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Alter et ego (Carnet)
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26 février 2014

En deuil ?

L'autonomie affective, attitude dont je constate en moi l'extension depuis quelques années, m'interroge souvent. Le changement étant survenu tard dans mon parcours, il me surprend et m'intrigue. Or ce matin j'ai entendu une possible explication, à laquelle je n'avais pas vraiment pensé. Ou du moins que je n'avais pas nommée ainsi...

« Oscillant entre le désir de plaire et la crainte de l’attachement, je restai apparemment « indifférente ». Plusieurs qualificatifs me désignaient comme étrange, réservée ou plus radicalement « muette comme une tombe » ! En retour, et pour me protéger, je m’employais à faire « comme si »… comme si rien ne me touchait vraiment. En fait, il ne s’agissait ni de froideur ni d’indifférence, mais de la nécessité d’habiter un monde suffisamment lisse, impersonnel et protecteur non pas vis-à-vis de la mort (…) mais de la séparation qu’elle inflige avec la disparition de l’autre. Bref, j’étais en deuil. »

Ginette Raimbault, dans "Parlons du deuil", cité par Caroline Eliacheff, ce matin sur France Culture

 

 

Commentaires
M
Bonjour !<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai été très touchée par ton article.<br /> <br /> <br /> <br /> Après avoir été "atteinte" pendant longtemps de dépendance affective et suite à un long travail sur moi - même, j'ai appris à accepter (je ne me suis pas résignée) le manque d'affection.<br /> <br /> De celui - ci. a découlé une certaine autonomie affective mais en aucun cas, je ne parle de deuil.<br /> <br /> <br /> <br /> Je crois que notre existence est constituée de plusieurs étapes par lesquelles il faut absolument passer pour continuer à vivre avec un grand "V." !
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C
Oui Lauriza, il est bon que je le sache :) Merci, donc.<br /> <br /> <br /> <br /> Ce que tu dis de l'état second me fait penser à quelque chose qui m'a surpris : lorsque je vois des personnes touchées par la mort d'un proche… je décompense totalement en étant moi-même submergé par l'émotion, alors que je suis beaucoup moins impacté qu'eux. C'est assez bizarre comme réaction…<br /> <br /> J'en déduis que, en cas de trop grande douleur, une dissociation de l'esprit "inhibe" ainsi la sensibilité à la perte par une sorte d'automatisme de protection.
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L
Bonjour, même si je ne laisse pas toujours de commentaires, je viens régulièrement sur ton blog. J'écrirai moi aussi par intérêt personnel car tout ce qui est écrit est enrichissant et donne à réfléchir, alors tu es très utile et il est bon que tu le saches à ce que je vois.<br /> <br /> Pour ce qui est du Deuil, il est très difficile de m'exprimer. Simplement, j'ai constaté que lors de la perte d'un être cher, je n'ai aucune réaction, comme si j'étais dans un état second, comme anesthésiée ou sur une autre planète, je vaque à mes occupations sans penser, la tête vide et je suis sûre qu'on prend cela comme de l'indifférence. Ce n'est qu'au bout d'un certain temps que je redescends les pieds sur terre et que la vie revient prenant conscience de l'absence de celui qui est parti. Mais comme j'ai pour habitude de dire qu'il est parti dans la pièce à côté, alors finalement, ils sont là près de moi. Je pense donc avoir accepté leur départ et puis, nous aussi nous ferons le voyage .......... Est-ce une forme de protection ? Je pense que je ne suis pas loin de la réaction de Ginette Raimbault.
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A
Eh bien, je fais la même demande que Calamity !<br /> <br /> par exemple :<br /> <br /> — que deviennent tes arbres qui furent saccagés par la neige ? (Nov. 13)<br /> <br /> — Et les élections municipales ? Tu te représentes ? Comment tu vis ça ?<br /> <br /> — Et la problématique avec la hiérarchie dans ton boulot ?<br /> <br /> <br /> <br /> Bien sûr, tu écris sur le thème que tu as envie…<br /> <br /> Mais si tu ne donnes pas de nouvelles à cause du « à quoi bon croire que je puisse être apprécié par d'autres »…<br /> <br /> Alors là : ppfffff ... et re pfff !!! * sourire*<br /> <br /> pourquoi tu crois qu'on vient te lire ? Par masochisme ?<br /> <br /> Moi je viens par intérêt pour ta personne et ce que tu vis…<br /> <br /> Et aussi par intérêt personnel, car tes propos et tes analyses m'enrichissent et me donnent à réfléchir…
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C
