Généralement je n'ai pas la mémoire des dates. Hormis quelques dates historiques je ne me souviens que de celles de la naissance de mes proches ainsi que celles de rencontres déterminantes (22 juillet 1980, 8 janvier 2000, 7 juillet 2000, 10 septembre 2003). Et mon mariage [c'est si loin... ]. Je peux aussi mentionner un évènement bouleversant, quasi mystique, le 8 août 2003, mais ça ne va guère au delà. C'est peu, pour toute une vie. Pour le reste, les souvenirs sont précis mais non datés. Parfois je ne saurais même plus dire précisément à quelle année ils se rattachent. Par contre je garde précisément en mémoire trois dates d'entrée en écriture : 7 janvier 1977 (1er journal), 7 juillet 2000 (journal en ligne) et... 11 août 2005 (ouverture de ce blog).
Oui, ce blog est né il y a précisément quinze ans.
Initialement il fut tentative de contournement d'une magistrale incompréhension à laquelle j'étais confronté... et qui me rendait fort prolixe, pas toujours a bon escient. Je voulus donc faire diversion, élargir le champ de mes réflexions et parler d'autre chose. Autre chose que ce qui me tisonnait de questions et que je n'avais de cesse de vouloir comprendre. Je sais aujourd'hui que je suis quelqu'un qui a besoin de comprendre pour avancer. Et comme cela fait intrinsèquement partie de ma personnalité, je n'ai pas vraiment réussi ma tentative de contournement : pendant des années je suis régulièrement revenu sur la complexité des dynamiques relationnelles, puisant dans ma propre expérience. Je tournais autour du pot sans vouloir y toucher. En quelque sorte c'était « plus fort que moi ». Et puis le temps a passé... et le silence s'est fait.
Je crois qu'il y a longtemps que je n'en ai plus parlé. Est-ce parce que j'ai épuisé le sujet... ou bien parce que j'ai accepté de ne pas tout comprendre ? Ou plutôt, accepté de ne pas avoir de réponse à mes questionnements. Au final, qu'ai-je accepté ? Et même : ai-je vraiment accepté ? [tiens, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas posé autant de questions...]
Je me demande si la « sereine acceptation » dont je me targue, quoique effective, n'aurait pas d'indirectes et peut-être préjudiciables conséquences : ma vie de quasi-célibataire résulte moins d'un choix déterminé que d'une volonté de m'épargner des difficultés. Seul, c'est plus simple. Plus tranquille. En somme, j'ai fait un choix de simplicité et de sobriété. La précieuse sensation de liberté que cela me procure a néanmoins un prix : voilà près de seize ans que je n'ai plus connu la réciprocité amoureuse. Seize ans... Même si, pragmatique, je m'en accommode fort bien, de temps en temps je songe brièvement à ce que je ne vis plus. Sans m'appesantir, parce que ça pourrait remettre en question la stabilité choisie. Et passent les années...
[Ça se sent que mes choix ne sont peut-être pas aussi sûrs que je le crois ? ]
C'est là que la notion d'acceptation révèle tout son potentiel : accepter le réel c'est ne pas vouloir l'impossible, l'inaccessible. Se satisfaire de ce qu'offre le présent, l'orienter autant que possible et, ainsi, bien le vivre. Sagesse ou abdication ? Cela pourrait sembler peu ambitieux et manquer singulièrement d'audace, de panache, de folie. Faute de mieux, je fais le choix de la légereté en cueillant ce que la vie m'offre. Je ne me "bats" pas, ne cherche ni à conquérir ni à me surpasser. J'ai orienté mes enthousiasmes vers des causes plus larges ou plus modestes pour lesquelles je n'attends pas de réciprocité. Et tant pis pour l'amour.
Un peu tristouille ce billet, non ?
Hey, ça manque de punch ! C'est quoi ce défaitisme résigné ?
Boaf... c'est juste temporaire. Sans que je m'y attende, hier, en entrouvrant une boite de Pandore, je me suis pris une bouffée de nostalgie en pleine poire. Une soudaine tristesse m'a envahi alors même que de la joie s'y mêlait. De quoi me rendre compte que l'oubli n'est pas un état stable.
Une joie simple : la générosité de la récolte des patates
6 ans que je suis célibataire, avec quelques à côté sans engagement, et honnêtement... Je ne me porte que mieux. Des fois, tout remonte à la surface mais quand je fais un truc qui m'exale, je me dis que finalement non c'est bien ainsi.
Beaucoup me disent admirer la liberté et indépendance. Je me demande alors toujours s'ils ont vraiment atteint leur bonheur. Et surtout je me dis que ça ne me donne effectivement pas envie de retourner à une vie antérieure. Jusqu'à ce que l'amour frappe à nouveau ?
Merci de votre réflexion, vraiment. C'est si rare de trouver quelqu'un qui pense ainsi.