Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
15 novembre 2020

Déni de réalité

Capture d’écran 2020-11-15 à 17

Il existe, pour certaines femmes, ce que l'on appelle "Déni de grossesse". Elles sont enceintes sans le savoir. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cela dure parfois jusqu'à l'accouchement. Un des aspects étonnants de la "levée du déni", toujours due à l'annonce verbale de la grossesse par une autre personnes (généralement un médecin), est que le ventre, plat jusqu'à cet instant, prend en très peu de temps le volume de celui d'une femme enceinte. C'est, paraît-il, spectaculaire. A tel point que certaines femmes ne peuvent pas refermer le pantalon qu'elle avaient en entrant en consultation !

C'est incontestablement une des formes les plus spectaculaires de déni de réalité

 

En quoi cela me concerne t-il ? Assurément je ne fais pas de déni de grossesse. Mais peut-être ai-je fait... un déni de potentiel intellectuel.

Hein ? Quoi ?

 

Capture d’écran 2020-11-15 à 17

 

De la bouche d'un neuropsychologue, j'ai appris, il y a deux jours, que ledit potentiel était, sous plusieurs aspects, chez moi... disons... supérieur à la normale. En particulier en termes d'organisation de la pensée et d'aptitude à la conceptualisation. Au vu du développement arborescent de certains de mes textes, je ne peux pas dire que c'est une totale surprise : plusieurs des personnes rencontrées par le biais des écrits en ligne avaient indirectement évoqué cette éventualité, jadis, sans que je m'y attarde. Par ailleurs une amie proche me l'affirme depuis des années, sans m'en avoir convaincu. Peu enclin à me voir surdoté dans ce domaine, j'accordais peu de crédit à cette hypothèse. Enfin si, quand même un peu, puisque qu'à la longue, infiniment lentement, le doute s'était immiscé. J'ai fini par me dire que, oui, peut-être...

Jusqu'à être suffisamment prêt pour oser y croire. Et là c'est allé très vite : il fallait que je lève le doute. Il a quand même fallu attendre quelques mois pour un premier, puis un second rendez-vous. Jeudi, lorsque le résultat est tombé, d'une certaine façon... je ne m'y attendais pas. Enfin si, puisque j'étais venu pour ça... mais jusqu'au dernier moment je doutais (et redoutais). J'ai eu besoin de cette confirmation certifiée oralement pour accepter le verdict. Et là, j'ai fondu en larmes...

Quel rapport avec le déni de grossesse ? Et bien l'expansion, justement. Pas celle du ventre, ici, mais celle de l'ego. Pas cet ego si souvent villipendé parce qu'il prendrait trop de place, mais au contraire un ego atrophié qui n'a jamais vraiment pris sa place. Oui, depuis hier je crois en moi. Je peux même dire que je suis fier d'avoir osé me confonter à la réalité. Et j'ai l'impression d'avoir pris de l'ampleur, du souffle, du simple fait que, maintenant je sais. Je suis certain. C'est une personne habilitée qui me l'a déclaré et personne ne pourra plus m'en faire douter. Je ne peux plus dénier cette réalité-là.

 

Pourquoi diable ai-je passé cette batterie de tests, à un âge quelque peu avancé ?

Parce que je manque de confiance en moi depuis des décennies et que cela, non seulement m'est existentiellement préjudiciable - mais après tout, n'ai-je pas passé une vie entière avec ce handicap - mais surtout réduit ma capacité d'expression orale en situation de stress. C'est à dire dès que je suis confronté à l'altérité. Sauf que je veux désormais pouvoir dire, avec assurance, ce que je sais à des personnes dont la fonction est de préparer l'avenir. Je fais allusion ici aux responsables politiques locaux, niveau auquel je considère qu'ils ont un rôle à jouer pour faire face aux défis de l'urgence écologique qui est devant nous. Or, tout comme celles et ceux qui ont pris conscience de cette urgence et des déstabilisations à venir, je fais face à un déni global : « mais non, ne soyons pas alarmistes, ce n'est pas si grave ; avec la science et la technique nous trouverons bien une solution ». Hélas non, il n'y a pas de "solution" pour continuer sur une trajectoire insoutenable. Alors, pour amener des personnes en charge de responsabilité à comprendre ce qu'elle ne veulent pas entendre, il me faut être en capacité de "tenir", donc avoir suffisamment de ressources intérieures pour faire front.

