Proche et lointain
Télescopage temporel, différences d'échelles, permutation dans l'ordre des priorités. Je constate, ces derniers temps, une exacerbation des affects qui m'animent.
Dans le très proche, il y a d'un côté l'effacement lent et progressif de ma mère, qui se meurt à petit feu ; de l'autre la disparition brutale et volontaire de notre collègue qui s'est donné la mort. Contraste. Deux façons d'accepter la finitude de l'existence.
Plus loin, il y a l'irruption brutale et volontaire de la guerre en Ukraine, avec le cortège de brisures, de douleurs, de bouleversements infligés à sa population. La violence, la mort, la peur. Encore plus loin, en parallèle, infiniment moins spectaculaire, une nouvelle alerte, répétée invariablement, concernant la catastrophe climatique et écologique en cours, dont le traitement est reporté à plus tard, empirant sa gravité et éloignant la perspective d'y échapper. La mort lente, sans violence. Trop lente et trop lointaine pour susciter l'effroi.
La priorité va à l'immédiat, bien sûr... alors même que c'est la raréfaction des ressources qui pourrait bien être une des causes de cette guerre.