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Alter et ego (Carnet)
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5 novembre 2016

Il faut...

Il faut aller de l'avant

Il ne faut pas se laisser aller

Il faut être positif...

Avez-vous remarqué comme ces petites injonctions viennent inopinément nous aiguillonner ? Comme de petit mantras répétés afin se convaincre - ou convaincre autrui - d'agir dans un certain sens, leur objectif est généralement informulé. Comme s'il allait de soi. Mais d'où vient ce qui est proféré comme une sorte d'évidence... qui ne l'est tellement pas qu'on doive la répéter ? Qui dit qu'il faut ? Et pourquoi faudrait-il ?

Le "il faut" ne saurait se suffire à lui même. S'il faut... c'est qu'on vise un objectif précis. Auquel cas mieux faut clairement l'identifier, car c'est lui l'élément important. La phrase complète serait donc : si tu veux obtenir tel résultat, alors il faut [inscrire ici la demande adéquate]. Sans ce préalable, le "il faut" me fait irrésistiblement penser à ce qu'entend l'enfant de la part de personnes ayant autorité sur lui. Il faut [manger ta soupe ; faire tes devoirs ; ranger ta chambre ; dire bonjour à la dame...]. Mais pourquoi ? Parce que c'est comme ça ! Ne cherches pas à comprendre. Obéis.

C'est un peu comme le "tu dois", souvent intériorisé sous forme de "je dois". C'est de l'infantilisme, en fait. Et personnellement j'y suis fortement allergique. J'ai besoin de comprendre le sens et la finalité des injonctions avant d'éventuellement les appliquer.

Mais avant d'aller plus loin il faut que je vous dise pourquoi je parle de ça... [si je veux que vous en connaissiez la raison]

 

Il y a quelques jours Célestine débutait un billet avec cette citation de Paul Valéry : « Le vent se lève, il faut tenter de vivre. »

Plus récemment, la même Célestine (qui fréquente décidément du beau monde...) citait Baudelaire : « Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. »

La première citation, légère, fluide et poétique, ne m'a pas fait réagir. La seconde, nettement plus directe, et bien qu'elle nomme l'objectif visé, m'a dérangé. Il s'en est suivi un instructif échange de commentaires, dont j'extrais le passage suivant : si je n'ai pas été heurté par la première injonction c'est peut-être parce qu'elle laissait une échappatoire ("tenter de") et parlait de "vivre". Avec une lettre de moins, "ivre" n'a pas la même vitalité, pas la même ampleur. Quant au "toujours" il est un peu trop directif à mon goût.

Sans aucun doute ai-je une sensibilité particulière aux injonctions, fussent-elles bienveillantes. Je préfère, et de loin, parler en termes d'envies. Les miennes, pas celles des autres.

J'ai envie d'aller de l'avant.

Je n'ai pas envie de me laisser aller

J'ai envie d'être positif...

Ça résonne autrement, non ?

 

 

