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Alter et ego (Carnet)
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4 juin 2016

L'anarchie relationnelle

Avant d'ouvrir ce blog mes écrits sur internet étaient principalement inspirés par les dimensions affectives et sensibles des relations humaines. En particulier dans les rapports d'intimité. Confrontant la théorie de mes idées aux expériences nouvelles que je vivais, j'analysais "en direct" les écarts et modifiais ma conscience. Grâce aux retours des lecteurs [vous ou vos prédécesseurs], surtout depuis que ce blog existe, j'ai pu reconstruire ainsi nombre des représentations erronées qui, auparavant, me guidaient.

Les années passant, étant moins confronté aux expériences de rencontre et plus soucieux de discrétion, mesurant ici les limites de la liberté d'expression et craignant de lasser mon lectorat... je me suis peu à peu orienté vers d'autres sujets. Cet éclectisme est-il moins stimulant ? Toujours est-il que mes écrits s'espacent. Ma vie, elle-même, est devenue extrêmement calme.

Je pourrais m'en réjouir ! Il me semble cependant que dans cet apaisement bienheureux il me manque quelque chose. Quelque chose d'important. Comme des étincelles, du pétillant, du stimulant. Ce n'est pas un besoin indispensable, bien sûr, néanmoins je crois qu'il y a là quelque chose de vital. Au sens de vitalité. Et cette sensation me rappelle confusément celle qui s'insinua dans mon existence autour de la quarantaine...

J'avais alors une vingtaine d'années de pratique du mariage, de la vie de couple et d'une certaine conception de la vie amoureuse. J'étais heureux, vraiment, mais... il me manquait quelque chose. Comme des étincelles, du pétillant, du stimulant. Une innocente curiosité me conduisit à aller voir s'il n'y avait pas, ailleurs que dans le couple, des possibilités de dialogue approfondi et intime. L'emploi du terme "innocente" est important parce que j'ignorais alors totalement ce que j'allais découvrir. Très vite, pourtant, je compris que je m'aventurais hors des limites imparties par mon éducation familiale. J'aurais pu arrêter là et revenir promptement dans le cadre habituel mais ma curiosité en aurait été frustrée [ce qui, vous en conviendrez, aurait été fort regrettable]. En continuant je ne pouvais cependant plus prétendre à l'innocence : je savais que j'allais vers l'inconnu. Avec le risque de connaître ce que j'ignorais et qui pourrait me tenter...

Bref : j'avais commencé à croquer la pomme de la connaissance ! Et s'il y avait bien une Eve dans les parages, ce n'est pas elle qui m'y avait attiré. Tout au plus elle était là, disponible pour mettre en émoi mes désirs refoulés. Comme beaucoup d'autres j'avais intériorisé, depuis l'enfance, un conglomérat de normes concernant l'amour et la sexualité, indissociablement liés à la notion de couple durable.

Eve s'effaça, laissant la place à une autre, puis une autre, puis plusieurs autres... Confidences, amitiés, sentiments ; de rencontres épistolaires en relations concrètes, je me vis obligé de déconstruire peu à peu le bloc compact de mes représentations. Il me fallut désimbriquer ce fatras pour laisser apparaître des notions masquées telles que l'affection, le désir, l'attachement, la liberté. De l'amour distinguer chaque élément afin de voir ensuite comment ils pouvaient éventuellement s'assembler dans une diversité de combinaisons. J'ai pu le faire grâce aux échanges avec ces nombreuses femmes, au sein de relations éphémères ou durables, bien plus souvent platoniques que sexualisées. Toujours est-il que, de rencontres sages en découvertes frémissantes, de joies radieuses en sombres déconvenues, je me suis ouvert l'esprit et ai enrichi mon expérience. En quelques années ma perception des relations affectives, et en particulier celles qui s'articulent autour de la notion de couple, on été radicalement changées. J'ai découvert quelques concepts intéressants qui, à un moment donné, ont eu mes faveurs : la polyfidélité, voire le polyamour puisque j'aimais en double. Par le jeu des circonstances et des éloignements c'est finalement la notion de liberté qui aura eu ma préférence.

Après avoir vu s'effriter le marbre du couple et se fendre le granit de l'amour j'ai choisi de... vivre seul.

