Allez, un petit billet explicatif...
Ben oui, je n'ai pas tenu mon défi d'écrire un billet par jour pendant le mois de juillet. Inspiration niveau zéro.
Un premier jour le défi est passé à la trappe, puis deux, trois... Au début j'ai bien tenté d'esquisser quelques mots mais la pauvreté de qui m'est venu ne m'a pas emballé, c'est le moins qu'on puisse dire. Alors je n'ai pas insisté. C'est un principe : ne pas forcer si l'envie d'écrire n'éclot pas.
Idem pour la publication de photos : si ça n'a pas de sens pour moi, je m'abstiens.
Résultat : deux semaines sans une ligne ! Deux semaines dont je ne garderai pas trace.
Deux semaines durant lesquelles je n'aurai pas écrit « pour toi, pour moi, pour vous », selon la réponse que me suggérait aimablement Célestine à la lancinante question du « pour qui ? ». Et oui, même pas pour vous qui me faites l'honneur et le plaisir de me suivre. En fait, savoir que l'on me lit agit autant comme un stimulant (envie de partager, de "donner") que comme un frein (quoi dire d'intéressant ?). En particulier lorsque je ne suis pas porté par un quelconque enthousiasme...
Je n'en fais pas mystère : écrire ici m'est parfois difficile. C'est laborieux. Âpre. Rugueux. De plus en plus, me semble t-il. L'exubérance stimulante des débuts s'est affadie depuis longtemps. L'inspiration, fugitive, se raréfie. L'enthousiasme s'étiole, la spontanéité s'érode. Et la satisfaction finale est rarement au rendez-vous.
Wow ! Sombre tableau !
Mais suis-je vraiment objectif ?
Non, assurément. Et certainement trop exigeant.
Alors que je doute sur la suite à donner, je vous propose de suivre mon cheminement dans les arcanes de l'écriture d'un blogueur au long cours.
Douze ans de blog, dix-sept d'écriture en ligne... ça commence à faire un bail. Pourtant je ne crois pas que cette longévité soit la cause principale de ma désaffection. Non, voyez-vous, je pense plutôt à l'essoufflement d'une dynamique qui, longtemps, me fut essentielle : le déséquilibre. Comme en vélo. Tant que l'insatisfaction, la frustration, la difficulté, la révolte, l'incompréhension, tiraillaient mon existence, elles m'obligeaient à rester en mouvement. J'étais constamment poussé vers une recherche de pacification intérieure. Or il me semble avoir atteint un état de sérénité relativement stable. Ou du moins un état d'équilibre suffisamment satisfaisant pour m'en contenter [bien que l'idée d'une stagnation soit de nature à m'insatisfaire...]. Dès lors, la motivation originelle étant tarie, je ne m'attends pas à ce qu'elle jaillisse de nouveau. Ce serait plutôt mauvais signe, d'ailleurs, que de voir revenir les temps troublés générateurs d'écriture...
Il me faudrait donc faire émerger d'autres motivations... si toutefois je veux continuer à écrire. Mais en ai-je vraiment envie ? Je ne crois pas faire partie de ceux pour qui l'écriture serait intrinsèquement "vitale". Je n'ai aucune prétention littéraire et ne suis nullement attiré par la moindre forme de fiction. Mon écriture, d'essence autobiographique, fondamentalement, est avant tout régulateur émotionnel et outil d'auto-analyse. En toute logique, elle perd donc progressivement cette fonction avec l'installation de l'équilibre qu'elle vise. Dès lors, l'extinction, ou du moins la raréfaction de l'écriture, est inévitable...
Ce serait donc simple : durant les périodes d'étiage, j'arrête. Je disparais. Sauf qu'avec la publication sur internet j'ai découvert un plaisir ineffable : le partage et l'échange (d'émotions, d'idées, de sympathie, de connaissances) et l'amitié qui pouvait éventuellement en naître. C'est incontestablement cette fonction sociale, relationnelle et affective, qui m'a permis de prolonger l'expérience aussi longtemps. Pour un solitaire épris de liberté, un tel apport est loin d'être négligeable. La distance reste néanmoins un obstacle relationnel qui impose bien des limites. Sur ce point, entre avantages et inconvénients, j'ai toujours été ambivalent.
