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Alter et ego (Carnet)
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13 octobre 2017

Que demander de mieux ?

Il y a trois semaines, juste avant de partir, j'étais légèrement hésitant. Je sentais mon envie de voyage quelque peu fragile, cette fois. Certes, je m'étais finalement décidé après avoir senti fugitivement battre la délicieuse pulsation du rêve-à-vivre mais, à l'approche du départ, je la sentais déjà faiblir. Mon enthousiasme était assurément moindre que lors de mes précédents périples solitaires. Moins "porteur". Je perçevais cependant qu'entreprendre ce voyage, quels que puissent être les freins, avait quelque chose de nécessaire afin de, précisément, reprendre contact avec un enthousiasme défaillant.

Le jour du départ, ni l'aéroport ni l'avion n'ont suscité cette forme d'ivresse autrefois ressentie devant la fabuleuse possibilité de partir vers n'importe quel point du globe. L'arrivée sur le sol de mon second pays de coeur ne fit pas davantage naître d'émotion, tenant presque de l'habitude désormais. Et si, en sortant de l'aérogare, je n'ai pas pu m'empêcher de regarder - acte résolument insensé - si dans la foule un visage familier ne m'attendait pas, cette pensée ne dura qu'un instant. Je filais directement, avec mon gros sac à dos, vers les loueurs de voitures.

Ayant prévu d'aller au plus tôt vers les paysages convoités, j'avais précisément repéré et noté mon itinéraire pour m'éloigner de Montréal sans hasardeux détours. Son enchevêtrement autoroutier est redoutable pour un non-initié ! Quelques heures de route plus tard je trouvais mon hébergement d'étape à la nuit tombante, pas très loin du grand fleuve. Avais-je commencé mon voyage ? Pas vraiment, malgré la distance parcourue et le décalage horaire. Tout juste avais-je pu m'assurer que les colorations automnales avaient débuté.

Ce n'est que le lendemain, après m'être rendu sur un des lieux que je convoitais, que s'est produit le déclic. Une bouffée d'émotion m'est soudainement venue devant un de ces paysages sublimes sur lesquels je révais. C'était beau à pleurer ! Et c'est bien cela que j'étais venu chercher : de grandes bouffées de vibrantes sensations ! À partir de ce moment-là mon enthousiasme s'est réveillé. Un mélange de fébrilité et de grande sérénité a pris place. Oui, j'étais là où j'avais envie d'être ; et seul, donc totalement libre. Sans nulle autre contrainte que celles que j'allais me choisir ou que les aléas m'opposeraient. Deux semaines d'entière et précieuse liberté solitaire s'ouvraient devant moi.

Je les ai pleinement mises à profit, comme mes précédents billets [et mes silences prolongés] ont tenté de le décrire.

 

IMGP4467

Charlevoix, entre Baie Sainte Catherine et Saint Siméon

 

Ce faisant j'ai "oublié" tout ce qui habituellement fait mon quotidien. En particulier mon environnement de travail. Par ailleurs, aucune réflexion pénible ou lancinante n'est venue perturber le bien-être que j'ai trouvé là-bas. Insouciant, je vivais le présent avec une impression d'éternité. Et j'y serais bien resté...

Revenu au pays dans un état d'esprit tout à fait serein et avec des étoiles dans les yeux j'ai repris le travail détendu. L'équipe est maintenant suffisamment mature pour fonctionner temporairement sans moi et je n'ai pas trouvé sur mon bureau une pile de dossiers en souffrance, ni n'ai été assailli de demandes en attente.

Un retour tout en douceur, donc. Que demander de mieux ?

 

* * *

 

La douce quiétude aura été, hélas, de courte durée : au lendemain de mon retour une de mes soeurs, inquiète, alertait la fratrie sur l'accélération du vieillissement du couple parental et ses conséquences, me plongeant illico dans les eaux sombres d'une triviale réalité. L'avenir y ressemble davantage à un gouffre obscur qu'à de vastes paysages de liberté où tout paraît possible.

