Effleurer l'inaccessible
Rivages d'un fleuve-océan et berges de lacs minuscules, forêts touffues d'érables ou boréales clairsemées, torrents fougueux et rivières sinueuses, sommets venteux ou ensoleillés... jour après jour les milieux et ambiances changent. Les colorations aussi, qui voient le carmin éclore dans l'or. Les ciels alternent transparence de l'azur et sombres nuées. Et mes envies épousent ce que l'atmosphère et le paysage leur inspire.
Les sommets ont toujours constitué pour moi un environnement familier et c'est tout naturellement vers eux que je me dirige en voyage. Ils semblent porteurs d'un attrait particulier pour beaucoup d'autres que moi, si j'en juge à la fréquentation des sentiers qui y mènent. Si l'on veut tutoyer la solitude, les gravir expose au risque d'une amère désillusion. On peut néanmoins peut le faire pour le champ de vision élargi qu'ils offrent, dévoilant l'immensité. Ou pour une forme de surpassement, proportionnelle à la difficulté de l'ascension. Ce qui est sûr c'est-il qu'ils sont plébiscités, au point de devenir repoussoirs pour qui est épris de tranquillité.
Après en avoir gravi pas mal depuis le début de mon voyage, hier j'ai renoncé à tenter une ascension dont je savais qu'elle serait surfréquentée. J'ai préféré choisir un itinéraire beaucoup plus modeste, en fond de vallée et sur des hauteurs modérées. Beaucoup plus propice à la contemplation et la photographie. Ce fut un bon choix puisque j'ai passé plusieurs heures en totale solitude, y compris au point culminant de mon ascension, duquel j'ai pu contempler longuement le paysage. J'ai pu jouir du silence, du soleil, de l'air frais. Quand finalement d'autres personnes m'ont rejoint, brisant mon bienheureux isolement, j'ai fermé mon sac et ai poursuivi ma route solitaire.
Mon voyage a atteint son apogée il y a quelques jours, quand je me suis hasardé vers les confins des zones habitées. Avec la tentation de m'y enfoncer plus en avant. Effleurer un rêve inaccessible. Depuis je me prépare à un retour progressif vers la civilisation urbaine et son rythme trépidant. Je m'accorde toutefois le temps de faire moult détours.
Regarder les sommets d'en bas plutôt que l'inverse
A hauteur de vallée
Ce matin, arc en ciel enjambeant le fjord du Saguenay
Un modeste lac, juste à côté de la route
Ferme avec vue sur fleuve, pour agriculteur esthète