon fils unique me manque parfois...Une lionne...:-)<br /> <br /> Je réfléchis encore à tout cela....<br /> <br /> Merci :-)
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C
Exact Lukéria : ne pas ressentir le manque ne signifie pas indifférence. Pas toujours évident de le faire comprendre...
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