Quelques jours plus tôt, sur la route des grands espaces, et comme par une coïncidence anticipée, la radio québecoise m'avait fait découvrir une chanson évoquant cette fatalité. Elle m'avait ému et je ne résiste pas au désir de la partager avec vous... 

 

 « Le contraste est trop mince entre début et finalité
Mais tu te résignes sans peine devant cette fatalité »

Pierre Lapointe - La science du coeur 

 

Commentaires
M
Bonsoir Pierre,<br /> <br /> <br /> <br /> Je traverse, comme beaucoup, comme toi, cette période difficile de choix, de doutes, de réflexion sur le devenir du couple parental quand l'un ou les deux sont en difficulté pour eux et par conséquent pour les autres.<br /> <br /> Que dois-je faire? Quelle est la priorité ? Quelle est ma priorité...?<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Je pense qu'il faut faire de son mieux, comme souvent.<br /> <br /> Je pense aussi que notre attitude sera souvent celle que, celle qu'ils nous ont inculquée, que nous avons fait évoluée d'une façon ou d'une autre, au cours de nos rencontres, expériences...<br /> <br /> <br /> <br /> Choisir soi, sa liberté ou leurs " besoins", la question n'est pas là. Il est préférable d'agir en conscience de ce que nous sommes, de ce qui nous semble le plus juste, le plus vrai, le plus équilibré, ce qui ressemble finalement souvent à la relation que nous avons eu avec eux, ce que l'on nous a donné...<br /> <br /> Essayer de se libérer de ses liens contrariés, autant que faire se peu, pour plus d'apaisement, pour se protéger finalement mutuellement.<br /> <br /> La musicienne que je suis te dirai pour que ça sonne "juste"....<br /> <br /> <br /> <br /> Recherche permanente d'un équilibre....qui quand il trouvé se trouve à nouveau bousculé par un élément, un évènement....la vie quoi !!!!<br /> <br /> <br /> <br /> Si tu aimes ta liberté, c'est qu'ils te l'ont soufflée....d'une façon ou d'une autre.... souvent très implicitement. Finalement on se construit, on se cherche, on se trouve, on devient cette personne peut-être différente d'eux mais qui a réagi et reagira encore à travers de vieilles croyances nées de notre plus tendre enfance...<br /> <br /> <br /> <br /> Oups... bavarde...<br /> <br /> <br /> <br /> Belle soirée, Pierre et tout mon courage....
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F
Mais nous en avons besoin, Pierre, de ces vastes paysages de liberté où tout paraît possible, pour supporter ce qui n'est pas facile, pour supporter ce qui nous rend triste, pour être disponible et attentif aux personnes qui deviennent fragiles et qui ont besoin de nous. Nous en avons mille fois besoin de ces vastes paysages de liberté ! <br /> <br /> Belle soirée à toi, Pierre. :-)
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J
J'arrive un peu après la guerre... (pas pu avant ! je suis rentrée lundi !)<br /> <br /> Je découvre donc que tu as d'une certaine façon retrouvé la sensation d'exister, de te sentir vivant : Bouffée d'émotions, de vibrations, de sérénité... Un très beau mouvement de vie n'est-ce pas ? <br /> <br /> Semblerait donc que tu as su écouter cette part en toi qui t'appelait :-)<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ce qui est de la suite... je te souhaite plein d'amour et de courage pour cette période de la vie de tes parents... Une expérience que l'être humain doit indéniablement vivre... à sa place de grand enfant... Pas des plus évidentes, mais... faire de son mieux... au fil des jours... <br /> <br /> <br /> <br /> Ju'
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C
Douces pensées<br /> <br /> Difficiles moments...
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D
