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Alter et ego (Carnet)
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10 septembre 2020

Recentrage spontané

Parti quelques jours en randonnée dans le Queyras, j'ai « tout oublié » de ce qui pouvait me préoccuper. En fait d'oubli, disons plutôt que mes pensées habituelles se sont mises entre parenthèses tandis que mes sens se connectaient directement avec la montagne. 

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Queyras

 

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Vers le Massif des Écrins

 

 

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L'arc Alpin, vers l'Italie et la Suisse (au loin le Mont Rose et, à peine visible, le Cervin, à droite la plaine du Pô)

 

 

Amplitude, majesté, pureté, lumière, silence... dans ces paysages tout concourt à rétablir ce lien puissant avec la nature ou ce qui en est proche. À tel point que, même au contact des installations humaines et de la modernité - souvent laide - mon esprit restait à l'écart des turpitudes. J'y songeais parfois, étonné de constater l'effet d'un recentrage spontané.

 

 

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Vautour fauve

 

Revenu chez moi j'ai laissé passer une journée sans reprendre contact avec le monde.

Et puis j'ai voulu savoir où il en était... et je me suis laissé happer.

 

* * *

 

Il y a quelques années j'avais décidé de me couper de l'info, que je trouvais inutilement anxiogène ou gonflant exagérement des faits dont il était inutile que j'aie connaissance. Je ne sais plus quand j'ai repris le fil de l'actualité mais je crois que c'est par l'angle environnemental global [sans doute lors du télescopage entre les attentats de novembre 2015 et la COP 21], qui a commencé à prendre beaucoup de place dans mes réflexions bloguesques. Assez soudainement, me semble t-il, je n'ai plus pu éviter de suivre au plus près le fait majeur que nous sommes en train de perpétrer : la destruction accélérée, consciente et volontaire, de notre milieu de vie... qui se trouve aussi être celui de l'ensemble du vivant. À coté de cet évènement planétaire aux allures de catastrophe annoncée, tout autre me paraît relativement mineur.

Bien sûr je garde une sensibilité à ce qui, avant, me touchait, mais dans une bien moindre mesure. C'est comme si tout était devenu moins grave. Ouaté, atténué. Dérisoire. Travail, société, relations, vie intérieure... quelle importance ?

Par contre, ce qui a gagné en intensité et en importance, c'est mon rapport à la nature dans ce qu'elle a de plus authentique, préservé, inviolé. Je sens qu'y réside quelque chose de très précieux, d'essentiel, de vital.

Du moins... tant qu'il en reste.

 

Incendie SF

Image symbolique des incendies en cours (septembre 2020) en Californie :
Une lointaine nature, intacte mais desséchée, brûle en obscurcissant de ses fumées une part de l'urbanisation qui a détruit une nature prééxistante disparue. Au premier plan, l'océan qui monte inexorablement... sous l'effet du même changement climatique d'origine anthropique qui accentue les méga-incendies.

Source : San Francisco Chronicle 'Apocalypse on their mind'

 

