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Alter et ego (Carnet)
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1 mars 2015

Un silence qui fait parler

Ceux qui ne viennent lire ce blog que lorsque je publie un nouveau texte n'auront rien su de l'échange soutenu qui a lieu depuis une quinzaine de jours autour d'un billet mythique intitulé "Le sens du silence". Ce texte, publié il y a un peu plus de neuf ans [!!], a été régulièrement ravivé par des commentateurs de passage aiguillés par Google ou consorts. À partir de mots-clés centrés sur le mutisme d'une personne aimée, la requête amène continuellement des visiteurs. J'espère que mon texte leur apporte quelques réponses.

Il y a deux semaines on pouvait dénombrer un peu plus de 400 commentaires depuis le billet initial. C'était déjà considérable. Depuis, suite à une soudaine reprise d'activité, le cap des 600 commentaires a été dépassé ! À l'instant ou je publie nous en sommes à 682. Hallucinant, non ? En fait de "commentaires" il s'agit plutôt d'échanges assimilables à une conversation de type "forum", voire à un groupe de parole... Chaque intervenant y développe longuement son point de vue, soit en exprimant une incompréhension et la douleur qui l'accompagne, soit en tentant de comprendre le sens d'un silence inexpliqué, soit en témoignant des impasses auxquelles cette quête de sens peut conduire tout en proposant d'éventuelles pistes d'apaisement. Assurément le silence suscite la parole. Tout ce qui s'est échangé n'est pas d'égal intérêt mais, globalement, il se délivre là un beau partage de questionnements, d'expériences et de ressentis.

Je n'imaginais absolument pas, lorsque je l'ai rédigé, que mon texte toucherait aussi fort autant de personnes. Constatant cet intérêt manifeste, il y a quelques mois, l'idée d'en faire une synthèse m'est venue mais sans savoir sous quelle forme. Ce n'est qu'après le sursaut de la semaine dernière que j'ai voulu, par curiosité, me rendre compte de ce que cette somme d'échanges représentait. Mise sous format texte : 300 pages jusqu'à fin 2014. Bigre, l'épaisseur d'un livre ! Alors, faute d'idée géniale sur l'utilisation de cette matière brute, j'ai observé un peu plus en détail ce fil phénoménal.

Avant le rebond de ces derniers jours 45 personnes avaient apporté leur contribution. Au vu du nombre de commentaires c'est peu, quand on sait que nombre de personnes ne sont intervenues qu'une seule fois pour exprimer leur satisfaction d'avoir pu lire le texte et les échanges qui avaient suivi. Mais c'est sans compter les épisodes de partage assez denses, comme en novembre 2011 où pas moins de 137 commentaires (sans compter les miens) se sont échangés en quelques jours entre une dizaine de personnes. En 2014, nouvelle salve avec une soixantaine de commentaires croisés entre 7 personnes. Certaines d'entre elles, concernées par le sujet, interviennent depuis des années à chaque reprise d'un dialogue. Quant à moi, bien que je sois le plus grand contributeur, je reste souvent un peu en retrait et mes interventions ne représentent qu'un quart du total.

Mais ces chiffres, déjà conséquents, ont été atomisés par ce qui se produit en ce moment : plus de 250 échanges supplémentaires en une quinzaine de jours ! Avec toujours de quoi apprendre quant au rapport que chacun entretien face à... l'attachement (qu'on appelle communément "amour"). Car au delà du silence, qui en est la partie perceptible, c'est bien l'attachement qui est touché dans ce qu'il a de plus profond, de plus sensible, et je dirais presque de plus viscéral, primal, archaïque. En effet le silence durable de l'un renvoie l'autre à sa solitude.

 

N'ayant plus l'avidité de comprendre le sens d'un silence, comme à l'époque où j'ai écrit mon texte, je participe relativement peu à la discussion. Pour moi la cause est entendue : en matière de relations le silence exprime le repli. Certes il ne l'exprime pas en mots, puisqu'il s'y soustrait, mais d'une certaine façon il est très clair : « je ne te parle plus ». Peu importe que ce soit par volonté ou par incapacité, le résultat est le même : l'autre ne répond plus. La seule chose à comprendre c'est cela : « tu n'es plus la personne avec qui je peux/veux/sais communiquer ». Ce peut être violent à admettre et la tentation de "comprendre" sera inévitablement présente. Pourtant il sera vain de chercher à savoir si cela vient de comportements inappropriés de soi, de l'autre ou d'un dysfonctionnement de la relation : par essence le silence n'apportera aucune réponse directe. La frustration en sera grande et déclenchera probablement des émotions fortes et durables, laissant peut-être de profondes séquelles. Par contre, une fois que la douleur du rejet et son cortège émotionnel sont passés, le silence de l'aimé(e) offre l'opportunité de s'interroger sur le rapport que l'on entretenait avec cet autre qui nous importait : en quoi son silence me fait-il souffrir ? Qu'est-ce qui est touché en moi quand l'autre (me) fuit ? À quoi cet "abandon" me renvoie t-il ? Autant de questions qui renvoient à l'attachement, et même à ses origines. Les questions se succéderont, s'ouvrant en cascade dès qu'une hypothèse de réponse semblera apporter la paix que l'esprit recherche. Elles ne s'épuiseront qu'au fil du temps, ouvrant peu à peu un espace de sérénité intérieure. Jusqu'au jour où l'on finira par comprendre qu'il n'y a peut-être rien à comprendre. Seulement accepter qu'il est advenu ce qui, dans un contexte donné, entre deux personnes en quête d'elles-même, ne pouvait qu'advenir. L'alchimie d'une rencontre ne s'explique pas totalement, celle de la rupture pas davantage.

