Après avoir longuement tergiversé je me suis décidé ! Je pars ! Je m'envole. Je m'accorde un rêve...
Où ça ? Oh la, pas si vite. Je vais vous laisser chercher un peu.
Premier indice : la météo prévoit une température proche de 30° à mon arrivée, sous un soleil éclatant.
Second indice : il y a trois fois la voyelle A dans le nom de ce lieu.
Panama ?
Bahamas ?
Caracas ?
Jakarta ?
Atacama ?
Ankara ?
Arkansas ?
D'autres triple A ?
Alaska ? Ah non, trop froid. Quoique...
Alabama ? Ah non, ça fait trop de A...
Vous ne trouvez pas ?
Mais pardi, vous n'avez même pas pensé au Canada !
Parfaitement : 30° prévus ces prochains jours au Canada, et plus particulièrement au sud du Québec, alors que l'été est officiellement terminé ! Il paraît que c'est exceptionnel.
Mais ce ne sont évidemment pas les - éphémères - hautes températures que je rêve de trouver là-bas. Ce sont plutôt les chaudes colorations automnales. Celles que chacun associe aux automnes nord-américains depuis qu'une chanson de Joe Dassin à popularisé, en les assemblant très approximativement, deux phénomènes naturels nettement dissociés : la coloration des feuillages d'une part, et l'été (des) indien(s) d'autre part. Les deux phases n'ont pratiquement aucun rapport, hormis le fait qu'elles sont parfois synchrones. Mais peu importe : ça fait rêver.
En tout cas moi ça me fait suffisamment rêver pour que je tente, une fois de plus, cette improbable rencontre. Être là au bon moment, au summum des colorations, à l'apothéose du flamboiement, à l'apogée caroténoïde, à l'acmé anthocyanique. C'est quasi orgasmique ! Mais ça ne réussit pas à tous les coups ! Il ne faudrait pas croire que c'est une opération simple au résultat garanti. Il faut d'abord compter sur une bonne dose de chance, car le passage de l'onde colorée est fugace, versatile, instable. Quand elle débute sa descente du nord vers le sud, elle se conjugue déjà avec l'altitude et l'orientation des versants. Mais son déclenchement et son avancée dépendent aussi des températures et du régime des pluies. Autrement dit : il est impossible de prévoir précisément la date du rendez-vous. Elle varie d'une année à l'autre pour un même lieu. J'en viens à me dire que c'est tout un art que de savoir être là au bon moment. Sauf pour les heureux admirateurs qui vivent là-bas et savent que, tôt ou tard, les colorations passeront chez eux. Plus ou moins vives et durables selon les années, elle balaieront le lieu s'il est propice.
Après quelques voyages j'ai désormais acquis quelques notions de cette science inexacte. J'ai donc calé les dates de mon voyage pour avoir les meilleures chances de profiter de l'aléatoire féérie, en croisant les doigts pour que la météo soit à peu près clémente. Ça c'est pour le côté technique. Reste l'incertitude de la nature et la fiabilité de mon intuition...
Je fais donc un pari.
Pour tout dire j'en fais même deux puisque, par ce choix je tente de relancer ma capacité à rêver, un peu en berne en ce moment. Un petit rêve pour en relancer de plus grands ! Stimuler le moteur du désir. Sans être sûr que ça fonctionnera...
Je fais même un troisième pari parce qu'en partant seul... la solitude m'accompagnera. Avec tout ce que cela offre en termes de sensation de liberté, mais aussi tout ce dont cela me prive en termes de partage et de stimulation. Ambivalence.
J'ai hésité.
J'ai osé mais j'ai hésité.
tsss...
Enfin, tu rapporteras des photos sublimes, pour changer.
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