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Alter et ego (Carnet)
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8 juin 2014

Le choix caché

Dans son dernier billet, Edmée de Xhavée pose la question suivante : Ne pas prendre une décision, est-ce vraiment une « décision » ?

Elle voit dans la non-décision « la négation de sa propre liberté, de sa prise de responsabilité. Puisqu’on s’en remet alors à ce que les autres vont décider, ou ce que « la vie » va apporter comme changements ».

Sa réflexion ne pouvait que vivement m'intéresser puisque, à un moment donné de ma vie, et dans des circonstances très particulières, j'ai tout à fait consciemment "décidé de ne rien décider". À ce moment-là je ne voyais pas ce que je pouvais décider d'autre. J'ai donc fait le choix de ne pas choisir, laissant en effet "la vie" (en l'occurrence "les autres"…) décider. 

Je n'ai jamais regretté ce non-choix, parce que quel que soit celui que j'aurais pu faire il me mettait face à des renoncements dont je ne voulais pas. Aucune solution n'était préférable dans le choix *apparent* que j'avais à faire. Je dis "apparent" parce que parfois un choix en cache un autre. Là, ma femme me disait : « c'est elle ou moi ». Cette simple alternative, particulièrement exigeante, aurait pu me pousser à choisir "l'autre", qui n'exigeait rien de tel. D'un côté la contrainte, de l'autre la liberté : ce choix-là était simple. Sauf qu'il impliquait des conséquences redoutables, dont la plus déterminante était de trahir l'engagement que j'avais pris avec ma femme...
Dès lors, pour moi le choix était impossible : trahir pour ma liberté... ou rester engagé en me trahissant. Le temps de la réflexion aurait peut-être permis que je prenne la meilleure (?) décision, que je discerne mieux quels étaient les éléments réels du choix, mais il était attendu de moi que je me décide rapidement. Voilà pourquoi, dans l'urgence, j'ai décidé de ne rien décider. Ce faisant j'ai quand même décidé quelque chose : ne pas me trahir, ni trahir ma femme. Il était là, le choix caché.

Je n'ai jamais regretté cette décision (ne pas décider), bien qu'au final cela ait été très douloureux de voir ma femme me quitter… et encore plus de voir, simultanément, "l'autre femme" vouloir s'effacer sans que je comprenne pourquoi. Mais c'est une autre histoire…

Finalement le choix n'était pas entre l'une ou l'autre, mais entre me trahir ou me respecter. La mort ou la vie.

Quand l'alternative est ainsi posée la réponse est simple. C'est d'ailleurs le sens du développement qu'écrit Edmée, quand elle résume la question ainsi : « est-ce que je veux encore être là où je suis aujourd’hui dans 6 mois, et puis un an, et puis dix ? Est-ce que je veux arriver à la fin de ma vie dans ce scenario ? ». J'oserai donc cette affirmation : quand on ne parvient pas à prendre une décision c'est qu'on ne se pose pas la bonne question !

 

IMGP1134

Les mouvements contraires
(Irlande, juin 2010)

 

