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Alter et ego (Carnet)
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7 mars 2021

Sauver le monde

L'existence n'a de sens que par celui qu'on lui accorde.

Depuis plusieurs années j'ai évoqué ici, de plus en plus clairement, mes préoccupations écologiques. Aujourd'hui elles prédominent. En parler sur un blog égocentré n'ayant guère d'effet sur les causes, j'ai progressivement investi mon temps et mon énergie autrement [d'où ma désaffection...]. Usant des minuscules pouvoirs dont je dispose, celui d'élu communal, d'une part, celui de salarié en charge de responsabilité d'autre part, j'essaie d'agir là où je sens que je peux influer le plus efficacement. C'est à dire au plus haut niveau possible pour avoir un maximum d'effet.

Ma cible privilégiée, depuis quelques années, c'est l'intercommunalité où je réside : 100.000 habitants. J'y suis à l'affût de la moindre place où je pourrais m'insinuer pour tenter d'infléchir les orientations et décisions. Dès qu'une commission ou un groupe de travail est créé et au sein duquel je pourrais agir, je me positionne. C'est ainsi qu'il y a trois ans, profitant d'une délégation de ma commune, je suis devenu représentant d'une commission intercommunale pour participer à l'élaboration du "Plan climat". Une situation qui m'a permis d'assister aux discussions et faire discrètement entendre ma voix. Comme elle portait peu [je reste timoré quand il s'agit de prendre la parole publiquement], j'ai eu l'audace d'écrire au plus haut pour faire part de mes préoccupations, ce qui a eu pour conséquence d'être invité à les présenter au niveau décisionnel et débattues. Assez impressionné de jouer le rôle de Cassandre (celle qui annonçait ce qui allait se passer sans jamais être crue), faisant face aux doutes et à la circonspection, à l'étonnement, l'incrédulité, le déni ou l'indifférence... ma proposition a cependant été acceptée, puis gravée dans le marbre institutionnel. L'intercommunalité s'est engagée à créer un groupe de réflexion sur l'éventualité d'une raréfaction soudaine des apports alimentaires et énergétiques.

Deux ans ont passé, avec des élections renouvelant largement l'exécutif intercommunal et une crise sanitaire durablement installée. J'ai moi même été réélu, avec pour seul objectif de veiller à ce que la "mission" que je me suis donnée soit bien prise en compte au sein de l'intercommunalité. Par chance, bien qu'élu minoritaire (notre programme écologique, social et participatif n'ayant pas suffisamment séduit dans le bourg rural et conservateur dans lequel je vis) le maire a accepté que je représente la commune à la commission "Transition écologique". Cette commission, contrairement à ce qui se passe au niveau de l'état, est l'axe prioritaire choisi par l'intercommunalité. J'ai vu dans cette orientation affirmée un bon augure pour ce qui me préoccupe. C'est aussi à cela que l'on sent que les mentalités changent peu à peu vis à vis de la prise en compte de l'environnement. C'est insuffisant, mais mieux que rien.

Aussitôt en place, durant la période de latence due à la prise en main des dossiers par les nouveaux élus, j'ai écrit à la vice-présidente en charge de la transition écologique, l'invitant à se saisir dès que possible de la question de la raréfaction des ressources essentielles. Je n'ai pas eu de réponse mais, par contre... ce sujet a été mis à l'ordre du jour de la première commission et déclaré comme prioritaire. Je ne pouvais rêver mieux ! Les temps institutionnels étant longs, il aura fallu attendre encore quelques mois pour que soit proposée la constitution du groupe de travail prévu. Seulement cinq places étaient offertes et j'ai immédiatement postulé. À mon grand étonnement, j'appris que j'étais... le seul candidat ! Bigre, le sujet de l'épuisement des ressources intéresse t-il si peu ? Une relance a cependant permis de voir arriver quatre autres candidatures. Restait encore à faire valider ces candidatures par le "comité de pilotage" ad-hoc (le temps et le formalisme de l'administration demandent une grande patience...). Et comme je suis maintenant indentifié comme "le" spécialiste du sujet, c'est à moi, modeste conseiller municipal, que la vice-présidente à proposé d'amener le sujet. J'ai bien évidement accepté, travaillé un texte, échangé avec le chargé de mission en charge de ce dossier un peu particulier (lui n'y connaît encore pas grand chose, de son propre aveu). Tout était prêt pour une présentation lundi soir. C'était LA réunion importante qui allait enfin concrétiser deux ans de subtiles influences de ma part [hé hé, je suis un lobby à moi tout seul !]