Et maintenant ?
Actuellement l'écriture analytique n'a, pour moi, plus de sens. Plus de nécessité [quoique...]. Je n'y recours quasiment plus. Par pudeur retrouvée, sans doute. Par prudence, aussi. L'écriture en partage, quant à elle, me semble avoir perdu la consistance qu'elle avait autrefois. Mais peut-être est-ce parce que je suis devenu plus exigeant ? Ou un peu blasé ? Ou que je ne trouve pas vraiment l'écho que j'aimerais ?
Perte de sens et d'attrait, donc.
Mais surtout, et c'est probablement l'élément le plus significatif... l'émotion n'est plus là. Je ne vibre pratiquement plus, ni en écrivant, ni en lisant. Il n'y a plus de surprises, plus d'effet de déflagration, plus de tripes retournées ni de coeur chaviré. Plus l'envie d'écrire sur le champ une missive enthousiaste à l'auteur(e) d'un texte qui m'aurait bouleversé ou particulièrement séduit [mais y en a t'il eu tant que ça autrefois ?].
Oh bien sûr mon paysage bloguesque reste fort sympathique ! Il n'a rien de désagréable, assurément. Je peux lire de jolies choses, les échanges sont aimables, les compliments sont plaisants, les amabilités sont douces, les réconforts bienveillants. Positivisme et gentillesse à profusion. Mais... est-ce vraiment que je cherche ? Est-ce pour trouver cela que j'écris ? [niet !] Quant aux voix dissonantes et acerbes qui, jadis, pouvaient me perturber - et donc stimuler ma réflexion - elles sont devenues rarissimes.
Bref, tout cela est un peu... plat. Et quel relief pourrais-je apporter ? Pas grand chose...
En fait mon problème c'est peut-être que... tout va bien ! En tout cas rien ne va mal. Ni heurts, ni tensions, ni grandes réflexions. Mon existence me satisfait. Comme chante Cabrel, « la vie me donne c'que j'attends d'elle » [et là le secret c'est de ne pas avoir trop d'attentes, hein...]. Il y a bien quelques manques, par-ci par-là, mais qui n'en ressent pas ? Et puis à quoi bon en parler, quand l'action ou l'acceptation sont les seuls remèdes ?
[hum... que voila un paragraphe qui mériterait que je m'attarde sur le paysage de morne plaine qu'il décrit]
Hors de ma bulle égocentrée, par contre, le monde ne va pas pas très bien. L'humanité, dans son rapport à la nature, marche sur la tête. Au sein du milieu qui nous permet de vivre trop de gens ont un comportement destructeur, oppresseur, pilleur, et finalement collectivement suicidaire. Ça me concerne, ça m'interpelle, ça me désole, ça m'enrage, ça m'inquiète. C'est donc plutôt autour de cette situation, qui vient tourmenter mes émotions, que je pourrais voir émerger des velléités d'écriture. Peut-être.
En attendant, ne vous inquiétez pas si le silence venait prendre ses aises sur ce blog devenu un peu terne à mon goût...
[PS : "travaillé" depuis une semaine, ce texte ne me plaît toujours pas au moment où je le mets en ligne]
Je crois que malgré le partage, et tout le tralala que vous avez pu trouver dans la pratique de l'écriture extime, il y a dans cet acte quelque chose de l'ordre de l'individualité.
Nous écrivons tout d'abord pour nous... pour vibrer, pour rendre vivant ce qui peut sommeiller et/ou brûler au fond de nous... L'émotion que l'on ressent à écrire doit être présent, quelque soit le sujet, et c'est elle qui donne du sens aux mots que l'on dépose.
Si tout va bien, alors c'est que l'écriture a fait sa part, tel le petit colibri dans votre vie ! Qu'elle a eu cette utilité à vous faire cheminer. C'est quelque chose que je trouve merveilleux en soit ! Pourquoi faudrait-il que cela soit donc un problème ?
Vous avez raison de vous laisser transporter et de ne pas écrire juste pour écrire. Les gens qui aiment vous lire sauront bien le comprendre et attendre patiemment :-)