Pour autant je n'ai jamais été durablement "seul" et la question de la pluralité affective est toujours restée sous-jacente. Notamment sous l'angle de la liberté qui m'est devenue si chère...

C'est pourquoi [j'en arrive enfin au sujet de ce billet], profitant d'une opportunité locale, je me suis rendu cette semaine à un "café-poly". Il s'agissait d'une rencontre informelle entre personnes se sentant concernées par le polyamour. Ce n'est pas vraiment mon cas mais j'ai pensé que le partage d'expériences et les notions abordées dans l'échange pourraient intéresser celle avec qui je partage une partie de mon temps et que mes aspirations à la diversité inquiètent. La discussion a été plutôt intéressante, entre une dizaine de personnes vivant, avec plus ou moins d'insouciance, la pluralité relationnelle. Au passage il m'a semblé que les plus jeunes - trentenaires - étaient beaucoup plus à l'aise et décomplexés que les anciens. J'y ai vu, à tort ou à raison, les signes d'une évolution en marche...

J'ai aussi découvert, parmi la diversité des étiquettes que chacun aurait bien voulu faire valser tant elles délimitent ce qui ne peut pas l'être, le concept d'anarchie relationnelle. Il a pour principe d'abolir toute hiérarchie en termes d'amour et d'amitié. Ça ne pouvait que me plaire ! Pour ceux qui haussent le sourcil ou frémissent de curiosité, je vous envoie ici.

 

PS : sachant que ce sujet peut déclencher des réactions épidermiques, merci de rester courtois(e) et de n'exprimer que votre perception personnelle, sans faire référence à aucune "normalité" supposément universelle :)

 

 