Calamity… sur ce sujet je ne peux qu'accorder la plus grande attention à ce que tu exprimes. Je suis d'accord avec toi sur la notion d'acceptation qui accompagne le deuil. Pour autant… les mécanismes de protection qui peuvent se mettre en place ne s'opposent pas à l'acceptation. Je pense qu'on peut à la fois accepter et se protéger. Tout dépend aussi de quel deuil on parle. Si c'est celui d'un être cher ce n'est pas la même chose que si c'est celui d'une relation, par exemple. Les deuils ne concernent pas que les personnes "disparues" (à lui seul ce terme a déjà plusieurs acceptions possibles…), mais aussi des idéaux relationnels, des valeurs fondamentales, des repères sur lesquels étaient bâtis une représentation du monde.<br /> <br /> <br /> <br /> Je n'affirme pas que la protection et le deuil sont nécessairement liés mais me questionne sur le fait qu'il puisse y en avoir un…<br /> <br /> <br /> <br /> La protection dont tu parles, qui passe par un contrôle volontaire, serait effectivement vaine et usante. Celle au sujet de laquelle je me questionne est "spontanée", comme un automatisme sur lequel je n'aurais pas prise. Museler mes émotions serait une forme de stérilité, de sécheresse affective, or je ne me sens pas du tout dans cet état. Mes émotions sont là, le lien fonctionne bien (quoique de façon modérée)… c'est l'expression du lien qui est en panne :)<br /> <br /> <br /> <br /> Alors affronter la vie avec ses pirouettes, oh oui, comme je te comprends ! :)<br /> <br /> <br /> <br /> Donner de mes nouvelles ? Ben tiens, voilà exactement le genre de choses que je ne sais plus vraiment faire. Il y a comme un "à quoi bon" qui est toujours là… Comme si j'étais revenu à mes vieux démons (jamais vraiment quittés ?) : quelle importance ai-je pour les autres ? Si j'ai été quitté par des personnes qui disaient m'aimer, à quoi bon croire que je puisse être apprécié par d'autres au delà du temps présent ? [je SAIS que cette impression est erronée, mais c'est pourtant elle qui domine].<br /> <br /> <br /> <br /> Mais… je peux le faire ;)
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C
Je ne crois que cela ressemble à un deuil. La perte, l'absence entraîne bien souvent diverses réactions, de la colère, de la déprime, du déni, de la douleur...etc mais aussi de l'acceptation. Je le sais je le vis. La protection ne fait pas partie de cet ensemble.<br /> <br /> Je suis d'accord avec Alainx, c'est une mise à distance qui ne règle pas grand chose, qui ne permet pas de digérer, d'intégrer et de passer à autre chose. La peur n'évite pas le danger, c'est bien connu. La protection excessive n'empêche pas de souffrir, bien au contraire, parce que c'est un contrôle permanent, parce que la spontanéité y perd parce que même dans un deuil, la vie continue...et que vivre ses émotions et les affronter est bien plus sain que de les museler, et que c'est ça la vie! La vie avec ses doutes et ses craintes mais aussi ses joies, ses découvertes pour apprécier pleinement chaque minutes qui s'égrènent.<br /> <br /> "Monde lisse impersonnel protecteur par crainte de la séparation"...ça me fait froid dans le dos cette description. Aussi douloureuse soit elle, je préfère affronter la vie avec toutes ses pirouettes, bonnes ou mauvaises.<br /> <br /> Pierre, donnes donc des nouvelles (faut que je mette le stp?) ^^
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K
Cette description n'a à mon sens pas à voir avec de l'autonomie affective, peut-être même le contraire. Cette personne a peur de souffrir et se protège. La peur et l'autonomie ne vont pas ensemble. La confiance et l'autonomie : oui !<br /> <br /> Il est certain qu'un deuil est toujours souffrant mais qui dit que cette souffrance doit détruire la Joie qui m'habite ? Les deux sont compatibles.
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A
Ce texte semble t'avoir parlé. C'est le plus essentiel.<br /> <br /> Pour ma part j'y vois une sorte de mise à distance à la fois des autres et de soi-même, destinée à créer une sorte de « bulle lisse » par nécessité de se protéger… Mais de quoi ? De qui ?<br /> <br /> Je ne sais quel sens elle met dans « j'étais en deuil ». On dirait qu'il y avait aussi une forme de mort à elle-même, à tout le moins à un essentiel de l'être humain qui est l'affectivité, et la vie relationnelle. C'est un peu dommage… Parce que je ne crois pas que l'on puisse mettre durablement sous le boisseau tout ce registre fondamental de l'humain, sans péril pour sa propre humanité. La peur de la séparation est une composante inséparable de l'attachement, amoureux ou non, que l'on peut vivre. Ce n'est même pas seulement de l'ordre du manque ou de la peur de l'abandon. C'est comme une composante de l'amour vrai. Quelque chose qui tient à notre finitude constitutionnelle.<br /> <br /> Enfin, je vois cela comme ça, en pensant notamment à ce que je vis avec ma compagne de vie. C'est un peu comme le prix de l'amour. Ça donne une intensité particulière à la relation quotidienne. Je vis cela de plus en plus. Une vie d'amour intense aujourd'hui, car demain tout peut finir. Au final, c'est bien mieux comme ça…
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