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Alter et ego (Carnet)
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25 mai 2015

Le pari de la confiance

Sur un blog discret j'ai récemment lu ceci : un humain est confiant quand il se sent aimé…

Une phrase toute simple, qui m'a immédiatement saisi. Je l'ai trouvée étonnamment juste. Limpide. Elle correspond exactement à une association de termes dont je cherche à mettre en évidence le lien depuis fort longtemps : amour et confiance. L'amour auquel je pense ici est à prendre au sens le plus basiquement humain : reconnaissance, écoute, considération, respect. Éventuellement appréciation, estime, et davantage encore, mais en évitant de s'égarer du côté de l'exacerbation amoureuse qui, par ses attentes, tend vraiment à être d'une autre nature.

Quoi qu'il en soit l'élément prépondérant, ici, n'est pas l'amour mais la perception de celui-ci : "se sentir aimé". L'idée qui m'a plu c'est que la confiance découlerait de cette sensation.

J'ai pas mal disserté sur la confiance, autrefois ( ou encore ). L'érigeant sous la forme d'un principe plutôt exigeant, je considérais que celle que l'on accorde à l'autre était un préalable pour aller plus loin dans la relation. Or la phrase mise en exergue en début de texte inverse le postulat et situe la confiance à sa juste place : une conséquence. Si je ressens une attention respectueuse, alors je me sentirai en confiance. J'insiste sur cette notion de ressenti parce que, j'en prends conscience, c'est à partir de là que se déclenche toute une dynamique. Fondalement peu importe de quelle façon je suis reconnu et écouté, et même si je suis réellement : ce qui compte c'est que je ressente que je le suis. Que j'y croie. En ce sens le rôle des premiers regards (parents, éducateurs, enseignants...) est capital.

Inévitablement me reviennent à l'esprit les souvenirs d'une enfance marquée précocement par l'instabilité de cette perception. En quelques instants tout pouvait basculer, de façon imprévisible et irrationnelle. Démesurée. Violente. La versatilité paternelle a probablement induit en moi une insécurité affective, une crainte permanente du désamour, du désintérêt, de la disgrâce, et de la douleur profonde qui accompagne ces invisibles déchirures. Les blessures, par effet de répétition, sont hélas devenues traumatismes...

Je suis convaincu que l'enfance joue un rôle prépondérant dans le socle de la confiance en soi. S'il fait défaut, je me demande encore comment le constituer solidement ultérieurement. Pour se croire aimable il y a donc non seulement nécessité première de se sentir aimé, mais aussi que ce soit avec une certaine constance. Question de fiabilité.

Je pense que le début de mon parcours de vie a fait que j'en suis venu à accorder une importance majeure - et sans doute excessive - à la notion de confiance. Me sentir en confiance, c'est à dire écouté et digne d'intérêt, est une condition indispensable pour que, en présence d'autrui, j'ose simplement être (être soi) et me déployer librement, sans retenue, sans contrôle. De ce fait, rares - et particulièrement précieuses - sont les personnes avec qui je me laisse aller spontanément. Ma prudence vient probablement d'une hypersensibilité à tout signe pouvant me faire ressentir - à tort ou à raison - que je ne suis pas, ou plus, aimé (apprécié, estimé). Une telle insécurité ne favorise évidemment pas l'épanouissement personnel, ni relationnel. Alors, bien qu'un attrait pour la rencontre m'anime fortement, il ne fait pas toujours le poids face à celui que j'ai aussi pour la solitude... qui n'est qu'un moyen d'exister librement. Seul, certes, mais libre. Et inversement...

Mais en rester aux hypothèses explicatives ne présenterait que peu d'intérêt. Ce qui importe c'est de savoir ce que je fais de cet héritage. Mon rapport exigeant à la confiance se colore donc peu à peu d'une nouvelle dimension : la prise de conscience de ma part de responsabilité dans le changement souhaité. Déjà j'ai laissé tomber l'idée de durabilité : la confiance se vit au présent et n'engage à rien. Ça, c'est fait. Maintenant j'en viens à admettre qu'en présence de l'autre, tant que je manquerai de confiance en moi il me sera difficile d'avoir confiance dans l'attention (amour) que l'on peut avoir à mon égard. Le doute pourra ressurgir inopinément. Tout se passe comme si le manque initial jouait un rôle d'anti-adhésif, empêchant l'accroche stable de l'amour pourtant ressenti : au moindre mouvement, tout glisse.