Commentaires
F
Re-bonjour Pierre, décidément je ne regrette pas d'avoir "attérri" sur ton blog lors de mes recherches du jour sur "le silence dans une relation".... Car il se trouve que mon histoire perso est liée a la notion (et la confrontation toute récente) du Polyamour et que depuis quelques semaines je me régale (car, comme sur ton blog, les échanges y sont souvent de grande qualité) et m'enrichis à la lecture du forum polyamour.info !<br /> <br /> <br /> <br /> C'est important pour moi d'avoir découvert ces deux mines d'informations, et d'opinions exprimées très souvent par des personnes qui ont des propos renseignés, réfléchis et documentés, ainsi que des interrogations sincères. Il y a là de la matière première de grande qualité ! Et je me sens moins isolée. Je vis sur une île (pas un ilot quand même hein !! une grande île !) ce qui implique (outre l'isolement géographique) un certain isolement intellectuel. Surtout lorsqu'il s'agit de développement personnel et de remise en question du carcan consensuel des schémas traditionnels. <br /> <br /> <br /> <br /> Bref, je respires mieux tout d'un coup ! :-)<br /> <br /> <br /> <br /> A bientôt sans doute<br /> <br /> <br /> <br /> Line
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S
Ha QUAND MÊME, tu as fini par mettre les pieds dans un café poly :-)<br /> <br /> Vu que j'en ai vu beaucoup et animé pas mal, je peux te le dire, pour l'intelligence de soi, le travail personnel, même si tu ne devais pas vivre souvent la situation, ces échanges te plairont souvent, je crois. <br /> <br /> Le forum contient son pesant de questionnement, au delà des articles. <br /> <br /> Et bon, preuve est fait par ce message-même, il n'y aurait qu'Internet comme nouveauté, ça crée déjà un rapport spécial à la fidélité :-)
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C
Quand même, des blogs, on en a lu, on en lit et on en lira encore beaucoup. Mais il n'y a qu'ici qu'on retrouve des échanges riches, respectueux et passionnants !<br /> <br /> Merci Pierre, ça tient aussi à tout ce que vous êtes, probablement..
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L
Mon meilleur ami vit dans un couple à trois depuis quelques années, une femme et deux hommes, depuis son divorce d'avec une femme avec laquelle il a passé de nombreuses années. <br /> <br /> <br /> <br /> Les deux hommes s'entendent très bien et se respectent, une configuration sans aucun problème, malgré la présence d'enfants encore jeunes pour lesquels ils sont seulement cohabitants. La relation pour lui avec cette femme se vit sous forme d'escapades pendant des weekends. Il s'occupe des enfants de la même façon que l'autre homme, qui en est le père. Jusqu'ici, il était très heureux dans cette nouvelle vie, ils partageaient tellement de choses à trois, le même regard sur la vie, des loisirs, des vacances... et les deux hommes acceptaient aussi les attirances sexuelles de cette femme vers d'autres hommes, en lui laissant la possibilité de les vivre, même si, je dois dire que ce n'était pas toujours très évident pour eux. Combien de fois ai-je dû être présente pour cet ami, quand il souffrait de cet état de fait. <br /> <br /> <br /> <br /> Jusqu'à ce qu'un homme, comme un grain de sable, vienne perturber ce beau trio... elle est masseuse, et au cours des massages qu'elle donnait, il s'est passé une chose à laquelle elle ne croyait pas, une alchimie extraordinaire avec un homme, des émotions comme elle ne les avait jamais connues, et qui se sont répétées, la bouleversant, mais bouleversant tellement aussi le bel équilibre qu'ils avaient atteint ensemble. Et là, je peux dire que je ramasse mon ami à la petite cuillère... Parce que, peut-être, cette femme vient enfin de découvrir une autre forme d'amour qu'elle n'avait jamais ressenti, et quelle place reste-t-il à ces deux hommes, sans doute pas la meilleure.<br /> <br /> <br /> <br /> On va me dire que c'est pareil pour un couple traditionnel, quand cela arrive, c'est vrai. La grosse différence pour moi, c'est que l'on s'attend moins à cela, quand on est dans le polyamour, où l'on pense sans doute être à l'abri de tout ce qui nous peut nous faire souffrir dans le couple à cause de l'exclusivité. Et pourtant... nous sommes des humains, avec toutes nos émotions, et notre amour même élargi ne saurait nous préservé de l'éloignement ou de la perte d'un être aimé, que l'on soit monogame ou dans le polyamour.
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A
« la pluralité existe (…) mais qu'il n'est pas établi de hiérarchie entre ces relations. »<br /> <br /> la pluralité existe : OK !<br /> <br /> Mais qu'il ne soit pas établi de hiérarchie entre les relations ? cela m'interroge. Je veux dire : est-ce possible, de fait. peut-être dans des relations pluralistes éphémères… et encore…<br /> <br /> je me demande si Maryse : qui aime à la fois Jules, Ernestine, et Robert, et à des relations sexuelles avec les trois, n'établit pas nécessairement une hiérarchie de ces trois personnes. Je me demande si c'est « humainement » possible. Sauf à considérer que l'on est une « machine à baiser ». Mais cela n'existe pas dans le cœur profond de la personne humaine.<br /> <br /> <br /> <br /> Les témoignages « honnêtes » (non prosélyte) sur ce thème m'intéresseraient à lire ou entendre…<br /> <br /> En tout cas, dans ma pratique professionnelle, les personnes à multi partenaires, étaient toutes assez encombrées par cette hiérarchisation : je vois qui en premier et qui simultanément numéro un et numéro deux, mais pas numéro trois…Et comment ne pas peiner numéro trois.<br /> <br /> Alors bien sûr on peut "parler utopie" de long en large et en travers et en permanence.<br /> <br /> Mais le RÉEL m'intéresse prioritairement.<br /> <br /> Et l'aide que l'on venait me solliciter démontrait que derrière le multi partenariat il y avait d'énormes problèmes affectifs remontant à l'enfance…<br /> <br /> l'assainissement de ce passé affectif entraînait la cessation des multi partenaires.<br /> <br /> voila le RÉEL dont je peux témoigner.