Commentaires
C
"Toute le joie réside dans la recherche d'un équilibre personnel conjuguant sans heurts le bonheur et l'allégresse avec l'autre.... "<br /> <br /> C'est vrai que ça a de la gueule...<br /> <br /> mais quand on a été blessé(e)... ;-)<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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A
le non-choix.... ça n'existe pas vraiment....<br /> <br /> Le non-choix est en lui-même un choix. Ce n'est pas pour jouer sur les mots ou faire de la sémantique de bistrot. <br /> <br /> Mais bon.... je devrais me taire.... vu que, "été aidant", je n'ai pas le courage de développer la chose !!!<br /> <br /> ----------<br /> <br /> sinon, ce qui me frappe toujours, chez toi Pierre, c'est cette sorte de fond de tableau que toute relation est toujours "à problème"....<br /> <br /> Ainsi de cette phrase qui résume bien nombreux autres textes de toi :<br /> <br /> "Toute la difficulté réside dans la recherche d'un équilibre personnel se conjuguant sans trop de heurts, ni surtout trop de souffrance, avec l'autre. "<br /> <br /> <br /> <br /> Peut-être un jour aurais-je le plaisir de lire sous ta plume quelques chose du genre :<br /> <br /> Toute le joie réside dans la recherche d'un équilibre personnel conjuguant sans heurts le bonheur et l'allégresse avec l'autre....<br /> <br /> <br /> <br /> Ce sera le signe heureux que tu en fais une expérience durable....<br /> <br /> <br /> <br /> Fai gaffe !! Ça pourrait un jour te tomber dessus la fluidité relationnelle libre !!!<br /> <br /> :-))
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L
:) <br /> <br /> Oui, le "clairement exprimé" est le fruit des errements passés ;)<br /> <br /> Merci pour ta reponse.
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L
Je rebondis sur la notion "d'aimer plusieurs personnes".<br /> <br /> <br /> <br /> Il me semble qu'on ne choisit pas l'attirance initiale, l'élan vers l'autre, mais qu'aimer quelqu'un dans le sens de "faire tout ce qui est possible pour son bien", et sachant que notre temps et notre énergie ne sont pas illimités, implique un certain nombre d'actions ou non actions et donc, une véritable décision d'aimer (un engagement). Et que cet engagement vis à vis de quelqu'un peut ne pas etre compatible avec la décision d'aimer une ou plusieurs autres personnes, quand cela amène de la souffrance pour la personne envers laquelle on avait l'engagement initial. D'où peut être le sentiment d'un certain égoïsme dans ta "décision de ne pas décider".<br /> <br /> <br /> <br /> On peut aimer plusieurs personnes mais peut on les aimer bien ? Surtout quand on parle de relations impliquant une intimité de l'âme, du corps et de l'esprit, qui demandent souvent, pour ne pas être potentiellement destructrices compte tenu des enjeux et de la proximité de la vulnérabilité de l'autre, un investissement profond, une presence, un regard continu. Une grande responsabilité.<br /> <br /> <br /> <br /> Si ta femme, pour se sentir aimée amoureusement, a besoin de ce regard continu, tu ne peux pas l'aimer en décidant d'aimer une autre personne. Je ne peux donc m'empêcher de ressentir ta non décision, sans pour autant la juger, comme essentiellement tournée vers toi (te respecter comme tu dis) et non comme un souci de rester fidèle à tes deux amours (comme tu le dis par ailleurs, et la il me semble que tu te cherches des justifications). <br /> <br /> <br /> <br /> Mais je pense par ailleurs que tu as certainement eu raison de te respecter avant tout dans ce que tu avais envie de vivre (les deux relations) à ce moment là, cela étant ta liberté, et la liberté de ces deux femmes étant de se positionner par rapport à tes choix, ce qu'elles ont fait. L'important étant d'être clair vis à vis de soi et donc des autres. Et cela peut parfois amener à dire à la personne qui partage sa vie "je ne peux plus tenir mon engagement de t'aimer comme il me semble que tu en as besoin, car j'ai évolué, et j'ai besoin/envie de vivre cette relation avec cette autre personne, je voudrais pouvoir maintenir mon lien avec toi mais je pense que cela peut devenir destructeur pour toi donc je comprendrais que tu prennes la décision de me quitter ". Et accepter les conséquences car il y en toujours, quels que soient les choix ou non choix.
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A
"le pacte de confiance ressemble davantage à un enfermement réciproque qu'à une libre alliance… "<br /> <br /> Ça c'est peut-être ton vécu personnel.<br /> <br /> Le mien est à l'inverse.<br /> <br /> Je ne me suis jamais senti aussi "libéré" que par l'amour partagé avec ma compagne... Avant elle j'étais "enfermé" dans la recherche vaine d'une "semblable qui me comprenne"<br /> <br /> <br /> <br /> Quant à la liberté, la vraie, elle réside, me semble-t-il dans la capacité de proximité et d'intimité, (libre ET proche), sans aliénation à quiconque, pas dans l'indépendance, mais dans l'altérité relationnelle. <br /> <br /> Le "je dois m'en sortir seul" est profondément insécurisant, malgré les apparences parfois (il est fort, il s'en sort seul...: le culte du héros solitaire... mais les héros sont rares.... et littéraires ou fabriqués), parce que antinomique ontologiquement avec "l'animal social" ! qu'est l'homme ...<br /> <br /> D'ailleurs, s'il en était autrement on n'aurait pas développé les "fêtes de village" (je dis ça parce que j'y serais dans l'une d'elle le WE prochain dans les profondeurs du Quercy...), jusqu'aux actuels "réseaux sociaux" florissants, où nous cherchons ce relationnel indispensable...