Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
9 août 2015

Indélicatesse

Il suffit parfois d'un seul mot, rencontré au moment opportun, pour déclencher une prise de conscience.

Aujourd'hui c'est délicatesse...

Ce mot m'a délicatement percuté, à un moment où j'ai mis en place un moyen de protéger ce blog d'un envahisseur particulièrement indélicat. Je n'aime pas l'idée de restreindre la liberté d'expression, par principe, mais j'aime encore moins... l'indélicatesse. Cette façon de se comporter sans se soucier de l'autre me heurte, me fait violence, et peut déclencher chez moi, en retour, des attitudes que je n'aime pas avoir [quoique...]. Oui, car l'indélicatesse d'autrui peut me rendre indélicat ! Parce qu'elle m'agace, elle peut me rendre sarcastique [hyerk hyerk...]... ce qui peut être fâcheux.

Je cite Célestine : « La délicatesse, c'est rechercher un certain raffinement des choses, une élégance de l'être, c'est trouver les mots pour ne pas blesser, c'est une manière délicieuse et subtile de faire sentir aux autres combien ils sont importants ». Autrement dit, c'est avoir de la considération pour l'autre et le percevoir comme un être aussi sensible que soi [ce qui n'est pas forcément évident]. Cela n'empêchera pas que des maladresses, malentendus et incompréhensions se produisent, parce que les sensibilités sont éminemment variables et imprévisibles, mais pourra éviter que celles-ci prennent de l'ampleur. Entre personnes soucieuses de délicatesse, suffisamment humbles pour reconnaître leur pouvoir vulnérant et leur propre vulnérabilité, un dialogue sain devrait permettre de rapidement tout arranger. On sait que les malentendus naissent souvent de sensibilités exacerbées, qu'il suffit d'écouter et de prendre en compte pour les voir s'évaporer. Ce peut même être l'occasion de mieux se comprendre et mieux s'apprécier !

Hélas cette vision d'un dialogue apaisant est probablement un peu trop idéale et la réalité peut se révèler nettement plus décevante. C'est bien connu, et ceux qui ne veulent pas s'embêter avec ces histoires de sensibilité d'autrui le répètent à l'envi : « on n'est pas dans le monde des Bisounours ! ». Et vlan, prends ça dans les dents ! La délicatesse, la bienveillance, la douceur... ça peut vite paraître mièvre, voire carrément naïf. Du moins quand ça concerne les autres.

Chaque jour, dans mon métier, je suis confronté à la rudesse de quelques uns, prompts à défendre leurs intérêts, leurs "droits", leur liberté égoïste. Adeptes du "chacun pour soi" en ce qui les concerne, ils fustigent sans sourciller les attitudes de ceux qui "se donnent tous les droits". J'entends énoncer sans beaucoup de délicatesse des formules de rejet de la différence, des appels à la sanction, à une "tolérance zéro", à "arrêter d'être à l'écoute" [authentique !]. Bien qu'elle me heurte je tolère généralement cette libre expression, que je vois comme une soupape d'évacuation. Là encore j'essaie de passer par l'humour et la caricature pour tenter de faire comprendre la bêtise des propos. Il m'arrive cependant d'exploser - sans délicatesse - devant tant d'incohérences et de repli sur soi. Lorsque je constate que l'égoïsme l'emporte sur la bienveillance, je peux en venir à faire preuve de fermeté en rappelant le cadre de notre mission. Voire, en dernier recours, à user de mon autorité puisque j'ai la chance de pouvoir défendre légitimement un principe de bienveillance à l'égard des personnes accompagnées.

Il en va un peu de même sur ce blog, quand - rarement - certains propos manquent de délicatesse : j'en appelle alors à la bienveillance et au respect des sensibilités de chacun [et en particulier la mienne]. Mais si ce n'est pas entendu - et parce qu'ici je ne suis détenteur d'aucune autorité - je peux en arriver à faire usage de mon pouvoir autocratique de modération, de censure, voire d'exclusion. Ce n'est pas très délicat, j'en conviens, mais à mes yeux nécessaire pour conserver "l'esprit" de ce blog.

Et tant pis si ça vexe que je rappelle [sans assez de délicatesse ?] qu'il y a au moins une limite à la libre expression dans un espace privé ouvert : la capacité de l'accueillant à l'endurer.