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C
Un amour n'en exclut pas nécessairement un autre mais aimer incluant d' avoir des relations sexuelles avec plusieurs personne à la fois est vraiment compliqué et entraîne beaucoup de problèmes personnels. Ce n'est pas mon truc : je ne suis pas capable de gérer ce genre de situation. Je n'aime pas l'anarchie.
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F
On peut aussi être en couple, et se demander à une période de sa vie si ce ne serait pas mieux "ailleurs". Ce n'est pas qu'on est malheureux, mais on est entré dans un certain ronron, et on se pose des questions, on hésite, et puis finalement on décide de rester. Et des années plus tard, on se réjouit de ne pas être parti car on se rend compte que l'autre a toujours été présent, qu'il nous a toujours aimé et continue à nous aimer d'un amour sincère, que l'amour est là, qu'il n'y a pas besoin d'aller le chercher ailleurs, on ne trouvera pas plus beau et plus désintéressé que celui-ci. On se rend compte aussi que nous non plus, on n'a jamais cessé de l'aimer l'autre, même si on a eu parfois des doutes, mais qui n'en a pas ? Et enfin, on arrête de se poser des questions et de se prendre la tête. On ne cherche plus, on vit et on savoure... Certes, je ne raconte pas ici l'histoire d'une passion, certains pensent que l'amour est forcément passion, non, il s'agit là d'une histoire d'amour toute simple. Ce n'est pas forcément mon histoire, mais elle lui ressemble un peu... :-)<br /> <br /> <br /> <br /> Voilà. C'était ma petite contribution, Pierre. :-)<br /> <br /> Bonne soirée.
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C
L'anarchie relationnelle...Pour moi, je prends cette expression comme le reflet d'une grande complexité.Ce que l'on résume de façon habituelle par l'aphorisme de bazar « c'est compliqué les relations humaines »... ;-)<br /> <br /> Comment parvenir à trouver sa voie dans cette jungle, entre les idées reçues, les formatages de l'éducation, les interdits, les obligations, les désirs, les fantasmes, les projections, les interprétations, les expériences des uns et des autres, toujours prompts à te donner des leçons, les déceptions, les envies, les décisions et les indécisions... <br /> <br /> Pas évident...<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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K
Je sais que la passion amoureuse peut être très puissante et c'est une merveille que de l'expérimenter, surtout si cela évolue vers une relation de grande affection comme Alainx l'a déjà si bien décrit de sa relation amoureuse à lui, toute de respect et de profondeur. <br /> <br /> D'un autre côté cela me fait toujours penser à celui qui plongeait dans une mare parce qu'il y voyait briller un collier de diamant tout au fond. À chaque fois qu'il était sur le point d'attraper le collier, celui-ci disparaissait. En réalité le collier se trouvait sur la branche d'un arbre flottant au dessus de la mare et se reflétait dans l'eau. Je garde cette histoire en mémoire et recherche le Réel derrière mes expériences de vie car s'accrocher aux reflets est extrêmement douloureux parce que ça te file toujours entre les doigts au moment le moins opportun.<br /> <br /> En ce qui me concerne, ton rêve vient des profondeurs de ton être et il faut écouter ce qu'il a à te dire. Il se personifie dans des symboles connus de toi mais cela demande d'aller beaucoup plus loin que la passion amoureuse qui jamais ne comblera ce longing qui t'habite et nous habite tous. C'est la que je suis rendue dans ma compréhension de la vie
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H
Couleur Pierre, vous savez, les affaires de sentiments me passionnent, c'est vrai que je l'aime ce petit cœur, il m'a fait sentir tellement d'émotions, des bonnes, des moins bonnes, et je lui suis reconnaissante malgré tout pour tout cela. je ne lui en veux pas de s'être trompé quelques fois, c'est grâce à ses erreurs que j'ai vécu mes plus belles sensations...<br /> <br /> Vous avez rencontré le grand Amour, deux fois, quand d'autres ne l'ont peut être jamais vu ou peut être, l'ont ils croisé sans le reconnaître.....vous avez cette chance, on reconnaît mieux ce qu'on a déjà vécu...<br /> <br /> Vous faîtes "contre mauvaise fortune, bon cœur", et vous profitez de ce que la vie vous offre et oui, on peut se contenter de ce qu'elle nous offre et se convaincre que l'on vit une "bonne" vie, mais il semblerait que votre cœur soit de nouveau prêt à retenter l'aventure, à se "mouiller", à prendre des risques...pourquoi ne pas lui faire confiance, il se sent sûrement assez "fort" et peut être aussi qu'il vous exprime à travers ce rêve qu'il en a besoin....<br /> <br /> <br /> <br /> Je pense que de toutes façons, c'est toujours le cœur qui choisit d'aimer, c'est lui qui décide qui il veut aimer et quand et c'est bien que nous ne puissions pas tout contrôler, c'est bien que tout ne soit pas "raisonnable" et dirigé par notre cerveau.<br /> <br /> Et si de nouveau, vous laissez votre bon cœur faire, peut être que vous y laisserez des "plumes" mais peut être pas....<br /> <br /> Comme l'écrivait A. de Musset, " Aimer est quelque chose, et le reste n'est rien"....
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