<br /> <br /> <br /> <br /> C'est curieux chez toi cette notion de "limites imposées par le pacte" (toi tu dis le contrat, c'est significatif, un contrat n'est pas un pacte, un contrat on négocie des clauses, on fait des compromis, (des concessions dans le mariage disaient nos grand-mères !). Un pacte, on se donne soi-même librement avec la joie du don, et on accepte l'autre avec joie et bonheur dans ses dynamismes et ses limites humaines - le pacte est un "tout entier" que la sagesse populaire nomme "pour le meilleur et pour le pire", bien que l'expression soit peu heureuse...<br /> <br /> Il est "exclusif" parce qu'on ne partage pas l'intime de soi sexuel comme les parts d'un gâteau... Enfin, ce n'est pas mon choix, ni mon chemin de bonheur...<br /> <br /> <br /> <br /> Alors, évidemment que bien des gens vivent autre chose, c'est évident !<br /> <br /> J'essaye de m'en tenir au vécu que je connais, et fondamentaux auxquels j'adhère, sinon le brassage des concepts, pour amusant ou excitant qu'il soit, ce n'est pas mon principal centre d'intérêt.<br /> <br /> <br /> <br /> bonne journée Pierre. Ceci sera sans doute ma dernière intervention, je serai loin du net les temps qui viennent ...
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E
ouh là là ça chauffe! Je comprends bien quand Alainx parle de lien intérieur, profond, spirituel mais alors il n'y a pas lieu de parler de "pacte" qui est un contrat. <br /> <br /> Je peux très bien me sentir exclusive envers l'autre et si l'autre aussi tant mieux, notre relation évoluera dans ce sens. Ce n'est pas pour autant que nous avons fait un pacte car nous ne savons pas ce que la vie nous réserve. Elle pourra très bien me porter vers un deuxième amour tout en continuant ou pas avec le premier ou..vers la solitude. <br /> <br /> <br /> <br /> Heuu quand je vois les mots "pacte" ou "contrat" mes poils se hérissent :/
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T
Moi ce qui m'agace (pas mal) et m'amuse (nettement moins), c'est d'assister perpétuellement à cette recherche de la "faute", du coupable, du "c'est toi l'as fait en premier" et autres considérations qui s'apparentent, pour moi, plus à des enfantillages destinés à nous masquer la vraie nature des relations, la profondeur et la richesse de ce qui peut nous advenir, de notre vécu, et cette merveilleuse impermanence des choses humaines.<br /> <br /> <br /> <br /> Toi ou elle, mais qu'importe après tout ?<br /> <br /> Ce qui compte, ce n'est pas tant ce qui nous arrive et à cause de qui, c'est ce que nous faisons de ce qui nous arrive, ce que nous créons et recréons sans cesse avec cette pâte à modeler.
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E
A mon sens, s'il y a eu rupture du pacte de fidélité exclusive, je ne vois pas cela comme une prise de décision de la part de Pierre. L'amour, quand il nous tombe dessus, n'en a que faire du pacte que notre mental créée pour la sécurité, le confort.<br /> <br /> Le coeur a ses raisons que la raison n'a pas, comme on dit...<br /> <br /> <br /> <br /> je comprends donc bien quand Pierre dit que c'est la décision de sa femme de mettre fin au couple puisqu'elle ne se sentait pas en sécurité dans la non-exclusivité.
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E
Je réalise que le sujet intéresse et suscite pas mal d'interprétations. Clairement, les femmes ressentent souvent ce type de choix autrement que les hommes. Je pense aussi qu'en trompant ta femme et refusant de choisir entre "elle ou l'autre", tu dis avoir voulu respecter tes engagements envers ta femme mais selon tes termes: je ne te quitte pas mais je ne la quitte pas non plus.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne condamne pas, bien entendu, mais je pense que tu respectais plus l'idée de l'engagement envers ta femme (et les hommes aiment souvent - ce n'est pas un reproche - "tenir leur parole") que la qualité de ta vie de couple avec elle. Une décision de non-décision en vertu de cette loyauté (je pense que tu la voyais comme telle en effet) revenait à mettre la décision sur ses épaules... (de ta femme).<br /> <br /> <br /> <br /> C'est très difficile de faire ces choix. Je sais. Certaines femmes acceptent le compromis pour mille et une raisons. D'autres savent qu'elles resteront blessées et en colère, et qu'à long terme ça réduira leur mariage à bien peu de choses, et n'en veulent pas. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais tu as raison lorsque tu dis que tu ne voyais pas le choix comme "l'une ou l'autre", ce n'est en effet pas ça. <br /> <br /> <br /> <br /> Bon dimanche :)
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T
"Et" rien du tout... simplement je trouve que quand on cite, c'est mieux de ne pas modifier les phrases d'origine. Mais ce n'est que mon ressenti personnel.<br /> <br /> Pour moi, "L'écriture est une bohémienne qui..." ne signifie pas la même chose que "c'est une bohémienne qui...", surtout dans le cadre de notre discussion qui concerne les relations amoureuses entre personnes.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais bon, je ne vais pas couper les cheveux en quatre non plus hein, peut-être que c'est moi qui suis trop psychorigide :-)<br /> <br /> <br /> <br /> D'autant que j'ai aimé les passages que tu as choisis et cités.
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