C'est embêtant. C'est même fâcheux et potentiellement désastreux. Alors, puisque je ne peux pas changer le passé qui m'a conditionné, il me revient de faire le pari de la confiance. Il n'est pas sans risques puisqu'il peut m'exposer à de cruelles déconvenues et raviver les traumatismes anciens, mais je ne veux plus m'en protéger continuellement. J'ai envie de me fier à mon intuition première dès lors qu'elle m'indique qu'une personne est fiable. Tenir quels que soient les aléas, les éventuels malentendus, désaccords et mouvements d'humeur. Autrement dit : garder obstinément confiance en moi.

C'est possible, ça ?

 

 

 

Commentaires
A
Pierre !!!! Viens vite !!!!<br /> <br /> Un(e) Sauveur(se) !!<br /> <br /> Le Puissant MArabout là-di-don !!<br /> <br /> P'tain ! qu'on est cons de pas y avoir pensé plus tôt !!<br /> <br /> m'en vais de ce pas recueillir de la bave de crapaud !
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M
"Il faut observer qu'alors on s'est fixé sur l'autre, on s’est comme sorti de soi-même et on a perdu le contact avec sa propre intériorité. <br /> <br /> C'est à ce contact intérieur qu'il faut revenir volontairement dans l’instant. Ce contact avec notre zone de confiance."<br /> <br /> Ce qui est dit ici me parle particulièrement. C'est vraiment ce que j'ai saisi dans ma vie. Revenir toujours dans cet espace intérieur, y rester le plus possible en faire ma demeure si possible.<br /> <br /> Là s'y trouve une simplicité si grande, rien à ajouter, rien à améliorer tout est en place.<br /> <br /> Mais dès que je m'éloigne une complexité prend place et le manque de confiance lui reprends ses droits.<br /> <br /> D'enrichissants commentaires tout au long de ce thème sur la confiance.<br /> <br /> Merci Pierre tu as cette particularité de faire réfléchir...
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C
" J'arrive peu à peu à me voir comme quelqu'un d'aimable, apprécié, estimé [mais chuuuut, faut pas le dire !] ;) "<br /> <br /> Eh bien si, il faut le dire et même le crier sur les toits, parce que c'est une excellente nouvelle...je crois que ces problèmes récurrents de confiance en soi viennent grandement de cette p...d'éducation judéo-catho qui nie l'individuel son identité propre. Ne sommes nous pas tous des "brebis" au regard de dieu ? C'est peut être rassurant, parce que la laine ça tient chaud, mais en terme de développement personnel c'est moyen...<br /> <br /> Il ne faut pas dire a un enfant qu'il est beau, qu'il est gentil, qu'il travaille bien, sinon il va pécher par orgueil. Il faut s'auto-flageller, se rabaisser, mais que je sache, confondre humilité et humiliation n'a jamais fait grandir un enfant.<br /> <br /> On en a bousillé des gamins avec ça...<br /> <br /> Ceci pour te dire, cher Pierre, que la confiance en soi se gagne pas après pas. Encouragement après encouragement, et en s'affirmant, et en s'aimant soi-même. Peut être d'ailleurs que se sentir aimé par soi même est une bonne base de départ. <br /> <br /> Ton billet pose vraiment bien les choses.<br /> <br /> Après, en tâche de fond, l y a d'autres choses qui m'interpellent, mais là, il est vraiment trop tard...<br /> <br /> Kiss<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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M
Ce qu' Alainx a écrit sur le ressenti et ce que tu écris par résonance sur le "non ressenti" est très intéressant. <br /> <br /> Cela me fait penser aussi, aux émotions que l'on peut enfouir au plus profond de soi, que l'on inhibe pour ne pas ressentir, pour ne pas souffrir.<br /> <br /> En découlerait cette capacité à ne plus ressentir qui a des conséquences extrêmement néfastes, démultipliant la douleur quand se lève alors l'inhibition.<br /> <br /> Comme dit un proverbe" On ne peut pas mettre le vent en cage".<br /> <br /> Ainsi, ce travail (proposé par Alainx) sur ses propres ressentis, ses émotions positives mais aussi les négatives,(elles existent) les accueillir, les accepter me semble intéressant pour "se ressentir soi même", s'apprivoiser et s'accepter. De là pourrait alors en découler un autre chemin vers une "confiance en soi".<br /> <br /> Merci et bonne nuit à tous les deux.
