Élu par qui ?
Il y a six ans je tentais l'aventure de l'engagement municipal. J'avais envie d'agir pour que les choses changent dans les domaines qui m'intéressent : l'information, l'écoute des attentes citoyennes, la culture, la préservation de l'environnement. Mais j'ai rapidement compris que pour agir vraiment il fallait un engagement très fort, mobiliser beaucoup d'énergie, trouver des alliés et des partenaires, s'investir personnellement sans céder au découragement et, surtout, y consacrer beaucoup de temps. Je ne l'ai pas fait. Et parce que j'ai mesuré la dimension de l'engagement au service d'une commune et l'intercommunalité, ma perception de ceux qui, dans un contexte économique difficile, portent des projets et gèrent le quotidien dans le souci du collectif a changé : ils sont admirables.
Au contraire, j'estime que le regard globalisant que beaucoup de gens portent sur "les politiques" est assez ingrat. Je comprends ceux qui abandonnent [peut-être les plus intègres ?], épuisés d'être constamment villipendés.
N'ayant pas eu moi-même cette force d'engagement j'ai longuement tergiversé, au terme du mandat. Je considérais que d'autres que moi pourraient apporter un renouveau, s'investir davantage que je l'ai fait, être porteurs de projets forts. J'étais prêt à céder ma place. Quand je m'en suis ouvert au Maire, qui me sollicitait pour un second mandat, j'ai compris que les candidats ne se bousculaient pas. Il avait besoin de moi. D'ailleurs il n'a pas été facile de réunir 12 personnes pour se joindre au 7 qui restaient. Et nul ne s'est présenté pour proposer un autre projet communal : nous étions la seule liste, comme dans beaucoup de communes.
Résultat : élus dès le premier tour, malgré 45% d'abstentionnistes. Un tiers seulement des électeurs de la commune se sont prononcés pour nous, tandis que 22 % exprimaient leurs refus en raturant les bulletins ou laissaient une enveloppe vide. C'est bizarre de se dire que les deux tiers des habitants ne nous ont pas donné mandat pour gérer les affaires de leur commune...
Surprenant aussi, de se voir "rayé" d'une liste, comme s'il y avait carrément refus de ceux qui s'engagent. Avec, inévitablement, cette question : que veut dire celui qui refuse les seules personnes qui veulent bien gérer la commune ?
Vote sanction ? Pourquoi pas... mais pour proposer quoi à la place ?
Sanction du gouvernement ? Mais quel est le rapport avec la gestion des affaires communales ?
Vote protestataire ? Mais ça sert à quoi de protester si on ne s'engage pas pour autre chose ?
Quant au vote blanc et à l'absention, j'ose espérer que ceux qui (ne) s'expriment (pas) ainsi ne sont pas ceux qui râlent parce que rien ne change...
J'avoue que ces élections me laissent un peu perplexe.