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Alter et ego (Carnet)
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4 juillet 2014

Question de temps

En ce moment toute la journée je cours, tentant de rattraper le temps qui fuit devant moi. À peine ai-je entamé un travail que des sollicitations disparates m'assaille. Demandes de clients, de collaborateurs, de salariés, grignotent mon temps et me soustraient aux tâches que j'ai à effectuer. Mon emploi du temps est perforé, fractionné, émietté. Et tant de réunions attentent à mon temps ! Elles s'étendent et dévorent, c'est patent, des pans entiers du temps qui ne m'attend pas. Sautant à chaque fois d'une thématiques à une autre, ces coupures m'obligent à une gymnastique mentale éreintante. J'ouvre un dossier, un autre s'intercale, suivi d'un troisième. Mon bureau est un capharnaüm où s'entassent des papiers tous plus urgents les uns que les autres, se sédimentant peu à peu jusqu'à l'oubli.

Coordinateur, à la fois chef de gare et responsable d'une tour de contrôle, je suis répartiteur des tâches et grand organisateur... En bref, c'est à moi qu'il incombe de faire fonctionner l'activité et mettre en relation tous les protagonistes. J'y passe tout mon temps.

Cette course permanente après le temps s'achève avant que j'ai pu terminer ce que j'avais prévu de faire dans la journée. Alors l'urgence attend. Il arrive que je n'ai pas une minute de répit, et le temps supplémentaire que j'offre à mon employeur pour la bonne cause ne suffit pas. Et s'il m'arrive de regarder l'horloge dans la journée c'est pour constater qu'elle tourne décidément bien trop vite ! Je ne connais pas l'attente patiente de la fin du boulot.

Dès que j'ai fermé la porte du bureau je me coupe du travail. Une demi-heure de trajet et je retrouve ma campagne [avec un a, pas un o]. Là je renoue avec le temps de vivre en me laissant aller sans vergogne à la lenteur. Je m'octroie d'abord le plaisir d'un jus de fruit, devant le paysage familier. Puis je viens lire si ma boitàmèl ne recélerait pas quelques message à savourer et si mes blogs favoris n'auraient pas eu le bon goût de m'offrir une mise à jour à déguster. Simple mise en bouche, avant d'y consacrer davantage de temps plus tard dans la soirée. Car la nature m'appelle...

Selon l'énergie que m'aura laissé la journée, selon la couleur du ciel, le chant des oiseaux et le silence ambiant, je choisis entre la contemplation et de menus travaux. Avec une nette préférence pour le premier choix. Je déambule alors parmi mes arbres, dans les méandres du sous-bois, ou m'aventure plus loin vers les prairies ouvertes sur le grand paysage. Je connais chaque recoin, mais ce n'est jamais pareil. Mes déplacements sont erratiques, à l'envie, et les haltes contemplatives nombreuses. Je ne pense pas vraiment : j'observe. Je hume. Je vibre. Je ressens. Ou bien je songe mollement aux travaux à faire, un jour, quand la lenteur le permettra.

Lorsque le soleil se rapproche de la colline je rejoins tranquillement la maison silencieuse. Je me prépare un repas simple en écoutant France-culture, à l'heure où sévissent les tourments véhiculés par l'info télévisuelle. Puis je reviens errer du côté du net, en espérant y trouver de quoi abreuver ma soif d'échanges, de partage, d'intérêt, d'émotions. Faute de quoi j'erre un peu, non sans ressentir une certaine frustration. Car cette source a souvent inspiré ma réflexion.

Depuis quelques temps ma soif demeure...

 

Texte écrit en résonnance avec un commentaire d'Errance

 

 