Sauf que, deux jours avant ladite réunion, je me vois terrassé par un mal mystérieux et quelque peu inquiétant. Ce n'était vraiment pas le moment de tomber malade ! Le mal étant reparti comme il était venu, je me suis dit que la chance était avec moi : je pourrai présenter le sujet et répondre aux question qui, inévitablement allaient être posées. Car il ne va pas de soi que des politiques, des élus bien pragmatiques et soucieux de leur électorat, adhèrent à ce qui, de près ou de loin, évoque forcément un avenir inquiétant. Les politiques n'aiment pas du tout "ce qui fait peur", eux qui aiment tant rassurer et dire que tout ira mieux demain. Il allait falloir que je joue habilement, alertant sur des risques impensés tout en restant modéré pour ne pas passer pour un hurluberlu prédicateur d'apocalypse. Car c'est évidemment ce qui pend au nez de toute personne tentant de sensibiliser aux risques... pourtant objectivement annoncés et répétés avec insistance par nombre de scientifiques. Certains d'entre eux, inquiets à juste titre, en viennent à sortir de leur "neutralité" et signer des appels à l'action de la part des décideurs politiques. Appels auxquels ces derniers restent évidemment largement sourds, comme on peut le voir notamment en France avec notre roué président, fieffé bonimenteur, adepte du "sans filtre" frelaté.

Lundi, en fin de matinée, je procéde aux derniers réglages avec le chargé de mission de l'intercommunalité. En début d'après midi je range des bûches fendues en prévision de l'hiver prochain. Il fait beau et tout va bien. Je ne pense plus tout à ce qui m'est arrivé deux jours plus tôt. Jusqu'à ce que... ouille ! La douleur revient. Oh non, pas maintenant, pas à quelques heures de mon intervention ! Mais si, c'est revenu comme la première fois. Extrêmement rapidement, extrêmement intensément. Incapable de me mouvoir, agonisant au sol, incapable d'appeler par moi-même les urgences. Non mais ça va passer, comme la première fois, me dis-je. Juste une mauvaise heure à endurer. Dès que la réunion sera terminée je me rendrai aux urgences.

Sauf que lorsque la douleur a commencé à décroitre, à peine... une nouvelle crise est revenue, puis une troisième. Deux heures se sont écoulées. Je me disais que j'étais en train de mettre en balance une réunion, certes très importante pour moi, et... peut-être ma santé. Ma vie ? Ne sachant pas de quoi il s'agissait j'imaginais des scénarios graves d'intestin perforé, d'infection. Celui du pire étant que je finisse par perdre connaissance ou que la douleur devienne permanente, me mettant dans l'incapacité d'appeler des secours.

Une heure avant la réunion, considérant que je ne pourrai m'y exprimer, j'ai abdiqué. Je me suis résolu à appeler le numéro des urgences. Mon appel a été vite pris en compte mais la gravité n'étant pas vitale, j'ai été mis en attente d'un médecin coordonateur sur la ligne. Vingt minutes c'est très long, quand la douleur vous oppresse. « Vous avez mal au ventre ? Votre douleur, de 0 à 10 ? »; « Euh... je ne sais pas, 8 ou 9 ? »  (j'imagine qu'on peut avoir encore plus mal, ignorant quel est le seuil maxi de douleur). Finalement il me dit qu'il ne pouvait rien faire, que je n'avais qu'à prendre du paracétamol et que si une heure plus tard j'avais encore mal il m'enverrait un médecin de garde. L'enfoiré ! (oui, je sais que les urgences ont d'autres priorités). Heureusement que j'avais le médicament indiqué à quelques mètres, que j'ai pu atteindre en me trainant à quatre pattes. Profitant d'un épisode de reflux de la douleur j'ai envoyé un sms à mon contact pour la réunion, 20 minutes avant qu'elle débute. Dans la foulée j'ai téléphoné à ma fille, qui habite à une trentaine de minutes de route, pour solliciter son aide. En fait je réalisais que je jouais peut-être avec ma vie pour "seulement" participer à une réunion... qui en aucun cas n'était essentielle. Oui, parce que j'avais mal au ventre mais pas au cerveau : je réfléchissais. Notamment à mon illusion de contribuer à "sauver le monde" : quoi que je puisse faire, quoi que puisse entreprendre l'intercommunalité, dans le meilleur des cas, cela ne restera qu'une goutte d'eau dans le puissant fleuve pollué de l'économie mondialisée, qui n'a que faire de préoccupations environnementales.