 

IMGP5996

 Délicatesse

 

Commentaires
C
J'aime beaucoup l'image que tu as choisie, et qui rappelle ce que je disais chez moi des liens de soie. Joli symbole de délicatesse que ces fils qui ne font pas mal, qui ne marquent pas la peau et qui effleurent l'âme. <br /> <br /> Merci à Lukéria pour Loreena McKennitt. Mon quart de sang irlandais n'a fait qu'un tour.<br /> <br /> Bises délicates<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
Répondre
L
la delicatesse est-elle peut-être privilégier l'autre, <br /> <br /> sans se nuire...?<br /> <br /> <br /> <br /> (bisous au délicat ex nihilo! ;)
Répondre
L
Un peu de délicatesse en musique<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=DopgBNBoVqY
Répondre
L
J'avais lu un jour ce texte sur un blog, et il m'avait touchée, je pense que c'est une bonne vision de ce que nous vivons, entre auteurs et commentateurs. Et je crois, qu'ici, nous nous regardons dans les yeux, nous nous parlons avec le coeur. <br /> <br /> <br /> <br /> Certains ne se rendent pas compte de ce qu'ils révèlent d'eux-même à travers leurs écrits, et on en révèle beaucoup ! Mais pourtant, c'est là que nous nous rejoignons ou nous éloignons, en toute liberté, ce qui est bien différent d'une secte, car nous sommes des êtres conscients et aimants dans la majorité !<br /> <br /> <br /> <br /> "Que sait-on de l'autre quand on ne le/la connaît qu'au travers de ses écrits ?<br /> <br /> <br /> <br /> Beaucoup et peu de choses. Il y a des secrets plus ou moins bien gardés. Il y a des commentaires chez les autres qui en disent parfois plus long que le plus long billet chez soi. Il y a des recoupements et des impasses, des certitudes et des questions.<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a ces liens qu’on affiche, ces coups de coeur qu’on revendique, cette toile relationnelle tissée entre des auteurs qui se rendent visite régulièrement, qui se soutiennent mutuellement.<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a ceux qui débarquent chez vous en terrain conquis et ceux qui frappent timidement à la porte et qui n’osent pas entrer quand celle-ci est ouverte. Ou qui entrent sur la pointe des pieds, laissent un petit mot sur le cahier ouvert sur la table et repartent aussi discrètement qu’ils sont venus. Ce sont eux que j’ai envie de mieux connaître, ce sont leurs cahiers que je vais lire, d’une traite, remontant dans le temps de leurs engagements, vis-à-vis d’eux mêmes et vis-à-vis des autres. Parfois je frémis au contact de l’écriture, les mots me parlent une langue que je connais.<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a des gens qui parlent beaucoup d’eux et dont on ne sait rien, rien du ressort interne qui les anime, rien du regard qu’ils portent sur le monde.<br /> <br /> <br /> <br /> Il y en a d’autres qui ne disent presque rien d’eux-mêmes et dont on sait pourtant beaucoup de choses. Ce n’est pas une question de style, ce n’est pas une question de mots. Simplement, certains écrivent en regardant leurs auteurs dans les yeux, d’autres se contentent de regarder ce qu’ils écrivent."<br /> <br /> <br /> <br /> Ex Nihilo
Répondre
L
La délicatesse combien cela me parle... comme la douceur, la tendresse, la bienveillance et l'amour, tout cela se rejoint. La haine, je ne connais pas. Et si j'y suis confrontée, je peux aussi être dans l'indélicatesse, même si, à mes yeux, cela n'en est pas. Il y a des choses que l'on ne peut accepter aussi délicat soit-on, quand on touche à nos valeurs essentielles ! Alors parfois, on peut réagir aussi de manière un peu brutale ou, si on le peut, avec humour. Mais cela va dépendre aussi de la personne qui est face à nous et de son obstination à distiller la haine.<br /> <br /> <br /> <br /> Te souviens-tu, Pierre, une fois, chez toi, comme j'avais pété un plomb, face à un commentaire qui m'était insupportable ? Il ne s'agissait d'ailleurs pas seulement d'un commentaire, que j'aurais pu ignorer, mais d'une longue série Tu en avais été surpris, car ce n'était pas mon moi profond. Mais dans mon moi profond, il y a aussi des choses que je ne peux accepter, et c'était le cas. Il est important de rester soi-même.
Répondre