DSC01203

Berger contemplatif - Vercors

Commentaires
C
Dans le sens auquel tu l'emploies, la comparaison avec la vie monastique est plutôt flatteuse. Elle a bien les attraits que tu soulignes et l'intériorité qu'elle permet aurait pu me séduire. J'apprécie cependant trop le plaisir d'être au contact du monde, et notamment des femmes, pour m'en isoler :)<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour l'appréciation. Il est vrai que les aspects ordinaires de ma vie ne me portent pas vers une prolixité débridée et les billets que j'y consacre restent rares...
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A
Mon cher Pierre, tu es "ben chanceux" !<br /> <br /> Savoir se couper du travail est une grande sagesse… Bien des gens ressassent tout ce qu'ils n'ont pas pu faire dans leur journée, quand ils ne sont pas plus ou moins tenus d'être pendus à leur téléphone portable hors des "heures de bureau", pour « satisfaire » patron et/ou clients…<br /> <br /> <br /> <br /> Ton billet fait beaucoup de bien.<br /> <br /> Il ramène à une sorte d'essentiel global.<br /> <br /> Quelque chose qui tient à l'unité de la personne.<br /> <br /> Unification entre engagements/travail, d'une part ; et contemplation/sagesse, d'autre part.<br /> <br /> <br /> <br /> Mon analogie ne va peut-être pas te plaire… Mais tant pis : cela me faisait penser à certaines formes de vie monastique ! Je dis ça sérieusement. Cette capacité à marier harmonieusement vie de travail et vie de contemplation, au sens très ordinaire de ce dernier mot : "Regard ou considération assidue qui met en œuvre les sens ou l'intelligence et concerne un objet souvent digne d'admiration" Dit mon dico.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci de partager cela.<br /> <br /> J'aime bien ces billets où tu montres l'ordinaire de ta vie.<br /> <br /> C'est précieux.<br /> <br /> Plus que tu ne le crois sans doute…
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E
"il me semble que le temps de la contemplation s'accorde mal avec la crainte de voir diminuer celui qui reste à vivre :)" Je suis bien d'accord. La contemplation se vit dans l'instant présent au détour d'une balade, d'une rencontre...<br /> <br /> <br /> <br /> "En début de semaine j'ai failli écrire un billet sur le thème du temps qui passe, après un week-end passé avec des personnes pas revues depuis 10, 20 ou 30 ans."<br /> <br /> Dans un mois je revois une personne pour ses 50 ans et qui était ma meilleure amie au collège/lycée. Depuis 30 ans qu'on ne s'était plus vu...je ne m'étais jamais posée la question si je la reverrai un jour ou pas et voilà qu'on m'a proposé l'idée de m'emballer dans un paquet cadeau surprise!
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K
Quelle merveilleuse région qu'est la notre! Je la partage aussi avec un immense plaisir. Aller au travail en train et y voir ce magnifique décor...<br /> <br /> J'aime beaucoup votre blog, vos pensées, votre regard sur les choses, c'est écrit avec beaucoup de délicatesse. Je vous souhaite une excellente journée. Au plaisir de vous lire...<br /> <br /> katia
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C
Je suis ce berger sur sa montagne, bien souvent, quand j'ai ce besoin contemplatif qui l'intime l'ordre de dire stop...<br /> <br /> Pour le temps, Jeanne, une de mes blogamies, me fit remarquer très justement que dans un billet sur dix environ, je décline ce fichu temps qui passe. Comment pourrait-il en être autrement? Le dernier en date s'appelle " les champs de blé" <br /> <br /> Le temps diminue, et l'on a de plus en plus de choses à voir, à faire, à aimer...au fur et à mesure que l'on réalise que le temps diminue.Un vrai cercle vicieux.<br /> <br /> Tout réside alors dans notre capacité à choisir notre façon d'occuper ce temps.entre " contemplation et menus travaux" il y a de moins en moins photo pour moi. <br /> <br /> Je choisis le plaisir, le bonheur, la rencontre, le vrai. L'authentique.<br /> <br /> Bon si tu as un peu de temps on pourra peut être discuter de tout ça cet été. Suffit de trouver une date. Ah, oui, j'oubliais, ça aussi c'est galère! Faire coïncider deux agendas, ça tient du prodige!<br /> <br /> Bises
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E
Oh ce moment merveilleux où on ferme la porte au "travail". Aussi consciencieux que l'on soit, c'est un don que de pouvoir dire "stop, c'est assez pour aujourd'hui". "Ya no mas" comme disent les hispaniques... Et alors, même s'il en reste peu, le temps est à nous, pour nous, rien qu'à nous. Une richesse incroyable que de s'en rendre compte...
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C
Si je le revois, promis, je lui dis ;)<br /> <br /> Je suppose qu'il continue d'errer en solitaire, en suivant ses moutons de sommets en vallons…
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E
Merci pour la frustration gratuite avec cette photo! <br /> <br /> <br /> <br /> La prochaine fois que tu le croises, dis lui de m'inviter à cette contemplation silencieuse :)
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