C'est sur ce chemin d'acceptation que les hasards de la vie m'ont conduit. Et aujourd'hui je peux dire que le silence m'a ouvert un nouvel espace de conscience...

 

 

IMGP7334-001

 

 

 

 

Commentaires
P
Chère Célestine,<br /> <br /> <br /> <br /> l'exagération est le propre du caricaturiste, c'est l'instrument qui lui permet au choix de rehausser ou rabaisser la beauté de la cible.......<br /> <br /> Pour moi, les étoiles font partie de la palette dont le peintre se sert pour illuminer un corps céleste......<br /> <br /> Or, votre oeil visible est tout sauf de nature cyclopéenne........
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L
Je ne peux que rester silencieuse devant ces échanges très intéressants à partir de billets qui ne le sont pas moins. J'apprends toujours en lisant les réflexions des esprits et grâce à elles je mûris lentement mais sûrement puisque je deviens de plus en plus tolérante sur les pensées des autres. Rester silencieux c'est aussi vouloir ne pas être dérangé parce qu'on a trouvé un équilibre si longtemps cherché. Mais je m'aperçois que parfois il est bon de l' ouvrir. La célèbre CELESTE IN a quand même fait fort. Elle a réussi à transformer un simple Pierre en un célèbre Pétrus dont on connait la renommée et le coût.
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P
Chère Célestine,<br /> <br /> <br /> <br /> J'apprécie que Vous ayez apprécié mon humour , et non mon Amour du Prénom....<br /> <br /> Quant à l'astuce suggérée (Maître Philippe) mon fils aîné m'en a déjà suggéré l'idée, mais dans le feu de l'action (Pierrafeu) je m'emballe parfois et , zut ! , je l'oublie<br /> <br /> Merci du rappel ! J'aime que vous aimiez la modération !
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C
Cher Petrus<br /> <br /> <br /> <br /> Je lis que vous avez du mal à lire les petits caractères. Savez-vous qu'en appuyant sur la touche "CTRL" et sur la touche "+" en même temps, vous pouvez zoomer à votre guise ?
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A
"Alain, j'espère que ton silence n'est pas un silence réprobateur devant l'apparente futilité de mon intervention, et que tu me pardonneras mon besoin de légèreté. "<br /> <br /> Célestinette, suis pas mêlé au débat prétrusinien.... Je commentais le billet...<br /> <br /> Mais il est vrai que tes supposées futilités n'en sont jamais. elle sont toujours comme la lune, avec une face cachée subtile....<br /> <br /> :-)<br /> <br /> Je te bise avec légèreté, pour satisfaire ton besoin....<br /> <br /> ;-)
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C
J'espère que tu continueras à parler sans retenue des petits cailloux dans tes chaussures ! Manquerait plus que cet espace devienne consensuel et aseptisé !! Du moment que chacun s'exprime en bonne intelligence, sans agresser ni dénigrer autrui (ce qui ne s'est plus produit ici depuis des lustres), je n'aurais rien à redire.<br /> <br /> <br /> <br /> Le terme "injonction" m'a paru un brin surévalué, en effet, mais son auteur s'en expliquera peut-être…<br /> <br /> <br /> <br /> Mention spéciale au terme "aristaque", qui m'a poussé à prendre mon dico pour en découvrir la saveur. Merci donc à Oursnoir.
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C
Ah mes amis, je ne pensais pas que mon petit mouvement d'humeur assertif déclencherait tant de commentaires z'et de réactions...pour une fois que je me laisse aller à exprimer en toute liberté un petit caillou dans ma chaussure...<br /> <br /> Il n'y avait aucune injonction de quelque sorte que ce fût dans ce que j'ai dit. Je me permettais juste de faire une remarque qui ne vous obligeait nullement à changer de pseudo. Mais ma foi, même si j'en suis confuse, vous l'avez fait, et je trouve Petrus délicieux, dans l'esprit de votre prénom tout en ayant une vraie personnalité. Avec un petit côté romain très élégant.<br /> <br /> J'ai beaucoup aimé votre allusion très spirituelle au film " le prénom" que j'ai adoré.<br /> <br /> Alain, j'espère que ton silence n'est pas un silence réprobateur devant l'apparente futilité de mon intervention, et que tu me pardonneras mon besoin de légèreté.