L'année qui s'achève fut-elle à la hauteur des souhaits unanimement formulés lorsqu'elle commença, il y a 365 jours ? Si les souhaits ont quelque pouvoir, alors l'année 2016 aurait dû être "bonne". Et heureuse. Comme toutes les précédentes, d'ailleurs. Et comme toutes celles qui font suivre, aussi longtemps que l'on se conformera à la tradition.

Je ne me hasarderai pas à rechercher si, statistiquement, le fait de souhaiter qu'une année soit bonne a quelque influence sur le destin mais, honnêtement, j'en doute un peu. Je ne crois guère à la pensée magique. Au pire ce n'est pas grave : ça fait du bien sur le moment. Croire qu'on pourrait avoir une influence sur l'incontrôlable est un solide fantasme humain et peut-être nous est-il nécessaire.

Cela dit je ne sais pas ce qu'il en est pour vous mais, pour ma part, je ne peux pas dire que cette année fut mauvaise. Ce qui, en soi, fait déjà pencher la balance du bon côté. Car si rien de mauvais n'est arrivé... alors c'est que le bilan est positif ! Comme disait je ne sais plus qui : « le bonheur c'est l'absence de malheur ». Définition peu ambitieuse, certes, mais qui présente l'indéniable avantage de rendre le bonheur assez aisément accessible. Vu sous cet angle les souhaits qui m'ont été adressés ont montré leur efficacité : mon année a été bonne.

Mais je ne saurais me satisfaire de mon seul destin : il m'importe de savoir qu'autour de moi les autres se sentent eux aussi globalement heureux. Là les choses se gâtent... D'une part parce que la perception du "bon" et du "mauvais" est fortement subjective, culturelle, voire médiatique, et d'autre part parce qu'objectivement certains vivent dans le malheur. Nés au mauvais endroit, au mauvais moment, dans la mauvaise famille ou le mauvais camp - le terme "mauvais" étant à entendre ici au sens de malchance, non pas qualitativement. Il serait ainsi malvenu de souhaiter une bonne et heureuse année aux opprimés, aux persécutés, aux malmenés. Ce sont pourtant eux qui en auraient le plus besoin. Alors ne nous leurrons pas : nous n'aurons pas tous une bonne année, quelle que soit la sincérité des souhaits, pensées et autres prières.

D'ici à considérer qu'émettre des vœux ne sert à rien, ce serait aller un peu vite en besogne. Car il s'y exprime surtout une attention à l'autre, une intention, du lien, de la chaleur humaine, de la bienveillance. Du moins... tant que c'est exprimé en conscience et avec le cœur. Pas comme un automatisme social auquel il est difficile de déroger. Et qui pourrait affirmer que cette intention n'a pas un pouvoir positif pour celui la reçoit et s'en ressent, sur l'instant, ragaillardi ? Autrement dit, ça ne peut pas faire de mal...

J'avoue cependant que la rationalité de mon esprit me fait rechigner à souhaiter en pleine conscience une bonne année. Pour une  journée, voire une semaine, je le fais volontiers : ça reste réaliste. Les effets bénéfiques d'une attention sont perceptibles et mémorisables à court terme. Compatibles avec le réel. Mais émettre des souhaits pour une année entière, je n'en saisis pas la portée. Pour moi c'est trop abstrait. L'échéance trop lointaine. Ou trop courte. Pourquoi se limiter à une seule année ? C'est presque mesquin. Je préfère encourager l'autre à s'octroyer une bonne et heureuse... vie ! Et je dis bien encourager, pas souhaiter. J'ai des réticences à favoriser la passivité...

Je ne vous souhaite donc pas une bonne année [ben non !]. Par contre, pour vous qui me (nous) faites le plaisir de passer ici, je vous encourage à, jour après jour, garder pour objectif le bonheur serein auquel vous aspirez dans l'existence. Et ce, quelles que soient les épreuves à venir. En outre je ne peux m'empêcher d'émettre, pour notre bonheur à tous, le vœu - totalement stérile, j'en conviens - que de plus en plus de gens sachent se détourner du superficiel pour (re)trouver le chemin de l'essentiel. Non seulement pour l'année à venir, mais pour les suivantes et bien au delà. Quant aux éventuels malheurs issus de la fatalité, qu'ils nous frappent individuellement ou collectivement, nos souhaits les plus ardents n'auront pas le pouvoir de les éviter.

Longue vie à vous !

 

IMGP8975

Grive draine s'offrant une bonne et heureuse becquée - 27 décembre 2016