Du pain sur la planche
Et si je disais un peu où j'en suis ? Ben oui, quoi, ça fait un bon moment que je n'ai plus posté d'écrits à la hauteur de ma réputation, c'est à dire longs et alambiqués. Pour ma défense je dois dire que plusieurs situations m'ont accaparé, se combinant pour ne plus me laisser le temps propice à l'écriture réfléchie. Mais je n'ai pas oublié qu'il m'avait été demandé ici même de "donner de mes nouvelles", il y a quelques temps, ce que je n'avais pas vraiment fait à ce moment-là en me laissant emporter vers d'autres considérations. Quoique... s'agissait-il vraiment d'autre chose ? Et si tout ce qui me turlupine depuis quelques mois n'était pas un peu lié ?
Bon, par quoi commencer ?
Allons-y pour le peu impliquant : mes arbres cassés par la neige, en novembre. Durant plusieurs journées d'hiver, plutôt que de bloguer, j'ai travaillé à dégager les amas de branches tombées au sol, débiter et mettre en tas le bois ainsi récolté. Profitant encore de ma relative jeunesse de quinquagénaire j'ai grimpé haut dans quelques arbres mais, sans équipement de sécurité adapté, la sagesse de l'homme mûr m'a fait choisir de ne pas prendre trop de risques. Il restait donc des cas difficiles et deux collègues sont venus m'aider. L'un est grimpeur élagueur et a pu monter vers les cimes brisées pour couper les branches qui pendaient encore lamentablement et redonner une forme structurée aux arbres écimés. Il n'a pas pu faire de miracles mais le mieux qui pouvait être fait. Je ne taille jamais les arbres, refusant de les défigurer, mais cette fois c'était absolument nécessaire pour qu'ils retrouvent une silhouette harmonieuse. Bref : pas mal de jours passé dans ma petite forêt, dont une semaine de "vacances" fort occupée.
Autre sujet, relativement léger : en février j'avais raconté ma rencontre avec "Mr n+2", qui m'avait permis d'exposer une situation professionnelle épuisante. Je flirtais probablement avec le burnout, si j'en juge au découragement qui a suivi. Entendu par "Mr n+2" mon positionnement a été réévalué et mon salaire augmenté en conséquence [rien de myrifique, mais je n'en demandais pas plus...]. Avec davantage d'autonomie j'ai donc toutes les raisons d'être satisfait. Sauf que depuis l'entrevue je n'ai pas retrouvé ma motivation et qu'obtenir ce que je demandais ne m'a pas "dopé". Réaction bizarre ! Serait-ce parce que cette "reconnaissance", arrivée un peu tard, et surtout après demande réitérée, en aurait perdu de sa valeur ?
En mars, c'est la préparation des municipales qui a squatté les cases libres de mon emploi du temps. Réunions pré et post-électorales, rencontres diverses pour mettre en place les six ans à venir. Pourquoi me suis-je de nouveau lancé dans cette aventure gourmande en un temps qui, forcément, sera soustrait à d'autres activités ? Probablement par envie de me frotter à certaines réalités, de prendre ma part dans l'implication citoyenne... Toujours est-il que maintenant il va falloir y aller sérieusement. Et c'est autant de temps en moins passé dans le monde d'internet...
Venons-en au faits les plus impactants, maintenant, : deux affaires totalement distinctes en apparence mais qui, en se combinant par les hasards des coïncidences, m'ont passablement préoccupé. Voire, pour la seconde, vaguement plongé dans le découragement, la morosité et, pourquoi le cacher, un certain abattement...
La plus simple à évoquer c'est la préparation de la table ronde sur Ego numericus. Je ne m'y attendais pas mais cette histoire d'ego à touché quelque chose qui était en équilibre plus instable que je l'imaginais. Bien au dela de mon rapport au numérique c'est mon rapport aux autres et à moi-même qui a été remis en mouvement tandis que je tentais de défricher tout ça. Avec des questionnements autour de l'importance que je m'accorde dans le regard d'autrui... Bref : remise en question profonde. Et tant mieux puisque ça m'indique que c'était nécessaire. Du travail d'introspection en perspective...
L'autre affaire, c'est la suite de la pacification relationnelle envisagée avec mon ex-épouse, dont je m'étais aussi ouvert ici. Dans le second billet j'écrivais « J'ai beau me sentir solide... il y a en moi certaines sensibilités que je sens à fleur de peau. Je n'ai plus envie de me faire malmener. Je n'ai envie que d'échanges sereins, compréhensifs, ouverts, accueillants, doux...». Et bien manifestement ce temps là n'est pas venu ! Autant le premier accueil avait été plutôt encourageant, autant l'étape suivante, un échange impromptu, m'a mis face à la méfiance de mon ex-épouse à mon égard. Douche froide ! Affaissement immédiat de mon sourire. J'ai immédiatement remballé mes espoirs de réconciliation amicale [car oui, malheureusement, ils avaient résisté jusque-là...], tout en laissant à Charlotte la possibilité d'utiliser ma proposition si un jour elle en avait envie. Mais pour moi c'est terminé, je me suis retiré. La timide réouverture que j'avais cru possible n'aura abouti, par ce refus, qu'à me conduire à un repli un peu plus marqué et solidement verrouillé. Et puisque sa crainte m'en a ôté tout désir, la rencontre n'aura finalement pas lieu. Et merde, je n'ai plus envie de jouer les apprentis-sauveteurs de situations désespérées... [hum... je crois que j'en garde quelques traces de colère]. Après avoir envisagé d'arrêter tout contact, opération techniquement difficile à mettre par rapport à nos enfants, j'ai décidé d'en rester aux échanges courtois, tant qu'ils restent pacifiques, mais distants.
Honnêtement, cette énième répétition d'un scénario de refus/rejet/défiance, déjà vécu à moult reprises dans le passé mais un peu "digérés" depuis m'a, cette fois encore, très profondément atteint. Moins par la perte de confiance en moi - que je peux admettre - que par l'impact que ces fermetures peuvent avoir sur moi. Je réalise que j'y suis très [trop ?] sensible et qu'il va me falloir analyser tout ça. Notamment sur ces quelques points : quelle est ma part de responsabilité dans ces réactions que je suscite ? comment puis-je en diminuer l'impact sur moi ? comment surmonter cette crainte... sans pour autant aller vers un "détachement" généralisé, assurément excessif ?
Ouais, j'ai encore du pain sur la planche !
Photo sans rapport avec le texte, juste pour y mettre un peu de couleurs :)