Commentaires
K
je pense que tu as tout juste ! je ne regarde pas la télé moi non plus, la nature est tellement plus belle que ces idioties débitées à longueur de journée !
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A
Oui oui vous avez parfaitement raison sur le biais qui consiste à mesurer une évolution sur le temps infiniment court d’une existence. <br /> <br /> Il n’en demeure pas moins qu’on peut constater ici une raréfaction significative des différentes espèces d’abeilles et de scarabées. Mais il est vrai aussi que ces espèces ont plusieurs centaines de millions d’années et qu’elles ont traversé plusieurs phase d’extinction. <br /> <br /> Quand j’étais gamin il suffisait de quelques heures pour constituer une plage complète d’insectes pour le cours de biologie du lundi. Aujourd’hui c’est plus compliqué pour la diversification. <br /> <br /> Je ne m’attarderais pas sur les cons. L’avoir, son con, est toujours extrêmement pratique pour économiser l’effort d’une auto-critique, et je suis devenu un gros flemmard sur ce terrain. <br /> <br /> Merci pour les méthodes d’analyse que vous évoquez. Je vais aller y jeter un œil. <br /> <br /> Alban
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A
Je ne connais pas le queyras mais ça donne vraiment envie d’y aller. <br /> <br /> Oui c’est vrai j’aime les chiffres parce qu’ils me parlent immédiatement. <br /> <br /> J’aime les équations finies et je me méfie des indicateurs de confiance et des métadonnées. Ceci dit, nul besoin d’être un entomologiste chevronné pour constater que les espèces que nous voyions enfants dans les champs sont aujourd’hui parfois très difficiles à observer (scarabée, lièvres, blaireaux, renards, abeilles, pipistrelles, passereaux, geais, chouettes, etc. ) en ce qui me concerne (je suis picard)<br /> <br /> En revanche, il y a de plus en plus de cons, même dans les champs. Mais bon, je dois vieillir ;-)<br /> <br /> Alban
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J
Que'yras à la montagne, oubli tout et ça le gagne :)<br /> <br /> Recentrage salutaire, merci Pierre de partager encore.<br /> <br /> Bon dimanche.
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C
Ta première phrase me fait penser que tu es capable de te reconnecter à ton intime, ta profondeur, ta vérité. La vérité de notre condition humaine, c'est que la nature nous transcende. C'est elle qui nous donne le bonheur de l'instant, et non les paradis artificiels. C'est d'elle que dépend notre survie, physique et psychologique.<br /> <br /> S'emplir de cette merveille permet d'en comprendre le prix, et de se recharger en énergie pour transmettre le message de son importance capitale.<br /> <br /> Pour le reste, on doit essayer de composer avec la folie de l'ego humain. <br /> <br /> Le corona et ses dommages collatéraux, par exemple, qui est en passe de devenir une catastrophe écologique majeure. Une de plus, hélas. Et le pire, c'est que là, les gens croient bien faire...<br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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C
Le Diois est moins loin de chez moi que le Queyras et j'aime aussi beaucoup cette région (mais je crois que j'aime toutes les régions un tant soit peu "sauvages").<br /> <br /> <br /> <br /> Vous avez raison d'être vigilant sur les chiffres annoncés et leur origine. Cette précision de 68 % correspond en fait à la médiane de l'intervalle de confiance calculé pour un nombre limité d'espèces suivies depuis 1970. C'est donc un chiffre indicatif. Ce qui importe c'est de voir que la perte des populations suivies (vertébrés seulement) augmente constamment.<br /> <br /> <br /> <br /> Plus précisément, voici ce qu'on trouve dans la synthèse du rapport : « De 1970 à 2016, l’abondance moyenne de 20 811 populations représentant 4 392 espèces suivies dans le monde a diminué de 68 % ». L'intervalle de confiance va de<br /> <br /> de -73 % à -62 %. Et c'est variable selon les continents (- 24 % en Europe, par exemple, mais - 94% en Amérique du sud)<br /> <br /> <br /> <br /> En savoir plus : https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2020-09/20200910_Synthese_Rapport-Planete-Vivante-2020_WWF-min.pdf<br /> <br /> <br /> <br /> Et sur la méthode de calcul : https://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_plan%C3%A8te_vivante
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A
Très belles images, vraiment. Impressionnantes et cristallines.<br /> <br /> Je connais peu les Alpes, à l'exception de l'Arvan et du Diois, mais c'est assez loin de chez vous.<br /> <br /> Je partage ce que vous écrivez sur l'oubli et le retrait vis-à-vis de certaines de ces choses sociales qui deviennent progressivement insignifiantes, et donc pas graves, "dérisoires" comme vous le dites, oui.<br /> <br /> <br /> <br /> Un petite réserve à la fin, mais c'est très anecdotique.Sans contester le constat d'une disparition accélérée des espèces, je ne saisis pas, en toute logique, comment on peut établir un taux aussi fin d'extinction des vertébrés alors qu'on en découvre encore chaque jour (à voir le docu extraordinaire sur les découvertes à Madagascar sur Arte ce jour). Et si on ne connait pas la base qui sert au rapport de proportion, on quitte la science pour la divination ou l'idéologie. La disparition est là, mais ce rapport est erroné.<br /> <br /> <br /> <br /> A vous.<br /> <br /> Alban
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