Plié sur mon canapé en attendant ma fille, j'ai vu les derniers rayons du soleil éclairer le mur. J'ai pensé qu'il devait être 18h. Mais... c'est l'heure de ma réunion ! Je suis peut-être en capacité d'entendre les discussion (Nb, pour plus tard : toutes les réunions se font actuellement en visioconférence). Je me traine jusqu'à mon ordinateur, à quelques mètres, toujours sous l'emprise de la douleur. Je coupe la caméra et entre dans la "salle" tandis qu'ont commencé les présentations. J'entends la vice-présidente annoncer que je serai absent ce soir... et elle semble hésiter en voyant mon nom s'afficher. Je me présente rapidement. La douleur s'étant un peu apaisée, je peux parler normalement. Quelques minutes passent et, alors que le moment de ma prise de parole arrive, je me rends compte que je suis presque en capacité de le faire. Sauf que je n'ai pas mon texte sous les yeux. Je confirme donc que je laisse la parole au chargé de mission. Ma fille arrive à ce moment là, étonnée de me voir assister à une réunion zoom alors que j'étais agonisant quand je l'ai appelée. Je lui explique que la douleur est en train de disparaître, plutôt gêné de l'avoir fait se déplacer "pour rien", pendant que j'entends lire mon texte par un autre. Finalement je peux assister à toute la réunion, entendre les questions, répondre en argumentant. J'ai retrouvé toute ma verve. Les participants se sont peut-être demandés qui était ce drôle de "malade" qui ne pouvait pas assurer sa présentation mais était visiblement en forme pour répondre aux questions.

Finalement le groupe de travail et sa composition ont été validés. Ouf, mission accomplie ! Un pas de plus dans la porte entr'ouverte. Je vais pouvoir continuer à influer sur les orientations.

J'ai quitté la réuion et ma fille m'a emmené aux urgences. J'étais volubile durant le trajet, en pleine forme. Au bureau des entrées, bien vaillant, j'étais peu crédible en expliquant qu'il y a peu je me tordais de douleur. Manifestement mon cas ne paraissait pas prioritaire : « vous pouvez rentrer chez vous ». Mais je n'avais pas du tout envie de risquer une nouvelle crise sans savoir quel était la gravité de ce mysterieux mal intermittent. On m'annonca trois heures d'attente, comme pour me décourager, mais j'ai tenu bon. Examen, analyse, scanner. Le verdict m'a rassuré. C'est sérieux mais rien de "grave". Ma vie n'était pas en danger.

Ma vie...

Je me rends compte que, factuellement, j'ai préféré "sauver le monde" que "sauver ma vie". Je m'empresse de relativiser : ayant vu la réversibilité de la douleur une première fois, je ne me sentais pas vraiment en danger de mort. Il me semblait que je prenais peu de risques en reportant de quelques heures la prise en charge médicale. Mais quand même, dans l'incertitude j'ai préféré "vivre avec" plutôt que lever le doute au plus vite. C'est un certain état d'esprit qui, peut-être, indique une capacité à accepter l'incertitude. D'autres ne la supportent pas. Et c'est là que les deux sujets que j'ai développés dans ce loooong billet se rejoignent peut-être : c'est parce que j'accepte l'incertitude que je peux regarder en face celles de l'avenir. Je n'ai pas besoin de trouver des récits rassurants sur les capacités de l'humanité à trouver des "solutions", ni de fuir les perspectives inquiétantes. Je préfère regarder les choses en face, quitte à voir de multiples possibilités, toutes indécidables, toutes plausibles.

C'est peut-être aussi ce qui fait que je me méfie de l'espérance, quand elle sert à masquer les aspects sombres ou inquiétants de l'inconnu. Je préfère d'abord regarder l'étendue possible des problèmes pouvant survenir... et après, seulement après, me mettre en action en espérant que cela puisse réussir. D'abord une vision envisageant le pire, et ensuite une vision pour aller vers le meilleur souhaité.

C'est ainsi que ma vie trouve son sens.

 

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Préparer l'hiver prochain...

