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Alter et ego (Carnet)
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18 mai 2015

Faim

Je ne suis pas très content de moi : j'aurais pu profiter bien davantage de ma dizaine de jours de vacances. Certes je suis parti sous d'autres cieux, mais peu de temps. Des circonstances indépendantes de ma volonté m'ont contraint à revenir plus tôt que prévu chez moi... où je suis bêtement resté. Or j'aurais très bien pu reprendre ma voiture et trouver, à quelques heures de route, une infinité de possibilités d'évasion !

Oui mais j'ai tout de suite pensé au week-end prolongé que n'auraient pas manqué de s'octroyer "plein de gens", en imaginant une grosse circulation, des masses de touristes... Beark ! Et puis la météo annonçait un retour du froid. Brrr... Et partir tout seul... Boaf.

Résultat : j'ai pas bougé !

C'est d'autant plus idiot qu'initialement j'avais pensé m'offrir un petit voyage solo en quelque lieu dépaysant sans être trop lointain. Sauf que, voulant répondre à de vagues engagements que j'avais imprudemment laisser supposer, je me suis laissé faire en abandonnant mon projet. Une fois de plus j'ai voulu être gentil et je me suis fait passer après autrui. Pouark, détestable ! Mais quand est-ce que je saurai me faire passer avant l'autre ?

Bon, ce n'était pas désagréable du tout, bien au contraire, et j'ai pris du plaisir à partager de bons moments. Soleil, ciel bleu, palmiers. Un avant goût d'été. Mais... c'était court. Trop court. Je n'ai donc pas eu ce que je désirais : une vraie évasion. J'aurais pu entreprendre de quoi compléter la première partie mais je ne l'ai pas fait. Tant pis pour moi ! Ça m'apprendra à ne pas tenir mes engagements envers moi-même !

En fait j'ai des difficultés à quitter mon environnement tranquille. Mais j'en ai autant à y revenir : quand je suis loin (même si ce n'est pas très loin...) je resterais volontiers dans ce "hors-temps" que je trouve dans l'ailleurs. Le changement de rythme et d'habitudes me dérange autant dans le mouvement que dans l'immobilisme. Loin, j'oublie tout : travail, maison... et internet. Je me coupe de tout, et surtout de l'info, du stress, d'un quelconque programme. L'inspiration est mon guide. Liberté !

J'étais loin, donc. En revenant chez moi il m'a fallu du temps pour me "reconnecter" au monde (très peu), à internet (beaucoup)... et je n'ai plus su m'en décrocher. Pfff... j'aime pas ça !

Bon, quand je dis "internet", je pense surtout aux interactions que cela permet. Ce désir toujours latent de partager, d'échanger, d'explorer, de ressentir une vibration particulière. Une autre forme de voyage, en somme : en soi, vers l'autre. Aller à la rencontre de l'exotisme de l'autre, de sa part d'inconnu. Trouver nourriture à partager.

Il m'arrive d'en avoir faim.

 

IMGP2379

Massif de l'Estérel

 

 

