Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
18 septembre 2014

L'envie d'écrire

Le mois dernier un des plus anciens écrivant du net a posé un point final à son blog. Je le lisais depuis plus de dix ans. Il y a une semaine c'était au tour d'une blogueuse autrefois fort active d'annoncer, elle aussi, qu'elle mettait un terme à dix ans d'écriture. Bien que je connusse leurs auteurs et les suivisse depuis toutes ces années, j'ai fort bien accepté ces fermetures. Elles avaient quelque chose de naturel et j'y étais prêt. Et puis j'en ai tant vu disparaître avant eux ! À force on s'habitue...

Mais la question de ma propre durée d'écriture s'invite à chaque fois que j'en vois un ou une qui, après si longtemps, arrête : jusqu'à quand vais-je continuer ? Bon... j'avoue que cela ne va pas au delà de la question. La réponse aura son évidence le moment venu, s'il vient un jour.

« On n'arrête pas d'écrire, ou cela se produit comme lorsque l'on cesse de respirer. Car c'est en nous, dans notre force intime. »

Cette phrase, lue dans la suite de commentaires d'un des blogs sus-cités a retenue mon attention. Ce n'est pas la première fois que je lis cette idée qu'on ne cesserait pas d'écrire, ou que cette forme d'expression aurait quelque chose de vital. Personnellement j'ai des doutes... Je crois que l'écriture peut fort bien correspondre à une nécessité durant une période de l'existence, dont rien ne dit qu'elle se prolongera indéfiniment. Les exemples sont nombreux de ces écrivants du net ayant cessé après quelques années de pratique assidue. Par ailleurs je suis bien placé pour savoir, après avoir plusieurs fois changé de métier, que ce qui semble constitutif de soi peut largement évoluer, jusqu'à quasiment disparaître. Alors je ne crois pas que l'écriture fasse exception. Mais il peut paraître rassurant de penser, surtout pour l'entourage, qu'on ne change pas vraiment...

Un jour, peut-être, je ne ressentirai plus l'envie d'écrire.

 

IMGP2271

Des lignes sur la toile
(Toile d'Argyope)

