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Alter et ego (Carnet)
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22 avril 2016

Paradis d'enfance

Originaire d'un gros bourg de Provence, ma grand-mère passait tout l'été en compagnie des cigales dans la maison de ses ancètres. Elle y était rejointe, pour une ou deux semaines, par ses enfants et leur progéniture de cousins. À une heure de route à travers la campagne il y avait la Méditerranée. La famille y connaissait quelques petits coins sauvages, à l'écart des villes, et c'est là-bas que mes premiers souvenirs de vacances ont fait leur nid. Nous y allions pour la journée, dans la Peugeot 404 que mon père garait sous l'ombre de quelque pin parasol. On sortait la table de pique-nique et des chaises pliantes, des tomates et des chips. Il y avait de la place sur le sable pour courir et jouer, ramasser des pommes de pin et se piquer les pieds sur leur aiguilles tombées au sol. Après le repas le temps de sieste était sacré : à l'ombre, avec interdiction de se baigner avant les trois heures règlementaires de digestion. En ces lieux privilégiés j'ai découvert la volupté, la béatitude et la douceur de vivre, bien avant de connaître le sens de ces mots d'adultes.

L'an dernier alors que je passais près d'une ces ces plages, sur la presqu'ile de Giens, j'ai cherché à la retrouver. Hélas la pinède avait disparue. À sa place il y avait un moche et bête petit immeuble proposant des soins de balnéothérapie. Tout autour des constructions sans âme, des parkings miteux, des rues tracées à la va-vite, des espaces de fausse-nature. J'ai eu bien des difficultés à reconnaître les lieux...

Heureusement il reste d'autres sites qui ont été totalement préservés. C'est le cas de cette plage, que j'ai voulu revoir cette semaine :

 

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Rien n'y a changé depuis cinquante ans. En voyant au loin des enfants s'éclabousser dans l'eau encore fraîche d'avril je me suis souvenu de mes jeunes années ici-même. Entre l'ombre des grands pins et l'eau turquoise, la volupté d'une plage de sable fin...

Sur cette plage mes yeux d'enfant se sont naturellement formés à l'harmonie des paysages méditerranéens. Ce petit coin de paradis allait faire de moi un exigeant, forcément déçu par tout espace pélagique ne presentant pas des qualités esthétiques analogues. Je n'ai jamais pu apprécier une plage bordée par une route ou ces enfilades d'immeubles que des décennies d'urbanisation laide ont laissé gangréner la côte. Pour tout dire je déteste une grande partie de la Côte d'Azur et déplore ce qu'elle est devenue, déteriorée pour la satisfaction de quelques égoïstes.

Étonnamment la plage où j'allais me baigner enfant fait partie de celles, très rares, qui sont restées intactes car préservées de toute urbanisation alentour. Elle est au coeur d'un secteur protégé, aux routes étroites et tortueuses, situé entre le Lavandou et La Londe les Maures. Derrière les anses sableuses, des vignes, des forêts, quelques maisons anciennes, un ou deux petits châteaux. Aucune bâtisse arrogante. Cela tient presque du miracle...

C'est ce genre de joyaux que j'essaie de retrouver lors de mes escapades méditerranéennes, me focalisant sur ces zones exceptionnelles qui, sur les cartes, apparaissent obstinément vierges de constructions.

 

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Commentaires
C
Depuis quelques années nous passons nos vacances tout au bout de la presqu'île de Giens. J'adore cet endroit. Je reconnais les plages dont tu as pris des photos.C'est superbe.
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M
Je ne peux me dissocier des feeling de mon enfance quand je me retrouve dans un grand champ avec un ciel grandiose tout bleu ou tout illuminé d'étoiles. Le cœur s'envole c'est instantané.<br /> <br /> La forêt elle me rends calme, me ramène tout de suite en moi. Elle me permet de goûter le silence, de sentir des odeurs de vie féconde, une lumière diffuse, tamisée qui enveloppe en fait un bien-être total. <br /> <br /> Même si je suis née en Gaspésie je n'ai vu la mer qu'à l'âge de 14 ans et je l'ai aimée pour sa force, son énergie et l'ai senti remplie de secrets. <br /> <br /> Tes photos sont bien inspirantes et ont éveillées des feelings d'enfance qui sont encore bien ancrés en moi dès que je me retrouve en ces lieux.<br /> <br /> En de moment j'habite près de la rivière St-Maurice c'est bien différent de la mer et à cause de lumières de rues les ciels illuminés sont fades et les bois pas mal éclaircis.
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A
Sur ton billet précédent, les photos étaient belles, le texte plutôt didactique, un peu orienté « sciences de la photographie ».<br /> <br /> Ici, les photos sont beaucoup plus parlantes pour le lecteur, (et toujours aussi belles…) parce que tu y mets l'émotionnel qui les a accompagnées. Ça change beaucoup… On n'est plus dans la carte postale… mais dans l'évocation heureuse d'une enfance et un brin de nostalgie indispensable, d'autant lorsqu'on ne trouve plus trace de ce passé bienfaisant.<br /> <br /> <br /> <br /> On s'attache à la mer de notre enfance. j'ignore l'étymologie du mot, mais l'homonymie avec la mère m'a toujours donné à réfléchir…<br /> <br /> <br /> <br /> Je comprends bien ce que dit Nicole86 ci-dessus. Comme elle, la Méditerranée m'a toujours résisté. Le peu que j'en ai connu a toujours provoqué en moi des malaises diffus et donc très peu d'attrait.<br /> <br /> En revanche, la mer mon enfance, ce fut entre mer du Nord et Côte d'Opale. Là je me sens « chez moi ». on y retrouve d'ailleurs ce que tu dis : les endroits défigurés et bétonnés, et les espaces protégés ( merci la loi !), En particulier les immenses zones dunaires.<br /> <br /> Les grandes plages, la mer qui se recule à plusieurs kilomètres, le regard qui peut porter loin sans « obstacle » les couleurs qui varient d'heure en heure, tout cela est pour moi un spectacle d'infini qui nourrit souvent ma méditation.
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N
Bonjour <br /> <br /> il faudrait que je me confronte avec ces paysages, peut-être au delà de leur beauté sublime j'y trouverais l'âme de ces pays qui me résiste ... je me sens si étrangère à cette lumière. J'avais 36 ans lorsque j'ai vu la Méditerranée pour la première fois, sans doute était ce trop tard .... et pourtant je me sens en correspondance avec la Baie de Somme rencontrée 10 ans plus tard !
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T
Magnifiques! Je crois que ces jardins de nos enfances sont nos refuges, nourrissent notre imagination, notre créativité, nous font souhaiter un monde meilleur. Les jardins aimés par les enfants sont les plus beaux!!
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C
La dernière photo semble avoir été prise aux Maldives...<br /> <br /> Vraiment, cet endroit, que je connais bien puisque je suis allée en vacances pendant des années au Lavandou et à Bormes, est protégé et encore magnifique.<br /> <br /> merci pour ce beau partage, et pour ta tranche de vie de jeunesse, qui m'a rappelé des choses...d'un autre temps.<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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