IMGP7626

Vercors, 29 octobre 2016

Commentaires
M
"j'ai envie de tourner la page" ...<br /> <br /> C'est incontestablement mieux, puisqu'il s'agit d'une décision personnelle.<br /> <br /> L'injonction un tant soit peu nécessaire dans ce cas là, et qui aurait pu être dites an amont, c'est "il faut que tu trouves en toi le moyen de vivre, de respirer à nouveau, à ton rythme et à ta manière"...<br /> <br /> Parce que cette personne m'est importante, et que même si son choix, sa capacité est celui de rester dans ce méandre, je ne peux pas ne pas "tenter" quelque chose à travers un déterminisme, celui de d'accompagner , de partager. Libre à l'autre de choisir.<br /> <br /> Si le terme "conseil" est peut-être mal choisi, je me positionne plus sur "voilà ce que je pense, si ça peut t'aider" donc pas un conseil, pas une injonction sèche et sans forme, mais une façon de se faire sentir présent, si besoin, si envie...<br /> <br /> Je parle plus d'altruisme que de brosser un égo.<br /> <br /> Parce que ds cet exemple, le verbe falloir est quand même une nécessité vitale, tout en restant un choix pour l'autre, que nous voyons souffrir.<br /> <br /> Bonne journée à toi Pierre.
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M
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Je reviens sur cette injonction : "il faut que...".<br /> <br /> <br /> <br /> Si je ne suis pas non plus très à l'aise avec ces phrases courtes et manquant parfois de sens, je voudrais m'arrêter plus spécialement sur le verbe "falloir".<br /> <br /> <br /> <br /> Deux définitions possibles à mes yeux :<br /> <br /> - être nécessaire de...<br /> <br /> - être de mon devoir de....<br /> <br /> Et là nous ne sommes déjà plus tout à fait dans la même perspective..<br /> <br /> <br /> <br /> Premier cas : "il faut que tu prennes soin de toi" "il faut être positif.." etc...<br /> <br /> Effectivement, il est nécessaire que tu prennes soin de ta santé pour ton bien-être moral, physique....<br /> <br /> Nous sommes dans le conseil, l'influence ou dans le nécessaire vital.<br /> <br /> <br /> <br /> Deuxième cas : "il faut que tu respectes ton voisin.."<br /> <br /> C'est de ton devoir, de mon devoir, de notre devoir pour une cohésion sociale, pérenne possible.<br /> <br /> <br /> <br /> Falloir, devoir, c'est penser un déterminisme ( mon sujet de philo au bac, il y a quelques nombreuses années :( )<br /> <br /> ET on peut penser le déterminisme comme terme d'influence et non de nécessité stricte ou devoir, selon.<br /> <br /> Ce qui implique du coup, une liberté de choix, puisque être libre c'est, entre autre, avoir le choix...<br /> <br /> <br /> <br /> Si ces injonctions sont courtes, peut-être que dans certaines situations, c'est leur déterminisme qui est nécessaire pour déclencher, influencer, reste à l'autre de décider.<br /> <br /> <br /> <br /> Tu dis aussi " j'ai envie de...".<br /> <br /> Bien-sûr, le désir et les envies étant les fondations d'une raison de vivre et une décision toute personnelle.<br /> <br /> Reste à respecter et verbaliser avec les envies des autres.<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne journée.
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T
Je découvre ce blog de philosophes. <br /> <br /> Alors je vous propose un autre mantra :"je m'en fous" de toutes ces injonctions ... ça finira bien pas fonctionner.
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C
Il faudrait...euh sorry, j'ai très envie que tu reviennes un peu écrire par ici, un billet par jour pendant un mois et puis...<br /> <br /> même si tu es très occupé par ailleurs... ;-)<br /> <br /> Meuh non, je rigole, pas d'injonction, surtout, pas d'injonction, juste l'expression d'un souhait...<br /> <br /> Bises attentives<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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E
Tu as raison, mais aussi... tu es sensible à la nuance, alors que d'autres ne la remarqueront pas. Pour moi (mais je te parle d'un moi qui n'est plus jeune et est donc plus solide que le pauvre moi qu'on pouvait ballotter autrefois... c à d que je ne veux pas faire office de "je sais tout du haut de mon moi" :) ) il va de soi qu'on ne peut rien m'imposer, et que je résiste d'ailleurs farouchement à ce que je sens trop "j'ai dit". Mais j'ignore le ton commandeur, et retiens juste le contenu s'il est bon. <br /> <br /> <br /> <br /> Donc "allez, tu ne vas pas te laisser avoir pour si peu, courage que diantre, va de l'avant", je ne le détaille pas mais le reçois 100/100. "Allez, dis-lui son fait en pleine tronche, remets-le à sa place" aussi. Je ne le ferai pas (suis peu agressive dans les faits - un peu plus en rêve, ha ha ha), mais je me sens en quelque sorte autorisée à le faire, on serait de mon côté... donc j'ai le plein droit de me délecter à imaginer l'autre le nez écrasé sous mon poing... :)
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M
S'affranchir du poids de nos éducations et de leur corollaire d'obligations et assumer nos envies demandent aussi une certaine liberté et confiance en soi qui ne sont pas données à tous.<br /> <br /> Merci Pierre pour ces magnifiques photos qui tranchent avec ma grisaille citadine.
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F
Des "il faut", j'en ai dits, et j'en dirai certainement encore, mais pourtant j'essaie de les radier de mon vocabulaire, car pour moi, "il faut" est une obligation, et je suis de plus en plus allergique aux obligations ! :-)<br /> <br /> Bonne soirée, Pierre.
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C
La poupée qui tousse ? késako ?? J'avoue ne pas connaître…<br /> <br /> <br /> <br /> Le "il faut" serait une manière de se parler à soi-même ? De s'auto-convaincre ? Oui, ça y ressemble. Car si on est déjà convaincu on n'a pas besoin de ce mantra pour agir.
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A
Et encore, mon cher Pierre, tu n'as pas évoqué «La poupée qui tousse »…<br /> <br /> <br /> <br /> Les injonctions ont probablement un intérêt relatif dans l'éducation de l'enfant. et encore… à condition de les ramener à leur motivation et désirs essentiels.<br /> <br /> Est-ce qu'à l'âge adulte les gens y sont encore sensibles ? Et pire encore… est-ce qu'ils suivent ? ( pour ma part la réponse est non)<br /> <br /> <br /> <br /> Probablement que, par phénomène projectif, c'est une manière de se parler à soi-même. C'est en tout cas ce que j'ai pu parfois observer. Une sorte de « bouge toi le cul bon sang » qu'on se dit en aparté.<br /> <br /> Si c'est une réflexion globale, pour mettre fin à sa "glandopathie" (!), cela a forcément une portée excessivement limitée.<br /> <br /> Si c'est associé à un projet, concernant quelque chose « qui en vaut la peine » (de se bouger le cul), alors cela peut être une manière qui satisfait la personne pour remobiliser ses énergies personnelles.<br /> <br /> Sinon, c'est de la parlotte inutile venue de l'extérieur…<br /> <br /> Mais s'il fallait prêter attention à toutes les conneries qu'on entend ! On aurait les tympans percés par assourdissement…
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P
La forme la plus croustillante est l'emploi du conditionnel ; souvent entendu et pratiquement invariable dans le résultat : "il faudrait que je [action]". J'ai remarqué que c'est l'expression de la grosse corvée que l'on aime étaler comme une promesse floue dans une conversation où ça donne l'impression de s'impliquer... et qui ne sera jamais faite.<br /> <br /> Sauf multiples relances. Ca, j'adore, en fait : on peut se donner des injonctions à soi-même avec le même entrain que si c'était quelqu'un d'autre qui nous les faisait subir ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> Je déteste cordialement le "il faut être positif". Ca me rend particulièrement taquin...
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