Commentaires
A
A propos d'écriture thérapeutique (au sens strict du mot : assainissement des souffrances psychologiques démesurées) : J'ai tenu ce genre d'écrit durant plusieurs années, mais c'est resté "secret", le seule lecteur fut... moi-même... Episodiquement ma compagne et mon(mes) thérapeute(s). <br /> <br /> Je me suis demandé si le principe "blog intime" avait existé à l'époque,est-ce que j'aurais utilisé ce moyen ? J'ai tendance à répondre non. Rendre public fait nécessairement se lever des censures (conscientes et inconscientes), risque de dévier par rapport à l'authenticité vis à vis de soi-même, en raison d'un lectorat-témoin-critique-bienveillant-hostile. Evidemment on peut se mentir à soi-même, en ce sens ça peut être "à bénéfices". Mais si l'écriture privée se fait dans un cadre d'un travail en parallèle avec un psy (des psys) c'est différent au regard de la vérité sur soi.<br /> <br /> Ton écriture publique, Pierre, semble t'avoir bien aidée. En même temps tu as souvent souligné les limites du lectorat (avec le respect de "l'autre" par exemple).<br /> <br /> En outre, je t'ai souvent trouvé humble (au meilleur sens du mot), dans la narration et les réflexions afférentes. J'ai aussi vu les limites de l'exercice et les "perches tendues" à certaines personnes.<br /> <br /> <br /> <br /> Bref, si l'idée t'en vient un jour une sorte de synthèse sur l'expérience de plus de 10 ans serait intéressante....<br /> <br /> Voila un "travail de commande" genre consigne !! Comme tu as dit que tu n'aimes pas être commandé.... Je retire ma demande.... tout en la maintenant...<br /> <br /> :-)
Répondre
L
Je crois, comme toi, Pierre, que l'on peut cesser d'écrire, quand cela ne correspond plus à une nécessité vitale, car c'est ce que j'ai vécu. Mais il y a différentes formes d'écriture, et je pense que, s'il s'agit d'une écriture thérapeutique, il viendra forcément un moment où l'on s'en éloignera.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais tout en n'écrivant plus des textes, comme je l'ai fait à une certaine époque, je continue pourtant, comme tu le vois, à écrire des commentaires (rire) ! J'écris donc toujours...
Répondre
C
Oui Edmée, tu as probablement raison : revenir à une expression plus confidentielle, quitter l'expression publique. Changer sa façon d'écrire sans pour autant quitter l'écriture…<br /> <br /> <br /> <br /> Tes propos me rassurent d'une inquiétude que je ne soupçonnais pas en écrivant mon billet. <br /> <br /> Merci :)
Répondre
E
Mais je comprends aussi ce que tu dis, à savoir que parfois on écrit ce qu'on a à dire à ce moment, et qu'ensuite on n'en a plus besoin. Mais alors je pense qu'on continue d'écrire, mais peut-être plus pour un public. On écrit un journal, on écrit des lettres ou des mails... c'est un moyen d'expression vers les autres et vers soi-même. Je ne sais pas si on peut vraiment "arrêter"... mais changer le rythme et le but, la manière, oui....
Répondre
A
Je suis de ceux qui disent qu'écrire a quelque chose de vital. Je ne parle que pour moi évidemment. Bien sûr, si j'étais empêché d'écrire, et d'ailleurs j'en ai eu l'expérience concrète, physique, cela n'entraînerait pas ma mort. La preuve je suis toujours là !<br /> <br /> Vital c'est au sens de l'intensité du vivre. J'ai tenu un journal intime de l'âge de 13 ans jusqu'à aujourd'hui. Mais j'ai aussi eu une importante « écriture publique », pas seulement le/les blogs que j'ai pu tenir. Je n'imagine guère que cela puisse cesser un jour, Peut-être lorsque lorsque je serai sous respirateur artificiel… Et encore… J'ai longtemps utilisé un dictaphone et une secrétaire tapait les textes. Avec la modernité on peut écrire avec sa voix… Donc, sauf trachéotomie… Je continuerai peut-être à bavasser…<br /> <br /> Maintenant, qu'un jour l'écriture s'échappe de moi… Peut-être… C'est que j'aurais trouvé autre chose pour intensifier l'essentiel…<br /> <br /> <br /> <br /> ( petite anecdote au passage : à l'école, on avait parfois comme punition d'écrire des pages d'écriture… Pour moi ce n'était pas une punition ! J'adorais recopier des textes que j'aimais. Et en plus, ça parachevait la rééducation de ma main… J'aurais dû être indemnisé par la sécurité sociale !)
Répondre
C
oups... à supprimer la dernière phrase si tu veux bien. Je l'avais mis en attente ;-))
Répondre
C
