Été, vacances... le monde des blogs est peu actif. J'en profite pour visiter ceux que je n'ai pas lus depuis longtemps, ou que je connais peu, voire pas du tout. Par petites touches chacun parle de son univers, de ses plaisirs, de ses émotions, et parfois de ses révoltes. C'est ainsi que, par fragments, à travers billets ou commentaires, je capte les ondes de choc qui malmènent les consciences actuellement et dont je cherche à préserver la mienne. Refusant obstinément de suivre l'info "à chaud", je n'apprends les faits que par bribes, en différé, au fil des conversations. C'est comme un puzzle dont l'image, partielle, continuera de se préciser pièce par pièce au fil des semaines ou des mois. Il restera incomplet et c'est très bien ainsi : je ne veux rien savoir des détails distribués à profusion par le grand show médiatique. L'indécence et le voyeurisme m'incommodent. Ils ne m'apportent rien. Rien d'utile en tout cas...

En fait c'est surtout des dimensions émotionnelles que je me tiens à l'écart. Les miennes, que je préserve ; celles des autres, auquelles je ne veux pas être confronté ; et surtout celles, obscènes, qui servent de carburant et de faire-valoir à une sphère médiatico-politique avide de visibilité. L'émotion liée au tragique est ce qui fait le plus de dégats dans les consciences. Jouer la carte de la surenchère en ce domaine est irresponsable. En touchant au sensible on altère le discernement et cela peut radicaliser les prises de position au moment où, au contraire, le sang-froid est nécessaire. Quand l'émotion est collective et se conjugue avec la peur, le pire est à craindre.

Si j'évite l'émotionnel, les dimensions sociologiques, par contre, m'intéressent vivement. Comment "la société" (à supposer qu'on puisse en extraire l'essence...) réagit-elle face à l'information ? Comment les opinions évoluent-elles ? À quoi les gens sont-ils sensibles ? Ces questions, certains médias se les posent, se demandant en outre quel est leur rôle dans ce grand barnum qu'est devenue l'info spectacle, propice aux dérives idéologiques. Mon hebdo culturel préféré, peu porté sur le sensationnalisme, propose ainsi des points de vue disposant d'un peu de recul. Ne serait-ce que temporel. Il donne la parole à des personnes mesurées, compétentes, habituellement peu exposées aux médias. C'est encore le cas cette semaine avec le psychiatre et anthropologue Richard Rechtman. Ailleurs, des psychologues alertent sur les effets induits par des informations traumatisantes sur nos consciences. Ces observations et analyses des conséquences me sont importantes parce qu'elles me donnent des éléments de connaissance utiles, à partir desquelles je peux penser et, éventuellement, agir.

Il n'est pas question de ne rien savoir, mais de ne pas savoir ce qui n'apporte rien.

 

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Filaments de Cuscute, parasite qui se développe sur une plante jusqu'à provoquer sa mort (Finistère, 2016)