Déni de réalité
Il existe, pour certaines femmes, ce que l'on appelle "Déni de grossesse". Elles sont enceintes sans le savoir. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cela dure parfois jusqu'à l'accouchement. Un des aspects étonnants de la "levée du déni", toujours due à l'annonce verbale de la grossesse par une autre personnes (généralement un médecin), est que le ventre, plat jusqu'à cet instant, prend en très peu de temps le volume de celui d'une femme enceinte. C'est, paraît-il, spectaculaire. A tel point que certaines femmes ne peuvent pas refermer le pantalon qu'elle avaient en entrant en consultation !
C'est incontestablement une des formes les plus spectaculaires de déni de réalité
En quoi cela me concerne t-il ? Assurément je ne fais pas de déni de grossesse. Mais peut-être ai-je fait... un déni de potentiel intellectuel.
Hein ? Quoi ?
De la bouche d'un neuropsychologue, j'ai appris, il y a deux jours, que ledit potentiel était, sous plusieurs aspects, chez moi... disons... supérieur à la normale. En particulier en termes d'organisation de la pensée et d'aptitude à la conceptualisation. Au vu du développement arborescent de certains de mes textes, je ne peux pas dire que c'est une totale surprise : plusieurs des personnes rencontrées par le biais des écrits en ligne avaient indirectement évoqué cette éventualité, jadis, sans que je m'y attarde. Par ailleurs une amie proche me l'affirme depuis des années, sans m'en avoir convaincu. Peu enclin à me voir surdoté dans ce domaine, j'accordais peu de crédit à cette hypothèse. Enfin si, quand même un peu, puisque qu'à la longue, infiniment lentement, le doute s'était immiscé. J'ai fini par me dire que, oui, peut-être...
Jusqu'à être suffisamment prêt pour oser y croire. Et là c'est allé très vite : il fallait que je lève le doute. Il a quand même fallu attendre quelques mois pour un premier, puis un second rendez-vous. Jeudi, lorsque le résultat est tombé, d'une certaine façon... je ne m'y attendais pas. Enfin si, puisque j'étais venu pour ça... mais jusqu'au dernier moment je doutais (et redoutais). J'ai eu besoin de cette confirmation certifiée oralement pour accepter le verdict. Et là, j'ai fondu en larmes...
Quel rapport avec le déni de grossesse ? Et bien l'expansion, justement. Pas celle du ventre, ici, mais celle de l'ego. Pas cet ego si souvent villipendé parce qu'il prendrait trop de place, mais au contraire un ego atrophié qui n'a jamais vraiment pris sa place. Oui, depuis hier je crois en moi. Je peux même dire que je suis fier d'avoir osé me confonter à la réalité. Et j'ai l'impression d'avoir pris de l'ampleur, du souffle, du simple fait que, maintenant je sais. Je suis certain. C'est une personne habilitée qui me l'a déclaré et personne ne pourra plus m'en faire douter. Je ne peux plus dénier cette réalité-là.
Pourquoi diable ai-je passé cette batterie de tests, à un âge quelque peu avancé ?
Parce que je manque de confiance en moi depuis des décennies et que cela, non seulement m'est existentiellement préjudiciable - mais après tout, n'ai-je pas passé une vie entière avec ce handicap - mais surtout réduit ma capacité d'expression orale en situation de stress. C'est à dire dès que je suis confronté à l'altérité. Sauf que je veux désormais pouvoir dire, avec assurance, ce que je sais à des personnes dont la fonction est de préparer l'avenir. Je fais allusion ici aux responsables politiques locaux, niveau auquel je considère qu'ils ont un rôle à jouer pour faire face aux défis de l'urgence écologique qui est devant nous. Or, tout comme celles et ceux qui ont pris conscience de cette urgence et des déstabilisations à venir, je fais face à un déni global : « mais non, ne soyons pas alarmistes, ce n'est pas si grave ; avec la science et la technique nous trouverons bien une solution ». Hélas non, il n'y a pas de "solution" pour continuer sur une trajectoire insoutenable. Alors, pour amener des personnes en charge de responsabilité à comprendre ce qu'elle ne veulent pas entendre, il me faut être en capacité de "tenir", donc avoir suffisamment de ressources intérieures pour faire front.
Et voilà pourquoi un handicap social, dont je m'étais plus ou moins accomodé toute ma vie, devenu limitant pour défendre ce que je considère être "le bien commun", m'a poussé à questionner mes potentialités.
Je me suis confronté à mon déni pour amener d'autres à se confronter au leur.
PS : si quelqu'un devait trouver mon propos immodeste, qu'il ou elle se dise que m'autoriser fièrement cet aveu fait sans doute partie du processus d'expansion ci-dessus décrit. Merci.
- Pour savoir en quoi consiste le passage des tests WAIS 4, un témoignage à lire : "J'ai passé le test WAIS 4 : démystifions le Quotient Intellectuel "
Les photos ne sont évidemment pas de moi