Etant l'une des deux dont tu parles, je réagis...<br /> <br /> Bien sûr qu'écrire, je le fais et le ferai ailleurs. Le bonheur d'écrire ne me quittera pas, du moins je l'espère de tout coeur, car j'y perdrais une partie de mon identité<br /> <br /> Mais...quand le corps est à ce point mal(ade) qu'il lui faut un énorme courage pour surmonter la vague affolante et incessante des malaises et de l'épuisement, les mots, malgré eux, restent bloqués quelque part tout au fond de la gorge et/ou du ventre, incapables de sortir, incapable de se libérer. Cette paralysie qu m'est tombé dessus, est venue s'ajouter aux maux physiques de la maladie qui m'a touchée.<br /> <br /> JAMAIS je n'aurais imaginé être à ce point touchée et si longtemps (ça va faire trois ans) <br /> <br /> Pourtant j'ai VOULU continuer à tenir mon blog, malgré tout, parfois sans plus aucune foi<br /> <br /> <br /> <br /> Car c'est le "support" blog qui pour moi a perdu beaucoup de son intérêt. <br /> <br /> Je suis en train de tenter d'éclaircir ce point en écrivant en privé les raisons qui m'apparaissent<br /> <br /> Au terme de cette réflexion, l n'est pas impossible que je revienne à mon blog, que j'ai choyé pendant tant d'années...<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> C'est le blog, après dix ans d'existence, que je remets en cause
Répondre
C
Un beau plaidoyer pour l'écriture, Célestine, qui témoigne avec conviction de la puissance que tu lui accordes. Et bien sûr je ne peux que te suivre dans la description que tu fais du pouvoir des mots…<br /> <br /> Mais la question que je soulève est plutôt celle de la "perte de foi" dans ce pouvoir là. Et si un jour on ne croit plus au pouvoir des mots ? Et si un jour on ne le sent plus en soi ? Et si ce sang ne circulait plus… est-ce qu'on serait "mort" ? Finalement ce que j'interroge ce sont les certitudes que l'on a parfois, dont on ne peut jamais s'assurer qu'elles sont éternelles. Les clamer n'est peut-être qu'une façon d'évincer le doute.<br /> <br /> <br /> <br /> Et pour aller plus loin c'est peut-être mon propre doute que je mets ici en avant : et si un jour je perdais le goût d'écrire (l'inspiration), que serait ma vie ? Car l'écriture nécessaire est entrée dans ma vie vers l'âge de treize ans (à cinq ans je n'ai qu'appris à tracer des lettres…). Depuis, son importance n'a cessé de croître, jusqu'à dessiner ma vie, l'orienter, la modeler. Notamment grâce à un journal intime, devenu, par je ne sais quel folie, journal extime publié sur internet. Il m'aura fait entrer dans une forme de socialisation qui s'est prolongée dans le monde des blogs, grâce à qui la peur de la solitude s'est évanouie de mon existence. Et ça c'est assez énorme…<br /> <br /> <br /> <br /> Dès lors ma question sur la durabilité de l'écriture prend tout son sens : et si un jour je n'avais plus de mots à écrire ?<br /> <br /> <br /> <br /> Il ne me resterait que la parole…<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour ta fougue, qui m'a inspiré :)
Répondre
C
Eh bien moi je n'ai jamais cessé d'écrire, depuis mon premier porte-plume, à l'âge de cinq ans, que je tenais en tirant la langue d'un air appliqué.Et je crois qu'il est juste, pour moi, de parler de respiration à ce propos. Car si tu as raison de dire que ce qui semble constitutif de notre moi profond peut évoluer, en revanche il est clair que l'on ne cesse jamais de respirer, de son premier à son dernier souffle. <br /> <br /> Les mots, les mots, Pierre, nous emportent dans leur ronde, nous rendent frileux, fragiles ou au contraire nous donnent à mordre la vie, le monde, à exulter ou à réfléchir. C'est notre bien commun, les apprivoiser c'est comme dompter un troupeau d'animaux étranges et fantasques obéissant à leurs propres règles. Sans les mots, nous ne serions que de pauvres choses incapables de dire les soubresauts incessants de nos âme en convulsion et les lacs paisibles de nos rémissions. Et coucher ces mots sur le papier, passer à cette abstraction magnifique qui permet de suggérer l'ineffable à partir des signes parfaitement froids et conventionnels que sont les lettres, de faire sentir les parfums les plus suaves ou les plus putrides, de soulever des coeurs affligés, de faire jaillir des larmes de joie, n'est-ce pas cela, la magie créatrice de l'écriture? Ce bond constant vers l'infini ? <br /> <br /> Une force vitale qui chez moi prend sa source au plus profond de mon ventre, comme un cri, comme un chant primal qui ne s'éteindra qu'à ma mort.Alors oui, j'aime dire que j'aime écrire. Et arrêter un blog, au moins pour l'une des deux que tu cites, ne signifie pas arrêter d'écrire.Mais juste arrêter une forme d'écrire. Enfin, je ne puis l'affirmer, bien sûr, mais j'en ai la conviction profonde.<br /> <br /> Qu'il ne me restât plus qu'un peu de buée sur une vitre et j'écrirais encore, jusqu'à ce que mon index tremble du froid de ne plus rien pouvoir dire.
Répondre