Bonjour. Je débarque ici par le hasard des blogs et je lis avec attention votre texte. Il m'arrive souvent d'avoir ce genre de sentiment quand je suis en randonnée. Je pars avec peu d'entrain, je me sens fatiguée, je traîne les pieds et puis soudain, au détour du chemin, une bouffée d'émotion m'envahit. Un chant d'oiseau, la couleur d'un arbre, une feuille qui virevolte. Et là, c'est une joie indicible qui m'envahit. Au retour, les soucis et les problèmes sont toujours là. Mais on revient grandi de ce que l'on a vécu. Avec un peu plus de sérénité dans les entrailles. Merci pour ce partage et j'espère que tout ira bien pour la suite. A bientôt donc.
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C
Je ne connais pas le Quebec mais je suis une inconditionnelle de l'automne pour ces magnifiques couleurs, et il faut bien avouer que là-bas, l'automne est particulièrement grandiose!<br /> <br /> En fait, je commente très très peu chez toi, mais là j'avais envie de réagir à cause de Pierre Lapointe; c'est un garçon bourré de talent, auteur compositeur interprète , à la sensibilité très féminine et à a plume juste sublime. Jai plusieurs de ces albums et je ne me lasse pas de l'écouter. Bon retour chez toi Pierre
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A
Effectivement ce sont des moments forts, riches en enseignements, précieux en temps d'échange, propices aux rapprochements, à l'écoute avec pour ma part un seul objectif, leur rendre le plus agréable possible ce temps de vie qui leur reste. Ce sont aussi des moments parfois difficiles car il faut savoir garder sa place d'enfant, ne pas inverser les rôles, même dépendant savoir leur laisser leur statut de parents. Et puis je crois que leur exigence est exacerbée aussi il faut savoir relativiser et être dotée d'une bonne dose de patience...ne pas les laisser jouer à Tatie Danielle !!!!<br /> <br /> Trêve de plaisanterie cet accompagnement m'a permis de passer des moments précieux avec eux, de me découvrir, d'apprendre à connaître un peu plus mes proches ( parfois bien déçue et parfois agréablement surprise ) et en fin de compte avoir pu les laisser partir, sereinement, forte de ce qu'ils m'avaient transmis.<br /> <br /> Encouragements mon cher Pierre.<br /> <br /> <br /> <br /> Psst, je suis preneuse de photos ramenées de ton Canada bien aimé ;-) je rêve à travers l'écran !<br /> <br /> <br /> <br /> Je t'embrasse
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E
Je connais le Québec aussi... et en cette saison c'est une explosion d'énergie douce, des teintes de l'érable et du bleu glissant du Saint Laurent... J'y ai été plusieurs fois alors que j'habitais aux USA, mon mari y ayant vécu 15 ans...<br /> <br /> <br /> <br /> Ce retour dans un autre chez toi était, symboliquement aussi, un rappel que tu es toi, et qu'il reste des lieux au monde qui te bercent et te touchent. T'insufflent les forces indispensables pour accepter que tes parents arrivent à un palier. Qu'il faudra prendre les escaliers dans deux directions opposées. Je ne pense pas qu'on devienne les parents de ses parents, je ne l'ai pas vécu ainsi, dans mon esprit il était très clair que ma mère m'avait bercée, grondée, nourrie, ainsi que mon père. C'était papa et mammy. Mais ils s'amenuisaient et c'était leur physique qui avait besoin de la force du mien, le mental aussi. Mais eux gardaient cette aura de vénération muette. Papa et mammy. Pas mes enfants, mes parents. Fragiles à l'âge où moi, enfin, grâce à eux, j'avais la force.<br /> <br /> <br /> <br /> Garde un coin de Québec en tête, en coeur, et une feuille d'érable au chapeau!
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B
Courage. Ces moments quand les parents vieillissent et qu'on devient quasiment leurs parents sont difficiles, mais aussi très forts.
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L
Comme le dit Célestine, la vie veut nécessairement ça, cette succession, cette alternance. La vie est belle et elle est dégueulasse, elle est rêve et réalité. Elle est joie, elle est chagrin... On vit, on vieillit, on meurt, et c'est aussi la vie, l'accepter est sans doute le fondement de toute philosophie.<br /> <br /> :-)
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