 

 

Commentaires
J
Aucun individu seul ne sauvera le monde (l'humanité), mais en nous agitant seul sans coordination, on ne le sauvera non plus. Les gouvernements sont trop occupés à se faire réélire pour prendre toutes les mesures nécessaires 1) pour le climat, 2) pour les ressources de la planète 3) pour que les peuples puissent vivre.<br /> <br /> Le Covid a montré que sans argent les gens sont prêts à collaborer avec les plus anti-écologiques pour survivre. <br /> <br /> https://lejustenecessaire.wordpress.com/2021/03/18/le-rmu-premier-pas-ecologique/<br /> <br /> Et les gouvernements courent toujours derrière une croissance écocide, 5G, mars, etc...<br /> <br /> Il faut réveiller les peuples, pour qu'ils secouent les gouvernements, car nous devons réduire notre impact écologique de 80%, ne travailler qu'un jour sur cinq à exploiter la terre. Si rien n'est fait la pauvreté sera la norme.
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C
Un petit coucou en passant...<br /> <br /> Juste pour le plaisir.<br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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C
Pas d'incompréhension, juste notre éternelle différence de focale, ou de curseur, malgré notre vision du monde à peu près semblable.<br /> <br /> Prends soin de toi<br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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C
J'espère que tu vas bien, et que tu n'es pas à l'hôpital...<br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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C
Je viens rebondir ici sur le commentaire que tu as laissé chez moi: je m’occuperais donc du présent pendant que toi tu songerais à l’avenir.... <br /> <br /> Mais s’occuper d’enfants, c’est forcément s’occuper d’avenir aussi, ils sont le ferment des années futures et sur eux s’abattra la catastrophe annoncée à laquelle si peu de gens semblent croire. C’est un travail de longue haleine que de préparer les jeunes générations à plus de solidarité, moins de compétition, moins d’égoïsme, et de leur donner la juste valeur des choses : celles de la nature, primordiales, précieuses, contre celles des possessions matérielles, fragiles et dérisoires. <br /> <br /> Mon engagement, s’il est moins spectaculaire que le tien, parce que moins « public », moins politique sans doute, n’en est pas moins fort. <br /> <br /> Mais comme toi, je ressens aussi le côté «  goutte d’eau minuscule » de mes actes. Cela ne m’empêche nullement de donner ( ou du moins d’essayer de donner) le meilleur de moi-même...<br /> <br /> Que pouvons-nous faire d’autre ?<br /> <br /> En revanche, contrairement à toi, je crois que l’espérance est une vertu cardinale où puiser l’énergie de se battre. Quand on pense que tout est foutu et qu’il n’y a plus d’espoir, on abandonne le combat avant même de le mener.<br /> <br /> <br /> <br /> J’espère que tu vas te remettre de ton épisode frénétique... euh...néphrétique !<br /> <br /> Bises d’espoir<br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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J
Bonjour.<br /> <br /> Il n'y a pas besoin de..sauver le Monde, ni..d'essayer, car, cela est déjà bien trop tard , n'en déplaise !..<br /> <br /> Il faut juste essayer, et je dis bien..essayer..de vivre avec, sans toutefois "aggraver" la situation, tant au niveau individuel que collectif..<br /> <br /> Nous ne sommes tous que de passage sur Terre, et de simples humains et "pèlerins" de passage et en errance...<br /> <br /> Bonne journée à vous comme semaine, respectueusement..Denis.
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C
"L'existence n'a de sens que par celui qu'on lui accorde."<br /> <br /> Je suis d'accord avec la réserve qu'émet Julie sur la "bonne santé".<br /> <br /> Et je rajouterai il vaut mieux être vivant que mort pour être efficace!<br /> <br /> Ton texte me rappelle il y a maintenant plus de 7ans ce traumatisme que j'ai vécu et dont je ne suis toujours pas remise. La mort qui fauche en pleine nuit sans rien pouvoir faire.<br /> <br /> Ça me fait dire que rien ne prévaut sur la vie, même une réunion super importante! même le monde en déclin!<br /> <br /> Je ne veux pas jouer les troubles fêtes mais imaginons que ton problème de santé ait été vital, qu'est ce qu'on s'en fout de ta mission si tu étais mort là dans ton salon! <br /> <br /> Par contre, pour ta famille, tes enfants, ceux qui t'aiment et même tes collègues, tes collègues municipaux, nous, oui tu aurais manqué!<br /> <br /> je suis "un peu" en colère de lire ton post...excuse moi
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J
"L'existence n'a de sens que par celui qu'on lui accorde." <br /> <br /> C'est si juste... sous petite réserve quand-même : d'être en bonne santé :P<br /> <br /> <br /> <br /> Tu viens d'abattre un chêne dans ton propre jardin ? Dommage... cependant tu sembles costaud pour fendre ces grosses bûches. Attention au dos :)<br /> <br /> <br /> <br /> Autrement, votre "groupe de réflexion sur l'éventualité d'une raréfaction soudaine des apports alimentaires et énergétiques" a t-il trouvé quelque solution ? suis curieuse.<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne soirée Pierre, à bientôt.
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