Mon premier voyage au Canada date de 1991. C'était en famille et nous avions d'abord parcouru les Montagnes Rocheuses, aux paysages typiques de lacs couleur turquoise sur fond de hautes montagnes densément couvertes d'étroits conifères. Vous savez, ces photos qui font rêver d'une nature inviolée. Et en effet l'immensité des espaces vierges m'avait subjugué. De là nous étions allés, en faisant un détour par les Etats-Unis, jusqu'à l'océan Pacifique et sa côte sauvage. Au retour nous avions séjourné quelques jours à Montréal, dont je n'avais pas vu grand chose. C'était l'été et il y faisait très chaud. Seule une journée de canoë en Mauricie m'avait permis d'avoir un aperçu du paysage naturel environnant.

Plus tard, avec mon épouse, portés par nos souvenirs, nous avions vaguement carressé le rêve de nous installer dans ce pays mythique. Sans vraiment y croire...

Je ne suis pas retourné au Québec avant 2004, lorsque j'ai été accueilli pour une dizaine de jours, en plein hiver, par une fort précieuse amie-amoureuse. Nous nous étions rencontrés quelques années plus tôt grâce à... l'écriture sur internet. Le séjour fut d'une grande douceur, absolument délicieux mais, hormis quelques rues enneigées de Montréal et le mont qui domine la ville, je ne vis rien du Québec.

122_2288

 Montréal - février 2004

Par contre l'escapade fut décisive puisque c'est au retour que j'allais devoir apprivoiser - sans l'avoir vraiment choisie - la vie en solo. Une conversion complexe due au fait que, marié très jeune, j'avais toujours vécu en couple et imaginé mon avenir sous cette forme. Il me fallut cinq ans pour clarifier ma situation. En 2009, lorsque je me vis enfin prêt et vraiment disponible, je retournai au Québec pour éprouver [et prouver...] ma liberté. Vu le contexte, quelque peu délicat, j'avais prévu un voyage à deux options : de jolies et émouvantes retrouvailles... ou une itinerrance en solo. La première option ne m'ayant pas été accordée, il me resta la seconde...

Et c'est là, en parcourant cette belle province, que je suis « tombé en amour » de ses paysages, de son art de vivre, de ses lacs, de ses maisons incroyablement colorées et du majestueux St Laurent. L'ensemble étant ponctuellement rendu époustouflant lorsque les couleurs d'automne éclataient au moment où je passais. Les émotions furent puissantes car, de tout cela, auparavant, je ne connaissais presque rien. Seuls l'accent et les expressions du parler québecois, que l'amour avait rendus si doux à mes oreilles, m'étaient familiers. Le Québec que je connais, parcouru d'est en ouest et du nord au sud, je l'ai donc découvert seul. Je n'y ai de souvenirs qu'en solitude, parsemés de brèves rencontres et conversations impromptues...

Ainsi l'amie québecoise qui m'y a conduit a disparue, mais le Québec est resté en moi. Il m'a séduit. Il m'entousiasme.

Depuis 2009 je suis retourné tous les deux ans au Québec. Toujours en solo, à la découverte de nouveaux paysages et avide de colorations automnales. J'ai trouvé la-bas un espace propice aux rêves à vivre et aux émotions telluriques. Là-bas je vibre intérieurement. La nature y est grandiose, les forêts ont une odeur sucrée, les villages sont proprets. Quant aux québecois, je les perçois, de façon générale, comme affables et souriants, esthètes et tranquilles. Tabarnak, que j'aime en câlisse ce pays !

 

IMGP6350b

Postes avancés de méditation contemplative sur les berges du St Laurent

 

IMGP6385

 

IMGP6419

 

 

Pourtant cette année j'ai eu envie d'élargir mon périple à d'autres provinces : Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Ile-du-Prince-Edouard. Dites "maritimes", ces provinces sont largement ouverte sur l'immense baie du St Laurent. On y parle beaucoup moins français, quoique les Acadiens restent fiers de leurs origines, qu'ils défendent malgré les viscissitudes de l'histoire. Je prévois de fermer la boucle par les États-unis, si proches : Maine, New-Hampshire, Vermont. Là-bas, dans ce qu'on appelle aussi Nouvelle-Angleterre, les automnes semblent être magnifiques. Peut-être même davantage qu'au Canada ! Je ne suis pas certain de pouvoir tout faire, puisque je m'adapte toujours aux circonstances en fonction de la météo, de l'avancement des colorations, ou de l'inspiration du moment. Ayant tendance à privilégier la contemplation, je peux rester longtemps sur une plage de galets déserte, à guetter l'émergence des baleines ou écouter leur chant aquatique, à observer les phoques et les plongeons des Fous de Bassan tandis que, haut dans le ciel, passent les vols d'oies des neiges. Je me nourris d'instants de grâce, heureux d'être simplement là, pleinement vivant, dans une symphonie naturelle de sens et d'émotions.

 

IMGP7951

 

Et puisque je suis souvent curieux de découvrir ce qu'il y a juste derrière ce que je vois, j'ignore ce que sera l'itinéraire final. Quel qu'il soit, le voyage promet d'être exaltant.

J'essaierai d'en diffuser ici quelques effluves.

 

IMGP7572b