En dormance

Prendrais-je goût au silence ? Les idées manquent et les mots ne viennent plus. L'écriture en partage serait-elle assimilable à une correspondance, s'étiolant quand elle n'est plus assez assidument pratiquée ? Non, je ne crois pas...

L'écriture a quelque chose de vivant. Cyclique et saisonnière, parfois elle jaillit, d'autres fois elle entre en dormance. Je suis en hiver.

Quand je laisse le silence s'installer, le plus difficile c'est de lui reprendre la place qu'il s'est octroyée. C'est qu'il prendrait ses aises, le bougre ! Il ne s'embarrasse pas de tergiversations, lui : il se pose, là, et pourrait volontiers rester. Tandis que les mots se cherchent, minaudent, hésitent, s'interrogent : est-ce le bon mot ? est-ce bien ce qui cherche à se dire ? est-ce nécessaire de l'exprimer ? à quoi ça sert ?

Un piétinement qui indique bien que le temps n'est pas favorable à l'écriture.

Et tes aminautes, y penses-tu ? Ça ne se fait pas de disparaitre ainsi, sans donner de nouvelles.

J'y pense, mais ça ne génère pas pour autant de l'inspiration.

Tu pourrais quand même essayer d'écrire quelque chose. Faire part du trouble qui s'est installé en toi, évoquer la fatigue qui t'a envahi...

À quoi bon, tant que ce n'est pas encore décanté ? Et puis je ne sais même pas vraiment ce qui l'a causé. C'est encore flou...

Alors dire tes projets de voyage ! Ça fait partie de ce qui t'a occupé, ces derniers temps.

Ah ça, oui, c'est une excellente façon de faire diversion ! Y'a pas mieux, pour se changer les idées, que de s'occuper l'esprit en préparatifs. Dénicher les lieux à voir, trouver l'itinéraire qui les relie, définir les dates optimales, chercher les meilleurs tarifs. Activité prenante et très solitaire, pour ma part...

Pour un voyage en solo, c'est assez logique...

Trois semaines en solo, parfaitement ! Une première, en termes de durée. Je me demande un peu comment je vais vivre cela. En rêvant des splendeurs espérées j'ai des envies de partage.

Et de liberté...

Les deux sont un peu antinomiques, il est vrai, et pour le moment le besoin de liberté prédomine encore. Il se pourrait que ce long périple en solitaire me permette de mieux percevoir vers quoi j'ai envie d'aller, ce que j'ai envie de vivre. J'ai l'impression qu'un nouvel équilibre se cherche.

J'y retourne...