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A
Tes deux premiers paragraphes sont lumineux au regard de la phrase que tu cites (toi et moi savons d'où elle vient…). Là, tout est dit. Tu as exactement l'antidote à ce que tu développes par la suite concernant une enfance plus ou moins dévastée au regard de la confiance.<br /> <br /> <br /> <br /> En effet, ce qui est prépondérant est de se sentir aimé. Autrement dit on peut faire confiance à ses ressentis. J'oserais affirmer qu'il n'y a pas d'autres chemins. Et qu’en tout cas celui là est une voie royale. Tu le dis d'ailleurs la dynamique ne s'enclenche qu'à partir du ressenti. <br /> <br /> Bien les gens accordent une valeur à leur ressentis… négatifs… (angoisses, malaises, peurs, dégout, rejet, suspicion, etc etc….) Et tout ce qui est d’un registre plus profond, plus positif et essentiel, c’est comme si cela n'avait pas beaucoup de valeur… alors qu'au contraire c'est totalement l'inverse. <br /> <br /> <br /> <br /> On ne se pose pas la question : est-ce que je suis VRAIMENT angoissé ? quand celle-ci nous prend à la gorge ou nous tord le ventre !<br /> <br /> En revanche on dira sans doute plus facilement : Est-ce que je ressens VRAIMENT qu’on m’aime ?(alors qu’on le ressent nettement), comme si le doute, l’absence de confiance, venait toujours tout foutre en l’air !…<br /> <br /> <br /> <br /> Bon Ok, il y a des explications à ce mode de fonctionnement… mais c’est pas le moment de les rechercher. IL convient EN PREMIER de s’enraciner dans l’amour ressenti à notre égard, et acceptant de l’accueillir et d’en gouter les bienfaits…. Cela suppose de s’y arrêter concrètement, je veux dire face à des personnes concrète : tel ami(e), tel collègue, etc…. on peut même lister l’entourage et écrire face à chaque nom : Untel je me sens (et là, pour chaque personne, ou peut nommer le ressenti exact sur ce registre « être aimé » (apprécié, considéré, admiré, compris, vu dans mes valeurs, admiré dans tel engagement, etc.. etc…. c’est à dire laisser ressenti « parler » avec se mots à lui…)<br /> <br /> Ce ressenti peut prendre du « volume » et nous aider à accueillir notre réel valable : oui c’est vrai je suis « ça » (quelqu’un qui est consciencieux dans son job, qui sait se faire proche, qui écoute, qui sait faire partager son amour de la nature etc… etc….)<br /> <br /> <br /> <br /> Enfin , disons que personnellement, c’est par ce chemin là que j’ai acquis confiance en moi…. Bien sûr elle n’est pas TOTALE et ne le sera jamais… mais elle progresse petit à petit….<br /> <br /> Et le Doute je le connais aussi… mais il n’est plus « le patron chez moi » !
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S
"Maintenant j'en viens à admettre qu'en présence de l'autre, tant que je manquerai de confiance en moi il me sera difficile d'avoir confiance dans l'attention (amour) que l'on peut avoir à mon égard"..<br /> <br /> il ne s'agit pas tant d'être aimé .....encore faut-il s'aimer et aimer avec toute l'ouverture...tout le don de soi que cela implique<br /> <br /> aimer sans ramener tout à soi et attendre de l'autre de flatter notre égo <br /> <br /> ou qu'il n'ait pour rôle que celui de combler nos manques<br /> <br /> ou d'anticiper sur nos incertitudes et d'y répondre<br /> <br /> Vouloir être rassuré en permanence ne prend pas en compte que l'autre lui aussi à besoin d'être rassuré <br /> <br /> contrairement à toi je pense que les failles les manques de l'enfance peuvent expliquer certaines choses mais ne doivent pas servir systématiquement d'excuse à nos défaillances....à la longue c'est un raccourci qui devient confortable et permet de ne pas trop se bouger de se remettre en question<br /> <br /> elles sont pour moi un moteur pour tendre vers un mieux ...vers une certaine résilience <br /> <br /> Etre adulte c'est aussi faire son chemin avec ...et on n'a jamais dit que c'était facile
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M
