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Alter et ego (Carnet)
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6 novembre 2015

Vivre chaque jour comme le dernier ?

Vous avez certainement déjà entendu cette chanson de Corneille :

Moi je savoure chaque instant
Bien avant que s'éteigne la lumière
Alors on vit chaque jour comme le dernier

Vivre chaque jour comme le dernier ?

Autant je suis d'accord avec l'idée de savourer chaque instant, autant celle de vivre sans perspective d'avenir m'est étrangère. Volontiers adepte du "laisser le temps au temps", j'aime savourer les évolutions progressives. Plutôt que d'aller droit au but - à supposer qu'il soit identifié - j'aime prendre le temps de musarder, d'hésiter, de tourner autour du pot, de me demander si je fais les meilleurs choix ou si c'est le bon moment. Un peu comme un paysan scrute le ciel et sent l'humus avant de labourer sa terre ou récolter sa moisson. J'aime voir le temps fertiliser la réflexion et la pensée, or cette façon de faire n'est guère compatible avec l'idée de vivre chaque jour comme le dernier...

D'ou vient-elle, cette idée de vivre sans penser au lendemain ? Sans chercher bien loin on trouve cette citation de Marc-Aurèle, dupliquée à l'infini sur le net : « Voici la morale parfaite : vivre chaque jour comme si c’était le dernier ; Ne pas s’agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire semblant. »

La trouvant un peu surprenante de la part de cet auteur, j'en ai déniché une autre traduction, qui me semble plus pertinente : « La perfection de la conduite consiste à employer chaque jour que nous vivons comme si c’était le dernier[136], et à n’avoir jamais ni impatience, ni langueur, ni fausseté ». Le dernier jour en question se situant dans l'éventualité d'avoir à paraître devant Dieu, le sens en est radicalement changé. Rien à voir avec l'idée du profit maximal de chaque instant !

Dans le même rapport au jour présent et à la manière de le vivre, il y a cette autre citation, aussi célèbre que son origine est inconnue, largement popularisée par une chanson d'Etienne Daho : « Aujourd'hui est le premier jour du reste de ma vie ». J'en ai déjà parlé . J'avoue que je la préfère largement à la première, parce qu'elle ouvre à tous les possibles... tout en renvoyant à la responsabilité de chacun dans ce qu'il veut faire de sa vie. En fait, je l'aime beaucoup, cette phrase...

Je ne suis pas le premier à penser ainsi puisqu'on trouve aussi sur le net cette synthèse de Paul Carvel : « Vivre intensément ne signifie pas vivre chaque jour comme si c'était le dernier mais comme si c'était le premier ».

Tout ça pour dire que je préfère généralement avancer lentement mais avec quelques certitudes, que foncer en me disant "on verra bien". Cette formule, je la garde pour les situations sans enjeu majeur...

Un jour une précieuse amie a écrit à mon intention, alors que j'hésitais sur l'opportunité d'une rencontre fortement chargée de conséquences à long terme, « C'est court la vie, tu sais... ». L'enjeu était énorme pour moi mais, comme je tenais beaucoup à elle et à notre relation, je me suis dit qu'elle avait sans doute raison en m'encourageant à oser. Alors j'ai osé. Je n'étais pas encore prêt mais, confiant, j'ai foncé. Avec le recul, au vu de la brièveté de notre parcours commun, je ne suis pas sûr que la précipitation ait été la meilleure chose à faire...

Depuis cet enseignement par l'expérience je suis revenu à mes fondamentaux : prendre le temps. Face à l'inconnu j'ose, mais lentement. Voire très lentement. J'ai d'abord besoin d'être suffisamment certain que je me sens dans des actions bien ajustées à ma personnalité, à ma façon d'être, à mes intuitions, à mes aspirations. Je n'ai pas envie de brusquer les choses.

J'ose... quand le moment est venu.

 

IMGP7721

Photo sans aucun rapport avec le sujet

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