Et voilà pourquoi un handicap social, dont je m'étais plus ou moins accomodé toute ma vie, devenu limitant pour défendre ce que je considère être "le bien commun", m'a poussé à questionner mes potentialités.

Je me suis confronté à mon déni pour amener d'autres à se confronter au leur.

 

PS : si quelqu'un devait trouver mon propos immodeste, qu'il ou elle se dise que m'autoriser fièrement cet aveu fait sans doute partie du processus d'expansion ci-dessus décrit. Merci.

Les photos ne sont évidemment pas de moi

Commentaires
K
Bonjour Couleur Pierre, une fois de plus j'ignore si vous verrez ce commentaire. Je reviens avec des nouvelles en réponse à votre message.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai mis du temps à vraiment franchir le cap du rendez-vous chez une neuropsychologue. Ce qui m'a vraiment poussée à le faire, c'est de constater que j'échoue à lancer ou concrétiser beaucoup de projets à cause de difficultés récurrentes de concentration et de motivation. J'ai pensé que je ne suis peut-être pas HP mais avec un petit TDA jamais détecté. Dans tous les cas, il a fallu que je me penche vraiment sur le sujet.<br /> <br /> <br /> <br /> Une fois le rendez-vous pris, tout s'est enchaîné en quelques semaines. J'ai dû prendre mon courage à deux mains pour passer un test de QI, ce que je redoute depuis des années... Comme vous, j'ai attendu le verdict en même temps que je l'ai craint. Une partie de moi voulait s'entendre dire "HP" par besoin de valorisation intellectuelle, mais l'autre partie n'y croyait pas.<br /> <br /> <br /> <br /> Je n'ai pas de TDA, mais je suis bien HP. J'ai du mal à digérer la nouvelle. Depuis l'enfance, je me suis entendu dire très souvent "Tu ne réfléchis pas!" de la part d'un de mes parents. Alors, ça entre en collision avec le bilan de la neuropsy.<br /> <br /> <br /> <br /> J'essaie de me dire que je peux désormais compter sur mon intelligence et ma sensibilité pour avancer dans la vie, comme vous l'avez écrit dans votre article. J'espère aussi connaître comme vous cette "expansion de l'ego". C'est évidemment difficile à faire, après des années à me sentir "jamais à la hauteur".<br /> <br /> <br /> <br /> Mais surtout, je me sens seule. Je n'ai pas parlé de ce bilan à mes parents. Je crains qu'ils ne le prennent pas au sérieux. Depuis des années, ils ont des idées très arrêtées sur le sujet et en semblent même fiers. "L'ignorance est la plus grande forme de mépris", comme disait l'autre.<br /> <br /> J'ai parlé de cette identification à mon compagnon et mes amis proches, mais aucun n'est HP. C'est difficile de leur faire comprendre ce qu'il se passe dans ma tête. La consolation, c'est qu'ils ne jugent pas.<br /> <br /> <br /> <br /> Je commence une thérapie avec une psychologue sensibilisée à la question, pour apprendre à gérer cette tête qui déborde. Je voudrais réussir mes projets. Je repasserai de temps en temps sur votre blog pour lire vos billets.<br /> <br /> <br /> <br /> À bientôt.
Répondre
K
Bonjour, je ne sais pas si vous verrez ce commentaire... c'est peut-être déjà trop tard pour en poster un? Je ne découvre ce billet que maintenant.<br /> <br /> Je voudrais juste dire que ça m'a touchée en plein cœur. <br /> <br /> <br /> <br /> Depuis toujours, je traîne le sentiment d'être inadéquate, d'être "quelque chose" de différent, d'inexistant, qui n'a pas de place reconnue. J'ai plein de projets en tête mais aucun courage pour les mener: j'ai l'impression qu'il me manque plein de choses essentielles pour les réussir.<br /> <br /> <br /> <br /> Des amis m'ont suggéré que je suis peut-être HP, ou sur-efficiente, ou neuroatypique... je ne les crois pas vraiment, car si j'ai bien certaines capacités plus développées que la moyenne, les autres me semblent être à un niveau tellement banal que je ne pense pas répondre aux critères d'admission du club des HP.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais ça m'intrigue quand même. Je me dis qu'il y a peut-être une chance d'avoir enfin trouvé la bonne explication à ce qui ne fonctionne pas en moi. Je pense depuis un certain temps à me confronter à des tests, mais... en fait je ne suis pas plus motivée que ça. Je pourris sur pied depuis des années, et plus le temps passe, plus je me dis que "mieux me connaître" ne m'aidera pas à enfin mener la vie dont je rêve.