Raconter sa vie
Découverte, dans le dernier numéro de La Faute à Rousseau, de l'initiative de Pierre Rosanvallon : le projet "Raconter la vie".
- Extrait : « Par les voies du livre et d’internet, Raconter la vie a l’ambition de créer l’équivalent d’un Parlement des invisibles pour remédier à la mal-représentation qui ronge le pays. Il veut répondre au besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées, les aspirations quotidiennes prises en compte. En faisant sortir de l’ombre des existences et des lieux, Raconter la vie veut contribuer à rendre plus lisible la société d’aujourd’hui et à aider les individus qui la composent à s’insérer dans une histoire collective. »
L'initiative, fort intéressante, m'a immédiatement attiré. Je suppose que cela vient du choix éditorial, qui balise un peu le domaine si vaste de l'écriture de soi, à la différence de sites d'auto-édition en ligne que j'ai parfois visités. Ces derniers ne m'ont pas séduit, sans que je sache vraiment dire pourquoi. Voir tous ces récits en attente de lecteurs m'a donné l'impression d'une grande solitude, une quête éperdue de reconnaissance. Et puis, je l'avoue, j'ai toujours eu un a priori circonspect face à l'auto-édition. À tort, sans doute.
C'est que j'ai une vision assez exigeante de la littérature, qui ne me paraît pas à la portée du premier venu. Alors ces sites ou n'importe qui peut s'imaginer devenir "auteur"... je les regarde avec un peu de condescendance. C'est une erreur, je le sais. Mais j'ai tendance à croire que la facilité fait perdre en qualité.
Mais pour qui te prends-tu, toi qui squattes ton coin d'internet pour raconter ta vie ? Tu te crois autorisé à rendre publics tes écrits et tu craches sur ceux qui osent une publication plus "littéraire" ?
Non, je ne crache sur personne. Mais pour ma part je n'aurais pas cette prétention d'écrire quoi que ce soit qui puisse faire penser à une ambition littéraire.
Mais qui te parle d'ambition littéraire ?
Personne. C'est moi qui donne ce sens à la démarche.
Et pourtant tu écris !
Oui, mais pas des livres. J'écrivaille, je scribouille, j'extimise et j'égotise mais ce n'est pas de la littérature. Je ne me sens pas à la hauteur de ce que j'appelle "littérature" qui, pour moi, fait partie d'un autre champ d'expression. La littérature c'est un art, or je ne suis qu'un amateur. Voila pourquoi le projet « Raconter la vie » m'a plu : c'est le contenu qui est privilégié, pas l'aspect littéraire. Même si, incontestablement, il compte aussi.
C'est bizarre que tu aies cet a priori contre la publication de l'expression de soi, toi qui la pratiques depuis si longtemps.
Oui c'est bizarre. Ça m'intrigue. Il serait bon que j'y réfléchisse un peu. D'autant plus que j'ai senti des vélléités de participation, autour de thèmes professionnels ou sociaux que je n'aborde que très peu ici.
- Pour vous mettre en bouche, un des écrits découvert sur le site : Celle qui écrit de Pierre de Beauvillé