Bonne soirée Pierre.<br /> <br /> J'ai remarqué pour moi, qui manque énormément de confiance, la chose suivante:<br /> <br /> je prends de plus en plus confiance en moi quand je vais vers les autres, quand je me frotte à eux, naturellement mais aussi en m 'y obligeant ( car je suis une personne avec des grands besoins de solitude, de replis). C'est dans ces échanges mutuels, ces rencontres avec l'autre, ces partages, c'est dans la communication et à travers l'image qu'ils me renvoient de moi, que je me sens exister, que je me sens vivre et reconnue d'eux. J'existe auprès d'eux. Cette reconnaissance me donne alors de la confiance en moi. <br /> <br /> Plus je vais vers les autres et plus je prends confiance en moi.<br /> <br /> Pour moi, "le pari de la confiance" serait d' aller vers les autres le plus souvent possible, ce qui pour moi n'est pas toujours naturel ou un besoin ou facile. <br /> <br /> <br /> <br /> Je pense évidemment par ailleurs très juste " un humain est confiant quand il se sent aimé". Nous savons que le regard, l'écoute, la bienveillance portée sur l'enfant aimé dès sa naissance sont très importants et sont les bases de sa construction et celle de la confiance en lui qu'il développera.
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L
Je ne peux qu'adhérer à tout ce que tu écris sur la confiance. Moi non plus, je ne l'ai pas eue dans mon enfance très bousculée et sans amour. Je me souviens, en particulier, de ma mère qui me désavouait en permanence et de mon père glacial et autoritaire qui ne s'intéressait qu'aux résultats scolaires.<br /> <br /> <br /> <br /> Et puis, il s'est passé quelque chose à l'adolescence, j'ai senti que je plaisais, que les personnes étaient attirées vers moi. C'est pour cela d'ailleurs que je ne me suis jamais posé la question de savoir si j'étais jolie, ce n'était pas nécessaire, le fait de plaire (pas seulement physiquement d'ailleurs) m'a donné beaucoup de confiance en moi.<br /> <br /> <br /> <br /> Les autres jouent un grand rôle dans la confiance que l'on peut ressentir. Bien sûr que cette confiance peut être ébranlée par les trahisons, mais on ne peut traverser une vie sans trahisons et souffrances... alors je pense qu'il est important de ne pas se fermer à ce que l'on pourrait vivre et partager, ce serait une vie bien fade et ce serait tellement dommage !
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M
"garder obstinément confiance en moi."<br /> <br /> pour moi, il me semble que c'est la seule façon qui soit car l'enfance nous rattrapera sans cesse et impossible de tout régler. Tous ces ressentis de l'enfance ils sont imprégnés en nous. Même s'ils ont été amplifiés sous un regard d'enfant ils sont là et nous font réagir aujourd'hui de façon hors contexte bien souvent. Ce qui me rends perplexe bien des fois face à mes réactions...<br /> <br /> Mais comment garder confiance en moi sans me faire rattraper par d'anciennes blessures...<br /> <br /> Avec le temps, les expériences j'ai appris à me rapprocher le plus possible de moi-même. Dès que je sens un malaise je sais que je me suis éloignée et je me rapproche. Et ce retour vers soi a été la clef pour moi. Je n'ai pas travailler sur la confiance ou d'autres aspects ils sont là en moi de façon immuable. <br /> <br /> Comment cela s'est opéré... je ne sais trop mais je sais que toute la confiance, l'amour sont en moi au-delà de mes problèmes et mon plus grand travail est de retourner sans cesse vers cet abri en moi. <br /> <br /> J'ai besoin des autres, du partage vrai et quand cela se passe ma confiance en l'humain est présente, grande même. Je n'ai pas une confiance totale car je sais aussi que nous sommes tous sur un chemin d'évolution et autant les autres que moi pouvons poser des actes qui manquent carrément d'amour, de bonté. <br /> <br /> Je pardonne facilement car je sais que nous sommes en évolution...
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C
Diantre ! En voilà une question intéressante !<br /> <br /> Moi qui n'ai jamais eu confiance, qui accompagne des personnes qui majoritairement n'ont pas confiance...<br /> <br /> Pour moi, la confiance est le nerf de la guerre (je ne fais pas dans la demi mesure, je sais...). Je m'emploie (décidément !) à instiller la confiance en l'autre et à la retrouver pour moi.<br /> <br /> Un boulot à plein temps !<br /> <br /> ;)
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