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais dans votre article, j'ai été frappée par cette idée: cette découverte de soi permet de bâtir un repère en nous-mêmes. Un pilier. Quelque chose sur laquelle on peut s'appuyer pour mieux s'élancer. C'est bête, mais je n'avais jamais vu les choses de cette façon avant. Je croyais que l'avantage de mieux se connaître, c'était surtout de mieux se gérer, se soigner, se prendre en charge. Mais votre manière de voir me motive vraiment. Parce que je la vois comme une clé pour enfin ouvrir cette porte en moi qui me bloque dans la réalisation de moi-même.<br /> <br /> <br /> <br /> Depuis mon enfance, je ne crois pas en mon intelligence; mais si je pouvais enfin être sûre que je suis quelqu'un d'intelligent, que je peux avoir confiance en mon raisonnement... ça m'aiderait vraiment beaucoup. Je pourrais enfin m'élancer.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est étrange comme certains textes écrits par des spécialistes connus peuvent laisser complètement indifférent... et comment des petits textes discrets peuvent toucher en plein dans le mille. Ce sont les trésors que recèlent les sentiers non battus, j'imagine. Et peut-être que j'y suis plus sensible parce que je me sens moi-même hors des sentiers battus.<br /> <br /> <br /> <br /> Bref, votre texte m'a fait beaucoup de bien. Ça m'a donné un déclic. Je ne veux plus pourrir sur pied; dès demain, je prends rendez-vous pour en parler avec un spécialiste.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci.<br /> <br /> <br /> <br /> Et vous écrivez très bien, c'est très agréable à lire.
Répondre
C
C'est très émouvant de te lire et je n'ai qu'un mot à dire : félicitations ! tu as osé et je me souviens tres bien il y a longtemps maintenant t'avoir écrit ce mot, oses Pierre...j'en souris béatement. et en aparté, je savais que tu avais cette ressource en toi, chapeau ! Ca avance !
Répondre
B
exister.. corrigez- moi...merci.. sourire!
Répondre
B
J'ai eu une mère destructrice... J'ai longtemps pensé que j'avais réussi ma renaissance mais malheureusement croire en moi est périlleux. Elle a donc " gagné ".. La petite enfance, c'est terriblement envahissant.... la glu.... Vous avancez, c'est existez
Répondre
C
Tu as raison, il n’y a rien de mal à dire les choses quand elles sont, comme elles sont. Je me revois dans le cabinet de la psy, il y a trois ans... cette expansion dont tu parles je la vis de manière totale : cela se ressent par les gens qui ne m’ont pas vue depuis longtemps: ma voix, mon physique, mon visage même, tout porte les traces de cette re-naissance à moi même. <br /> <br /> Bienvenue chez les sur-efficients mentaux à haut potentiel intellectuel. <br /> <br /> De drôles de zèbres nous sommes. <br /> <br /> Bises solidaires <br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Répondre
J
Bonsoir Pierre.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour cette excellente nouvelle, je suis heureuse pour toi ! Ce type qui te suis est en fait un grand magicien ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Comme je me reconnais dans tes lignes... sauf que mon Denis est à l'envers. A savoir (tu as déjà du te rendre compte) que je suis bien consciente de mon manque intellectuel, mais je ne fais rien pour le dissimuler :D <br /> <br /> <br /> <br /> Bise tendre et souriante :)
Répondre
A
Bonsoir Pierre,<br /> <br /> vous avez bien fait. Votre texte est touchant. Il résonne dans ma propre vie depuis 25 ans. <br /> <br /> Il n'y a pas de déni de réalité. C'était votre réalité d'avant et celle-ci a changé. Il faut du courage pour se saisir réellement de ce que l'on peut faire et l'exprimer. Ce que l'on est vient après ou se construit tranquillement.<br /> <br /> Votre texte commence par les femmes et se termine par votre engagement pour le bien commun.<br /> <br /> Entre les deux, il y a vous. Puissiez-vous y aller la fleur au fusil en réunissant les trois pour un bon gueuleton.<br /> <br /> Merci pour cette lecture vivifiante.<br /> <br /> Amicalement.<br /> <br /> Alban
Répondre