Recentrage spontané
Parti quelques jours en randonnée dans le Queyras, j'ai « tout oublié » de ce qui pouvait me préoccuper. En fait d'oubli, disons plutôt que mes pensées habituelles se sont mises entre parenthèses tandis que mes sens se connectaient directement avec la montagne.
Queyras
Vers le Massif des Écrins
L'arc Alpin, vers l'Italie et la Suisse (au loin le Mont Rose et, à peine visible, le Cervin, à droite la plaine du Pô)
Amplitude, majesté, pureté, lumière, silence... dans ces paysages tout concourt à rétablir ce lien puissant avec la nature ou ce qui en est proche. À tel point que, même au contact des installations humaines et de la modernité - souvent laide - mon esprit restait à l'écart des turpitudes. J'y songeais parfois, étonné de constater l'effet d'un recentrage spontané.
Vautour fauve
Revenu chez moi j'ai laissé passer une journée sans reprendre contact avec le monde.
Et puis j'ai voulu savoir où il en était... et je me suis laissé happer.
* * *
Il y a quelques années j'avais décidé de me couper de l'info, que je trouvais inutilement anxiogène ou gonflant exagérement des faits dont il était inutile que j'aie connaissance. Je ne sais plus quand j'ai repris le fil de l'actualité mais je crois que c'est par l'angle environnemental global [sans doute lors du télescopage entre les attentats de novembre 2015 et la COP 21], qui a commencé à prendre beaucoup de place dans mes réflexions bloguesques. Assez soudainement, me semble t-il, je n'ai plus pu éviter de suivre au plus près le fait majeur que nous sommes en train de perpétrer : la destruction accélérée, consciente et volontaire, de notre milieu de vie... qui se trouve aussi être celui de l'ensemble du vivant. À coté de cet évènement planétaire aux allures de catastrophe annoncée, tout autre me paraît relativement mineur.
Bien sûr je garde une sensibilité à ce qui, avant, me touchait, mais dans une bien moindre mesure. C'est comme si tout était devenu moins grave. Ouaté, atténué. Dérisoire. Travail, société, relations, vie intérieure... quelle importance ?
Par contre, ce qui a gagné en intensité et en importance, c'est mon rapport à la nature dans ce qu'elle a de plus authentique, préservé, inviolé. Je sens qu'y réside quelque chose de très précieux, d'essentiel, de vital.
Du moins... tant qu'il en reste.
Image symbolique des incendies en cours (septembre 2020) en Californie :
Une lointaine nature, intacte mais desséchée, brûle en obscurcissant de ses fumées une part de l'urbanisation qui a détruit une nature prééxistante disparue. Au premier plan, l'océan qui monte inexorablement... sous l'effet du même changement climatique d'origine anthropique qui accentue les méga-incendies.
Source : San Francisco Chronicle 'Apocalypse on their mind'
- L'info du jour : disparition de 68 % des vertébrés depuis 1970