<br /> <br /> Quant à vous, cher Oursnoir, j'espère que j'aurai l'occasion de vous prouver que l'adjectif " chicanière" n'est pas a priori celui auquel on pense pour me qualifier. <br /> <br /> Que vous me traitiez d'aristarque, en revanche, me fait rosir de plaisir, non pour le côté sévère, mais plutôt par amour des belles lettres...je n'ai pas entendu ce mot depuis mes humanités, et cela remonte au calandres grecques, comme disait Pierre Dac.Bref, je gage que nous sommes, sur ce blog éminemment intéressant, entre personnes de bonne compagnie, et personne ne saurait interdire à quiconque d'y participer autant qu'il lui plaira.. <br /> <br /> Laisse moi, enfin, te remercier, Pierre, pour ce que tu as dit de la valeur thérapeutique de la parole. <br /> <br /> Sans rancune tout le monde ? <br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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P
Daccord cette fois, Pierre, alors ce sera Petrus, si personne n'y voit d'inconvénient.<br /> <br /> <br /> <br /> Alainx, je suis d'accord : ne pas être en relation supprime la difficulté d'y être, mais pas celle de ne pas y être.<br /> <br /> <br /> <br /> Or je crois à cette définition : l'être humain est un animal social (pas forcément sociable) , donc toujours peu ou prou (espace limité , nombre limité d''iles isolées obligent) nous sommes continuellement en relation....
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A
Plus j'avance en âge, plus je cultive la vertu du silence...<br /> <br /> D'ailleurs on me "voit plus" guère dans les contrées blogosphériennes.....<br /> <br /> Choisir le silence dans une relation est une option que je pratique. Parfois nécessaire à "trop de bavardages explicatifs qui ne finissent pas...."<br /> <br /> L'autre en souffrira-t-il ? peut-être.... si on veut éviter les souffrances d'une relation, mieux vaut ne jamais y entrer.....
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P
Bonsoir Pierre,<br /> <br /> <br /> <br /> ma question était toute de sincérité : ayant eu la même réaction que vous (trop long) j'ai, peu de temps après l'avoir choisi et émis, pensé en changer; c'est là que (échaudé plus d'une fois par un rejet pour adresse mail déjà utilisée) j'ai craint rejet système pour ce simple motif ; tu profites, nous profitons tous des services de CANALBLOG; qui pouvait m'assurer à priori d'une absence de risque de rejet ?<br /> <br /> <br /> <br /> Dans l'exemple même je ne veux pas en rester là : pas plus tard que ce jour j'ai été rejeté de la sorte par un site on ne peut plus officiel et gouvernemental : FAIRE SIMPLE.gouv.fr<br /> <br /> <br /> <br /> Te rappelles-tu ce que j'ai raconté antérieurement à ce sujet ?<br /> <br /> En résumé un site officiel de 'boite à idées citoyenne' a été créé pour inviter tout citoyen à suggérer une idée de simplification administrative dans les relations Administration/Citoyen; j'ai voulu intelligemment inciter d'abord à un effort rédactionnel et de référence des textes officiels; ma proposition a été rejetée de publication sans autre forme d'explication; j'ai essayé de réitérer ma participation citoyenne sur un autre sujet, mais là j'ai fini par déplorer une démarche du site à rebours de toute démarche de simplification , et donc contre nature quand on prétend recueillir des idées de simplification , parce que l'on voudrait sincèrement simplifier.<br /> <br /> <br /> <br /> Or , quelle ne fut pas ma stupeur aujourd'hui d'être contacté par le même site : Monsieur vous êtes inscrit sur le site FAIRE SIMPLE; nous vous remercions pour vos contributions qui nous ont permis de simplifier; veuillez remplir ce questionnaire anonyme de satisfaction (anonyme non en fonction de mon adresse mail que Toi tu connais, et de mon code postal que je devais également fournir à la fin; j'ai rempli le questionnaire en réaffirmant mon désir de participation citoyenne; j'ai réitéré ma critique d'une démarche qui se voudrait de simplification mais qui s'exerce dans une complexité rébarbative; ce faisant j'ai fait un lapsus en parlant à leur sujet de vélléité; vérifiant le sens de ce mot, alors que je voulais souligner la volonté apparente de simplification, j'ai voulu apporter un correctif...<br /> <br /> J'ai été rejeté : votre participation à l'enquête a déjà été prise en compte!!!!!!<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Moralité : Si mon pseudo incommode, et sans réponse ou suggestions, devrais je quitter le blog ? (lol) Tu vois Celestine, je le prends avec le sourire
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