Commentaires
C
"...cette sorte d'obligation à aller vers l'autre, presque sacrificielle, entendue prêchée durant mon éducation catho..."<br /> <br /> <br /> <br /> Pfffiouuu...ça, ça me parle ! L'amour ne se commande pas, ne se décrète pas.Quand ils auront compris ça, le monde ira sans doute mieux...<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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C
Si c'est alambiqué, alors c'est au sens littéral : comme distillé au travers de l'alambic pour en extraire le suc ! <br /> <br /> J'aime beaucoup ce complément que tu apportes à l'idée générale un peu brouillonne de mon texte. Tu le rehausse d'une touche savoureuse (tant qu'on est dans les métaphores culinaires, hein…).<br /> <br /> <br /> <br /> L'altruisme décomplexé, tel que je le comprends, serait assimilable à un goût pour l'altérité. D'une toute autre nature que cette sorte d'obligation à aller vers l'autre, presque sacrificielle, entendue prêchée durant mon éducation catho. Choisir d'aller vers l'autre par désir plutôt que par devoir. Cette injonction pouvait être culpabilisante pour ceux qui n'ont pas l'aisance d'aller au devant de l'autre. Heureusement, internet est arrivé et est devenu un précieux allié ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis sensible aussi à cette opposition que tu mets en évidence entre attrait pour l'exotisme de l'autre et xénophobie. Tout d'un coup ça me paraît lumineux.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci :)
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C
"Aller à la rencontre de l'exotisme de l'autre, de sa part d'inconnu. Trouver nourriture à partager."<br /> <br /> <br /> <br /> Cette phrase me trotte dans la tête depuis her soir, heure à laquelle j'ai lu ton billet. Je pourrais en faire l'exergue de mon blog, tellement je la trouve séduisante dans ce qu'elle exprime. Un "altruisme décomplexé", en quelque sorte. <br /> <br /> Aller vers l'autre ne signifie en aucune façon s'oublier, se négliger, pire, se nier. Cela fait du bien de le lire in extenso.<br /> <br /> Aller vers l'autre signifie se nourrir profondément de l'altérité, qui n'est pas nous, mais dont nous allons faire une part de nous-même, sachant qu'à l'inverse, l'autre va prendre chez nous ce qui fait notre altérité pour lui. Se nourrir intellectuellement, spirituellement, et les mots "il m'arrive d'en avoir faim" ont quelque chose d'assez épicurien, voire rabelaisien. Il évoque une gourmandise de la vie que je partage.<br /> <br /> Bon ça a l'air un peu alambiqué, dit comme ça, mais je persiste à penser que c'est la façon la plus équilibrée de nouer des relations. S'appuyer sur l'autre pour devenir soi, dans une parfaite symétrie. Une interaction que les relations virtuelles favorisent, puisque dans ce cas, les pensées priment et débarrassent l'esprit des scories, des freins du réel. Quant à la gentillesse, qui induit souvent que l'on s'oublie, préférons lui la sincérité, qui nous fait nous respecter davantage. <br /> <br /> L'exotisme est tout le contraire de la xenophobie. Et ça, c'est en soi déjà assez formidable par l'étang qui court. ^^<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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C
hi hi Pierre faut te relire, tu comprendras le sens de la remarque de Anonymette ;-)<br /> <br /> Sinon pour ce qui concerne ton billet... oups moi aussi j'ai souvent été très gentille, trop gentille ;-)
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L
J'ai souri en te lisant, car, pendant très longtemps, j'ai été trop gentille, trop tournée vers les autres en m'oubliant, incapable de pouvoir dire non quand on me sollicitait, même si je n'en avais pas réellement envie ou si j'étais trop fatiguée pour répondre à une demande. Mais j'ai appris depuis à me mettre au centre de ma vie, à respecter mes désirs ou non-désirs de partages, à préserver mon besoin vital de solitude aussi. Et je me sens tellement mieux maintenant.
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J
sous anonymette se cache Maitre Capello ! lol
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A
"Des circonstances indépendantes de ma volonté m'ont contraint..."<br /> <br /> ;))
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C
C'est joliment dit et cela me parle tellement. Et ce lien avec la nourriture me fait sourire.<br /> <br /> Belle journée Pierre
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F
Ton récit me fait penser à ma petite maison bleue, qui se trouve pourtant à moins de 30kms de chez moi, mais lorsque je m'y rends, j'ai l'impression de me dépayser complètement : pas d'ordinateur, pas d'internet, très peu d'infos, beaucoup de balades, je suis le plus souvent à l'extérieur à profiter du paysage, juste quelques échanges avec les habitants du petit hameau (mes cousins :-)). Mais lorsque je rentre chez moi, malgré les promesses que je me fais, je reprends le chemin du bureau, le clavier, l'ordinateur, et les mauvaises habitudes... Lorsqu'on est loin de chez soi, loin de ses habitudes, tout est plus facile, et on peut s'en faire des promesses. Oui, mais voilà... Et à propos des engagements, il est permis de se désengager, je l'ai appris et je commence à savoir l'appliquer sans culpabiliser. :-)<br /> <br /> Belle semaine à toi, Pierre.
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K
Bonjour Pierre,<br /> <br /> <br /> <br /> En lisant votre carnet je me demandais si vous aviez déjà fait les chemins de Compostelle? Je pensais à cela car vous parlez d'échanges, d'explorer, de ressentir des vibrations particulières...<br /> <br /> Depuis quelques années je pars une semaine avec mes frères et soeurs. Nous sommes géographiquement tous éloignés et ce chemin nous permet de nous retrouver une semaine. Je ne le fais pas dans un but religieux du tout. Nous avons choisi ce chemin par pur hasard mais nous ne regrettons nullement notre choix. Ce chemin est comme un souffle magique, il est riche, il nous permet de rencontrer des gens de tous pays et de toutes régions et j'y ai découvert des trésors pour les yeux et l'âme, une sorte de plénitude que seule la nature peut offrir. Marcher, c'est faire le chemin entre son coeur et son esprit, c'est trouver des réponses aux questions, c'est une jolie manière, après les perturbations du printemps, de se retrouver avec soi même. <br /> <br /> Je vous souhaite une belle journée.
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